« Je voudrais un produit contre les démangeaisons vaginales » - Le Moniteur des Pharmacies n° 3139 du 20/08/2016 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des pharmacies n° 3139 du 20/08/2016
 

Expertise

Dialogue

Auteur(s) : NATHALIE BELIN 

Les mycoses vaginales font partie des infections génitales les plus fréquentes. Gênantes, mais le plus souvent bénignes, elles relèvent généralement d’une prise en charge à l’officine. Point complet en 5 questions.

1  Pour qui est-ce ?

Une femme de 35 ans : Je voudrais une crème contre des démangeaisons au niveau de la vulve.

Le pharmacien : C’est pour vous ?

– Non, c’est pour ma fille de 4 ans. Elle se gratte et se plaint de douleurs en urinant.

Une vulvite simple est très fréquente chez la petite fille âgée de 2 à 6 ans. Elle est due, le plus souvent, à des erreurs d’hygiène ou à une oxyurose (présence d’un prurit anal associé). Les mycoses sont exceptionnelles avant la puberté. Une bandelette urinaire élimine une infection urinaire, principal diagnostic différentiel. Le traitement est symptomatique (gel nettoyant doux, éventuellement savon antiseptique de 3 à 5 jours, lotion ou crème apaisante : Saforelle crème apaisante, Saugella crème douceur…). Rappeler les règles d’hygiène.

Une femme d’une trentaine d’années : Je voudrais du Gyno-Pevaryl.

Le pharmacien : Y a-t-il une grossesse en cours ?

– Oui, je suis enceinte de 2 mois.

La grossesse favorise les mycoses vaginales qui sont parfois prolongées ou peuvent plus facilement récidiver. Un traitement adapté, parfois de plus longue durée peut être nécessaire. Mieux vaut orienter vers une consultation médicale.

2  Quel est le condiv ?

Une femme d’une cinquantaine d’années : Cela me gratte « en bas »… Vous auriez quelque chose ?

Le pharmacien : Que vous arrive-t-il ?

– Je ne saurais pas bien vous dire… Ça me gêne. Une amie m’a dit que c’était sûrement une mycose.

Diverses causes de gêne intime sont fréquentes : irritations vulvaires du fait d’une sécheresse vaginale ou de produits d’hygiène trop agressifs, vaginose bactérienne, vulvite herpétique… Une prise en charge à l’officine implique que la patiente sache identifier les symptômes de la mycose. Un avis médical s’impose en cas de fièvre, de douleurs pelviennes, en l’absence d’amélioration après 3 jours de traitement ou de récidives fréquentes (plus de 4 par an).

3  Avez-vous des problèmes de santé ?

Jeanne, 20 ans : Je voudrais une boîte de Monazol. C’est ce que m’avait prescrit le médecin la dernière fois.

Le pharmacien : Oui mais vous êtes sous insuline. Avez-vous fait un point récemment avec le médecin ?

Un diabète mal équilibré ou une immunodépression favorisent la survenue d’une mycose vaginale. Un avis médical s’impose pour une prise en charge adaptée de l’infection. Dans ce cas, il peut être aussi nécessaire d’optimiser le traitement antidiabétique.

4  Prenez-vous d’autres médicaments ?

Une femme de 35 ans : Bonjour, je crois qu’on peut avoir des ovules sans ordonnance, contre les mycoses ?

Le pharmacien : Bien sûr. Suivez-vous un traitement en ce moment ?

– Oui, je viens de terminer des antibiotiques pour ma sinusite.

Certaines femmes sont sujettes aux mycoses vaginales après une antibiothérapie. La prise systématique d’un antifongique à la fin de l’antibiothérapie prévient alors la survenue de l’infection : la patiente doit penser à l’indiquer au médecin ou au pharmacien.

5  Savez-vous comment l’utiliser ?

Une femme de 25 ans : J’ai mis des comprimés de Mycohydralin il y a 3 jours, mais je suis encore gênée.

Le pharmacien : Vous pouvez en remettre, mais si les symptômes persistent, consultez votre médecin.

– D’accord, mais je vais avoir mes règles. C’est un problème ?

Pour une bonne efficacité, les ovules doivent être placés au fond du vagin et le traitement ne doit pas être interrompu pendant les règles. Eviter les tampons qui peuvent absorber le principe actif.

Une femme d’une trentaine d’années : Je voudrais des ovules Pharmatex ainsi, qu’une boîte de Lomexin, s’il vous plaît.

Le pharmacien : Savez-vous que l’antifongique peut altérer l’efficacité du spermicide ?

– Ah ! non… D’ailleurs, faut-il que mon partenaire suive aussi un traitement ?

Les mycoses vaginales ne sont pas des infections sexuellement transmissibles. Un traitement du partenaire n’est justifié (crème antifongique durant 8 jours) qu’en présence de symptômes (balanite). Indiquer systématiquement à la patiente que les ovules antifongiques altèrent l’efficacité des spermicides et celle des préservatifs en latex.

L’ESSENTIEL 

Les mycoses vaginales constituent une cause fréquente de gêne et d’irritation intime. Elles sont liées à un déséquilibre de la flore vaginale avec prolifération de levures saprophytes, le plus souvent Candida albicans. Les facteurs favorisants sont un déséquilibre hormonal (grossesse, ménopause…), une antibiothérapie, une immunodépression (infection par le VIH, corticothérapie générale…), un diabète mal équilibré. Les symptômes cliniques sont peu spécifiques : prurit vulvaire intense, leucorrhées blanchâtres, grumeleuses sans odeur particulière, brûlures en fin de miction fréquentes, parfois dyspareunie. Il n’y a pas de fièvre ni de douleurs pelviennes.

LES TRAITEMENTS

Antifongiques imidazolés
Ovules, crèmes, émulsions :clotrimazole, éconazole, fenticonazole, isoconazole, sertaconazole…
Pour qui ? Chez la femme ou la jeune fille pubère.
Comment ? Les ovules ou les comprimés doivent être placés au fond du vagin, le soir au coucher, 3 soirs de suite ou en administration unique pour ceux à libération prolongée. A renouveler une fois si les symptômes persistent après 3 jours. En cas d’atteinte vulvaire, la crème ou l’émulsion s’applique 1 à 2 fois/jour pendant 1 semaine.
Des effets indésirables ? Prurit et sensation de brûlures transitoires liés à la lyse du champignon. Pour les ovules ou comprimés vaginaux : écoulements possibles.
Des interactions ? Avec les préservatifs et diaphragmes en latex (risque de rupture) ; avec les spermicides (risque d’inefficacité de la contraception). Eviter l’utilisation de tampons pendant les règles, pour ne pas interférer avec le traitement.
Correcteurs de la flore vaginale
Probiotiques (Lactobacillus…) et/ou prébiotiques (oligosaccharides, polysaccharides…) par voie orale (la flore vaginale a une origine digestive ; Physioflor, Bioprotus Flore Intime, Lactibiane CND, Orogyn, Femibion Flore Intime…) ou vaginale (Gynophilus, Mycoress, Saforelle Medigyne, Hydralin Flora, Geliofil, Saugella Intilac…).
Pour qui ? Chez les femmes ayant tendance aux récidives, ou pour certaines femmes sujettes aux mycoses vaginales lors de la prise d’un traitement antibiotique.
Quand ? En prévention lors d’une antibiothérapie, ou au décours d’une mycose, en complément du traitement antifongique local ou en relais du traitement antifongique. 1 à 2 semaines de cure.
Des interactions ? Par voie vaginale avec les ovules antifongiques (par prudence) ; selon les produits avec les préservatifs ou les diaphragmes en latex et les spermicides.
mesures d’hygiène - Durant l’épisode de mycose, toilette intime à l’aide d’un produit d’hygiène à p H neutre ou alcalin (7 à 8,5) qui limite la prolifération des levures (Saforelle mousse lavante, Derm’Intim Aderma pH 8, HydralinGyn, Myleuca, Mycolea de Rogé Cavaillès…) - Au quotidien, gel lavant doux sans parfum, ou produit lavant spécifique d’hygiène intime de p H compris entre 4,5 et 8. Pas d’antiseptiques locaux (Septivon…) pour la toilette quotidienne ; proscrire les douches vaginales, éviter les déodorants intimes, le papier toilette parfumé et coloré. - Eviter les sous-vêtements synthétiques, les vêtements trop serrés ; ne pas garder un maillot de bain mouillé sur soi ; après la douche, bien sécher la zone vulvaire. - Chez la petite fille, après la miction, essuyer la vulve d’avant en arrière ; après la selle, essuyer l’anus d’avant en arrière.

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