PREMIER MOIS EN DEMI-TEINTE - Le Moniteur des Pharmacies n° 3071 du 14/03/2015 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3071 du 14/03/2015
 
NOUVELLERÉMUNÉRATION

L’événement

Auteur(s) : François Pouzaud*, Loan Tranthimy**

Chahutée, contestée depuis son instauration le 1er janvier dernier, la nouvelle rémunération mixte du pharmacien est mise à l’épreuve des faits. Le premier bilan présenté par la FSPF sur les ventes de médicaments remboursables en janvier fait ressortir un gain lié à la réforme de 195 € par officine en moyenne sur ce mois.

Alors que la première réunion de l’observatoire officiellement chargé de suivre la mise en place des honoraires de dispensation et l’évolution de la marge pharmaceutique est programmée le 31 mars prochain, la FSPF a présenté le 10 mars le bilan d’un mois de la nouvelle rémunération pour le pharmacien. L’étude réalisée par IMS Health à partir d’un panel Pharmastat de 14 000 officines porte sur les ventes de médicaments remboursables prescrits et non prescrits (homéopathie comprise) de janvier 2015. La nouvelle rémunération du pharmacien a été calculée pour l’ensemble du réseau officinal et pour une pharmacie moyenne.

Pour annuler l’impact sur les ventes des pathologies hivernales, qui ont été plus actives en 2015 qu’en 2014, « nous avons calculé la rémunération qui aurait été perçue par le pharmacien en janvier 2015 si la réforme n’avait pas été mise en place et l’avons comparée à celle réellement observée sur ce mois. L’autre comparaison, entre les rémunérations réellement observées en 2014 et 2015, permet d’avoir un état global de la pharmacie prenant en compte les effets négatifs des mesures d’économies sur les prix et les volumes », explique Philippe Besset, vice-président de la FSPF.

Les résultats de ce premier bilan confirment ce qui était pressenti : avec un gain sur janvier de 195 € par officine en moyenne, le nouveau mode de rémunération (qui comprend nouvelle marge et honoraires) atténue les effets des baisses de prix et de maîtrise médicalisée mais ne les compense pas totalement (voir tableaux p. 13). La rémunération a malgré tout baissé de 0,6 % par rapport à la même période un an plus tôt. Son impact sur les comptes de l’officine est donc insuffisant. « C’est pour cela qu’il faut trouver de nouveaux ajustements et négocier une rémunération complémentaire pour contrebalancer les effets particulièrement meurtriers de la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2015 », souligne Philippe Besset.

Janvier n’est pas un moisreprésentatif

La réunion prévue le 31 mars sera l’occasion pour le syndicat d’obtenir des compensations auprès de l’Assurance maladie, souligne Philippe Gaertner, président de la FSPF, sans plus de précisions. Peu importe, pour Gilles Bonnefond, président de l’USPO, ce premier bilan confirme que cette réforme est un dispositif en trompe-l’œil qui n’apporte aucune protection contre les baisses de prix et envoie la profession au fond de l’ornière. « Il n’y a pas d’effet de bascule de la marge, le gain est minime, alors que les pathologies hivernales favorisent la sortie de boîtes à petits prix qui sont plus rémunératrices avec la nouvelle rémunération. De fait, janvier est certainement le mois le plus favorable de l’année », commente Gilles Bonnefond. Par ailleurs, « le montant annoncé est loin d’être acquis car il est un élément de concurrence entre les pharmaciens, et tous ne le facturent pas lors de la vente de médicaments remboursables sans prescription médicale », ajoute le syndicaliste. De son côté, Michel Caillaud, conseiller de l’UNPF, estime que « les chiffres sur janvier ne sont pas interprétables et faire des extrapolations sur l’année est prématuré ». Il fait remarquer qu’un gain de 200 € lié à la recrudescence de pathologies aiguës peut être complètement effacé par la perte sur la vente de deux produits chers de 3 000 € PFHT dont la marge est captée au-delà de 1 500 €. Face aux incompréhensions persistantes sur les honoraires, l’USPO annonce la mise en ligne d’une vidéo sur son site expliquant en 10 minutes les mécanismes de la nouvelle rémunération et présentant ses propositions. « Sans contrat avec l’Etat qui fixe notre enveloppe budgétaire au travers des PLFSS, rien ne sert de négocier avec l’Assurance maladie, je ne crois pas que l’on puisse obtenir de son directeur, Nicolas Revel, une augmentation de nos honoraires qui pourrait déséquilibrer l’ONDAM [objectif national des dépenses d’assurance maladie NdlR]. »

Malgré les critiques de l’USPO et les réserves de l’UNPF, la FSPF juge cette réforme positive, tout en rappelant que 98 % des officines sont gagnantes avec le nouveau mode de rémunération. « Les honoraires à la boîte n’étaient pas notre premier choix mais plutôt les honoraires à l’ordonnance pour se déconnecter du volume. Mais ce dispositif a un désavantage majeur: il crée un système gagnant/perdant dès le départ pour les officines. Ce qui n’est pas le cas des honoraires à la boîte », explique Philippe Besset.

Des effets de la réforme difficiles à distinguer

Pour l’heure, les pharmaciens sont encore dans l’expectative. « Avec un recul d’un mois, il est difficile d’évaluer cette réforme car les écarts ne sont pas flagrants », observe Christian Wilhem, titulaire à Mulhouse (Haut-Rhin). Selon les projections faites par sa société informatique, son gain de marge sur l’année 2015 lié à la rémunération mixte serait de 1 150 € (+ 0,66 %). Installée à Herserange (Meurthe-et-Moselle), Stéphanie Muller a le sentiment d’être gagnante avec la nouvelle rémunération. « Les épisodes de grippe et de gastro ont été présents sur tout le mois de janvier, j’ai délivré 1 051 ordonnances contre 979 en 2014 et le CA HT à TVA 2,1 % réalisé est de 48 500 € contre 42 350 € un an plus tôt, soit un gain de marge de 3 000 € sans savoir quelle part imputer à la réforme. »

Les prochains bilans portant sur des mois hors pathologies hivernales auront donc valeur de vrai test. En effet, qu’en sera-t-il de la nouvelle rémunération en l’absence d’effet volume, et avec l’impact des vagues de baisses de prix de mars et avril ?

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