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TEMPS FORTS
Auteur(s) : CHLOÉ DEVIS
Preuve qu’on est loin du consensus, l’Ordre reste flou quant à la date à laquelle il dévoilera l’issue de la consultation lancée à l’automne autour de la réforme du Code de déontologie : prévue avant l’été… ou à la rentrée. Syndicats, groupements, pharmaciens et étudiants ont été invités à contribuer à la réflexion sur le droit à communiquer, jugée incontournable à l’heure d’internet. Mais la FSPF est allée plus loin en soumettant le questionnaire de l’Ordre à ses adhérents. Pour son président Philippe Gaertner, avec 700 réponses, les résultats livrent une tendance significative au sein de la profession. Et reflètent les positions de la FSPF, « même si on s’attendait à un tout petit peu plus d’ouverture », admet son président. Car c’est bien le conservatisme qui l’emporte. La majorité des répondants se disent « globalement satisfaits des outils existants » et « ne souhaitent pas une libéralisation outre mesure des conditions de publicité des officines ». Frilosité ? Avant tout, « le risque de déstabilisation du réseau, lié à la capacité financière inégale des officines », pointe Philippe Gaertner. Lui-même insiste : pas question de « donner prise au détournement de clientèle avec la mise en œuvre d’éléments d’attractivité hors médicaments ». Derrière la crispation se profile une autre crainte, celle d’une perche tendue à l’ouverture du monopole. Les adhérents de la FSPF défendent bel et bien une évolution des divs, destinée à préciser les usages des nouvelles technologies de l’information et de la communication. La fédération se prononce aussi en faveur de la légalisation de moyens de fidélisation. Mais sans remettre en cause un cadre global restrictif, au nom, en premier lieu, de « l’intérêt du patient ». Des réserves qui trouvent un écho du côté de l’USPO. Si son président, Gilles Bonnefond, reconnaît la nécessité d’ajustements pour permettre aux groupements de communiquer plus librement sur leurs services, « la question reste en suspens en ce qui concerne les GIE, au vu des risques de déstabilisation à l’échelle locale ». Le responsable syndical, par ailleurs favorable à une explicitation de la fameuse formule « avec tact et mesure », redoute également les excès en matière promotionnelle. « L’équilibre est difficile à trouver », reconnaît-il.
Marcher sur des œufs, ce n’est pas la solution pour Jean-Luc Fournival, son homologue de l’UNPF. « La frilosité des pharmaciens en matière de communication est un syndrome du refus de la concurrence », diagnostique-t-il. Jean-Pierre Dosdat, président d’Objectif Pharma, enfonce le clou : « Le pharmacien vit en vase clos, alors que tout change rapidement. Mais les murs ne vont pas tenir longtemps », prévient-il. Selon les partisans d’une libéralisation accrue, le retour de bâton pourrait faire mal : « Il est normal que la profession ait peur, à cause des dérives possibles. Reste que le statu quo rend les dérives inéluctables et encore plus incontrôlables », argumente Laurence Bouton, directrice générale d’Alphega et vice-présidente de Federgy. Dans le condiv du recul de l’ordonnance et de l’érosion des marges, « l'officine doit pouvoir faire le poids face aux autres réseaux de distribution qui n’ont aucune contrainte en matière publicitaire », ajoute Frank Vanneste, président de Giropharm. Pour cela, il souhaite des « moyens ciblés et légaux » permettant aux groupements de jouer pleinement leur rôle dans ce sens. L’axe commercial n’est pas oublié : « Nous avons déjà vécu l'arrivée de la parapharmacie en grandes surfaces : nous devons anticiper cette éventualité en ce qui concerne l’OTC en bénéficiant des moyens de communication nécessaires, car on ne change pas le Code tous les jours », note Laurence Bouton. Les groupements jouent gros dans les futures évolutions : « Sans pour autant aliéner l’indépendance de leurs membres, les enseignes doivent pouvoir leur offrir une communication professionnelle tous azimuts, à la fois positive pour l’image de l’officine et valorisante pour leurs compétences en matière d’éducation sanitaire notamment », souligne la dirigeante d’Alphega. Mais si les « libéraux » plaident l'urgence d'une réforme, ils sont moins précis dans la définition des applications pratiques. Car ils n’entendent pas jeter l’éthique avec l’eau du bain : ils ne plaideront pas pour des spots télévisés ou des flyers dans les boîtes à lettres. En revanche, « les pharmaciens doivent pouvoir utiliser les outils modernes d’animation en vitrine, mais aussi exploiter les ressources digitales – là encore, dans le cadre de bonnes pratiques », estime Jean-Luc Fournival. D’autant qu’avec internet, les frontières sont ouvertes… pour le meilleur et le pire. D’ailleurs, « dans nombre de pays étrangers, les règles sont plus souples. La profession et les patients ne s’en portent pas plus mal », tranche Laurence Bouton. L’Ordre l’entendra-t-il de cette oreille ?
« POUR GARDER UN MARCHÉ, IL FAUT COMMUNIQUER »
LES POINTS SUSCEPTIBLES D’ÊTRE LITIGIEUX
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