Even remet le couvert

A chacun son fond de commerce. Celui de Philippe Even porte un nom :statines. Avec son nouveau livre Corruptions et crédulité en médecine, stop aux statines et autres dangers, le pneumologue, qui fait actuellement l’objet d’une interdiction d’exercer, défraie une fois de plus la chronique dans la presse grand public. Comme quoi, annoncer dès la préface que « ce livre est d’abord pour […] les pharmaciens, les personnels d’administration de santé […] mais surtout pour les médecins généralistes […] bombardés d’informations fausses et […] à qui l’on n’a pas appris la lecture critique » fait encore plus saliver les novices. Il faut dire que la quatrième de couverture est aguicheuse : « Le cholestérol est sans danger et les statines – toxique lent – sont inefficaces ». Rien de neuf dans l’argumentaire contre les statines, donc, mais un nouveau cheval de bataille : les anticoagulants oraux directs (AOD) et les nouveaux antiagrégants plaquettaires (prasugrel, ticagrélor) « qui ruinent la Sécurité sociale » et qui, pour les AOD, sont « incontrôlables, sans antidote et responsables d’hémorragies mortelles ». Bref, du Philippe Even dans le div : un fond de vérité mais un traitement suffisamment caricatural pour nuire à la crédibilité générale du travail.

L’Ordre des médecins et le Leem inquiets

Cette fois l’div monte d’un cran dans la dénonciation des conflits d’intérêts en égratignant six cardiologues dont il brosse un portrait au mieux peu flatteur, au pire hargneux. Quant aux liens d’intérêts de Philippe Even lui-même, ils restent méconnus. Tout juste sait-on qu’il a démissionné le 8 septembre de la présidence de l’Institut Necker. L’Agence de presse médicale révélait, le 31 août dernier, que l’Institut gérait des crédits issus de l’industrie pharmaceutique.

L’ouvrage soulève déjà de vives réactions et, pour un peu, on parierait que c’est le but recherché. L’Ordre des médecins n’a pas tardé à condamner les propos de Philippe Even et statuera prochainement sur d’éventuelles suites déontologiques à donner. Le Leem craint que ces propos conduisent les patients à arrêter d’eux-mêmes les traitements. Le Leem a d’ailleurs chargé son comité de déontovigilance, le Codeem, « de mener une analyse critique, objective et documentée de cet ouvrage » et invite la communauté scientifique à prendre connaissance de ses propos et « d’en relever […] le mensonge et les approximations ».

Quatre des six cardiologues comptent poursuivre l’div au pénal.