Les glandes surrénales - Le Moniteur des Pharmacies n° 3069 du 28/02/2015 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3069 du 28/02/2015
 

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PHARMACOLOGIE

Auteur(s) : Denis Richard

Impliquées dans la réponse au stress, ces glandes endocrines sécrètent des hormones stéroïdes (cortisol, aldostérone, DHEA) et libèrent de la noradrénaline dans le sang.

Les glandes surrénales, au nombre de deux, situées au-dessus des reins, sont des glandes endocrines comprenant chacune deux zones distinctes :

• La corticosurrénale, externe, est divisée en trois zones : la zone glomérulée, périphérique (15 % de la glande), la zone fasciculée (médiane, 75 % de la glande) et la zone réticulée (la plus profonde, 10 % de la glande). Chacune de ces zones produit des hormones stéroïdiennes différentes.

• La médullosurrénale, interne, assure la synthèse de catécholamines (adrénaline, noradrénaline, etc.) dans les cellules chromaffines.

Corticosurrénale

• Les hormones stéroïdiennes libérées par les corticosurrénales sont produites à partir du cholestérol d’origine essentiellement plasmatique. Leur synthèse est étroitement contrôlée par l’axe hypothalamohypophysaire.

• Au niveau hypothalamique, la sécrétion d’hormones spécifiques, les libérines, contrôle les sécrétions de l’antéhypophyse. Ainsi, la corticolibérine (ou CRH, corticotropin-releasing hormone ou CRF, corticotropin-releasing factor) stimule la sécrétion de corticotrophine hypophysaire. La corticoréline, analogue synthétique de la corticolibérine (Stimu-ACTH), est commercialisée pour le seul usage diagnostique : elle permet d’évaluer la fonction corticotrope de l’hypophyse.

• Au niveau hypophysaire, la production de corticotrophine (ou corticostimuline ou adrénocorticotrophine ou ACTH) stimule la sécrétion des hormones corticosurrénales (glucocorticoïdes, androgènes, aldostérone). La corticotrophine est libérée selon un rythme nycthéméral (maximal au réveil matinal) et pulsatile (toutes les demi-heures environ) et également lors d’un stress prolongé.

Hormones corticosurrénales

• Glucocorticoïdes : essentiellement produits dans la zone fasciculée, ils sont dominés chez l’homme par le cortisol. Ils permettent la synthèse de sucre à partir des acides aminés (néoglucogenèse). Par ailleurs, les glucocorticoïdes inhibent la lipogenèse, dégradent les protéines en acides aminés et servent à fournir de l’énergie. Ils ont un puissant effet anti-inflammatoire (diminution de la synthèse de collagène, inhibition de la libération de médiateurs pro-inflammatoires : histamine, prostaglandines, etc.) et ont un effet immunodépresseur.

• Androgènes : produits dans la zone réticulée (androstènedione, déhydroépiandrostérone ou DHEA, etc.), ils sont moins puissants que les androgènes testiculaires (testostérone) mais ont la même action (notamment croissance et développement de la pilosité). Ce sont les seuls androgènes produits chez la femme.

• Minéralocorticoïdes : il s’agit principalement de l’aldostérone, synthétisée dans la zone glomérulée, qui agit sur les reins, la muqueuse intestinale, les glandes salivaires et sudoripares. Elle diminue l’élimination rénale du sodium et de l’eau et accroît celle du potassium. Sa sécrétion est contrôlée par l’ACTH mais aussi par le système rénine-angiotensine-aldostérone.

Une hypoaldostéronémie induit une polyurie, une déshydratation, de l’hypotension, une hyponatrémie et une hyperkaliémie. Inversement, une hyperaldostéronémie induit de l’hypertension, de l’asthénie, des crises tétaniques avec faiblesse musculaire, une hypokaliémie, une hypernatrémie et une hypervolémie.

Principales pathologies

• Maladie d’Addison. Résultant d’une destruction des cellules corticosurrénales (métastases tumorales, maladie auto-immune, tuberculose), elle se traduit par l’apparition progressive d’une asthénie intense, d’une dépression sévère, et d’un amaigrissement qu’accompagnent une hypotension, des troubles digestifs et une hyperpigmentation cutanée (d’où son nom de « maladie bronzée »).

• Syndrome de Cushing. Traduisant une sécrétion corticosurrénale excessive (tumeur corticosurrénale ou hypophysaire…), il se traduit par de l’asthénie, un diabète, une obésité localisée au visage (rouge, arrondi), des amas de graisse au niveau du cou (« bosse de bison ») et du tronc, une fonte musculaire, de l’hypertension (par hypervolémie), des troubles cutanés (peau fine et grasse, vergetures, hématomes fréquents) et de l’ostéoporose.

• Syndrome de Conn. Cet hyperaldostéronisme résulte d’un excès de sécrétion d’aldostérone associé à certains développements tumoraux.

• Hyperplasie congénitale des surrénales. Cette maladie génétique est secondaire à un déficit de la synthèse du cortisol, d’où surproduction d’adrénocorticotrophine par l’hypophyse induisant elle-même une sécrétion excessive d’androgènes surrénaux avec androgénisation plus ou moins précoce chez les filles.

Traitements

• Stimulants surrénaux : le tétracosactide (Synacthène intramusculaire ou intraveineux), un analogue de l’ACTH, est essentiellement indiqué dans l’exploration de la corticosurrénale.

• Inhibiteurs surrénaux : le pasiréotide (Signifor) est indiqué dans le syndrome de Cushing. Cet agoniste de la somatostatine réduit la sécrétion d’adrénocorticotrophine.

• Substituts des hormones surrénales : la maladie d’Addison et les autres types d’insuffisance corticosurrénale sont traités par une supplémentation en glucocorticoïdes physiologiques, cortisone ou en hydrocortisone. La fludrocortisone (Flucortac) constitue un traitement minéralocorticoïde substitutif au cours de l’hypoaldostéronisme par insuffisance corticosurrénale.

• Inhibiteurs des hormones surrénales : la spironolactone (Aldactone, Spiroctan…), un antagoniste de l’aldostérone, est un diurétique inhibiteur de potassium indiqué dans le traitement de l’hyperaldostéronisme primaire ou réactionnel à un traitement diurétique ainsi que dans l’hypertension artérielle, l’insuffisance cardiaque, les états œdémateux et en traitement adjuvant de la myasthénie (pour maintenir le capital potassique). La cyprotérone (Androcur) inhibe l’action des androgènes testiculaires et corticosurrénaux sur les organes cibles androgénodépendants (prostate).

Médullosurrénale

• Les catécholamines libérées en situation d’alarme mobilisent le stock d’énergie chimique (lipolyse, glycogénolyse), livrant ainsi des acides gras et du glucose aux muscles en activité. Elles augmentent le volume systolique et le débit cardiaque, élèvent la pression artérielle et réduisent l’irrigation du tractus digestif au profit des muscles. Les catécholamines stimulent aussi la libération d’hormones hypothalamiques, déclenchant le renouvellement des stocks d’énergie épuisés.

• Des agonistes (isoprénaline, alpha-stimulants et bêtastimulants, etc.) et antagonistes (alphabloquants et bêtabloquants) permettent de moduler pharmacologiquement leurs activités.

• Le phéochromocytome, une tumeur parfois maligne développée à partir des cellules chromaffines, se manifeste avant tout par une hypertension artérielle sévère.

Sources : Collège des enseignants d’endocrinologie (2011), « Endocrinologie, diabète et maladies métaboliques », coll. Abrégés, Masson ; Haslett C.. et al. (2005), « Médecine interne : principes et pratique », Maloine ; www.cortisone-info.fr

LES GLUCOCORTICOÏDES

De nombreuses situations justifient le recours à des dérivés des glucocorticoïdes, de puissance variable, et qui sont à l’origine d’effets iatrogènes.

• Prise de poids modérée et lipodystrophie en quelques semaines, surtout chez la femme jeune. Régime pauvre en glucides et exercice physique suffisant sont recommandés. Il n’est pas utile de réduire les apports sodiques.

• Insomnie, anxiété ou irritabilité, troubles mnésiques, difficultés de concentration voire, plus rarement, dépression, délire, manie. Effets dose-dépendants, réversibles survenant en quelques jours.

• Signes cutanés trophiques ou infectieux, généralement réversibles à l’arrêt du traitement. Hydratation de la peau ; pas d’application de dermocorticoïdes sur le visage hors contrôle médical.

• Ostéoporose au long cours. Prévention par des mesures hygiénodiététiques et parfois la prescription de biphosphonates.

• Faiblesse musculaire plus ou moins marquée et crampes fréquemment observées avec de fortes doses sur plusieurs semaines. La prévention repose sur l’exercice physique. Atteintes tendineuses plus rares.

• Risque de glaucome après plusieurs semaines de traitement à forte dose imposant un suivi régulier.

• HTA réversible, observée parfois en quelques jours et pouvant imposer un traitement spécifique.

• Hyperglycémie possible après quelques semaines ou mois de traitement ou en cas de fortes doses, décompensation rapide fréquente d’un diabète préexistant.

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