Dans le cancer colorectal - Le Moniteur des Pharmacies n° 3068 du 21/02/2015 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3068 du 21/02/2015
 
STIVARGA

Nouveaux produits

PRESCRIPTION

Auteur(s) : Anne Drouadaine

Stivarga, à base de régorafénib, constitue une nouvelle alternative dans la prise en charge du cancer colorectal chez les adultes. Il sera utilisé en dernier recours.

Indication

Stivarga est indiqué dans le traitement des patients adultes atteints d’un cancer colorectal métastatique déjà traités ou non éligibles aux traitements disponibles (à base de fluoropyrimidine, anti-VEGF, anti-EGFR) et dont le score de performance* est de 0 ou 1. Il est aussi indiqué mais non remboursé dans le traitement des patients adultes atteints par certaines tumeurs stromales gastro-intestinales non résécables ou métastatiques.

Mode d’action

Le régorafénib est un agent antinéoplasique inhibiteur de protéine-kinase. Il inhibe notamment des protéines-kinases impliquées dans l’angiogenèse tumorale (VEGFR 1, 2, 3, TIE 2), l’oncogenèse (KIT, RET, RAF-1, BRAF…) et le micro-environnement tumoral (PDGFR, FGFR).

Posologie

La posologie recommandée est de 4 comprimés de 40 mg, soit 160 mg, une fois par jour, pendant 3 semaines suivies d’une semaine d’arrêt.

En cas d’oubli, la dose doit être prise le jour même dès que le patient s’en aperçoit, sans prendre deux doses le même jour. En cas de vomissements, ne pas prendre de dose supplémentaire de Stivarga.

Des interruptions de traitement et des ajustements posologiques peuvent être effectués en cas d’effets indésirables importants. La dose quotidienne minimale est de 80 mg.

Conservation

Une fois le flacon ouvert, il peut être conservé 7 semaines. Le flacon doit être soigneusement fermé, à l’abri de l’humidité. Le dessiccant doit être conservé dans le flacon.

Contre-indications

Hypersensibilité au principe actif ou à l’un des excipients.

Grossesse et allaitement

Stivarga ne doit pas être utilisé pendant la grossesse sauf nécessité absolue.

Les femmes en âge de procréer et les hommes doivent utiliser une méthode de contraception efficace pendant la durée du traitement et jusqu’à 8 semaines après son arrêt.

Interrompre l’allaitement durant le traitement.

Effets indésirables

Les effets indésirables le plus fréquemment observés sont l’asthénie, le syndrome main-pied, la diarrhée, la diminution de l’appétit et de l’alimentation, l’hypertension, la dysphonie et les infections.

Des nausées et vomissements, des douleurs, de la fièvre, une éruption cutanée, une alopécie, une hypertension, une hyperbilirubinémie, une anémie et une thrombopénie peuvent également survenir. Des cas d’hémorragie, perforations gastro-intestinales (rares) et atteintes hépatiques sévères (rares) avec issue fatale ont été rapportés.

Interactions médicamenteuses

Eviter l’utilisation concomitante de puissants inhibiteurs du CYP3A4 (clarithromycine, jus de pamplemousse, itraconazole, kétoconazole…) et d’inhibiteurs de l’UGT1A9 (acides méfénamique et niflumique) en raison de l’absence d’étude. Eviter les inducteurs puissants du CYP3A4 (rifampicine, phénytoïne, carbamazépine, phénobarbital, millepertuis) qui augmentent potentiellement le métabolisme du régorafénib.

Les antibiotiques altérant la flore gastro-intestinale pourraient interférer avec la circulation entérohépatique du régorafénib et réduire son efficacité.

Les séquestrants des acides biliaires (colestyramine et Cholestagel) peuvent former des complexes insolubles avec le régorafénib et diminuer son efficacité.

Stivarga peut augmenter l’exposition systémique aux substrats de l’UGT1A1 et l’UGT1A9 ainsi qu’aux substrats de la BCRP (méthotrexate…) et aux substrats de la glycoprotéine P (digoxine…).

Surveillance particulière

– Bilan hépatique (ALAT, ASAT, bilirubine) avant l’instauration du traitement puis toutes les 2 semaines pendant les deux premiers mois de traitement, puis contrôle mensuel.

– Pression artérielle avant l’instauration du traitement.

– Paramètres biochimiques (hypophosphatémie, hypocalcémie, hyponatrémie, hypokaliémie) et métaboliques (thyréostimuline, lipase, amylase).

– Surveillance hématologique (NFS, paramètres de la coagulation) chez les patients à risque hémorragique.

– Surveillance des signes et symptômes cliniques d’ischémie myocardique chez les patients présentant des antécédents de cardiopathie ischémique.

* Indice de l’OMS évaluant l’état général du patient.

FICHE TECHNIQUE

Régorafénib 40 mg pour un comprimé pelliculé ovale rose clair.

Boîte de 84 cp (3 flacons de 28), remb. SS à 100 %, AMM : 34009 275 200 0 6

Bayer Santé : 03 28 16 34 00

LE CANCER COLORECTAL

Qu’est-ce que c’est ?

Après ingestion et passage par l’œsophage, les aliments sont digérés au niveau de l’estomac et de l’intestin grêle, où l’organisme sépare les éléments nutritifs réutilisables des éléments non réutilisables. Ces derniers, appelés déchets alimentaires, arrivent sous forme liquide au niveau du côlon, qui absorbe l’eau des déchets alimentaires pour former les selles. Quant au rectum, il transporte les selles pour les évacuer via l’anus. Au niveau histologique, plus de 90 % des cancers colorectaux sont des adénocarcinomes, c’est-à-dire qu’ils se développent à partir de glandes, les glandes de Lieberkühn. Dans plus de 80 % des cas, l’adénocarcinome se développe à partir d’un polype adénomateux qui est une tumeur bénigne: en une dizaine d’années, les cellules de l’adénome deviennent cancéreuses et, de la muqueuse, atteignent progressivement les autres couches de la paroi jusqu’à former des métastases au niveau du foie, des poumons et du péritoine.

Quels sont les symptômes ?

Si le cancer colorectal est souvent asymptomatique, surtout au début, des troubles digestifs persistants doivent toutefois alerter : diarrhée, constipation, vomissements, douleurs abdominales, saignements…

Qui touche-t-il ?

Avec environ 42 000 patients atteints en France métropolitaine, le cancer colorectal est le cancer le plus fréquent après ceux du sein chez la femme et de la prostate chez l’homme. C’est également le 2e cancer le plus meurtrier après le cancer du poumon : le nombre de décès par an est estimé à environ 30 000 pour le cancer du poumon et environ 18 000 pour le cancer colorectal. Le risque de cancer colorectal augmente avec l’âge (à partir de 50 ans), les habitudes de vie (alimentation, tabagisme, alcoolisme, sédentarité, surpoids…), les antécédents personnels et familiaux, les maladies inflammatoires du côlon ainsi que certaines mutations.

Delphine Guilloux

L’AVIS DE LA HAS

Service médical rendu faible chez les patients dont le score de performance est 0-1, insuffisant (score > 1).

Amélioration du service médical rendu inexistante (ASMR V).

Population cible estimée entre 6 400 et 7 800 patients par an.

DÉLIVRANCE

– Liste I.

– Prescription hospitalière réservée aux spécialistes et services de cancérologie et d’oncologie médicale.

– Surveillance particulière durant le traitement.

L’AVIS DU PHARMACOLOGUE

Denis Richard, hôpital Laborit (Poitiers)

Régorafénib : un dernier recours

Le régorafénib (Stivarga) étant indiqué dans le cancer colorectal métastatique après échec ou progression à toutes les thérapeutiques validées, il n’existe pas de comparateur pertinent et le dossier de transparence inclut en fait une seule étude : l’étude pivot de phase III CORRECT. Elle a inclus en double aveugle 760 patients tous bénéficiaires des meilleurs soins de support : 505 dans le bras actif et 255 dans le bras placebo, d’âge médian 61 ans, avec une localisation primitive du cancer colique (65 %), rectale (29 %) ou les deux (6 %).

Une mutation KRAS a été repérée chez 57 % des sujets inclus. 52 % de ces patients avaient déjà été traités par 2 ou 3 lignes de traitement (chimiothérapie à base de fluoropyrimidine, anti-VEGF ou anti-EGFR) et un quart d’entre eux par plus de 5 lignes.

La médiane de survie globale a été de 6,4 mois dans le bras actif vs 5 mois dans le bras placebo et la survie sans progression a été de 1,9 mois vs 1,7 mois respectivement pour ces deux bras. Une stabilisation de la maladie a été observée chez 216 patients (42,8 %) du bras actif contre 37 (14,5 %) dans le bras placebo. Une réponse partielle a été observée chez 5 % traités par régorafénib vs 1 patient sous placebo. L’incidence globale des événements indésirables graves considérés comme liés au traitement a été plus élevée dans le bras régorafénib (11,8 % vs 3,6 %) et il n’y a pas eu de différence en termes de qualité de vie dans les deux groupes.

La quantité d’effet de cet anticancéreux reste donc faible, et la HAS souligne que ce point est d’autant plus à prendre en compte que sa toxicité n’est pas négligeable : un service médical rendu faible à insuffisant selon le score de performance des patients justifie son positionnement chez des patients en situation d’échappement à tous les traitements disponibles par ailleurs.

Dites-le au patient

• Prendre les comprimés à la même heure chaque jour, entiers avec de l’eau après un repas léger contenant moins de 30 % de lipides.

• La dose quotidienne de 160 mg apporte 55,8 mg de sodium, à prendre en compte dans la surveillance de l’apport sodé.

• La cicatrisation peut être retardée.

• Une interruption de traitement est nécessaire avant toute intervention chirurgicale majeure.

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