Cahier 2
Ordonnance
Auteur(s) : CAHIER COORDONNÉ PAR NATHALIE BELIN ET ALEXANDRA BLANC , PHARMACIENNES, SOUS LA RESPONSABILITÉ DE FLORENCE BONTEMPS , DIRECTRICE SCIENTIFIQUE
J. L., 59 ANS, A L’IMPRESSION D’ALLER « AU RALENTI »
RÉCEPTION DE L’ORDONNANCE
POUR QUI ?
J. L., 59 ans.PAR QUEL MÉDECIN ?
Le neurologue qui a diagnostiqué la maladie.L’ORDONNANCE EST-ELLE CONFORME À LA RÉGLEMENTATION ?
Oui.QUEL EST LE CONdiv DE L’ORDONNANCE ?
QUE SAVEZ-VOUS DU PATIENT ?
J. L. est professeur de français au lycée. Sa maladie de Parkinson a été diagnostiquée il y a 2 ans alors qu’il souffrait d’un syndrome dépressif depuis plusieurs mois et de tremblements répétés au niveau de la main droite. Depuis, il est traité par rasagiline. J. L. poursuit son activité professionnelle et pratique la natation et le théâtre. Il fait partie d’une association de patients et anime un club de théâtre impliquant ses élèves et des patients parkinsoniens.QUEL ÉTAIT LE MOTIF DE LA CONSULTATION ?
J. L. a consulté son neurologue plus tôt que prévu car ses symptômes se sont aggravés : il tremble de plus en plus, surtout en fin de journée et a l’impression d’aller « au ralenti » dans la soirée lorsqu’il s’occupe de ses cours de théâtre, ce qui l’énerve au plus haut point et le décourage.QUE LUI A DIT LE MÉDECIN ?
Le médecin lui a expliqué qu’Azilect n’était plus suffisamment efficace. Il a décidé l’ajout d’un traitement (Ropinirole) qui renforcera l’effet thérapeutique et limitera la recrudescence des tremblements.VÉRIFICATION DE L’HISTORIQUE
Les dispensations de rasagiline sont régulières. Forlax est parfois prescrit par le médecin généraliste.LA PRESCRIPTION EST-ELLE COHÉRENTE ?
QUE COMPORTE LA PRESCRIPTION ?
Rasagiline (Azilect) : il s’agit d’un inhibiteur de la monoamine oxydase de type B, enzyme responsable de la dégradation de la dopamine au niveau de l’espace synaptique. L’IMAO B contribue ainsi à augmenter la concentration en dopamine dont le déficit est à l’origine des symptômes moteurs de la maladie de Parkinson.EST-ELLE CONFORME À LA STRATÉGIE THÉRAPEUTIQUE ?
Oui, chez un sujet jeune (avant 60 ou 65 ans généralement), lorsque les symptômes restent peu gênants, il est souvent proposé un IMAO B. Lorsque les symptômes deviennent plus gênants comme c’est le cas ici, un agoniste dopaminergique est souvent prescrit. L’objectif est de retarder l’introduction de lévodopa, le traitement de référence pour limiter les troubles moteurs, mais qui semble exposer plus précocement que les agonistes dopaminergiques à des complications (effets on-off).Y A-T-IL DES MÉDICAMENTS À MARGE THÉRAPEUTIQUE ÉTROITE ?
Non.Y A-T-IL DES CONTRE-INDICATIONS POUR CE PATIENT ?
Non, le patient ne présente pas d’insuffisance rénale sévère ni d’insuffisance hépatique qui contre-indiquerait le ropinirole ou la rasagiline (celle-ci étant contre-indiquée en cas d'insuffisance hépatique sévère).LES POSOLOGIES SONT-ELLES COHÉRENTES ?
Oui. Pour Requip LP nouvellement prescrit, la posologie est de 2 mg par jour durant la première semaine puis la dose est augmentée à 4 mg une fois par jour à partir de la seconde semaine. Si besoin, le traitement peut être augmenté par paliers jusqu’à la dose maximale de 24 mg par jour.Y A-T-IL DES INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES ?
Non, l’ordonnance ne comporte pas d’interactions. En revanche, mieux vaut ne pas délivrer les traitements demandés par J. L. car ils peuvent interférer avec les traitements antidopaminergiques prescrits (voir encadré ci-dessus).LA PRESCRIPTION POSE- T-ELLE UN PROBLÈME PARTICULIER ?
Non.LE TRAITEMENT NÉCESSITE-T-IL UNE SURVEILLANCE BIOLOGIQUE PARTICULIÈRE ?
Non. La surveillance est d’ordre clinique.Q&DISCRETURN;UELS CONSEILS DE PRISE DONNER ?
CONCERNANT AZILECT
Il est important de rechercher et d’évoquer les éventuels effets indésirables que l’ajout de l’agoniste dopaminergique peut potentialiser.EFFETS INDÉSIRABLES
J. L. est depuis 2 ans sous rasagiline et supporte bien ce traitement. Il ne souffre ni de céphalées, vertiges ou hallucinations ni d’hypotension orthostatique qui peuvent survenir suite à la stimulation dopaminergique induite par la molécule. Il ne se plaint ni de nausées ni de vomissements, mais a parfois tendance à être constipé, d’où les prises de Forlax. La constipation peut être liée à l’évolution de la maladie, mais elle constitue aussi un effet indésirable fréquent des traitements antiparkinsoniens.OBSERVANCE
Elle semble correcte : les délivrances du médicament étant régulières. J. L. doit poursuivre les prises Azilect comme il en a l’habitude, en plus de la prise de l’agoniste dopaminergique.CONCERNANT REQUIP
Le ropinirole est un nouveau traitement pour J. L. : il est important de donner aux patients des conseils concernant la prise du médicament et de l’avertir de certains effets indésirables.UTILISATION
Le ropinirole s’administre pendant ou en dehors des repas, une fois par jour, à heure régulière avec un verre d’eau. Le comprimé à libération prolongée ne doit être ni mâché, ni écrasé, ni cassé, car cela peut entraîner un surdosage. Après la première semaine de traitement, J. L. peut prendre 2 comprimés LP à 2 mg pour finir la boîte. Il enchaînera avec le dosage LP à 4 mg ensuite.QUAND COMMENCER LE TRAITEMENT ?
Le patient peut prendre l’agoniste à libération prolongée en même temps que la prise d’Azilect le lendemain matin pour faciliter l’observance.QUE FAIRE EN CAS D’OUBLI ?
Un oubli de quelques heures peut être rattrapé. Si l’oubli dépasse 24 à 48 heures, le traitement doit être, le cas échéant, repris avec une posologie d’installation progressive.LE PATIENT POURRA-T-IL JUGER DE L’EFFICACITÉ DU TRAITEMENT ?
Oui, mais pas avant plusieurs jours, voire quelques semaines. Le point sera fait avec le médecin 2 mois plus tard.QUELS SONT LES PRINCIPAUX EFFETS INDÉSIRABLES ?
Le ropinirole provoque très fréquemment des troubles digestifs, surtout des nausées parfois des vomissements, une constipation ou un pyrosis. Le risque de somnolence et d’hypotension orthostatique, de vertiges et d’œdèmes périphériques est fréquent. Des épisodes d’hallucinations et de confusion peuvent aussi survenir, mais plutôt chez les patients âgés (cependant, ce type de symptômes peut également être une conséquence de la maladie elle-même). Comme tous les agonistes dopaminergiques, le ropinirole expose à des troubles du contrôle des impulsions (addiction aux jeux, hypersexualité, achats compulsifs, boulimie et compulsions alimentaires…).QUELS SONT CEUX GÉRABLES À L’OFFICINE ?
Les effets indésirables digestifs, la somnolence, les épisodes d’hypotension s’atténuent généralement après quelques jours. La prise du médicament durant les repas réduit les sensations de nausées. Si les nausées sont très gênantes, le patient doit avertir le médecin et surtout ne pas prendre d’antinauséeux en automédication (risque d’antagonisme avec les traitements dopaminergiques). En cas de reflux acide, la prise d’un topique antiacide à au moins 2 heures de distance des antiparkinsoniens est possible.QUELS SIGNES NÉCESSITENT D’APPELER LE MÉDECIN ?
Des épisodes d’hypotension gênants, des hallucinations, une somnolence importante ou l’apparition de troubles du contrôle des impulsions doivent être signalés afin d’adapter éventuellement les doses. Il faut aussi informer le médecin de l’évolution de la maladie comme l’a fait J. L. (réapparition des symptômes parkinsoniens : tremblements, lenteurs des mouvements, blocages).CONSEILS COMPLÉMENTAIRES
Rappeler au patient de privilégier une alimentation riche en fibres et de bien s’hydrater pour limiter la constipation.
qu’en pensez-vous ?
Pour soulager efficacement le rhume de J. L. vous lui proposez :
1) Actifed Rhume
2) Fervex Etat grippal
3) aucun de ces traitements
Réponse : l’association d’un IMAO B (rasagiline) à des sympathomimétiques comme les décongestionnants vasoconstricteurs nasaux ou oraux, ici la pseudoéphédrine dans Actifed Rhume, expose à un risque de poussées hypertensives. Cette association est déconseillée pour la rasagiline. Un antihistaminique H1 (phéniramine dans Fervex Etat grippal, tripolidine dans Actifed Rhume) peut induire une sédation. Mieux vaut ne pas l’associer aux traitements antiparkinsoniens qui, eux aussi, peuvent induire une somnolence. Un traitement local (solution d’hygiène nasale, gouttes nasales antiseptiques ou à base d’huiles essentielles, inhalation…) éventuellement associé à du paracétamol doit être privilégié chez ce patient. Il fallait donc choisir la réponse 3.
effet on-off
Passage en quelques secondes d’un état normal « on » à un état parkinsonien « off » caractérisé par une recrudescence majeure des troubles moteurs.
qu’en pensez-vous ?
Deux semaines après la délivrance de cette ordonnance, l’épouse de M. L. passe à la pharmacie. Son mari n’est plus enrhumé mais il est très fatigué par moments et s’endort parfois brusquement entre ses cours.
Quelle est votre réaction ?
1) Vous conseillez un complément vitaminique
2) Vous recherchez un effet iatrogène
3) Vous expliquez qu’il s’agit de l’évolution normale de la maladie
Réponse : une somnolence est fréquente sous agoniste dopaminergique mais ce dernier peut aussi provoquer un accès soudain de sommeil, très gênants et dangereux en cas de conduite automobile. Il peut être recommandé au patient de privilégier une prise le soir de Requip LP. Si cela ne suffit pas, l’inciter à contacter le médecin pour changer l’agoniste (le patient peut être moins sensible à une autre molécule). Il fallait donc choisir la deuxième proposition.
Physiopathologie de la maladie de Parkinson
- La maladie de Parkinson est due à la dégénérescence des neurones dopaminergiques de la substance noire (ou locus niger) qui jouent un rôle majeur dans le contrôle de la motricité, en particulier des activités spontanées, et de l'automatisme. S’y associe une dénervation d’autres systèmes de neurotransmetteurs : cholinergique, responsable des troubles cognitifs ; sérotoninergique, responsable de troubles de l'humeur ; noradrénergique.
- À l'autopsie, des inclusions éosinophiles, les corps de Lewy (agrégats de protéines), sont mises en évidence dans les cellules affectées par le processus dégénératif. Comme pour d'autres maladies dégénératives avec accumulation d’une protéine – ici l'alpha-synucléine – on ne sait si celle-ci est un marqueur ou si elle joue un rôle clef dans la pathogénie.
LA MALADIE DE PARKINSON EN 4 QUESTIONS
1 QUELS SONT LES SIGNES CLINIQUES ?
Les signes initiaux les plus fréquents sont représentés par la « triade parkinsonienne ».AKINÉSIE
L'akinésie (difficultés à l'initiation du mouvement), associée souvent à une bradykinésie (lenteur du mouvement) et une hypokinésie (diminution de l'amplitude du mouvement) qui conduit à une amimie (réduction des expressions du visage), une micrographie (écriture devenant petite et étroite), un balancement réduit du bras à la marche. Les mouvements alternatifs rapides deviennent difficiles à effectuer.HYPERTONIE
L’hypertonie ou rigidité se manifeste par une résistance à un mouvement passif. Elle cède par à-coups comme une roue dentée. Elle est à l’origine de déformations posturales et de douleurs.TREMBLEMENT
Absent dans 20 à 30 % des cas, il s'agit d'un tremblement de repos, majoré par le stress ou la fatigue. Il concerne souvent les mains, parfois le menton, la langue ou les membres inférieurs. La tête est habituellement épargnée. C’est un tremblement lent qui disparaît lors du mouvement.FORMES TROMPEUSES
Il existe des formes de début trompeuses : syndrome dépressif isolé, douleurs à l’épaule avec raideur, déficit de l’odorat, troubles du sommeil avec rêves animés. Ces symptômes peuvent précéder les troubles moteurs de plusieurs années.SIGNES NON MOTEURS
Ils apparaissent à des degrés variables au cours de l’évolution de la maladie et parfois dès le stade initial : apathie, dépression, douleurs pseudo-rhumatismales, paresthésies, troubles dysautonomiques (hypotension orthostatique, constipation, dysfonction érectile et troubles sphinctériens, sueurs, etc.).2 QUELLES SONT LES ÉTIOLOGIES ?
L’origine de la maladie semble être multifactorielle. Des facteurs génétiques et environnementaux sont identifiés.3 COMMENT EST PORTÉ LE DIAGNOSTIC ?
Une consultation neurologique est recommandée car le repérage des troubles moteurs est parfois difficile. Le diagnostic, essentiellement clinique, est suspecté devant une akinésie ou une bradykinésie ou une hypokinésie associée à au moins un des signes suivants : tremblement, rigidité ou instabilité posturale chez la personne âgée. Le tableau est parfois incomplet et dominé par un ou deux symptômes (forme tremblante, forme akinéto-hypertonique).4 QUELLE EST L’ÉVOLUTION ?
La vitesse de progression de la maladie est très variable d’un patient à l’autre : chez certains, elle est lente avec une gêne limitée durant de nombreuses années ; chez d’autres, les complications motrices surviennent précocement.
en chiffres
Environ 150 000 patients en France.
Prévalence moyenne : 827, 5 cas pour 100 000. Augmente avec l'âge.
Âge moyen d'apparition de la maladie : 58 ans. 10 % des patients ont moins de 50 ans. Il existe des formes génétiques rares qui se manifestent plus tôt, avant l'âge de 40-45 ans.
Légère prédominance masculine, moins fréquente chez les sujets asiatiques et africains.
DAT-Scan
Scintigraphie cérébrale utilisant un radiotraceur ligand du transporteur de la dopamine, injecté par voie IV permettant de visualiser la dénervation dopaminergique présynaptique.
Maladie de Wilson
Maladie familiale autosomique récessive associée à une accumulation de cuivre à l’origine de lésions du système nerveux et du foie.
Effets on/off
Passage en quelques secondes d’un état normal « on » à un état parkinsonien, « off », caractérisé par une recrudescence majeure des troubles moteurs.
Festination
Brusque augmentation de la fréquence de la marche.
Diagnostics différentiels
• Syndrome parkinsonien iatrogène : c’est le principal diagnostic différentiel. Les médicaments responsables sont essentiellement les neuroleptiques (typiques, atypiques ou « cachés » type métoclopramide, buspirone, flunarizine, etc.) et plus rarement des molécules à action antidopaminergique (certains inhibiteurs calciques, valproate de sodium, lithium, etc.).
• Autres syndromes parkinsoniens dégénératifs : les symptômes sont proches de ceux de la maladie de Parkinson, mais il existe en plus des signes neurologiques atypiques (chute précoce, démence précoce, syndrome dysautomique précoce, etc.). De plus, ils répondent peu ou mal au traitement dopaminergique. C’est le cas par exemple, de la démence à corps de Lewy où la symptomatologie parkinsonienne s’associe précocement à une démence avec hallucinations.
• Syndromes parkinsoniens secondaires. Ils sont dus à des causes diverses :maladie de Wilson, syndromes parkinsoniens vasculaires (liés à des lésions vasculaires multiples touchant les noyaux gris centraux), tumeur…
• Ce qui n’est pas un syndrome parkinsonien : en particulier, le tremblement essentiel qui se caractérise par un tremblement d’attitude et d’action, et non de repos. Il touche l’extrémité distale des membres supérieurs, parfois la tête et la voix (timbre chevrotant).
COMMENT TRAITER LA MALADIE DE PARKINSON ?
STRATÉGIE THÉRAPEUTIQUE
La prise en charge, globale et multidisciplinaire, vise à améliorer les symptômes moteurs et non moteurs, et ainsi la qualité de vie du patient.PAS OU PEU DE GÊNE FONCTIONNELLE
Lorsque les symptômes moteurs sont minimes, un inhibiteur de la monoamine-oxydase B (IMAO B) peut être proposé. Des études suggèrent notamment une action neuroprotectrice de la rasagiline et l’intérêt de l’initier précocement. En cas d’échec ou d’efficacité insuffisante de l’IMAO B, il peut être remplacé par un agoniste dopaminergique.GÊNE FONCTIONNELLE MARQUÉE
La lévodopa est le traitement de référence le plus efficace pour réduire les troubles moteurs. Elle induit moins de troubles cognitifs ou psychiatriques que les agonistes dopaminergiques (confusions, délires, troubles compulsifs, troubles du sommeil…) et de ce fait, elle est préconisée en première intention chez les sujets âgés (plus de 65/70 ans).AU STADE DES COMPLICATIONS MOTRICES
L’objectif est de lutter contre les fluctuations d’activité (akinésie de fin de dose, effets on/off) et les dyskinésies, en ayant une stimulation dopaminergique la plus régulière possible à dose minimale efficace à chaque prise. Plusieurs options sont possibles.TROUBLES NON MOTEURS
Liés à la maladie elle-même ou aux traitements, leur prise en charge est essentielle. Constipation : règles hygiénodiététiques, laxatifs doux. Troubles urinaires : anticholinergiques (chlorure de trospium, toltérodine…), alphabloquant (alfuzosine…). Hypotension orthostatique : règles hygiénodiététiques, contention de classe 2 au moins, traitement symptomatique (midodrine…). Dépression : ISRS, IRSNA sauf sous IMAO B où il faut préférer d’autres molécules en évitant les tricycliques du fait de leurs effets indésirables.
TRAITEMENTS
LÉVODOPA
C’est le traitement le plus efficace et le mieux toléré. La lévodopa est systématiquement associée à un inhibiteur périphérique de la décarboxylase (bensérazide, carbidopa) qui évite sa dégradation en dopamine avant qu’elle ne traverse la barrière hématoencéphalique.AGONISTES DOPAMINERGIQUES
On distingue ceux à noyau ergoté (bromocriptine) et ceux à noyau non ergoté, (apomorphine, piribédil, pramipexole, ropinirole, rotigotine). Ces derniers, plus récents et n’exposant ni à un risque de fibrose pleuropulmonaire ou rétropéritonéale ni à des valvulopathies cardiaques (contrairement aux dérivés ergotés), sont préférés. L’amantadine, un agoniste dopaminergique faible, est peu efficace sur les troubles moteurs ; elle est parfois utilisée au début de la maladie dans les formes tremblantes ou pour réduire la sévérité des dyskinésies. Le piribédil (Trivastal) d’efficacité modérée est peu utilisé. La rotigotine, par voie transdermique, est notamment utile en cas de troubles de la déglutition.ICOMT
L’entacapone ou la tolcapone sont indiqués en association à la lévodopa au stade des fluctuations motrices pour en améliorer l’efficacité.ANTICHOLINERGIQUES
Les anticholinergiques, bipéridène (Akineton LP), trihexyphénidyle (Artane, Parkinane), tropatépine (Lepticur) sont peu utilisés en raison de leurs effets indésirables gênants chez les patients âgés : constipation, sécheresse buccale, rétention urinaire, confusions, hallucinations, troubles de la mémoire…PERSPECTIVES THÉRAPEUTIQUES
Le CVXL-0107, un inhibiteur de relargage du glutamate, est en cours d’études de phase II chez les patients à un stade avancé avec des fluctuations motrices et des dyskinésies.
CE QUI A CHANGÉ
• Arrêt de commercialisation. Lisuride (Dopergine, en 2013) et pergolide (Celance, en 2011), des agonistes dopaminergiques ergotés, en raison de risque de fibroses pleuropulmonaires et cardiaques ; Otrasel en 2015 (sélégiline en lyophilisat oral).
• Dompéridone : l’ANSM a émis des restrictions d’utilisation en 2014. En raison de risques cardiaques rares mais graves (torsades de pointe), elle doit être utilisée à la dose efficace la plus faible pour une période la plus courte possible.
Syndrome malin des neuro-leptiques
Menaçant le pronostic vital, il associe des troubles de la conscience, une rigidité musculaire généralisée, une hyperthermie, une tachycardie et une hypotension artérielle. À suspecter chez un patient parkinsonien fébrile devant une aggravation des symptômes.
Syndrome séroto- ninergique
Lié à l’association de 2 médicaments ayant chacun des propriétés sérotoninergiques, il peut entraîner confusion, agitation, myoclonies, sudation, frissons, tremblements, hyperthermie, diarrhée.
vigilance !!!
Les principales contre-indications des traitements sont :
• Lévodopa : psychoses graves, confusion mentale, accidents cardiaques avec angor et troubles du rythme récents, glaucome à angle fermé
• Ropinirole : insuffisance rénale sévère
• Rotigotine : IRM, cardioversion électrique (retirer le patch)
• Bromocriptine : troubles psychiques sévères ou antécédents, valvulopathie, facteurs de risque vasculaires, artériopathie périphérique, insuffisance coronaire
• Apomorphine : troubles psychiatriques, dépression respiratoire
• Entacapone, tolcapone : antécédent de syndrome malin des neuroleptiques et/ou de rhabdomyolyse ; dyskinésies sévères pour la tolcapone
• Sélégiline : ulcère duodénal ou gastrique en évolution
Pointdevue
Pr Philippe Damier, service de neurologie, CHU de Nantes
La stimulation cérébrale profonde est efficace plusieurs années sur les troubles moteurs et les dyskinésies
À qui s’adresse la stimulation cérébrale profonde ?
La chirurgie la plus courante est l’implantation des électrodes au niveau des noyaux subthalamiques. Elle est réservée à des patients plutôt jeunes qui ont plusieurs années d’évolution de la maladie et sont toujours bon répondeurs à la lévodopa, sans troubles cognitifs ou psychiatriques importants mais chez qui les complications motrices apparaissent. Elle permet de réduire de façon conséquente le traitement médicamenteux et les dyskinésies pendant plusieurs années. Mais elle n’empêche pas la maladie de progresser et est sans effets sur les signes non dopaminergiques (troubles de l’équilibre ou déficit cognitif). D’autres cibles chirurgicales sont possibles, envisageables aussi chez des patients plus âgés, comme le pallidum interne chez ceux qui ont des mouvements anormaux sévères ou le thalamus en cas de formes tremblantes.
Comment gérer les nausées et la prise de dompéridone ?
La prescription de dompéridone n’est plus systématique en raison du risque cardiovasculaire lié à ce médicament. Elle reste indispensable quand on initie un traitement par apomorphine qui entraîne beaucoup de nausées. Ensuite, ce sont les agonistes qui sont le plus à risque, puis la lévodopa. Le plus souvent, les nausées régressent au bout de quelques jours, voire quelques semaines. Si la dompéridone est nécessaire, le patient ne doit la prendre que le temps approprié.
CORINE, 58 ANS, SECRÉTAIRE EN RETRAITE ANTICIPÉE
LA MALADIE VUE PAR LES PATIENTS
IMPACT PSYCHOLOGIQUE
Troubles de l’humeur, insomnie et fatigue sont très fréquents. La proportion de patients traités pour une dépression est élevée. Celle-ci peut être liée à la maladie elle-même et peut précéder l’apparition des troubles moteurs, ou peut être due à l’annonce du diagnostic et à la dépendance qu’entraîne la maladie.IMPACT SUR LE QUOTIDIEN
La lenteur des mouvements nécessite d’anticiper la toilette, l’habillage, les déplacements, la prise des repas. Des signes non dopaminergiques s’ajoutent aux troubles moteurs : hypotension orthostatique, troubles urinaires, constipation, hypersialorrhée… Il ne faut pas hésiter à faire appel aux aides à domiciles (aide ménagère, aide-soignant…). Se faire reconnaître comme personne handicapée auprès des Maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) peut permettre l’accès à plusieurs aides financières.IMPACT PROFESSIONNEL
Psychologiquement et physiquement, la poursuite du travail nécessite des adaptations.À DIRE AU PATIENT
À PROPOS DE LA MALADIE
Optimiser le suivi : les consultations médicales doivent être régulières, y compris chez le neurologue (au moins tous les 6 mois). Le patient ou l’entourage doit noter les moments de survenue des symptômes, des complications motrices, et le cas échéant les circonstances qui ont pu les favoriser (stress, infection…). Troubles de l’humeur, du sommeil, troubles psychotiques (hallucinations…), transpiration excessive (fréquente en fin de dose « off » ou parfois en période « on »), œdèmes périphériques doivent être signalés au médecin pour une prise en charge adaptée.À PROPOS DES TRAITEMENTS
Moment de prise : bien respecter les moments de prises pour éviter les fluctuations d’activité. Des applications d’aide à l’observance peuvent être utiles (Medi’Rappel, Medissimo, Medisafe, Mon Pilulier…). Ne jamais interrompre brutalement le traitement au risque de voir apparaître une akinésie aiguë ou un syndrome malin des neuroleptiques. Ce dernier est à évoquer lors de manifestation de troubles chez un patient fiévreux.
question de patient Mon mari se plaint de sécheresse buccale pourtant il présente souvent une hypersalivation ...
«Paradoxalement à l’hypersalivation, due plutôt à une diminution du réflexe de déglutition, les patients présentent souvent une sécheresse buccale qui favorise l’apparition de caries. Pour rendre la situation plus confortable, il peut sucer des bonbons sans sucre, recourir à des substituts salivaires (Artisial, Aequasyal…). Pour anticiper les problèmes buccodentaires, des contrôles réguliers chez le dentiste sont recommandés »
EN SAVOIR PLUS
France Parkinson
franceparkinson.fr Soutiens, conseils et informations pour les patients
Haute Autorité de santé
has-sante.fr « Guide du parcours de soins Maladie de Parkinson », juin 2014
MÉMO DÉLIVRANCE
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