LA FRACTURE FRANÇAISE - Le Moniteur des Pharmacies n° 3114 du 06/02/2016 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3114 du 06/02/2016
 
CHÔMAGE DES ADJOINTS

L’événement

Auteur(s) : François Pouzaud

Pour lutter contre le chômage, Manuel Valls compte donner davantage de pouvoirs aux régions. Petite lueur d’espoir pour les pharmaciens adjoints touchés de façon inégale par ce fléau selon les régions. Explications.

Plus élevé que le taux de chômage national (10 %), celui des adjoints (11,2 %) n’en finit pas de grimper : + 60 % en 5 ans tous secteurs d’activité confondus, selon une étude réalisée par l’OMPL. Sur les 3 280 demandeurs inscrits à Pôle emploi, près de la moitié (47 %) au chômage y sont depuis plus d’un an, et 15 % depuis plus de 3 ans. Les 25-35 ans et les plus de 50 ans sont les tranches d’âge les plus touchées. Par ailleurs, le chômage des adjoints frappe sans discernement salariés à temps plein (55 %) et salariés à temps partiel (45 %). Les raisons de ce phénomène sont faciles à comprendre. Les adjoints sont les premières victimes des baisses de CA et de rentabilité des officines, et donc des mesures de licenciement. Par ailleurs, les reprises avec compression de personnel, la contraction du réseau officinal, via des fermetures, regroupements et rachats de clientèle, se font d’abord à leur détriment. Mieux vaut garder un préparateur qui coûte moins cher à l’entreprise, comme l’atteste la progression du chômage des préparateurs (+ 35 %) entre 2009 et 2014.

Aquitaine et Pays de Loire, régions les plus touchées

Toutes les régions ne sont pas logées à la même enseigne (voir carte ci-contre). Les écarts entre les extrêmes varient du simple au double. Les deux régions les plus touchées par le chômage des adjoints, l’Aquitaine et les Pays de la Loire, affichent des taux respectivement de 15,6 % et 15,3 %. Si l’Aquitaine tient le haut du pavé, « c’est parce qu’elle concentre une proportion plus importante de petites affaires qu’ailleurs et une forte surdensité d’officines », explique Thierry Guillaume, président de la chambre syndicale des pharmaciens de la Gironde. Plus fragilisées, les petites officines licencient davantage que les moyennes ou grandes officines tenues par les seuils d’embauche d’un adjoint imposés Denis Millet, coprésident du syndicat des pharmaciens de la Loire-Atlantique, pointe également du doigt les petites pharmacies nantaises qui sont obligées de se séparer d’adjoints employés à temps partiel. « Certains ont retrouvé un poste mais cela a contribué à obturer le marché. Avec deux facultés sur la région, nous avons beaucoup de jeunes diplômés sur le marché », ajoute-t-il. Une situation aggravée par les fermetures « sèches » d’officine (5 en 2015). En Bretagne, le taux de chômage est élevé (14,6 %) pour les mêmes raisons de surreprésentation des petites officines. « Le poids des fermetures est plus lourd qu’ailleurs », rappelle Joël Grondin, président régional de l’Ordre. En effet, sur l’enquête de l’Ordre sur les fermetures d’officines publiée le 30 juin 2015, la Bretagne représente 5,1 % du total des officines mais 7,6 % des fermetures.

L’Est et la Picardie ménagés par la crise

A l’autre bout du classement, les deux régions les plus épargnées sont la Bourgogne (7,4 %) et la Picardie (7,3 %). Selon Eric Housieaux, président de l’Ordre régional de Picardie, les raisons sont plurifactorielles : région relativement épargnée par le surnombre de pharmacies, à une heure de Paris où travaillent des adjoints qui habitent dans la région, chiffres d’affaire supérieurs à la moyenne nationale et chute du nombre d’étudiants en filière officine. Ce dernier motif est aussi repris par Alain Delgutte, président de l’Ordre régional de Bourgogne : « La faculté de pharmacie de Dijon est spécialisée dans la filière industrie. » Avec 8,3 % de taux de chômage, l’Alsace fait également partie des régions relativement bien protégées, du fait de la taille plus élevée des officines liée à son quorum historique. Comme en Bourgogne, beaucoup d’étudiants alsaciens se destinent à une carrière industrielle. Idem en Moselle.

La Franche-Comté, elle, voit s’exiler ses adjoints en Suisse où ils sont mieux payés. Dans le centre de la France, il n’y a pas non plus pléthore de chômeurs. Et il y a par ailleurs moins d’adjoints dans cette région.

Quelles solutions concrètes 

Selon Jérôme Paresys-Barbier, les chiffres du chômage ne tomberont pas plus bas. « La reprise économique finira bien par arriver, et pour maintenir l’emploi, il faut transformer définitivement l’essai de la loi HPST avec les pharmaciens référents et correspondants et faire entrer les adjoints dans le capital des officines. » Les inciter à la mobilité permettrait également de résoudre le chômage, selon le président de la section D de l’Ordre des pharmaciens. « Il faudrait créer, à l’initiative des partenaires sociaux, une institution capable de suivre les mouvements du marché et de mieux faire se rencontrer l’offre et la demande à l’échelle nationale », suggère-t-il.

Selon Philippe Gaertner, président de la FSPF, d’autres solutions résident ailleurs que dans le redressement de l’économie, comme une meilleure adaptation du numerus clausus des facultés avec la capacité d’absorption des diplômes sur la région.

Prévoyez-vous de fermer votre officine le 30 mai prochain en signe de protestation ?


Décryptage

NOS FORMATIONS

1Healthformation propose un catalogue de formations en e-learning sur une quinzaine de thématiques liées à la pratique officinale. Certains modules permettent de valider l'obligation de DPC.

Les médicaments à délivrance particulière

Pour délivrer en toute sécurité

Le Pack

Moniteur Expert

Vous avez des questions ?
Des experts vous répondent !