La grande bardane

Qu’est-ce que c’est ?

• Commune au bord des chemins et dans les friches de toutes les régions tempérées, la grande bardane ou glouteron, herbe aux teigneux, Arctium lappa L. (Arctium majus Bernh, Lappa major Gaertn, Asteraceæ) est une plante herbacée bisannuelle à longue racine pivotante. Sa tige dressée peut atteindre 1,5 m de haut. Les feuilles de première année, ovoïdes et velues à la face inférieure, sont plus grandes que celles qui apparaissent la deuxième année. Les capitules terminaux sont constitués uniquement de fleurs tubulées, violacées et entourées de bractées crochues qui s’accrochent aux poils des animaux ou aux cheveux.

• La partie utilisée est constituée par la racine séchée de la grande bardane récoltée en automne si la plante est de première année, au printemps la deuxième année (monographie de contrôle à la Pharmacopée française). Elle peut être mélangée aux racines de Arctium minus Bernh (petite bardane) et de Arctium tomentosum Mill (bardane tomenteuse).

Quelle est sa composition ?

Les très nombreux constituants identifiés dans la racine de bardane concourent à son activité : inuline (45 %), une petite quantité d’huile essentielle (0,06 à 0,18 %) contenant plus de 60 composants dont des principes amers comme la déhydrocostuslactone, des dérivés polyacétyléniques en quantité plus importante dans la racine fraîche (dont 1,11-tridecadiene-3,5,7,9-tetrayne), des thiophénols (arctinol), des acides phénols (1,9 à 3,65 % dans la racine fraîche dont l’acide chlorogénique), des acides-alcools (acides malique, lactique), des lignanes (arctiine), des dérivés triterpéniques (sitostérol, alpha-amyrine) et des acides gras libres (0,4 à 0,8 % : acides linoléique et linolénique).

Quelles sont ses utilisations ?

• La racine de bardane est traditionnellement utilisée :

– pour favoriser le drainage des voies urinaires en cas de cystite bénigne en complément des thérapeutiques spécifiques,

– en cas de manque d’appétit,

– dans les états séborrhéiques de la peau (voie orale, usage local).

• En France, elle est également utilisée pour faciliter les fonctions d’élimination de l’organisme.

Quel est son mode d’action ?

• Plante majeure de la médecine populaire, la bardane est considérée comme un dépuratif de type draineur cutané ; elle était réputée pour son efficacité dans la furonculose et la goutte.

• La racine de bardane est antimicrobienne (dérivés polyacétyléniques, arctiine) et antioxydante, ce qui explique en partie son effet hépatoprotecteur. L’arctiine inhibe la libération de médiateurs de l’inflammation et confère à la bardane des effets antiallergiques.

Par sa richesse en inuline, elle exerce un effet prébiotique : la racine cuite est ainsi consommée en légume au Japon et en Corée.

• Introduite dans la ration alimentaire du rat, elle augmente la synthèse du glycogène hépatique et est normoglycémiante. Par ses acides-alcools, elle est cholérétique et diurétique.

Quelle est sa posologie ?

• Chez l’adulte et la personne âgée :

– décoction de 15 min, 2 à 6 g par tasse, 3 fois par jour,

– teinture au 1/5 (solvant d’extraction éthanol à 25 %), 8 à 12 ml, 3 fois par jour.

• Si les symptômes persistent au-delà de 2 semaines (adjuvant des troubles urinaires bénins, perte d’appétit) ou de 4 semaines de traitement (peau grasse), une consultation médicale est conseillée.

• En cas de drainage des voies urinaires, veiller à avoir un apport hydrique suffisant et à ne pas associer aux diurétiques de synthèse.

Quels sont les risques ?

• La bardane est contre-indiquée en cas d’allergie aux plantes de la famille des Asteraceæ : des cas de choc anaphylactique ont été notifiés.

• Elle est déconseillée en cas de grossesse, allaitement, chez l’enfant et l’adolescent de moins de 18 ans faute de données suffisantes.

• La racine de bardane est généralement bien tolérée. Les cas d’intoxication rapportés sont dus à une confusion ou un mélange avec de la racine de belladone.

Sources : EMA, Community herbal monograph on Arctium lappa L radix, assessment report on Arctium lappa L radix, 16 septembre 2010 ; J. Fleurentin, J.-C. Hayon, Plantes médicinales, collection « Traditions et thérapeutiques », Ed Ouest-France, 2008 ; P. Lieutaghi, Le Livre des bonnes herbes, Ed Marabout, collection « Marabout Service », 1978 ; J. Palaiseul, Nos Grand-mères savaient, Ed. Robert Laffont 1972 ; M. Wichtl, R. Anton, Plantes thérapeutiques, Ed Tec & Doc, 2003.