Retrouvez tous vos contenus sur mobile avec l'application du Moniteur des pharmacies.
Téléchargez gratuitement l'application !
Professionnels de santé, accédez à plus de contenu, réagissez aux actus et bénéficiez de tous les avantages en vous connectant à votre espace personnel.
Si vous n'avez pas de compte,
vous pouvez en créer un gratuitement !
Temps forts
FOCUS
Auteur(s) : Loan Tranthimy
Pour faire face à une baisse inexorable du nombre de médecins généralistes, l’Ordre des médecins preconise de valoriser certaines missions remplies par les pharmaciens. A défaut de revenir sur la liberté d’installation.
La démographie des médecins généralistes décline, comme le révèle l’atlas annuel de l’Ordre national des médecins. En 2016, près de 89 000 généralistes sont inscrits au tableau de l’Ordre, soit 8 500 de moins qu’en 2007. Ils pourraient n’être que 81 000 dans 9 ans. Cette chute continuerait jusqu’en 2020, voire 2025, « pour se traduire par la perte d’un médecin généraliste sur quatre durant la période 2007-2025 », signale Jean-François Rault, président de la section santé publique et de la démographie médicale de l’Ordre national des médecins. « La densité moyenne de 132,1 médecins généralistes pour 100 000 habitants pourrait être suffisante si les médecins étaient mieux répartis. Où cela devient gênant, ce sont les zones où la population vieillissante augmente et le nombre de médecins qui s’effrondre, comme dans la Nièvre ou dans l’Yonne », ajoute-t-il cependant. Cette tendance est-elle sans danger pour les pharmaciens ? « Dans les zones sous-dotées, les pharmaciens se retrouvent en difficulté. On peut envisager de confier aux pharmaciens des missions dans l’observance ou l’éducation thérapeutique et les valoriser », plaide le médecin.
Président de l’Association de pharmacie rurale (APR), Albin Dumas reconnaît « qu’un pharmacien qui se trouve isolé après le départ d’un médecin, va subir une perte de chiffre d’affaires. Mais s’il est apprécié pour ses services, il pourra limiter cette perte en valorisant ses compétences. Le danger est l’endettement du titulaire. Pourtant cette pénurie doit être vécue comme une chance pour l’officine de se réorganiser ».
Une position que partage totalement Renaud Nadjahi, président de l’URPS Pharmaciens Ile de France.
« Le temps médical, notamment en Ile-de-France rurale va manquer. Nous avons une fenêtre de tir d’une dizaine d’années, pour prouver que le pharmacien peut apporter une valeur ajoutée auprès de la population. », martèle le titulaire.
Contrats d’engagement de service public et de praticiens territoriaux de médecine générale, augmentation ciblée du numerus clausus, la ministre de la Santé multiplie les mesures. Mais est-ce la bonne méthode pour repeupler les déserts médicaux ?
E.V. : Seul un gouvernement révolutionnaire pourrait faire voter une loi revenant sur la liberté d’installation des médecins. Marisol Touraine n’a pas les mains libres, elle doit se contenter de petites mesures correctrices en espérant que leur somme se révèle décisive.
Vu l’ampleur du problème, c’est un peu comme essayer de vider l’océan à la petite cuillère. La situation continue de s’aggraver. Il y a de moins en moins de candidats à l’exercice en zone rurale, les jeunes qui réussissent médecine sont issus des grandes villes et veulent y rester. Même les petites villes, qui jusqu’ici irriguaient le monde rural, ne les attirent plus. On constate aussi que la péri-urbanisation s’étale de plus en plus loin des villes, dans des zones où les médecins ne veulent pas aller non plus. Le système craque de partout.
Comment expliquer que la liberté d’installation médicale soit si intouchable alors que l’ouverture d’une officine est très encadrée sans susciter autant de débat ?
E.V. : A la veille de la Seconde Guerre mondiale, quand la loi a été pensée, il s’agissait de répartir les pharmaciens sur tout le territoire pour éviter qu’il n’y ait que des charlatans dans certaines zones.
La tournure était positive pour la profession, assurer partout la mission de sécurité du médicament. On pourrait faire exactement la même chose avec les médecins, leur demander de s’installer là où la population a besoin d’eux. C’est pour cela que je penche pour l’option de centres de santé. Là où les médecins libéraux ne veulent pas aller, la région ou la communauté de communes pourrait établir des centres de santé avec des médecins salariés. Ce n’est pas aux syndicats médicaux de décider, la jeune génération de médecins est beaucoup plus réceptive au salariat.
Quel rôle peut jouer le pharmacien dans ce paysage de plus en plus désertique ?
E.V. : Il ne faudrait surtout pas que le manque de médecins dans les zones rurales et les petites villes pousse à considérer les pharmaciens comme des bouche-trous. L’ampleur des maladies chroniques plaide au contraire pour une plus grande mise en avant de leurs compétences spécifiques et précieuses sur les médicaments. L’Etat doit garantir à chacun l’accès aux soins et pas seulement à un médecin, mais aussi au tandem médecin-pharmacien qui est irremplaçable.
PROPOS RECUEILLIS PAR AFSANE SABOUHI
Agrégé et docteur en géographie et en histoire, Emmanuel Vigneron est depuis 1995 professeur d’aménagement à l’Université de Montpellier. div de nombreux ouvrages dont « Inégalités de santé dans les territoires français » chez Elsevier Masson en 2011, ses travaux ont permis d’en chiffrer l’ampleur : entre le centre aisé de Paris et le quartier du Stade de France en Seine-Saint-Denis, à un quart d’heure en RER, l’écart des taux de mortalité varie de 82 %.
Vous sentez-vous régulièrement en insécurité dans vos officines ?
1Healthformation propose un catalogue de formations en e-learning sur une quinzaine de thématiques liées à la pratique officinale. Certains modules permettent de valider l'obligation de DPC.
Vous avez des questions ?
Des experts vous répondent !