Les récepteurs alpha-adrénergiques - Le Moniteur des Pharmacies n° 3086 du 27/06/2015 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3086 du 27/06/2015
 
PHARMACOLOGIE

Comptoir

Auteur(s) : Denis Richard

Les récepteurs alpha-adrénergiques sont la cible de nombreux médicaments indiqués notamment en cardiologie (antihypertenseurs) et en urologie (adénome de la prostate).

• Les récepteurs alpha-adrénergiques (récepteurs alpha) constituent, avec les récepteurs bêta-adrénergiques, l’une des deux familles de récepteurs adrénergiques qui conditionnement les réponses physiologiques à la noradrénaline et à son dérivé avant tout sécrété par les surrénales en réponse à un stress, l’adrénaline.

• Ces deux catécholamines endogènes sont des médiateurs du système nerveux sympathique au même titre que la dopamine, active, elle, avant tout sur les récepteurs dopaminergiques mais également, à bien moindre échelle, sur les récepteurs adrénergiques.

• On distingue deux types de récepteurs alpha : les alpha-1 et les alpha-2.

Rôle physiologique

• Les récepteurs alpha-1 sont localisés au niveau du système nerveux périphérique et central :

– dans le système nerveux central (SNC), ils sont avant tout postsynaptiques et jouent un rôle excitateur ;

– au niveau périphérique, ils sont présynaptiques et localisés dans les muscles lisses vasculaires et non vasculaires : leur activation entraîne la contraction des vaisseaux sanguins, du muscle radial de l’iris (mydriase), etc.

• Les récepteurs alpha-2 prédominent dans le SNC et se retrouvent aussi au niveau périphérique :

– au niveau central où ils sont majoritairement présynaptiques, leur stimulation, freinant le tonus sympathique par un effet de rétrocontrôle inhibiteur, participe à la régulation de la tension artérielle, induit de l’hypothermie, régule le diamètre pupillaire et a une action sédative. Ces récepteurs régulent aussi indirectement le relargage de la sérotonine (d’où l’action antidépressive de la miansérine et de la mirtazapine) ;

– au niveau périphérique, ils participent comme les récepteurs alpha-1 à la contraction des fibres lisses. Leur stimulation diminue la sécrétion d’humeur aqueuse dans l’œil, diminue la sécrétion d’insuline dans le pancréas (d’où augmentation de la glycémie) et inhibe la lipolyse (récepteurs exprimés par les adipocytes).

Agonistes alpha

Ces médicaments sont également appelés alphamimétiques.

• L’injection d’adrénaline est une stratégie de choix pour combattre les réactions d’hypersensibilité. Exerçant une action vasoconstrictrice par stimulation alpha (à l’exception des coronaires qu’elle dilate de façon indirecte par augmentation de la consommation d’oxygène du cœur), elle limite, en cas de choc anaphylactique, la vasodilatation, la perméabilité vasculaire et l’hypotension, et elle diminue le prurit, l’urticaire et l’angio-œdème (présentation sous forme de stylo pour injection en urgence : Anapen, Epipen, Jext).

• D’action similaire, la noradrénaline induit une hausse tensionnelle instantanée plus intense que celle de l’adrénaline. Elle est indiquée dans le traitement du collapsus cardiovasculaire.

Agonistes alpha-1

• Heptaminol (Hept-A-Myl) et midodrine (Gutron), des agonistes alpha-1 préférentiels peu puissants, sont indiqués dans le traitement oral de l’hypotension orthostatique. L’étiléfrine (Effortil…) a la même action et la même indication.

• Si la dihydroergotamine (Diergospray) et l’ergotamine (Gynergène caféiné) ont un effet alpha-1-mimétique, ces alcaloïdes de l’ergot sont avant tout actifs dans la migraine par leur action agoniste sérotoninergique. La dihydroergotamine par voie orale indiquée dans la migraine et l’hypotension orthostatique a été retirée du marché en 2013.

• Autres agonistes alpha-1 préférentiels, la phényléphrine est instillée dans l’œil pour induire une mydriase (Néosynéphrine Faure collyre), et la naphazoline a une action décongestionnante nasale (Dérinox) ou conjonctivale (Collyre Bleu Laiter) liée à son action vasoconstrictrice.

Agonistes alpha-2

• La clonidine (Catapressan), agoniste partiel des récepteurs alpha-2 centraux, réduit le tonus sympathique au niveau du centre de contrôle de la tension artérielle, d’où une diminution de cette dernière, et réduit les résistances périphériques et la fréquence cardiaque. L’augmentation transitoire de la tension en début de traitement est due à une activation des récepteurs alpha-2 vasculaires périphériques rapidement réduite par désensibilisation. La rilménidine (Hyperium) et la moxonidine (Physiotens) agissent de façon similaire.

• Le métabolite essentiel de l’alphaméthyldopa (Aldomet), l’alphaméthylnoradrénaline, inhibe le tonus sympathique en stimulant les récepteurs alpha-2 centraux, d’où son action antihypertensive.

• Apraclonidine (Iopidine) et brimonidine (Alphagan), des agonistes alpha-2 utilisés par voie ophtalmique, diminuent la sécrétion d’humeur aqueuse : ils sont indiqués comme antiglaucomateux.

Antagonistes alpha

Aussi appelés « alphabloquants », ils agissent sur les récepteurs alpha-1 ou alpha-2.

Antagonistes alpha-1

Ils induisent un relâchement artériel et veineux (avec diminution des résistances vasculaires périphériques et réduction de la pression artérielle), une diminution de l’agrégation plaquettaire, un relâchement musculaire au niveau du trigone vésical. Ils ont donc des indications vasculaires ou urologiques selon leur point d’impact préférentiel.

• La prazosine (Alpress, Minipress) et l’urapidil (Eupressyl, Médiatensyl), qui agissent au niveau périphérique et central, sont notamment indiqués comme antihypertenseurs.

• L’alfuzosine (Urion, Xatral), la doxazosine (Zoxan), la prazosine (Minipress), la silodosine (Silodyx, Urorec), la tamsulosine (Josir, Mecir, Omexel, Omix) et la térazosine (Dysalfa, Hytrine) sont des alpha-1-bloquants actifs sur la prostate, le trigone vésical et l’urètre : par une action myorelaxante directe, ils diminuent l’obstruction infravésicale et sont indiqués dans l’hypertrophie bénigne de la prostate.

Antagonistes alpha-2

L’inhibition des récepteurs adrénergiques alpha-2 présynaptiques entraîne une augmentation de la libération de noradrénaline avec des conséquences périphériques (tachycardie, hypertension artérielle) et centrales (tremblements, excitation, hyperactivité).

• La yohimbine (Yocoral) est indiquée dans le traitement des troubles de l’érection en raison de ses propriétés vasodilatatrices.

• La miansérine et la mirtazapine (Norset), des antagonistes des récepteurs adrénergiques alpha-2 présynaptiques du cerveau y augmentent la neurotransmission noradrénergique et sérotoninergique d’où leur activité antidépressive.

Sources : Adrenoreceptor pharmacology, Robinson E. & Hudson A. (2000) Tocris Reviews n° 8 ; Atlas de pharmacologie, Lüllmann H., Mohr K. Hein L. (2010), Flammarion ; Pharmacologie : des cibles vers l’indication thérapeutique, Landry Y., Gies J.-P. (2009), Dunod., Kester M., Karpa K.D., Vrana K.E. (2011) Elsevier’s integrated review pharmacology, Saunders.

IATROGÉNIE ET RÉCEPTEURS ADRÉNERGIQUES

Alphamimétiques.

Le risque iatrogène est associé au type de récepteur stimulé.

• Risques avec les agonistes alpha-1 : tachycardie (et bradycardie réflexe), hypertension, insomnie et excitation psychique, mydriase.

• Risques avec les agonistes alpha-2 : bradycardie, hypotension orthostatique, somnolence et dépression.

Alphabloquants. Leur profil iatrogène est avant tout lié à leur action relaxante sur les fibres musculaires lisses.

• Troubles cardiovasculaires : hypotension orthostatique, palpitations et tachycardies, douleurs thoraciques (notamment en début de traitement ou lors d’une augmentation de dose).

• Troubles digestifs : nausées, vomissements, diarrhées, constipation.

• Troubles urinaires : incontinence, impériosité.

• Troubles neuropsychiques : céphalées, dépression.

• Syndrome de l’iris hypotonique au cours d’intervention chirurgicale de la cataracte.

• Autres : dysérections, dyspnée, rétention hydrosodée, troubles visuels, congestion nasale avec rhinite, larmoiement, épistaxis.

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