PAS DE SOLUTION ANTI RIDES - Le Moniteur des Pharmacies n° 3083 du 06/06/2015 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3083 du 06/06/2015
 
DÉMOGRAPHIE OFFICINALE 2014

L’événement

Auteur(s) : Loan Tranthimy

D’une année sur l’autre, l’évolution de la démographie officinale est sans surprise : vieillissement continu de la profession, départs à la retraite reportés, concentration des structures, hausse du taux d’évaporation des jeunes diplômés… Sans solution immédiate.

La légère augmentation du nombre de pharmaciens inscrits à l’Ordre depuis les deux dernières années ne profite pas à l’officine. Au contraire ! Selon le bilan démographique de l’instance, si, au 1er janvier 2015, la profession compte 222pharmaciens de plus, le nombre de titulaires continue, lui, à baisser (– 0,64 %, soit 27 380 titulaires inscrits contre 27 533 en 2013).

Comme l’année dernière, le vieillissement de la population pharmaceutique se poursuit inexorablement. L’Ordre évoque un « net vieillissement de la génération la plus ancienne », avec 20 044 pharmaciens de plus de 56 ans dont 15 000 titulaires et adjoints. Les plus de 60 ans représentent près de 10 % de l’effectif total de pharmaciens et les 66 ans et plus, plus de 2 000, dont 75 % en officine (un chiffre qui a doublé en 10 ans). « Un pharmacien sur deux a cinquante ans en officine », note Isabelle Adenot, présidente de l’Ordre. Cette tendance, loin d’être enrayée, « devrait continuer quelques années » pour ralentir, selon l’Ordre, aux alentours de 2021, sous un double phénomène : le départ à la retraite de la génération qui est actuellement la plus nombreuse, et une arrivée relativement importante d’une population de jeunes pharmaciens grâce à la réévaluation du numerus clausus qui a débuté en 2004.

En 2014, le réseau continue à se restructurer. L’instance ordinale note 123 fermetures définitives (un chiffre constant), 286 transferts et 35 regroupements. « Définitivement, le regroupement n’est pas la solution choisie par les pharmaciens », commente Isabelle Adenot. Les titulaires lui préfèrent les rachats ou cessions d’actifs, plus faciles à réaliser entre officines. Face aux contraintes économiques et aux évolutions professionnelles, les pharmaciens ont choisi les structures d’exploitation attractives comme les sociétés d’exercice libéral (SEL), dont le nombre a été multiplié par plus de 20 entre 2000 et 2014, et les sociétés de participations financières de profession libérale (SPF-PL), rendues possibles depuis le décret de juin 2013. Le nombre de SPF-PL a plus que triplé, passant de 140 à 479 dont 17 ont intégré dans leur capital un pharmacien adjoint. Malgré une hausse du taux d’évaporation des jeunes diplômés qui a atteint 27,8 % en 2014 (soit 872 diplômés évaporés) contre 26,3 % en 2013, signe que « la profession peine à attirer et à garder ses jeunes », l’Ordre reste confiant et affirme que le maillage officinal est « harmonieux » et que le « flux annuel entrant devrait permettre le remplacement de ceux qui la quittent ».

Des idées fausses balayées par Isabelle Adenot

Isabelle Adenot s’est aussi appuyée sur ces données pour contredire certaines idées reçues sur l’officine. En 2014, près de 740 pharmaciens sont devenus titulaires dont 56 % ont moins de 35 ans, et 97,6% des nouveaux inscrits accédant à la propriété ont moins de 36ans. « Il est faux de dire que les jeunes pharmaciens ne veulent plus devenir titulaires, assène-t-elle. Il est aussi faux de dire que les pharmaciens ne veulent plus du modèle de profession libérale. Une pharmacie sur six est liée à une autre soit par un titulaire qui prend des parts, soit par une SEL ou une SPF-PL. Les pharmaciens se regroupent aussi pour pouvoir tenir économiquement. »

Des commentaires qui ne sont pas du goût de l’UNPF. « Les données de l’Ordre sont certainement vraies, mais on ne peut pas en tirer des conclusions, notamment sur la volonté des jeunes à vouloir s’installer », indique Jean-Luc Fournival. Le président de l’UNPF révèle les premiers résultats d’un sondage mené par son syndicat et qui sera présenté en septembre : « A la question “Souhaitez-vous vous installer ou acheter une officine dans l’avenir proche”, 59 % disent non. Pourquoi ? Pour plusieurs motifs: le coût, l’envie de ne pas s’installer seul, la méfiance dans l’officine, indique-t-il. Je pense qu’il faut aller plus vite et plus loin. 50 % des pharmaciens vont partir dans dix ans, il faut absolument trouver des solutions pour permettre aux jeunes de s’intégrer et de vivre dignement de leur diplôme. »

Philippe Gaertner, président de la FSPF, se dit lui aussi « préoccupé » : « Une fermeture tous les trois jours, ce n’est pas négligeable. Il faut réussir la transmission de l’officine vers les jeunes et se donner la capacité de le faire dans les 10 ans à venir. »

Gilles Bonnefond, président de l’USPO, estime, lui, « que des pharmaciens qui aimeraient partir aujourd’hui ne trouvent pas d’acquéreur. Surtout, les banquiers ont du mal avec le réseau officinal. »

Les syndicats veulent des règles fiscales simples

Quelles sont les solutions proposées pour redonner des perspectives à l’officine ? Les syndicats ne sont pas avares d’idées. Jean-Luc Fournival, à l’UNPF, réclame la mise en place d’une « zone de transition fiscale et économique de cinq ans pour permettre aux jeunes d’entrer en douceur dans le capital et aux anciens de partir ».

L’USPO, elle, par la voix de Gilles Bonnefond, demande à ce que l’on « ouvre les vannes » du numerus clausus et que l’on retourne à la table des négociations pour réformer rapidement la profession sur le plan économique.

Quant à la FSPF, elle appelle le gouvernement à redonner davantage de « visibilité économique » à l’officine. « Aujourd’hui, il y a deux outils qui sont bons: l’évolution prévue dans la loi de santé permettant aux jeunes d’entrer dans le capital et la mise en place de la SPF-PL. Mais pour l’avenir, il faut une détermination du ministère de la Santé par rapport au choix d’organisation du réseau. Ensuite, c’est à Bercy de simplifier les règles fiscales », conclut Philippe Gaertner.

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