UN BON PLAN POUR L’ÉCONOMIE - Le Moniteur des Pharmacies n° 3073 du 28/03/2015 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3073 du 28/03/2015
 
GÉNÉRIQUES

L’événement

Auteur(s) : François Pouzaud*, Loan Tranthimy**

Selon IMS-Pharmastat, sur 2015 et 2016, le gain escompté grâce aux génériques ne compense qu’en partie les baisses de prix. Pour rester à l’équilibre en 2015, les pharmaciens devront toutefois compter sur le générique dont un plan national de promotion a été présenté mardi 24 mars par le ministère de la Santé.

Les 14 000 pharmacies panélistes d’IMS-Pharmastat ont reçu cette semaine les simulations 2015 et 2016 de leur nouvelle rémunération à partir d’extrapolations tirées de leurs propres ventes de médicaments à prix réglementés de 2014, ainsi que celles d’une officine moyenne. Comme annoncées dans Le Moniteur du 14 mars (n° 3071), les projections montrent que le gain annuel de rémunération (honoraires pour ordonnances complexes inclus) est de 2 705 € en moyenne avec les honoraires de dispensation à 0,80 € HT et de 5 152 € avec l’application d’emblée d’honoraires de 1 € HT, qui doivent s’appliquer au 1er janvier 2016, par comparaison avec la marge réelle de 2014.

Philippe Besset, vice-président de la FSPF, convient que le compte n’y est pas : « La nouvelle rémunération est meilleure que l’ancienne mais elle est insuffisante pour compenser la dynamique des baisses de prix. » Pour 2015, il estime que celles-ci feront perdre 5 000 € en moyenne par officine et que l’effet protecteur au regard de ces baisses n’est que partiel, de l’ordre de 15 % en moyenne. « Il faut donc repartir au charbon dans les négociations avec l’Assurance maladie ! » Gilles Bonnefond, président de l’USPO, se montre très critique: « L’introduction des honoraires a été faite pour réduire de moitié les conséquences des baisses de prix et a été présentée ainsi aux confrères. Or la FSPF annonce seulement 15 %, où est passé le reste ?, s’interroge le syndicaliste. En réalité, le dispositif de protection de la marge ne fonctionne à 100 % que pour les médicaments d’un PFHT inférieur à 1,91 €. Ces simulations prouvent donc que cette réforme n’est pas adaptée et que nous sommes dans un marché de dupes. » Très remonté contre la méthode utilisée, il demande à tous les pharmaciens de conserver précieusement ces tableaux pour pouvoir les comparer avec les chiffres réels de 2015 quand ils sortiront.

De son côté, l’UNPF dénonce également l’absence de prises en compte des baisses de prix et des prochaines vagues prévues au début de l’été, mais aussi de l’arrivée redoutée des grands conditionnements sur le paracétamol. « Il faut arrêter de négocier si c’est systématiquement pour perdre de la marge », exhorte Jean-Luc Fournival, président de l’UNPF. Selon les dernières analyses économiques du syndicat, l’effet protecteur de la réforme n’est que de l’ordre de 10 à 15 %. « Il correspond au montant de la rémunération pour ordonnances complexes », précise Martin Muller, responsable du dossier économique à l’UNPF.

A défaut d’obtenir une réforme stabilisatrice de la rémunération des pharmaciens, c’est donc encore et toujours vers le générique que les espoirs se tournent pour maintenir la pharmacie à flot et pallier les insuffisances d’une négociation systématiquement mise en échec par les baisses de prix massives décidées dans les lois de financement de la Sécurité sociale successives. Cependant, l’obligation de déclaration des remises et autres avantages commerciaux (article 49 de la LFSS 2014) risque d’appauvrir à terme l’officine. « Les offres de remises à 40 % pourraient ne perdurer encore que 1,5 à 2 ans », prédit Jean-Luc Fournival. D’où la nécessité d’avoir de nouveaux effets de levier.

Un plan aux effets non immédiats

Le plan national de promotion des médicaments génériques, présenté dans ses grandes lignes mardi 24 mars au ministère de la Santé, peut ainsi venir à la rescousse de la pharmacie. Il vise à augmenter de cinq points la prescription des génériques dans le Répertoire en trois ans et économiser 350 M € en ciblant en premier lieu les actions sur les prescripteurs libéraux et hospitaliers (lire l’encadré page 14) et les pharmaciens qui voient ainsi leur intervention valorisée. En effet, il est proposé notamment de généraliser le « tiers payant contre génériques » aux ordonnances hospitalières et aux patients en CMU, AME et AT-MP, ou encore d’inclure dans la campagne d’information grand public des messages sur les pharmaciens (experts des médicaments, accompagnement pour l’observance).

« Les différents axes de ce plan vont dans le bon sens et répondent aux problèmes rencontrés sur le terrain », commente Jean-Luc Fournival. Claude Baroukh, secrétaire général de la FSPF, salue également l’esprit du plan : « Il contient un ensemble de mesures convergentes pour apporter plus de flux à l’officine et dynamiser la substitution du pharmacien. »

« Ce plan reprend une grande partie des causes de blocage du marché français et certains de nos axes de propositions pour donner un second souffle à la diffusion des médicaments génériques, commente Pascal Brière, président du Gemme (l’association des professionnels du générique). C’est un plan de fond, exhaustif et multifactoriel dont les effets ne seront pas aussi immédiats que ceux de l’accord “tiers payant contre génériques”. Au contraire, ils s’inscrivent sur le long terme mais seront probablement beaucoup plus puissants. »

Un engagement au travers d’une charte d’adhésion

Reste que ce plan est accompagné d’une charte d’adhésion aux objectifs dudit plan qui doit être paraphée par toutes les parties prenantes (professionnels de santé, ministères, agences, sociétés savantes, Ordres, syndicats, associations de patients…). Pour le moment, la signature par l’ensemble des acteurs concernés est loin d’être acquise.

Les syndicats de médecins libéraux, en froid avec le gouvernement sur le projet de loi santé, ont refusé de signer cette charte. Claude Bronner, médecin et vice-président de la FMF, (Fédération des médecins de France) estime que son syndicat ne fera aucune promotion en faveur des génériques tant que « la mention “non substituable” qui doit être écrite à la main sur les ordonnances n’est pas levée ». L’Ordre des médecins refuse pour le moment d’apposer sa signature. De même du côté du Collectif interassociatif sur la santé (CISS). « Le problème de confiance des patients est entretenu par plusieurs acteurs, les laboratoires eux-mêmes, et les médecins eux-mêmes. Malgré les garanties, les médecins pensent encore que les génériques ne sont tout à fait les mêmes médicaments, alors que 94 % des Français font confiance aux médecins. Nous attendons de voir sur quoi les médecins vont s’engager », indique Magali Leo, chargée de mission auprès du CISS. Peu importe, les syndicats de pharmaciens et le Gemme espèrent que ce plan fera rapidement consensus, car les enjeux économiques sont importants. « La ligne de conduite est donnée et les refus de signatures ne sont que le reflet de postures par rapport aux enjeux des négociations sur la loi santé et des prochaines élections des URPS », estime Claude Baroukh. Gilles Bonnefond reste confiant. « Cette charte est un premier pas qui permet de rassembler l’ensemble des acteurs du générique dans le développement de mécanismes d’économies, estime-t-il. L’USPO fera tout pour aller au-delà de cette charte et parvenir à une harmonisation des conventions des médecins et des pharmaciens dans le cadre d’un accord tripartite avec l’Assurance maladie. Il est essentiel que ces conventions convergent vers les mêmes objectifs de la rémunération sur objectifs de santé publique. S’il n’y a aucun facteur de fuite et s’il y a une volonté partagée d’engagement de tous les acteurs, cette charte est du pain béni pour la profession pour atteindre l’objectif national de 85 % de substitution. »

Pascal Brière rappelle qu’un point de prescription complémentaire dans le Répertoire rapporte aujourd’hui 80 millions d’euros d’économies. « En passant d’un taux de 40 % à 45 %, et avec une pénétration du générique de 80 %, la croissance du marché en volume sera de 15 % en trois ans », précise-t-il. Toutefois, le président du Gemme prévient : « La prescription dans le Répertoire constitue l’effet de levier de ce plan. Lors du renouvellement de la convention des médecins généralistes en 2016, il sera essentiel d’avoir une rémunération sur objectifs de santé publique plus dynamique et d’actualiser ses objectifs sur le médicament. Par ailleurs, il sera nécessaire d’avoir un comité de pilotage pour coordonner l’ensemble des actions, les faire vivre et suivre l’avancement des différents points de ce plan. »

Chiffres clés

83,3 %

Le taux de substitution à la fin de décembre 2013.

40,14 %

Le taux de prescription dans le Répertoire en volume. 28,18 % Le taux de prescription dans le Répertoire en valeur.

Que prévoit le plan national d’action ?

Faire tomber les dernières barrières pour accroître la confiance et améliorer le bon usage des médicaments. Tel est l’engagement commun que devront respecter les signataires de la charte d’adhésion aux objectifs du plan national d’action de promotion des génériques présentée le mardi 24 mars aux principaux acteurs de santé publique : représentants de patients, fédérations et conférences hospitalières, syndicats, académies, collèges, ordres professionnels et enseignants. Le plan, dont le pilotage est confié à un pharmacien, Muriel Dahan, inspectrice des affaires sociales, comporte une série de mesures visant à renforcer la prescription et l’utilisation des génériques à l’hôpital, en ville et dans les EHPAD. A côté des actions habituelles pour généraliser l’emploi des logiciels d’aide à la prescription (LAP), renforcer l’information des équipes hospitalières et des patients sur le recours des génériques ou encore faciliter les prescriptions dans le répertoire et en DCI, sont envisagées d’autres mesures plus fermes comme :

– la mise en place d’un taux prévisionnel de prescription de médicaments inscrits au Répertoire par les établissements de santé pour les prescriptions de sortie et consultations interne ;

– décourager les laboratoires princeps de vendre leurs produits à prix bas à l’hôpital pour gagner le marché en ville sur des critères d’achats hospitaliers ;

– la limitation de la mention « non substituable » ;

– la mise sous surveillance des établissements qui prescrivent massivement hors Répertoire ;

– la mise sous accord préalable des prescriptions des nouveaux médicaments sans ASMR lorsque leur prescription dépasse un niveau à définir ;

– l’arbitrage sur le paracétamol.

Le plan prévoit également le lancement d’une campagne de communication auprès du grand public à la fin de l’année. L.T.

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