Les pharmaciens ruraux ont du ressort

Laurent Charpentier est associé depuis 2006 avec Thierry Beyssac dans une pharmacie dont le chiffre d’affaires est deux fois supérieur à celui réalisé par leur consœur, Maryline Vachet, installée dans la même commune. « Nos deux pharmacies ne répondaient plus aux normes. Par exemple, la présence de marches à l’entrée les rendait difficilement accessibles aux personnes handicapées. A l’intérieur, les locaux ne nous permettaient pas de vendre des fauteuils roulants et de tirer profit de nos diplômes et formation en orthopédie. De plus, le métier évolue vers de nouvelles missions. Nous devions nous adapter », explique Thierry Beyssac. Pour Maryline Vachet, sa motivation à jouer la carte du regroupement était vitale : « Avec 5 000 habitants sur la commune et le canton, il était évident qu’à terme il ne resterait plus qu’une seule officine à Levroux. Or, étant titulaire de la plus petite pharmacie, je m’interrogeais sur l’avenir de mon outil de travail ».

La municipalité participe activement

Le 4 janvier 2016, une nouvelle pharmacie flambant neuve ouvre ses portes aux Levrousains. « Nous avons acheté à la municipalité un terrain de 1 300 m², placé sur un axe de passage, proche de lotissements, entre la garderie, l’école, le collège et le supermarché. Nous avons fait construire une officine de plain-pied sur 350 m² », détaille Laurent Charpentier. A l’intérieur, les trois titulaires disposent dorénavant de suffisamment d’espace pour exposer le matériel médical et développer l’orthopédie. Ils disposent aussi d’un local de confidentialité afin de s’entretenir avec des patients, et réaliser des dépistages ; un local est destiné au stockage des produits volatils et inflammables. De même, ils profitent d’un préparatoire fermé, d’une salle de réunion et d’un mini-studio avec douche et coin cuisine pour les gardes de nuit.

Les associés montent une SCI, contractant un prêt immobilier pour l’achat du terrain et la construction du bâtiment. Un second prêt professionnel couvre le montant des agencements. La municipalité a également mis la main à la poche, accueillant à bras ouverts ce projet qui démontre que les villages intéressent aussi les investisseurs. « Elle a pris à sa charge une partie de l’aménagement du parking qui comporte une vingtaine de places, et la sécurisation des lieux devant l’officine, grâce à l’installation de l’éclairage et d’un passage piétons », précise Thierry Beyssac.

La pharmacie, qui a conservé l’intégralité des deux équipes (7 salariés au total), a élargi ses horaires d’ouverture, notamment le samedi après-midi. Malgré cela, les cotitulaires tirent profit de leur regroupement en termes de qualité de vie. « Nous travaillons tous 40 heures par semaine et j’ai retrouvé du temps libre pour me former ! », se satisfait Maryline Vachet. Sa seule difficulté d’adaptation est liée aux changements de méthodes de travail et d’organisation, plus rigoureuses, qu’impose le fonctionnement d’une grande structure. « Dans mon ancienne officine, mes deux préparatrices et moi-même étions omniprésentes. Nous avions la culture du verbal, moins celle de l’écrit ».

Six mois après la fusion, la nouvelle pharmacie de Levroux affiche des indicateurs encourageants. « Le chiffre d’affaires dépasse légèrement la somme des chiffres d’affaires des deux officines précédentes », précise-t-elle. Un succès, sans aucun doute.