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Économie
Remboursements
Auteur(s) : François Pouzaud
En 2014, les dépenses de remboursement des médicaments en ville sont reparties à la hausse. La raison ? Les rétrocessions qui accusent une très forte progression en raison des nouveaux traitements de l’hépatite C.
Pour l’Assurance maladie, l’année 2014 est une année de rupture. Force est de constater un retour à la croissance des dépenses de médicaments en ville de 3,8 %. Cherchez l’erreur… Il n’y en a pas. Si l’on prend les chiffres hors rétrocessions, la baisse des dépenses se poursuit sur les médicaments délivrés en officine : -1 % en 2014 contre – 0,3 % en 2013. Il s’agit donc bien, du point de vue de l’officine, de la troisième année consécutive de baisse des remboursements.
Les rétrocessions hospitalières comptabilisées dans les soins de ville jouent un très mauvais tour à la profession. Elles font augmenter la facture de 2,7 Md€ et inversent la tendance (23 Md€ au total dont 20,3 Md€ pour les médicaments en ville). Cette croissance des rétrocessions est exceptionnelle dans son ampleur (+ 63,6 % par rapport à 2013). Elle est due à la montée en puissance des nouveaux produits innovants dans le traitement de l’hépatite C (Solvadi, Daklinza…).
Ce n’est pas faute d’avoir des facteurs qui agissent à la baisse sur l’évolution des dépenses de médicaments remboursables ! L’an dernier, les économies réalisées, grâce à la substitution des pharmaciens (taux de 83,3 % à fin décembre 2014) et aux convergences de prix des princeps sur ceux des génériques, se maintiennent, s’élevant à la hdiv de 1,73 Md€ contre 1,77 Md€ en 2013.
Parallèlement, les baisses de prix, portant principalement sur des médicaments des traitements chroniques, ont porté leurs fruits. Elles ont contribué à ralentir les dépenses de 3,7 points, soit une économie de 818 M€. A titre d’exemple, sur les traitements de l’hypertension artérielle et les hypolipémiants, deux classes particulièrement dans le collimateur du Comité économique des produits de santé, les baisses tarifaires contribuent pour 282 M€ d’économies, dont près de 95 M€ pour la seule classe des IEC-sartans. Dans cette dernière famille, Crestor soulage l’Assurance maladie de près de 18 M€ de remboursements par le seul effet de la mise en place depuis le 1er novembre 2014 du dispositif de demande d’accord préalable pour l’initiation de traitement de rosuvastatine.
Dans la classe des antidépresseurs, qui vient au 3e rang des plus forts contributeurs (– 59,4 M€), aux baisses tarifaires s’ajoute la générication à partir de juin 2014 de Séroplex qui connaît une montée en charge très élevée (84 % de substitution en décembre de la même année). En 2014, Séroplex est le second médicament qui enregistre la plus forte décroissance de ses dépenses (– 68,2 M€).
En dehors des rétrocessions, les autres facteurs jouant à la hausse ont eu un effet plus mesuré. Il s’agit de l’effet de structure qui est beaucoup moindre qu’en 2013 du fait des actions menées par l’Assurance maladie sur l’efficience de la prescription médicamenteuse (+ 1,7 point versus + 3,1 points en 2013), du taux de prise en charge global des médicaments en ville, en progression de 1,2 point sous l’effet de l’augmentation du nombre des ALD, et de la hausse des volumes (+ 0,7 %) liée à l’épisode grippal de 2014.
Comme les années antérieures, les médicaments de spécialité médicale destinés aux pathologies lourdes et graves continuent d’être le principal moteur de la croissance des dépenses en officine (+ 156 M€), avec pour chef de file Humira, qui est désormais le premier médicament de ville remboursé avec 395 M€ de dépenses, profitant de la rétrogradation de Lucentis à la 4e place (qui a souffert de plusieurs baisses successives de prix et de l’arrivée d’Eyléa). Quant aux médicaments des traitements chroniques et épisodes aigus, ils diminuent respectivement de 272 M€ et de 46 M€
Jean-Jacques Zambrowski, économiste de la santé
Au premier semestre 2015, la hausse n’est plus que de 4,5 % par rapport à la même période de 2014. Cette décélération s’explique par l’impact de la rétrocession qui se modère sensiblement (+ 56,8 %). Pour le reste, les tendances sont inchangées : – 0,4 % pour les dépenses en ville, progression des médicaments de spécialités médicales en ville et baisse des traitements dits « généralistes ».
En 1918, Cocteau écrivait dans Le Coq et l’Arlequin : « Le tact dans l’audace, c’est de savoir jusqu’où on peut aller trop loin. » Il doit s’agir de notions périmées si on en juge d’après le sort fait au médicament et à la pharmacie, année après année, dans les lois de financement de la Sécurité sociale.
Les remboursements du régime général en 2014 pour les médicaments de ville se sont élevés à 17 milliards d’euros. La rétrocession de certains médicaments a compté pour 1,9 Md€ dans les dépenses du régime général.
En tenant compte des remises versées pour les nouveaux médicaments de l’hépatiteC, le total des remboursements de médicaments s’est établi en 2014 à 18,99 Md€. Les dépenses totales dans le champ de l’ONDAM
Dans ces conditions, comment expliquer que le PLFSS prévoit des baisses de prix à hdiv de 550 millions, à quoi s’ajoutent d’autres mesures d’économies directes et indirectes, en particulier les actions de maîtrise des volumes et de la structure des prescriptions (400 M€), ou la révision de la liste en sus (205 M€) ? Le Leem chiffre à 1,7 milliard d’euros l’économie demandée à la filière pharmaceutique, soit la moitié des 3,4 milliards d’euros qu’il convient d’économiser pour 2016. Cocteau avait raison : tout est question de tact et de mesure…
* Objectif national des dépenses d’assurance maladie
** Tarification à l’activité
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