Association injectable dans le diabète - Le Moniteur des Pharmacies n° 3144 du 24/09/2016 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des pharmacies n° 3144 du 24/09/2016
 
XULTOPHY

Expertise

Nouvelle molécule

Le liraglutide (Victoza) analogue du GLP-1 est, pour la première fois, associé à une insuline basale d’action prolongée, l’insuline dégludec. Celle-ci n’a, jusqu’ici, pas été commercialisée seule en France. Chaque dose unitaire de Xultophy délivre 1 unité d’insuline dégludec et 0,036   mg de liraglutide. Un stylo renferme 300 doses.

INDICATION

Xultophy est indiqué dans le traitement du diabète de type 2 de l’adulte pour améliorer le contrôle glycémique en association avec des antidiabétiques oraux lorsque ceux-ci, seuls ou associés à un agoniste des récepteurs du GLP-1 ou à une insuline basale, ne permettent pas d’obtenir un contrôle glycémique adéquat.

Son remboursement est réservé aux patients dont le traitement par trithérapie metformine + insuline basale + liraglutide sous forme d’association libre est optimisé.

POSOLOGIE

La posologie est adaptée individuellement et peut être ajustée en cas d’activité physique, de modification du régime alimentaire ou de maladie. Elle ne doit pas dépasser 50 doses unitaires par jour.

Xultophy s’administre une seule fois par jour par voie sous-cutanée dans la cuisse, le haut du bras ou l’abdomen, en effectuant une rotation des sites d’injection au sein d’une même région.

Mode d’emploi : ôter le capuchon du stylo, insérer une aiguille NovoTwist ou NovoFine à usage unique (longueur maximale 8 mm et diamètre minimal 32 G). Contrôler l’écoulement avec 2 doses de solution. Sélectionner la dose à injecter, insérer l’aiguille dans la peau, appuyer sur le bouton de dose et le maintenir enfoncé jusqu’à ce que le compteur de dose revienne à 0. Compter lentement jusqu’à 6 avant de retirer l’aiguille de la peau.

L’injection peut avoir lieu n’importe quand, y compris à distance des repas, mais de préférence toujours au même moment chaque jour.

CONTRE-INDICATIONS

Hypersensibilité à l’un des composants, patients diabétiques de type 1, traitement d’une acidocétose diabétique.

GROSSESSE ET ALLAITEMENT

Interrompre le traitement en cas de projet de grossesse.

Xultophy ne doit pas être utilisé pendant l’allaitement.

EFFETS INDÉSIRABLES

Une hypoglycémie peut survenir si la dose de Xultophy est trop élevée par rapport aux besoins.

Des troubles gastro-intestinaux s’observent fréquemment, surtout en début de traitement. Ils s’atténuent généralement en quelques jours ou quelques semaines. Il s’agit principalement de nausées, diarrhées ou vomissements, mais une dyspepsie, une constipation, une gastrite, des douleurs abdominales, un reflux gastro-œsophagien, des flatulences, des éructations ou une diminution de l’appétit sont aussi rapportés.

Les réactions au site d’injection sont également fréquentes : douleur, érythème, nodules, prurit…

INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES

La prise concomitante d’antidiabétiques, d’inhibiteurs de la monoamine-oxydase, de bêtabloquants, d’inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (IEC), de salicylés, de stéroïdes anabolisants ou de sulfamides peut réduire les besoins en Xultophy.

A l’inverse, une augmentation de la dose peut être nécessaire avec les contraceptifs oraux, les thiazidiques, les glucocorticoïdes, les hormones thyroïdiennes, les sympathomimétiques, les hormones de croissance et le danazol.

L’alcool peut intensifier ou réduire l’effet hypoglycémiant de Xultophy.

L’octréotide (Sandostatine) et le lanréotide (Somatuline) peuvent augmenter ou diminuer les besoins en Xultophy.

Les bêtabloquants peuvent masquer les symptômes de l’hypoglycémie.

L’INR sera surveillé plus fréquemment lors de l’initiation du traitement chez des patients sous dérivés coumariniques ou warfarine.

SURVEILLANCE PARTICULIÈRE

Conserver Xultophy au réfrigérateur entre + 2 et + 8 °C avant la première ouverture, à distance de l’élément de refroidissement.

Après ouverture, Xultophy peut être conservé pendant 21 jours à une température n’excédant pas 30 °C ou au réfrigérateur. Le stylo doit être jeté 21 jours après sa première ouverture. Laisser toujours le stylo à l’abri de la lumière quand il n’est pas utilisé, capuchon refermé. §

DITES-LE AU PATIENT

- Toujours vérifier l’étiquette du stylo avant l’injection.
- En cas d’oubli d’une dose, injecter la dose oubliée dès que possible et reprendre le rythme posologique habituel une fois par jour. Un intervalle minimum de 8 heures doit toujours être respecté entre deux injections.
- Dans les situations d’hyperglycémie sévère, l’administration d’une insuline d’action rapide doit être envisagée pour prévenir la survenue d’un coma hyperosmolaire ou d’une acidocétose diabétique.
- Consulter un médecin en cas de douleur intense et persistante au niveau de l’estomac (risque de pancréatite aiguë).


LE DIABÈTE DE TYPE 2

Le diabète, qui touche davantage les hommes et les personnes de plus de 50 ans, est en constante augmentation et le nombre de diabétiques en France est estimé à près de 3 millions avec environ 90 % de diabétiques de type 2.

Qu’est-ce que le diabète de type 2 ?
Le diabète de type 2 correspond à une élévation chronique de la concentration de glucose dans le sang liée à un déficit de la sécrétion d’insuline. Dans le diabète de type 2, l’excès d’adiposité abdominale, associé à une prédisposition génétique et à une sédentarité, est à l’origine d’une insulinorésistance : l’action de l’insuline sur les tissus cibles est réduite. L’insuline permet une réduction de la glycémie grâce à une diminution de la production hépatique de glucose et à une augmentation du transport de glucose vers le muscle et le tissu adipeux. Les cellules bêta des îlots de Langerhans du pancréas parviennent au début à compenser en augmentant la sécrétion d’insuline. Le patient devient diabétique lorsque les cellules bêta ne parviennent plus à produire une quantité suffisante d’insuline.

Comment se manifeste-t-il ?
Le diabète de type 2 reste silencieux durant des années. L’hyperglycémie chronique entraîne des complications à court terme (coma hyperosmolaire, acidose lactique, acidocétose, coma hypoglycémique iatrogène…) et à long terme : macroangiopathie (syndromes coronaires aigus avec un risque d’AVC, AOMI…), microangiopathie (rétinopathie, insuffisance rénale…), neuropathie (polynévrite, dysfonction érectile…) et complications infectieuses.
Delphine Guilloux

FICHE TECHNIQUE

Insuline dégludec 100 unités et liraglutide 3,6 mg/ml de solution injectable incolore et limpide, stylo prérempli de 3 ml. Boîte de 5 stylos, liste  I, 192,40 €, remb. SS à 65 %, AMM : 34009 300 185 1 4
Novo Nordisk : 01 41 97 66 00
Les prix sont mentionnés hors honoraires de dispensation.

L’AVIS DE LA HAS


• Service médical rendu important dans l’indication remboursée.

• Pas d’amélioration du service médical rendu (ASMR V).

• Population cible non estimée.

PHARMACOLOGIE


1 COMMENT AGIT LE MÉDICAMENT ?

Xultophy associe insuline dégludec et liraglutide, dont l'action complémentaire améliore la glycémie.
L’insuline dégludec est un analogue de l’insuline humaine, mais une thréonine est remplacée par un acide gras de type C16 couplé à un acide glutamique. Cette structure s’arrange, après injection SC, en hexamères d’insuline formant, eux-mêmes, des multi-hexamères. L’insuline est ensuite libérée dans la circulation sanguine où la liaison de l’acide gras à l’albumine explique une demi-vie ultra-prolongée (environ 42 heures). Cette insuline a une action hypoglycémiante faible, mais stable, variant très peu d'un jour à l'autre. Sa liaison aux récepteurs des cellules musculaires et adipeuses y facilite l'assimilation du glucose et, simultanément, elle inhibe la production hépatique de glucose.
Le liraglutide est un analogue du GLP-1 (Glucagon-like peptide-1). Il stimule la sécrétion d'insuline et réduit la sécrétion excessive de glucagon, le tout de façon glucose-dépendante.



2 SON ACTION EST-ELLE ORIGINALE ?

L’insuline dégludec (Trésiba, non disponible en France) est une insuline humaine basale, d’action prolongée, au même titre que l’insuline NPH (Umuline NPH, Insulatard), l’insuline détémir (Lévémir) ou l’insuline glargine (Lantus, Abasaglar).
Le liraglutide (Victoza) constitue une alternative thérapeutique d’intensification de l’insuline basale avant le recours aux multi-injections d’insuline rapide : il a ainsi pour parents l’exénatide (Byetta, Bydureon), le dulaglutide (Trulicity) et le lixisénatide (Lyxumia, non encore commercialisé).
La combinaison des deux types d’antidiabétiques constitue une nouveauté.

3 QUEL EST LE VERDICT DES ÉTUDES CLINIQUES ?

Remplacement d’une insuline basale et association à la metformine : une étude vs insuline dégludec isolée chez des patients non contrôlés par insuline basale + metformine (Dual II) donne une différence de variation du taux d’HbA1c de 1,05 % à 26 semaines en faveur de Xultophy. La comparai-son est subjective, la dose d’insuline isolée étant plafonnée à 50 U/J.
Ajout aux hypoglycémiants oraux : l’étude ouverte Dual I, conduite chez des patients non contrôlés par la metformine ± pioglitazone (retirée du marché en 2011) montre à 26 semaines la non-infériorité de Xultophy sur l’insuline degludec isolée et sa supériorité sur le liraglutide isolé. Elle ne dégage pas nettement l’intérêt de Xultophy sur ce dernier, et ne s’inscrit pas dans la stratégie actuelle de prise en charge du diabète de type 2. La HAS n’a pas d’études sur Xultophy vs ses composants séparément, ni de données d’observance ou de morbi-mortalité.

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