Des pharmaciens très impliqués

Après le rapport accablant du Défenseur des droits la semaine dernière sur la situation sanitaire des réfugiés de Calais, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, et le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, ont lancé le lundi 12 octobre une mission médicale pour évaluer le dispositif de prise en charge actuel. En juin, Médecins du monde lançait avec trois autres ONG une opération d’urgence humanitaire à Calais. Pharmacienne en centre-ville, Frédérique, bénévole pour Médecins du monde depuis dix-huit mois, a pu observer la dégradation dramatique des conditions sanitaires des 3 000 réfugiés qui vivent sur cette ancienne décharge sauvage. « Au départ, je n’étais pas militante, j’avais simplement le désir de m’investir un peu dans l’humanitaire et il n’est pas toujours nécessaire de partir loin, raconte-t-elle. Aujourd’hui, je suis très choquée de l’abandon de ces populations par les pouvoirs publics. Les conditions de vie dans la “new jungle” de Calais ne cessent d’empirer. » Dans un premier temps, Frédérique était une bénévole ordinaire, médiatrice auprès des migrants. « Le travail consiste à aller à la rencontre des personnes pour évaluer leurs besoins et les orienter. » Son rôle est en train d’évoluer. Elle est présente une journée par semaine aux côtés des médecins de la clinique mobile pour fournir les médicaments OTC donnés par des particuliers. Puis, dans quelques semaines, une fois les autorisations administratives obtenues, elle sera pharmacienne référente pour l’ONG.

A Calais, une gestion au quotidien du stock de médicament

Frédérique pourra ainsi être responsable d’un stock de médicaments qui restera à Calais alors qu’aujourd’hui l’équipe médicale est obligée de les transporter tous les jours depuis le stock de Dunkerque. Il y a des épidémies de gale qui sont difficiles à traiter car il ne suffit pas de dire aux patients “prenez les médicaments et désinfectez vos couvertures” quand ils vivent dans des tentes et qu’il n’ont pas les moyens de prendre une douche », déplore la pharmacienne. Des infirmières volontaires viennent également sur le campement prodiguer des soins de première nécessité. Frédérique les aide à trier pansements et boîtes de paracétamol récupérés.

Porte de Saint-Ouen à Paris, le campement de fortune d’une trentaine de réfugiés syriens a été évacué début octobre. Plusieurs cas de gale y avaient été dépistés. Un collectif comprenant des professionnels de santé de l’hôpital Bichat voisin avait apporté son aide aux réfugiés et fait appel aux dons en nature des riverains, y compris de médicaments antidouleur, de pansements et de solutions hydroalcooliques.

Des réponses d’urgences qui en disent long sur la gravité de la situation. En effet, en France depuis 2004, Pharmacie humanitaire internationale (PHI) assure déjà la fourniture de médicaments aux associations caritatives, y compris aux ONG qui interviennent sur le territoire national.