Le poil à gratter Christine Simon

Plaquez-moi », « Poil à gratter », « Déboutonnez-moi »… La marque Indemne joue sur l’humour et la légèreté. Un ton volontairement décalé pour dédramatiser les problèmes de peaux, pas toujours drôles, qui touchent 8 personnes sur 10. Christine Simon en sait quelque chose. Elle-même, depuis l’âge de cinq ans, se bat contre un eczéma qui lui démange régulièrement le cou ou le visage et l’oblige à se badigeonner de crèmes à base de cortisone. Un sentiment d’injustice que l’adolescente affronte sans sourciller… jusqu’à plaquer tous ses traitements à 20 ans. « J’en avais marre de prendre des crèmes qui ne marchaient jamais », se souvient-elle encore émue. L’eczéma l’oublie pendant quelque temps. Mais, à 27 ans, alors qu’elle monte son entreprise dans les assurances, démangeaisons et plaques rouges reviennent de plus belle. La jeune chef d’entreprise cherche alors une solution miracle du côté des produits naturels. « Une pharmacie m’avait concocté une préparation à base d’huiles essentielles. L’eczéma ne me grattait plus et les crises étaient plus espacées. »

Une première gamme en 2013

La jeune femme se passionne alors pour les huiles essentielles. Un hobby, tout au plus, jusqu’en 2008 où un grave souci de santé la cloue au lit pendant deux mois. « J’ai réfléchi au sens que je voulais donner à ma vie pour retrouver de l’énergie, confesse-t-elle. Je voulais aider les autres, m’investir davantage dans la naturalité. » Quelques semaines plus tard, elle cède son entreprise à un groupe bancaire et suit une formation en aromathérapie. Très vite naît l’idée de créer des produits « qui mélangent les bonnes huiles essentielles au bon dosage pour traiter tous les problèmes de peau ». En 2010, Christine Simon s’attèle à sélectionner les huiles essentielles, un laboratoire certifié valide le dosage. Un investissement de départ de 300 000 euros permet à la créatrice d’Indemne de sortir une gamme de huit produits en 2013. Plaques rouges, peau d’orange, acné, irritations… la marque ambitionne de les traiter tous dans une même gamme de jolis flacons aux faux airs d’eau de toilette et dotés de drôles de noms. « Je voulais des produits qui ne ressemblent pas à des médicaments et qu’on n’ait pas honte d’exhiber dans la salle de bains. »

Un marché difficile à conquérir

Des subventions grâce au concours Digital In-Pulse, qui aide les jeunes entreprises innovantes, lancent le développement commercial. Première étape : l’export dans une vingtaine de pays, notamment en Asie, dans des concept-stores. La stratégie est bien réfléchie : faire ses preuves avant d’investir un marché français mature plus difficile à conquérir. Aux premiers pharmaciens sceptiques, Christine Simon positionne Indemne comme « la première réponse naturelle aux problèmes de peau ». Quinze pharmaciens adeptes de « naturalité » sont séduits dès le départ. Ils sont actuellement une cinquantaine à référencer Indemne, ainsi que des instituts de beauté, magasins bio et concept-stores, soit au total 120 points de vente.

Pour faire connaître sa marque, la jeune femme exploite le filon des réseaux sociaux, et surtout celui des YouTubeuses qui sont la coqueluche de la jeune génération. L’effet bouche-à-oreille fonctionne : son chiffre d’affaires 2015 s’élève à 400 000 euros, dont 70 % à l’international, et certains produits, comme « Libérez l’orange » ou « Déboutonnez-moi », sont en rupture de stock.