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L’événement
Auteur(s) : Marie Alès
Ils sont environ 4 000 mais font peu parler d’eux. Les pharmaciens adjoints intérimaires et remplaçants permettent pourtant aux titulaires de partir en congés ou de faire face à des événements imprévus. Dans le contexte actuel, trouver des remplacements devient cependant de plus en plus ardu.
Nous sommes oubliés par la profession », constate Alain, 60ans, ancien titulaire puis adjoint, et pharmacien adjoint intérimaire depuis deux ans. On évoque très peu la situation de ces adjoints intérimaires qui effectuent des remplacements courts. Inscrits à la section D, ils étaient 3 720 en 2013, contre 4 055 en 2012. Ce qui représente une baisse de 8,3 %. Un recul qui ne reflète peut-être pas la réalité du terrain. « L’inscription à l’Ordre des pharmaciens est obligatoire, mais, chaque année, les pharmaciens adjoints intérimaires doivent justifier a posteriori de leur activité l’année précédente pour ne pas être radiés », précise Serge Caillier, membre du bureau de la section D. Une procédure qui ne recense donc pas les pharmaciens n’ayant pas eu d’activité l’année précédente ou ceux qui décident de ne pas s’inscrire à l’Ordre des pharmaciens, estimant souvent que le montant de la cotisation est trop élevé au regard de leurs revenus.
Autre difficulté pour cerner cette population : le terme d’« intérimaire » adopté par l’Ordre. Les véritables intérimaires sont salariés d’une agence de travail temporaire. Ce qui est loin d’être le cas de tous les pharmaciens adjoints ainsi qualifiés. Nathalie, une Bretonne de 55 ans qui a vendu son officine pour mener à bien un projet personnel est « intérimaire » depuis septembre2013 : « Je me suis inscrite dans une agence mais cela n’a rien donné. J’ai passé une annonce chez un grossiste-répartiteur, la CERP, et j’ai pu ainsi effectuer un remplacement d’un congé maternité durant 6 mois. Depuis, je fais appel aux pharmaciens que je connais. ». Pauline
Les remplacements sont en effet de moins en moins nombreux. « En un an, le nombre d’offres d’emploi en officine, pour tous les postes, a diminué de 10 % », estime Stéphane Volleau. Il explique cette baisse par le condiv économique du réseau officinal, et également par les regroupements de pharmacies. Et de détailler : « Les pharmaciens gèrent au plus près les coûts. La durée des missions s’est aussi réduite. De sept jours en moyenne il y a deux ans, elle est passée à cinq jours. Le titulaire ne fait plus venir l’adjoint la veille pour le mettre au courant et ne le garde plus après son retour pour le relais. »
« Les titulaires préfèrent prendre des jeunes dynamiques. Je vis dans une ville universitaire où ils recrutent des étudiants plutôt que des adjoints », explique Alain. Nathalie partage ce constat : « Je remplaçais une titulaire chaque été durant un mois. Elle m’a annoncé que cette année elle prendrait un étudiant… » Et de s’interroger comme Alain sur son avenir : « Je croyais que cela serait plus simple. J’ai encore 10 ans à travailler. Je pense à reprendre une officine ou à me reconvertir. » Pauline, plus jeune, est aussi perplexe : « Maintenant, les titulaires disent qu’ils vont se passer de remplaçants… Par moment, j’envisage une reconversion ».
Les problèmes rencontrés ne sont pas la seule raison de cette lassitude. Tous les trois mettent en avant le peu d’intérêt professionnel de leur exercice. « Il faut sans cesse s’adapter aux logiciels, à l’équipe, au rangement, à la clientèle. Ce n’est pas le plus dur. Parfois, je suis là juste parce qu’il faut un diplômé, le titulaire ayant en fait passé le relais aux préparateurs », raconte Pauline. « Nous sommes la cinquième roue du carrosse », résume Nathalie.
Deux ans semblent être un cap : c’est le temps que restent en moyenne les intérimaires de L’Appel médical. Alors, quelles perspectives pour ces adjoints qui, finalement, n’ont pas de véritable statut juridique ? L’Ordre souhaiterait qu’ils puissent rester inscrits à la section D mais soient omis du tableau s’ils n’ont pas d’activité. Mais ce souhait nécessite une modification législative du Code de la santé publique. Et cela ne résoudra pas tout. Le chômage des pharmaciens, tous secteurs d’activité confondus, a augmenté et atteindrait 7 %
(1) Le prénom a été modifié
(2) L’Observatoire des métiers des professions libérales va d’ailleurs lancer une enquête statistique sur ce sujet.
• Salaires : la grille des salaires et l’évolution des coefficients de la convention collective s’appliquent aux intérimaires. « Après, ils peuvent négocier avec le titulaire », remarque Olivier Clarhaut, secrétaire fédéral de la branche officine de FO-pharmacie. Nathalie et Pauline demandent ainsi un coefficient 500. A L’Appel médical, les salaires moyens distribués en 2013 s’élèvent à 3 369 € brut pour un homme, 3 376 € brut pour une femme et 3 455 € brut pour les plus de 50 ans.
• DPC : « Même lors d’un remplacement court, ces confrères peuvent demander la prise en charge d’une formation signée par le titulaire et faire la formation après », conseille Serge Caillier (membre du bureau de la section D).
• Couverture des soins de santé : la portabilité de l’assurance complémentaire est de 12 mois. Un pharmacien licencié qui s’inscrit au chômage en bénéficie, mais si, au bout de 3 mois de chômage, il a un remplacement d’un mois, il perd 9mois de portabilité. La durée des missions est importante : 8 ou 15 jours n’ouvrent aucun droit. Il faut travailler au moins un mois chez le même employeur pour avoir des droits le mois suivant, la durée de portabilité étant égale à la période d’activité salariée.
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