Les accidents d’exposition au sang - Le Moniteur des Pharmacies n° 3084 du 13/06/2015 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3084 du 13/06/2015
 

COMPTOIR

FICHE FORMATION

Auteur(s) : Denis Richard

Ces accidents exposent avant tout au risque de contamination par le VIH, le VHC ou le VHB. Ils sont majoritairement dus à des piqûres d’aiguille. Les infirmières en sont les principales victimes.

De quoi s’agit-il ?

• Un accident d’exposition au sang (AES) est défini comme tout contact par effraction cutanée (piqûre, coupure, etc.) ou sur une peau lésée ou par projection sur une muqueuse (œil, bouche…) avec du sang ou un produit biologique contenant du sang, pour lesquels l’existence d’un risque de transmission infectieuse est avéré.

• Le risque est considéré comme également possible par exposition aux liquides céphalorachidien, synovial, pleural, péritonéal, péricardique et amniotique. Le risque est nul avec la salive, l’urine ou les fèces.

• Tous les soignants utilisant des outils piquants (aiguilles) ou tranchants (scalpels, etc.) peuvent être victimes, mais aussi toute personne manipulant des déchets non protégés, voire des tiers exposés de façon accidentelle (enfants, forces de l’ordre…).

• On estime le nombre d’AES par piqûres d’aiguille à environ 150 000 par an en France, soit 70 % d’entre eux.

Quels agents infectieux peuvent être transmis ?

• L’ensemble des agents infectieux véhiculés par le sang ou les liquides biologiques (bactéries, virus, parasites, champignons) peuvent en théorie être transmis.

• En pratique, l’infection la plus probable est virale. On redoute surtout une contamination par un virus hépatotrope (VHB, VHC) ou par le VIH du fait de leur prévalence, de l’existence d’une virémie chronique et de la sévérité de l’infection qui peut être transmise.

Quelle est l’importance du risque ?

• Le risque individuel varie notamment en fonction de la profondeur de la blessure, de la virémie du patient source, de la nature de l’usage de l’aiguille (IV ou intra-artériel plus à risque qu’une injection SC ou IM), du calibre de l’aiguille.

• Le taux de séroconversion après exposition percutanée est compris entre 0,2 % et 0,45 % pour le VIH, 2 % et 40 % pour le VHB et 1 % à 10 % pour le VHC. Il est bien plus faible après un contact muqueux ou sur peau lésée.

Comment prévenir l’AES ?

• En milieu hospitalier, la prévention passe par la mise en œuvre de certaines précautions : lavage et désinfection des mains (notamment après contact avec un liquide biologique potentiellement contaminant), port de gants (changés fréquemment), si besoin port de deux paires de gants (voire de sous-gants résistants aux coupures), port d’une tenue adaptée en cas de risque de projection de fluide biologique (masque antiprojection, lunettes, surblouse…).

• La prévention impose le respect des bonnes pratiques lors de la manipulation d’un instrument piquant ou coupant souillé. Il faut veiller à ne jamais recapuchonner une aiguille, à jeter immédiatement, sans manipulation, les aiguilles et les autres instruments piquants ou coupants dans un conteneur adapté, à privilégier l’usage de dispositifs médicaux sécurisés (aiguilles avec protection intégrée…).

• La vaccination contre le VHB est obligatoire pour certaines professions de santé (médecin, infirmier, sage-femme, pharmacien…).

Source : arrêté du 10 juillet 2013 relatif à la prévention des risques biologiques auxquels sont soumis certains travailleurs susceptibles d’être en contact avec des objets perforants ; « Guide de bonnes pratiques pour la prévention des infections liées aux soins réalisés en dehors des établissements de santé », DGS, 2006 ; « Accidents exposant aux risques VIH, VHB et VHC », « ECN.Pilly Maladies infectieuses et tropicales », CMIT, 2014 ; « Prise en charge médicale des personnes vivant avec le VIH », rapport 2013, sous la direction du Pr P. Morlat.

CONDUITE À TENIR EN CAS D’AES

• Immédiatement : nettoyer la zone cutanée lésée à l’eau et au savon, puis rincer abondamment. Désinfecter pendant au moins 5 minutes avec un dérivé chloré (Dakin ou eau de Javel à 2,6 % de chlore actif diluée au 1/5) ou, à défaut, avec de la povidone iodée (Bétadine) en solution dermique, ou enfin avec de l’alcool à 70°. S’il s’agit d’une projection sur muqueuse (œil notamment), rincer au sérum physiologique ou à l’eau pendant au minimum 5 minutes.

• Le plus rapidement possible : se rendre aux urgences ou dans un service hospitalier spécialisé. En fonction du type d’exposition et du statut VIH et VHB de la personne source, un traitement préventif pourra être mis en place dans les 48 heures suivant l’exposition. Un suivi biologique est ensuite prévu pendant 3 à 4 mois.

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