IMPASSE ET PERD - Le Moniteur des Pharmacies n° 3058 du 06/12/2014 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3058 du 06/12/2014
 

Répartition

Auteur(s) : FRANÇOIS POUZAUD

LA RÉPARTITION VIT LE MÊME CALVAIRE QUE L’OFFICINE. Confrontée également aux baisses de prix massives et récurrentes sur le médicament remboursable et à une diminution constante de ses ressources, cette profession est en attente de réformes structurelles.

La baisse de marge des grossistes subie en 2012 n’a fait qu’aggraver l’état de leurs comptes depuis deux ans. Et ce, dans un condiv déflationniste plus rude que prévu. Comme l’officine, la répartition réclame un changement de mode de rémunération.

Fin 2013, la Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique (CSRP) a repris espoir et pris acte avec satisfaction des résultats de l’analyse sectorielle de l’Autorité de la concurrence. Dans son avis du 19 décembre 2013, l’Autorité constate que les grossistes-répartiteurs ont un rôle décisif dans l’approvisionnement régulier et rapide du réseau officinal et souligne la relative faiblesse de leur rémunération. « C’est bien la première fois qu’une autorité publique reconnaît l’existence d’un déséquilibre, en termes de concurrence, entre le circuit de la répartition, soumis à des obligations de service public, et celui des ventes directes exempté de ces contraintes, alors que les deux circuits perçoivent la même rémunération », constate Emmanuel Déchin. Selon le délégué général de la CSRP, l’architecture juridico-économique du modèle actuel de la répartition est devenue obsolète et la marge que l’on qualifie comme étant celle du grossiste n’a plus de sens aujourd’hui. « La marge de distribution n’est pas la contrepartie des obligations de service public puisqu’elle a vocation à rémunérer tous les acteurs de la distribution en gros », explique-t-il.

Le lancement d’une mission IGAS (Inspection générale des affaires sociales) par la ministre de la Santé le 19 décembre, à la suite de l’avis de l’Autorité de la concurrence, entretient l’espoir de la CSRP d’obtenir satisfaction sur sa revendication de rétablir l’équilibre concurrentiel entre les différents distributeurs en gros. Le rapport de l’IGAS a été remis au début de l’été au cabinet de la ministre mais les conclusions et propositions n’ont toujours pas été rendues publiques. « Il y a urgence à trouver des solutions car la situation des répartiteurs se dégrade à vitesse grand V, s’impatiente Emmanuel Déchin. En 2013, le résultat d’exploitation consolidé de la répartition a été divisé par deux par rapport à 2012. » En 2014, ses ressources se sont une nouvelle fois inscrites en baisse par rapport à 2013 (près de 40 M€ en moins) et les résultats sur les huit premiers mois de 2014 sont tout aussi mauvais, à - 50 M€.

LA TAXE SUR LES VENTES DIRECTES N’A RIEN CHANGÉ

Contrairement aux craintes du syndicat USPO et du Leem, il n’y a pas eu de redistribution massive des flux en faveur des grossistes au détriment du circuit du direct suite à l’application de la nouvelle taxe sur les ventes directes. Taxe qui comporte un nouvel élément de calcul, dont l’assiette est constituée par le montant de la marge de distribution en gros rétrocédé par les distributeurs en gros à leurs clients au-delà des 2,5 % de remises. Son taux est de 20 %.

« La mesure est symbolique puisque tous les opérateurs de la vente en gros sont concernés par cette nouvelle taxe, mais le bilan de cette première année d’application est anecdotique en termes de résultats et de flux traités par la répartition », commente Emmanuel Déchin.

GÉNÉRIQUES : LES FLUX SANS LES MARGES

En 2013, le flux des génériques qui transite par les grossistes a encore augmenté mais, paradoxalement, c’est sur la distribution de ces produits qu’ils perdent le plus de marge. « C’est le prix à payer pour conserver ces flux qui sont nécessaires aux répartiteurs pour contribuer à couvrir leurs charges fixes. », explique Emmanuel Déchin.

Aujourd’hui, ce marché est donc majoritairement aux mains des répartiteurs, mais, pour récupérer des parts de marché et pouvoir proposer aux pharmaciens des offres de remises comparables à celles du direct, les répartiteurs ont accepté à partir de 2006 d’entrer dans un mode de rémunération dérégulé avec les laboratoires de génériques. « Les remises des pharmaciens sont payées par les génériqueurs, le répartiteur se charge de la logistique et sa rémunération est négociée de gré à gré à un prix inférieur à ce qu’il retirerait de l’application stricto sensu de l’arrêté de marge. Perdre de la marge sur le générique est dommageable pour le répartiteur mais ce serait encore pire pour lui de ne plus le distribuer ! »

Le nouveau plafond de remises des spécialités génériques à 40 % ne devrait pas remettre en cause ce mode de distribution du générique qui dissocie l’aspect commercial de l’aspect logistique. « Le fait que les laboratoires de génériques modulent leurs politiques commerciales en fonction des produits et non des clients ne devrait pas a priori poser de problèmes, toutefois il est important de valider juridiquement l’absence de risque afin que les répartiteurs ne soient pas inquiétés sur la question des ententes verticales entre eux et les laboratoires », conclut Emmanuel Déchin.

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