Je voudrais quelque chose contre les maux de gorge
Expertise
Dialogue
Auteur(s) : NATHALIE BELIN
1 Pour qui est-ce ?
– Une femme de 35 ans avec un enfant : Est-ce que vous faites le test de dépistage de l’angine ?
– Le pharmacien : Oui. C’est pour votre enfant ?
– Oui, il est fiévreux et se plaint d’avoir mal à la gorge…
– Quel âge a-t-il ?
– 2 ans et demi.
Un test de diagnostic rapide de l’angine (qui recherche le streptocoque bêta-hémolytique) peut être proposé chez l’enfant entre 3 et 15 ans, tranche d’âge pour laquelle les angines à streptocoque bêta-hémolytique sont les plus fréquentes. En revanche, il est inutile chez l’enfant de moins de 3 ans, chez qui les angines sont essentiellement d’origine virale. Dans ce cas, le traitement est symptomatique : paracétamol en première intention ; désobstruction rhinopharyngée ; certains collutoires sans anesthésiques locaux peuvent être proposés à partir de 30 mois. Si la fièvre est importante (supérieure à 38,5 °C) ou si l’état général est altéré, un avis médical s’impose.
– Un homme de 40 ans : Donnez-moi une boîte de pastilles Strefen à sucer et du Rhinadvil, s’il vous plaît…
Le pharmacien : C’est pour vous ?
–Oui et pour ma femme aussi… Mais comme elle est enceinte, elle ne prendra que les pastilles.
Les AINS, y compris le flurbiprofène en pastilles (Strefen), sont déconseillés les 5 premiers mois de la grossesse (possible augmentation des fausses couches et des malformations de l’enfant à naître) et contre-indiqués à partir du début du 6e mois. Boire beaucoup et sucer des bonbons au miel peut suffire à calmer les maux de gorge. Il faut par ailleurs déconseiller la prise simultanée de Strefen et de Rhinadvil qui contient aussi un AINS (ibuprofène), ce qui majore le risque d’effets indésirables (risque ulcérogène, également décrit lors de la prise d’AINS en pastilles).
2 Avez-vous d’autres symptômes ?
– Une femme d’une trentaine d’années : J’ai très mal à la gorge. Pourriez-vous me donner un collutoire et des pastilles ?
– Le pharmacien : Vous avez d’autres symptômes ? De la fièvre, un rhume, une toux ?
Certains signes cliniques, chez l’adulte en particulier, orientent vers une cause bactérienne et doivent inciter à réaliser un test de diagnostic rapide de l’angine ou à aller chez le médecin : fièvre supérieure à 38 °C, absence de toux, adénopathies cervicales sensibles ou encore maux de gorge intenses. A l’inverse, des maux de gorge modérés, la présence d’une toux ou d’une rhinorrhée sont plutôt en faveur d’une étiologie virale. Un traitement symptomatique peut toujours être proposé en attendant un avis médical : éviter le cumul d’anesthésiques locaux présents dans les pastilles et les collutoires (risque de fausses routes).
– Un homme avec un enfant : Je viens vous voir pour ma fille de 3 ans. Elle a un peu de fièvre et se plaint d’avoir mal à la gorge en avalant.
– Le pharmacien : Elle n’a pas d’autres symptômes ?
- Non, sauf des petits boutons aux mains et aux pieds…
Certaines formes d’angine sont associées à une éruption cutanée. C’est le cas du syndrome pieds-mains-bouche d’origine virale, qui entraîne des lésions vésiculeuses dans la bouche, sur la paume des mains et la plante des pieds. Le traitement est symptomatique. Des maux de gorge associés à une éruption cutanée débutant au niveau des plis (aine, aisselles, coude) évoquent une scarlatine (due au streptocoque A bêta-hémolytique). La fièvre, généralement élevée, peut être modérée dans des formes atténuées. Une antibiothérapie est alors nécessaire. En cas de doute, un avis médical est nécessaire.
3Prenez-vous d’autres médicaments ?
– Mme Durand, 60 ans, sous antidépresseur : J’ai la gorge irritée en ce moment. Strepsils, c’est bien ?
– Le pharmacien : Oui… Vous avez attrapé froid ?
– Peut-être. J’ai la gorge sèche et douloureuse lorsque j’avale.
– Voyons… le médecin a changé votre antidépresseur il y a peu de temps ?
– Oui, maintenant je prends Anafranil.
Les médicaments à l’origine d’une sécheresse buccale (antidépresseurs imipraminiques, mais aussi les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine, anti-H1 sédatifs, certains antirétroviraux, neuroleptiques…) peuvent provoquer une sensation de maux de gorge. Des agents lubrifiants peuvent alors être utiles (Gum Hydral, Aequasyal…). Orienter en cas de doute vers une consultation médicale.
L’ESSENTIEL SUR LES TRAITEMENTS
Cétylpyridinium, chlorhexidine, amylmétacrésol, biclotymol… parfois associés à un anti-inflammatoire (énoxolone, tixocortol…). Pastilles ou collutoires.
Pour qui ? A partir de 30 mois pour certains collutoires, mais jamais avant cet âge en raison du risque de laryngospasme. Pas avant 6 ans pour les pastilles.
Des effets indésirables ? La chlorhexidine peut légèrement colorer la langue et les dents en brun, de façon transitoire.
Anesthésiques locaux
Tétracaïne, lidocaïne, chlorobutanol… le plus souvent en association à des antibactériens/anti-inflammatoires locaux. Pastilles ou collutoires.
Pour qui ? Pas avant 6 ans, et avec précaution entre 6 et 12 ans. Certains collutoires sont contre-indiqués avant 12 voire 15 ans.
Des effets indésirables ? Sensation d’engourdissement de la langue et des muqueuses après la prise, d’où un risque de fausse-route.
Quand les éviter ? Patients âgés avec troubles de la déglutition.
AINS locaux
Flurbiprofène en pastilles.
Pour qui ? A partir de 12 ans en traitement court (3 jours).
Des effets indésirables ? Troubles gastro-intestinaux (dyspepsies, douleurs abdominales voire ulcères peptiques, hémorragies gastro-intestinales), troubles cardiovasculaires, réactions d’hypersensibilité, rétention hydrosodée possibles.
Quand l’éviter ? Contre-indication en cas d’ulcère ou d’antécédent d’ulcère gastroduodénal récurrent, de grossesse au-delà de 5 mois révolus, d’allaitement. A éviter, même en début de grossesse et chez les patients à risque cardiovasculaire.
Des interactions ? Autres AINS, aspirine et anticoagulants oraux en raison d’une possibilité de majoration du risque ulcérogène et hémorragique.
Autres
Sels de bismuth (Pholcones Bismuth suppositoires en association à des terpènes) : à partir de 6 ans. A éviter au cours de la grossesse et de l’allaitement, ainsi qu’en cas d’antécédents de convulsion.
Alfa-amylase (Maxilase, Drill Maux de gorge…) : à partir de 6 mois pour la forme sirop.
Propolis : déconseillée aux personnes allergiques aux piqûres d’abeilles ou aux produits de la ruche.
Antalgique/antipyrétique : le paracétamol est recommandé en première intention. Certains spécialistes déconseillent le recours à l’ibuprofène hors couverture antibiotique (risque d’aggravation de l’infection).
Conseils COMPLÉMENTAIRES
Boire suffisamment, sucer des bonbons au miel permet de lubrifier les muqueuses et apaiser la gêne.
Limiter la contagion : tousser ou éternuer dans le pli du coude, se laver fréquemment les mains ou utiliser des solutions hydroalcooliques.
Prévention : se méfier des écarts de température (chaud/froid) ; protéger son cou du froid ; humidifier la chambre si l’air y est trop sec.
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