Erivedge - Le Moniteur des Pharmacies n° 3097 du 03/10/2015 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3097 du 03/10/2015
 

Nouveaux produits

PRESCRIPTION

Auteur(s) : Yolande Gauthier

Le vismodegib (Erivedge) sort de la réserve hospitalière et arrive à l’officine. C’est le premier inhibiteur sélectif de la voie de signalisation Hedgehog. Il est soumis à un « programme de prévention de la grossesse » spécifique.

Indications

Erivedge (vismodegib) est indiqué chez l’adulte pour le traitement des carcinomes basocellulaires métastatiques symptomatiques et des carcinomes basocellulaires localement avancés lorsque la chirurgie ou la radiothérapie ne sont pas appropriées.

Mode d’action

Le vismodegib inhibe la voie de signalisation Hedgehog, qui est activée dans plus de 90 % des cas de carcinomes basocellulaires. Cette voie passe par la protéine transmembranaire SMO et aboutit à la transcription de gènes impliqués dans la prolifération, la survie et la différenciation cellulaire. En se liant à la protéine SMO et en l’inhibant, le vismodegib bloque la transduction du signal Hedgehog.

Posologie

Une gélule à 150 mg par jour, à avaler avec de l’eau, avec ou sans nourriture. Les gélules ne doivent pas être ouvertes.

Contre-indications

Erivedge est contre-indiqué en cas d’hypersensibilité à l’un des composants (présence de lactose). Il ne doit pas être administré en même temps que du millepertuis, ni chez les femmes en âge de procréer qui ne respectent pas le « programme de prévention de la grossesse du médicament ».

Grossesse et allaitement

– Erivedge est contre-indiqué chez la femme enceinte (risque de mort embryofœtale ou d’anomalies congénitales sévères) ou qui allaite.

– Chez la femme en âge de procréer, deux méthodes contraceptives doivent être utilisées pendant le traitement et les 24 mois qui suivent son arrêt : une méthode barrière (préservatif masculin ou diaphragme, avec spermicide si possible) et une méthode très efficace (DIU, injection hormonale à forme retard, stérilisation chirurgicale). Aucune grossesse ou allaitement ne doit survenir au cours des 24mois qui suivent la dernière dose d’Erivedge. La patiente devra consulter immédiatement le médecin au moindre doute ou problème de contraception.

– Le vismodegib est présent dans le sperme. Le patient masculin doit toujours utiliser la contraception recommandée (préservatif avec, si possible, spermicide) pendant son traitement et les 2 mois qui suivent la dose finale, même après une vasectomie. Il doit informer son médecin si sa partenaire est enceinte pendant qu’il est traité ou pendant les 2 mois qui suivent l’arrêt du traitement.

Effets indésirables

Des spasmes musculaires, une alopécie, une dysgueusie, une perte de poids, de la fatigue, des nausées et des diarrhées ont été observées chez plus de 30 % des patients. Perte d’appétit, dyspepsie, constipation, prurit, rash cutané, aménorrhée, arthralgie ou douleur des extrémités sont aussi très fréquents.

Interactions médicamenteuses

L’association aux inducteurs enzymatiques puissants des CYP (rifampicine, carbamazépine, phénytoïne…) est à éviter car il y a un risque de perte d’efficacité du vismodegib. Prudence avec le topotécan (Hycamtin), la sulfasalazine, le valsartan, le répaglinide, le glibenclamide, une statine… Une augmentation de l’exposition à ces médicaments est possible.

Conservation

A une température inférieure à 30 °C.

Surveillance particulière

– La femme en âge de procréer doit avoir un test de grossesse négatif, effectué par un professionnel de santé, dans les 7 jours qui précèdent l’instauration du traitement. Le test de grossesse sera répété tous les mois, même en cas d’aménorrhée.

– Recherche d’éventuels carcinomes épidermoïdes cutanés, et ce, de manière régulière.

FICHE TECHNIQUE

Vismodegib 150 mg pour une gélule gris et rose, boîte de 28, 4 361,20 €, remb. SS à 100 %, AMM : 34009 274 767 7 8.

Roche : 01 47 61 77 00

LE CARCINOME BASOCELLULAIRE

Qu’est-ce que c’est ?

L’épiderme, couche superficielle de la peau, est composé de 4 types de cellules : les kératinocytes, les mélanocytes, les cellules de Langerhans et les cellules de Merkel. Parmi les cancers de la peau, on distingue les carcinomes qui se développent à partir des kératinocytes et les mélanomes qui se développent à partir des mélanocytes. Les carcinomes représentent 90 % des cancers de la peau. En fonction de l’origine des cellules atteintes, on distingue les carcinomes basocellulaires (cellules basales au niveau de la couche la plus profonde de l’épiderme), les carcinomes spinocellulaires ou épidermoïdes (cellules squameuses à la surface de l’épiderme) et les carcinomes annexiels (glandes sébacées, glandes sudoripares et follicules pileux). Le carcinome basocellulaire est le plus fréquent des carcinomes.

Qui touche-t-il ?

Les carcinomes basocellulaires sont généralement diagnostiqués à partir de 50 ans, touchant aussi bien les hommes que les femmes. Les sujets à peau, yeux et cheveux clairs ont plus de risque d’être atteints. La principale cause des cancers cutanés est l’exposition solaire répétée, notamment dans les 20 premières années de vie.

Comment se manifeste-t-il ?

Le carcinome basocellulaire se manifeste généralement sous la forme d’un bouton rouge ou rosé avec une bordure surélevée. Il est le plus souvent situé au niveau du visage (nez, paupières, lèvres, joues, front, tempes), du cuir chevelu et du cou. Le carcinome basocellulaire n’évolue que très rarement sous forme de métastases : sa malignité est locale. Les formes multiples ou localement avancées sont en revanche beaucoup plus fréquentes.

Delphine Guilloux

DÉLIVRANCE

– Liste I.

– Prescription hospitalière réservée aux spécialistes en oncologie ou aux médecins compétents dans le domaine.

– Médicament soumis à surveillance particulière pendant le traitement.

– Durée de prescription limitée à 28 jours chez la femme en âge de procréer. Une nouvelle prescription est nécessaire pour la poursuite du traitement.

– A chaque délivrance, présentation du carnet patient remis par le médecin.

– Délivrance effectuée au plus tard 7 jours après le test de grossesse, après avoir vérifié la date et le résultat négatif dans le carnet patient.

L’AVIS DE LA HAS

– Service médical rendu important.

– Amélioration du service médical rendu mineure (ASMR IV).

– Population cible estimée entre 400 et 800 nouveaux patients par an.

L’AVIS DU PHARMACOLOGUEDenis Richard, hôpital Laborit (Poitiers)

Vismodegib : un plus, mais pour de rares patients

Le dossier de transparence d’Erivedge repose sur deux études cliniques pivot de phase II l’évaluant chez des patients atteints d’un carcinome basocellulaire métastatique (CBCm) ou localement avancé (CBCla), chez lesquels la chirurgie et la radiothérapie n’étaient pas appropriées.

L’étude ERIVANCE, non comparative, a inclus 104patients (CBCm : 33 ; CBCla : 71) d’âge médian de 62 ans, qui ont reçu le médicament à la dose de 150 mg/j. Le pourcentage de réponse objective (réduction de la taille des lésions cibles ≥ 30 %), critère de jugement principal de l’étude, a été, dans la cohorte CBCm, de 30,3 % supérieur au pourcentage de 10 % retenu comme seuil de bénéfice clinique. Il a été, dans la cohorte CBCIla, de 42,9 % supérieur au pourcentage de 20 % retenu comme seuil de bénéfice. La durée médiane de cette réponse a été de 7,6 mois dans les deux groupes.

L’analyse de la tolérance a été faite sur les groupes de l’étude ERIVANCE (mais aussi sur les patients inclus dans l’étude STEVIE, dont l’objectif principal était précisément cette analyse). Le pourcentage d’arrêt de traitement pour événement indésirable a été de 16,3 % dans la cohorte ERIVANCE, où l’iatrogénie a été dominée par les spasmes musculaires, un amaigrissement, une anorexie et de l’asthénie.

Il peut sembler étonnant que le dossier de transparence ne présente qu’une étude non comparative, mais il faut rappeler qu’il n’existe pas d’alternative pharmacologique validée au vismodegib dans son périmètre d’indication – au demeurant réduit. Ce traitement constitue donc un progrès (ASMR IV) pour les patients victimes d’un carcinome essentiellement localisé au visage et ayant un retentissement majeur sur leur qualité de vie par ses conséquences fonctionnelles comme esthétiques.

Dites-le au patient

– En cas d’oubli, reprendre le traitement à la prochaine dose planifiée sans prendre la dose oubliée.

– Pas de don de sang pendant le traitement et au cours des 24 mois après son arrêt. Pour les patients masculins, pas de don de sperme pendant le traitement et jusqu’à 2 mois après la dernière dose.

– Rapporter les gélules non utilisées en pharmacie.

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