CLOPIN CLOPIN - Le Moniteur des Pharmacies n° 3087 du 04/07/2015 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3087 du 04/07/2015
 

Marchés : la collection 2014

GÉNÉRIQUES

Auteur(s) : François Pouzaud

En 2014, la croissance du marché en volume a été sauvée par les lancements de nouveaux génériques. En revanche, la baisse en valeur se confirme sous l’effet des baisses de prix.

Le marché du générique s’est grippé en 2014, victime comme le reste du marché pharmaceutique des baisses de prix massives appliquées en 2014 (environ 220 millions d’euros en ce qui concerne le générique). Avec en plus un phénomène d’érosion du Répertoire dû à une structure de prescription toujours encline à délaisser les spécialités ayant perdu leur brevet. Il pouvait donc difficilement en être autrement qu’une perte de valeur. Malgré une augmentation des volumes l’an dernier de 2 % à 800 millions d’unités (source : gemme sur la base des données GERS, en prix fabricant), le marché a reculé en valeur de 4 % à 3,3 milliards d’euros en prix fabricant hors taxes. Sans le gain des échéances de brevets, le marché serait même en baisse de 2 % en volume et de 8,1 % en valeur à périmètre constant (en prenant comme référence le Répertoire de décembre 2013).

En sorties officines selon IMS, le marché est moins déprimé. La progression en volume est de 3,5 % à 845,2 millions d’unités vendues et la décroissance en valeur est moindre : - 1,8 %, les ventes en officine ayant représenté un chiffre d’affaires de 5,87 milliards d’euros contre 5,97 milliards en 2013. Pourquoi cet écart de valeur entre le marché industriel et le marché officinal ? Il s’explique par le fait que les baisses des prix fabricant ont toujours un impact plus fort sur le CA des laboratoires que sur le CA prix public TTC.

Le marché du générique représente 32 % du marché pharmaceutique remboursable en volume et 18 % en valeur, alors que le dernier panorama de santé de l’OCDE indique que les génériques représentent environ trois quarts du volume du marché des médicaments remboursés en Allemagne, au Royaume-Uni et au Danemark.

La sous-utilisation des génériques en France est criante et rien pour l’instant ne semble finalement pouvoir enrayer cette spirale négative. « Une réaction rapide s’impose », s’insurge Pascal Brière, président du gemme (l’association des génériqueurs en France), qui stigmatise à nouveau l’inertie des pouvoirs publics pour lever l’ensemble des obstacles, encore nombreux, au développement du générique en France. Les économies réalisées grâce au générique sont quand même au rendez-vous, autour de 2 milliards d’euros en 2014.

Pour le Gemme, cette évolution négative en valeur du marché du générique doit être enrayée par une action politique de grande ampleur. L’appel semble avoir été entendu. Marisol Touraine, ministre de la Santé, a présenté le 24 mars dernier un plan national d’action très complet pour relancer la substitution et la prescription dans le Répertoire (voir Le Moniteur n° 3073 du 28 mars 2015). Son objectif ? Augmenter de 5 points la prescription des génériques dans le Répertoire en trois ans et économiser ainsi 350 M€. Pascal Brière en profite pour rappeler qu’un point de prescription complémentaire dans le Répertoire rapporte aujourd’hui 80 millions d’euros d’économies. « En passant d’un taux de prescription dans le répertoire de 40 % à 45 %, et avec une pénétration du générique de 80 %, la croissance du marché en volume sera de 15 % en trois ans », précise-t-il.

Les pharmaciens ont fait le job

Les pharmaciens n’ont pas grand-chose à se reprocher et la politique conventionnelle des ROSP (rémunérations sur objectifs de santé publique) a fait son œuvre. Au titre de la ROSP 2014, les pharmaciens ont reçu en mai dernier en moyenne 6 058 €, soit une prime « générique » supérieure de 353 € à celle versée l’an dernier.

En décembre 2014 selon les syndicats et hors TFR, le taux de substitution des génériques s’élevait à 83,3 %, soit une évolution de + 2,16 points depuis la signature de l’avenant 8 à l’accord génériques en mai 2014. Et concernant l’objectif « stabilité », 92 % des patients de plus de 75 ans sont stabilisés, c’est-à-dire qu’une seule marque de générique leur est délivrée pour les 12 molécules ciblées par l’indicateur de stabilité.

Un résultat acquis surtout sur les derniers mois de l’année 2014 car différents événements politiques (retard de signatures des avenants « rémunération » et « génériques », agitation autour des annonces d’Arnaud Montebourg…) ont perturbé la mécanique sur une bonne partie de l’année (jusqu’à fin août). En septembre, le plafonnement des remises génériques à 40 % a eu un effet favorable plutôt immédiat sur le marché, dans la mesure où il sécurise davantage le travail de référencement du pharmacien sur le plan juridique et permet à toutes les pharmacies, y compris les plus petites, de réclamer d’emblée les remises maximales sur une majorité de produits auprès de laboratoires de génériques qui font de la surenchère sur leur offre pour acquérir ou ne pas perdre des parts de marché.

Enfin, en novembre 2014, deux nouveaux avenants à la convention ont été signés afin de prolonger la ROSP sur les génériques et fixer de nouveaux objectifs de substitution pour 2015.

Ce n’est donc pas sur la substitution que l’essentiel des efforts doivent se porter pour relancer la dynamique mais sur l’ensemble des acteurs (médecins hospitaliers, de ville, patients…).

2015, un bon plan ?

Le plan de relance du générique de la ministre de la Santé comporte encore beaucoup d’inconnues quant à l’engagement des médecins et des autres signataires de la charte d’adhésion aux objectifs du plan, et concernant la date de sa mise en œuvre. Obligatoire depuis le 1er janvier 2015, la prescription en DCI ne connaît pas d’envolée miraculeuse (avec un gain de 13 points entre juin 2014 et février 2015, la part des ordonnances en DCI seule ou DCI et nom de marques s’établit à 48 %). Difficile, dans ces conditions, avec les 285 millions d’euros de baisses de prix attendus, de faire des pronostics sur l’évolution du marché en 2015.

Par ailleurs, le marché attend toujours l’arrivée au Répertoire des génériques des médicaments administrés par forme inhalée et ceux des spécialités dont la substance active est d’origine végétale ou minérale. Pour les formes inhalées, un décret doit définir les conditions de substitution en initiation de traitement, ainsi que le suivi de la continuité ultérieure de la dispensation. Ces deux catégories représentent un potentiel de chiffre d’affaires d’environ 700 millions d’euros.

Comme à chaque fois, sur les molécules « entrantes », l’intérêt du pharmacien d’officine sera de monter très rapidement en substitution pour avoir un effet de levier maximum.

+ 3,5 %

EN VOLUME

845,3 millions d’unités

- 1,8 %

EN VALEUR

5,87 millions d’unités

BIOGARAN ET MYLAN TOUJOURS AU COUDE À COUDE

Selon les données IMS, la croissance en volume du marché des génériques de DCI hors molécules sous TFR profite aux deux leaders, les laboratoires Mylan et Biogaran, qui tirent le marché avec des hausses respectivement de 4,9 % et de 5,9 % en unités, alors que Teva santé, troisième acteur du marché, et Sandoz, cinquième acteur, enregistrent des ventes quasiment stables (+ 0,5 %). Deux laboratoires voient leurs volumes baisser : Sanofi (- 4,3 %) et Arrow génériques (- 7,2 %), qui occupent respectivement la quatrième et la sixième place. En chiffre d’affaires prix public, seuls quatre laboratoires connaissent une croissance : Mylan (+ 0,7 %), Biogaran (+ 0,2 %), Cristers (+ 19,9 %) et Actavis (+ 5,2 %). Sur le marché des génériques de DCI avec TFR, le leader Mylan est plus à la peine (- 0,2 % en volume, - 0,5 % en valeur) que son dauphin Biogaran (+ 11,6 % en volume, + 3,1 % en valeur). Les vagues de TFR de l’an dernier ont touché, en proportion, davantage les produits du portefeuille de Sanofi dont les ventes augmentent de 15,3 % en unités et de 8,6 % en valeur.

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