Huiles essentielles à oxydes terpéniques - Le Moniteur des Pharmacies n° 3152 du 24/11/2016 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des pharmacies n° 3152 du 24/11/2016
 

Expertise

Aromathérapie

Leur chef de file est le 1,8-cinéole ou eucalyptol, présent dans un grand nombre d’huiles essentielles. Puissant expectorant et mucolytique, il est incontournable dans la prise en charge des affections bronchiques et des toux productives. Sauf chez le patient asthmatique.

PROPRIÉTÉS

Expectorantes et mucolytiques puissantes par stimulation des glandes à mucine et de l’activité motrice des cils vibratiles de la muqueuse respiratoire.

Décongestionnantes respiratoires.

Antivirales, antibactériennes modestes, antifongiques et antiparasitaires.

Immunomodulantes.

Neurotoniques.

INDICATIONS PRINCIPALES

Infections de l’arbre respiratoire, en particulier lorsqu’il y a présence de mucosités.

POSOLOGIE ET VOIES D’ADMINISTRATION

Privilégier la voie aérienne :

– en inhalation humide : 3 à 5 gouttes, à partir de 12 ans, dans un inhalateur, par séances de 5 à 10 minutes ;

– en inhalation sèche : quelques gouttes sur un tissu (mouchoir…) à respirer plusieurs fois dans la journée (sans contact direct avec la muqueuse nasale) ;

– en diffusion : quelques gouttes dans un diffuseur adapté, 15 minutes maximum.

A noter : l’HE d’E. globulus, plus chargée en 1,8-cinéole et plus entêtante, ne doit pas être utilisée seule mais mélangée à d’autres HE plus douces.

Par voie locale : 15 à 30 gouttes pour 50 ml d’huile végétale, à appliquer sur le torse, le haut du dos ou la plante des pieds.

Par voie orale : 1 à 2 gouttes dans une cuillère de miel, d’huile végétale... Dans les affections respiratoires, il est possible de mélanger l’HE dans une tisane pectorale (HE mélangées au préalable dans un dispersant).

PRINCIPAUX EFFETS INDÉSIRABLES

Le 1,8-cinéole est neurotoxique (dépression du système nerveux central, coma) et épileptogène à doses élevées.

A noter :

– l’ascaridole, autre oxyde terpénique, présent dans les HE de chénopode vermifuge ou de boldo (HE peu utilisées), est neurotoxique même à petites doses ;

– le linalol oxyde (HE d’hysope couchée, Hyssopus officinalis var. decumbens, à ne pas confondre avec l’hysope officinale, Hyssopus officinalis var. officinalis, neurotoxique, abortive, réservée au monopole pharmaceutique) est dépourvu de toxicité, même chez le jeune enfant et l’asthmatique.

PRÉCAUTIONS D’EMPLOI, CONTRE-INDICATIONS

Patients asthmatiques ou à sensibilité respiratoire : éviter les HE riches en 1,8-cinéole qui assèchent les muqueuses respiratoires et peuvent devenir irritantes et déclencher des crises d’asthme. Le risque est majoré pour les HE rectifiées ou de synthèse enrichies en 1,8-cinéole et donc privées de l’action temporisatrice et complémentaire des autres constituants des HE pures, naturelles et intégrales.

Contre-indications : femme enceinte et allaitante, enfant de moins de 30 mois (l’HE d’Eucalyptus globulus est réservée à l’adulte), antécédents de convulsions. Les HE à linalol oxyde (HE d’hysope couchée) restent une alternative possible.

Interactions médicamenteuses possibles avec le 1,8-cinéole par induction enzymatique, mais encore à évaluer.

Sources : P.   Franchomme, D.   Pénoël, L’aromathérapie exactement, édition Roger Jollois, 1990 ; Collectif, sous la coordination de D. Roux, Conseil en aromathérapie, Pro-Officina, 2008 ; D. Baudoux, Les cahiers pratiques d’aromathérapie selon l’école française, tomes 1 et 5, 2002 et 2006 ; F. Millet, Le grand guide des huiles essentielles, Marabout, 2015 ; R. Tisserand, R.   Young, Essential oil safety, 2 e édition, Churchill Livingstone Elsevier, 2014 ; ema.europa.eu ; Pharmacopée européenne, 4 e édition ; Société Française d’Ethnopharmacologie.

PRINCIPALES HE

Eucalyptus globuleux (feuilles) Eucalyptus globulus (Myrtaceæ). Au minimum 70 % de 1,8-cinéole
Eucalyptus radié (feuilles) Eucalyptus radiata (Myrtaceæ). 60 à 75 % de 1,8-cinéole
Niaouli (feuilles) Melaleuca quinquenervia (Myrtaceæ). 38 à 58 % de 1,8-cinéole
Romarin CT 1,8-cinéole (feuilles) Rosmarinus officinalis (Lamiaceæ). 39 à 57 % de 1,8-cinéole
Laurier noble (feuilles) Laurus nobilis (Lauracæ). 35 à 45 % de 1,8-cinéole
Myrte verte (feuilles) Myrtus communis (Myrtaceæ). 19 à 37,5 % de 1,8-cinéole

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