MAL FAGOTÉ

En 2014, la tendance globale du marché de l’antalgie topique (+ 2 % en volume et + 4 % en valeur) masque des disparités : le regain des compresses anti-inflammatoires et l’essor confirmé des coussins thermiques contrastent avec le glissement des patchs chauffants.

La polémique sur le recours au diclofénac à la suite des nouvelles restrictions d’utilisation émises par les autorités sanitaires en 2013 semble ne pas avoir duré. La part de marché du segment des compresses anti-inflammatoires, très dépendant de la prescription, repasse la barre des 50 % en valeur en 2014, en progression de 5,8 %. Le numéro 2 du segment, Voltarenplast, contribue significativement à cette croissance : les ventes de l’emplâtre de Novartis ont décollé de 12,3 % en volume et de 17,4 % en valeur l’an dernier et représentent environ 40 % de part de marché. Pas de quoi, cependant, faire vaciller le leader Flector Tissugel (Genévrier) qui accapare 57,7 % du marché en valeur avec son format 10 x 14 cm, toujours en évolution à + 2 % en 2014. Depuis janvier, la référence est disponible en boîte de 10 unités, un lancement que la marque considère comme « un réel succès qui dynamise la gamme ». En troisième position, le générique Diclofénac Ratiopharm (Teva Santé) poursuit en revanche son recul de près de 38 % en volume comme en valeur.

Après avoir revigoré le marché des topiques antidouleur ces dernières années et attiré de nombreux acteurs issus ou non de l’antalgie traditionnelle, le segment des patchs chauffants cède du terrain en 2014. Ses ventes se replient de près de 10 % pour une part de marché ramenée à 21 % en valeur. Si la météo clémente en 2014 peut expliquer en partie cette désaffection, il est difficile de ne pas la mettre en balance avec l’essor des solutions non chimiques pour le soulagement des douleurs musculaires et articulaires. On peut noter à cet égard la résistance de l’emplâtre américain Saint-Bernard, lequel, contrairement à ses principaux rivaux, fait appel à des substances actives naturelles. Ce vétéran se classe en tête des références du marché avec son grand modèle, en évolution positive à + 1,8 % en volume et + 1,5 % en valeur. En termes de chiffre d’affaires, il est suivi de l’offre de patchs ciblant le dos de Voltacare (Novartis) et de Thermacare (Pfizer Santé Familiale). Alors que son concurrent historique Syntholkiné quitte le peloton de tête, Thermacare confirme sa suprématie en tant que marque, avec presque 50 % de part de marché en valeur. Sa gamme s’est enrichie en septembre 2014 d’un nouveau format, Thermacare Multi-zones, qui vise un soulagement ultraciblé. L’an passé, la marque a communiqué à la télévision mais aussi en officines avec une PLV revisitée tout en mettant l’accent sur la formation des officinaux. « L’évolution du marché sera liée à l’innovation mais aussi au conseil du pharmacien vis-à-vis de patients qui connaissent mal les références existantes et les effets thérapeutiques de la thermothérapie », assure-t-on au service communication Pfizer.

De fait, la relative méfiance d’une partie du public vis-à-vis d’éventuels effets indésirables liés aux dispositifs médicamenteux profite aux alternatives dites « naturelles » de traitement de la douleur. Le segment des coussins thermiques s’octroie ainsi 29 % du marché de l’antalgie topique en valeur en 2014, surfant sur une nouvelle croissance à deux chiffres (+ 15,8 %). « Les acteurs historiques de ce segment ont contribué à la vulgariser en apportant des innovations qui vont dans le sens du confort du patient, une dynamique qui a attiré de nombreux entrants », observe Marie-Laurence Comet-Lassalle, directrice du développement du marché bien-être et santé grand public chez 3M. Parmi ses challengers, Marque Verte qui joue la carte du prix, ou encore Bausch & Lomb avec la gamme Thera Pearl, et Doliage, avec le patch chauffant oculaire Meibopatch.

Le pionnier Nexcare voit sa part de marché s’établir à 33 % en valeur, derrière les 47,7 % captés par Actipoche (Cooper). Son modèle classique ColdHot progresse de 4 % en valeur, tandis que la version Premium s’offre une envolée de 16,5 %. La marque a initié un partenariat avec la Ligue nationale de handball en septembre dernier et renouvellera prochainement sa ligne graphique tout en prévoyant de nouveaux lancements. Avec une hausse de ses ventes en valeur de 21,7 %, Actipoche a recueilli en 2014 les fruits d’importants efforts de communication à destination du grand public en presse, par affichage et dans les points de vente. « Nos trois formats classiques enregistrent une belle croissance tandis que les trois nouveaux modèles ergonomiques lancés en 2013, Cervicales et trapèzes, Genou et Allaitement, pèsent d’ores et déjà 8 % du marché », assure Margaux Limoges, chef de produits dispositifs médicaux et accessoires chez Cooper.