UN ÎLOT DE CROISSANCE - Le Moniteur des Pharmacies n° 3058 du 06/12/2014 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3058 du 06/12/2014
 

Économie

Médicaments chers

Auteur(s) : FRANÇOIS POUZAUD

Les médicaments chers représentent un relais de croissance durable pour l’officine. Durable, mais limité en volume : ce sont des médicaments de spécialités, innovants et s’adressant à des populations très ciblées.

L’essentiel de la croissance provient des prescriptions en ville des médecins hospitaliers qui, en 2013, ont continué de progresser au rythme de 5,5 % contre 5,2 % en 2012 (source : IMS Health). La dynamique a été particulièrement entretenue l’an dernier par les anticancéreux (CA de 1,156 Md€ en PFHT) qui ont connu une croissance bien plus forte (+ 16,1 %) qu’en 2012 (+ 1,9 %) grâce à plusieurs lancements (Zelboraf, Jakavi, Xalkori…), à la montée en puissance de Zytiga, nouvelle vedette du marché, et aux ventes de Sutent et de Caprelsa qui figurent avec Xalkori et Zytiga dans le top-7 des médicaments les plus chers en ville en 2013 (sources : GERS et HAS).

Oui mais voilà, les médicaments chers ne seront pas à la noce dans le nouveau mode de rémunération. Les premiers résultats des simulations de marge réalisées auprès des officines du panel Pharmastat montrent, selon la FSPF, que parmi les 5,3 % d’officines qui vont perdre de la marge, une infime part (0,1 %) sera spoliée de 4 000 € et cela concerne les quelques pharmacies qui vendent l’immunosuppresseur Ilaris, à plus de 10 000 € l’unité. Mais c’est sans compter avec Kalydeco, contre la mucoviscidose, à près de 20 000 € la boîte, inscrit sur la liste des médicaments remboursables à compter de novembre 2014.

A l’heure des restrictions budgétaires, le prix de certains médicaments chers est dans le collimateur des pouvoirs publics. En témoigne l’affaire Lucentis contre Avastin, dans la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA). Sauf que le premier est 30 fois plus cher que le second (coût pour l’assurance maladie : 400 M€ par an). Ce qui a relancé le débat sur le rapport coût/efficacité des médicaments innovants. L’an dernier, les produits de la DMLA ont progressé en termes de dépenses en ville de 12,9 % (+ 51 M€). En novembre 2013, l’officine a vu arriver Eyléa dont les remboursements ont atteint 12 M€… en seulement 2 mois.

UN EFFET DE STRUCTURE TOUJOURS DYNAMIQUE

En 2013, l’effet de structure, c’est-à-dire la tendance à prescrire, à nombre de boîtes égal, des médicaments de plus en plus onéreux, demeure encore le principal facteur de croissance des dépenses, ce qui vient atténuer légèrement la baisse du CA du médicament remboursable en officine. Il correspond ainsi à une hausse des dépenses de 3,1 % sur l’année, un taux toutefois moins élevé qu’en 2012 (+ 4,5 %) mais qui devrait se maintenir dans l’avenir car la part des pathologies donnant lieu à des traitements onéreux progresse régulièrement. En 2013, l’augmentation de la part relative des médicaments coûteux est particulièrement importante au sein des médicaments du cancer, des antiagrégants-antithrombotiques et des antidiabétiques.

Les médicaments de spécialité ont toujours le vent en poupe, c’est aussi le signe que l’industrie pharmaceutique reste innovante… Ils continuent d’être le principal moteur de croissance des dépenses de médicaments : + 356 M€ pour les médicaments de spécialités délivrés en officine mais - 32 M€ pour la rétrocession hospitalière, en raison de l’inscription en ville de plusieurs spécialités à fort remboursement depuis fin 2012. Cette hausse en ville est plus élevée que celle observée en 2012 (+ 281 M€).

REPÈRES

14,50 % du CA, 3,48 % de la marge

Sur un panel représentatif de pharmacies de quartier urbaines et rurales bretonnes ayant arrêté leurs comptes annuels entre le 31 mars et 30 septembre 2014, le cabinet Cohésio constate une répartition du CA global de 25,84 % hors ordonnance, 74,16 % en vigneté remboursé, dont près de 24 % de médicaments de PFHT > 150 €. Le CA réalisé dans la 4e tranche de la marge dégressive lissée (MDL) représente en moyenne 10,51 % du CA global, mais les médicaments chers participent également aux CA des trois premières tranches, si bien qu’ils représentent 14,50 % du CA total. La dispersion est plus importante que pour les génériques (plus ou moins 1 point) et les princeps de PFHT compris entre 0 et 22,90 € (plus ou moins 2 points) : la part du CA de la 4e tranche varie de 5,50 % à 13 % selon les pharmacies. « La progression moyenne des secteurs d’activité et tranches de MDL met en évidence une difficulté à compenser par les volumes les baisses de prix sur le générique (- 0,87 % en CA) et les princeps de 1re (- 2,66 %) et 2e tranche (- 4,11 %) de MDL. La progression de chiffre provient des médicaments chers (+ 17,07 %), en liaison avec les affections longue durée », précise Yannick Piljean, expert-comptable chez Cohésio. Enfin, détail qui a son importance, ces médicaments chers ne représentent que 3,48 % de la marge officinale.

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