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Enjeux
Auteur(s) : LOAN TRANTHIMY
Il faut utiliser toutes les forces vives pour améliorer la couverture vaccinale. Et le pharmacien est un acteur du premier recours. Il a la confiance du patient. De plus, la profession a su se mobiliser pour disposer d’un outil indispensable qui est le dossier pharmaceutique.» La réaction de Luc Martinez, médecin généraliste et vice-président de la Société française de médecine générale (SFMG) fait suite au lancement, jeudi 29 septembre, du dossier pharmaceutique vaccins (DP-Vaccins). Une nouvelle fonctionnalité du dossier pharmaceutique est proposée par l’ordre des pharmaciens pour tenir compte d’un allongement à 21 ans de la conservation des données relatives aux vaccins et de leur accessibilité. Dès janvier 2017, le pharmacien recevra une alerte et lui-même alertera le patient détenteur du DP en le sensibilisant à l’importance d’une vaccination ou d’un rappel de vaccin. Pour la présidente de l’Ordre, Isabelle Adenot, cette nouvelle fonction du DP est « importante » au moment où « seulement 40 % des Français savent où ils en sont dans leurs vaccins… Les pharmaciens répondront précisément aux questions. Et lorsque sera venu le moment du rappel, ils pourront les inciter à se rendre chez leur médecin. », déclare-t-elle, fermement convaincue que le DP-Vaccins renforcera la couverture vaccinale, actuellement en fort recul en France. En pleine campagne de vaccination contre la grippe, cet argument fait mouche. Selon la SFMG, la vaccination contre la grippe chute depuis 2009 chez les adultes, et ce, même chez les personnes à risque. L’ordre des pharmaciens estime que seulement 48,3 % des patients à risque se sont fait vacciner durant l’hiver 2015. « Si la couverture vaccinale était de 75 %, objectif fixé par l’OMS, 3 000 décès seraient évités chez les personnes de 65 ans et plus », écrit l’instance ordinale. Cette situation peut s’expliquer notamment par la réticence de la population, son sentiment d’insécurité vis-à-vis des vaccins et des pratiques défaillantes des médecins généralistes pour assurer une couverture vaccinale suffisante. Menée par la SFMG, l’étude DIVA (Déterminants des intentions de vaccination) sortie le 30 septembre montre que pour deux médecins généralistes sur trois, le temps nécessaire pour aborder et expliquer la vaccination freine leur engagement. « Devant la catastrophe sanitaire qu’est la réduction de la couverture vaccinale, aucun professionnel de santé ne doit rester les bras ballants », insiste Isabelle Adenot. « Le DP-Vaccins permet de faire du pharmacien un réel acteur de la vaccination au côté du médecin traitant. », tranche Philippe Gaertner, président de la FSPF.
Seul bémol : le DP-Vaccins ne comporte que les données concernant la délivrance des vaccins. C’est le seul paramètre à disposition des pharmaciens. Ni les données de leur administration, ni l’historique vaccinal du patient n’y figurent. « Son utilisation amène à un risque de survaccination, si l’on conseille un vaccin qui a déjà été administré, ou à sous-vacciner, si la personne se croit protégée par la vaccination, alors que le vaccin n'a pas été administré. Sans compter les nombreuses situations qui demandent d'adapter le schéma vaccinal aux caractéristiques individuelles, non mentionnées dans le DP, comme le diabète, par exemple », remarque justement un pharmacien sur le site lemoniteurdespharmacies.fr En attendant la création effective du dossier médical personnel (DMP), n’est-il pas souhaitable de faire évoluer le DP « de manière à ce que l’infirmière ou le médecin puisse renseigner l’injection du vaccin réalisée ? », avance Martial Fraysse, président de l’Ordre régional des pharmaciens d’Île-de-France. « A terme, il faudra envisager la possibilité d’envoyer une alerte aux médecins traitants. Ce pont existera grâce aux messageries sécurisées. L’intérêt est de pouvoir partager l’information. », rappelle Gilles Bonnefond, président de l’USPO. Pour Martial Fraysse, « c’est aux décideurs politiques d’en décider. Ils savent que la profession dispose d’un outil performant et efficace, pris en charge par les cotisations des pharmaciens », dit-il. Mais ne faut-il pas aller encore plus loin en impliquant davantage le pharmacien dans la prévention en leur permettant de vacciner à l’officine ?
La réponse est oui, selon l’ordre des pharmaciens. Cette autorisation était prévue dans le projet de loi de santé, puis retirée sous la pression des médecins et des infirmiers. Mais depuis la publication du rapport Hurel mettant en avant le rôle du pharmacien comme un interlocuteur majeur, notamment dans le domaine de la vaccination, l’ordre des pharmaciens persévère à faire entrer cette pratique dans l’officine. « Six Français sur dix sont prêts à faire confiance aux pharmaciens pour une telle évolution. 80 % des pharmaciens veulent s’investir davantage dans la prévention et être inclus dans les politiques vaccinales », revendique l’instance ordinale. Pour éviter de rouvrir une nouvelle guerre de chapelles, l’Ordre, soutenu par la profession (syndicats, étudiants…), demande la mise en place d’une expérimentation pendant trois ans, permettant aux pharmaciens d’administrer le vaccin contre la grippe des adultes. Une expérimentation soumise à conditions, rappelle l’Ordre : formation spécifique du pharmacien volontaire, respect de la confidentialité de l’acte vaccinal, et transmission de l’information au médecin traitant. « Il faudra commencer par cibler les zones à densité médicale fragile, et celles où la couverture vaccinale est en baisse avant de démarrer l’expérimentation », précise Gilles Bonnefond. Cette nouvelle revendication des représentants de la profession sera-t-elle suivie par les pharmaciens eux-mêmes, toujours en attente des engagements financiers de l’Etat pour réformer leur métier ? La balle est de nouveau dans le camp des politiques.
CHIFFRES CLÉS DU DP EN 2015
À RETENIR
LE FONCTIONNEMENT DE DP-VACCINS
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