DES ÉVOLUTIONS À DEUX VITESSES

La marge du réseau sur le remboursable continue à se réduire comme peau de chagrin en 2013, mais un peu moins rapidement (- 0,60 %) que l’activité. En effet, elle a chuté moins vite que les prix industriels qui s’infléchissent davantage du fait des baisses massives de prix et des effets de l’accord « tiers payant contre génériques ». Pour la troisième année consécutive, la marge baisse pour se situer à 5,445 Md€ en 2013. Cette érosion s’est nettement accélérée sur les 8 premiers mois de 2014 (- 2,27 %). Cela représente une baisse de l’ordre de 124 M€, soit en moyenne 5 600 € par officine.

Dans son enquête économique, la FSPF considère l’évolution du CA moyen de l’officine correspondant aux ventes de marchandises (1,572 M€, - 2,24 %) et de la marge commerciale (451 k€, - 0,03 %) avec un prisme différent, puisqu’elle intègre cette année la production de services (43 k€, + 27,39 %) et la production de l’exercice (total ventes + services).

A l’inverse des statistiques des cabinets d’expertise comptable où les EBE (excédents bruts d’exploitation) sont confortés en pourcentage et en valeur, la FSPF enregistre une baisse de l’EBE moyen de 2,13 % à 155 k€. Ces mêmes cabinets constatent une augmentation globale des remises depuis 2010 liée aux ventes des génériques et une progression des coopérations commerciales. Résultat : l’évolution de la marge et des remises ont permis de compenser la baisse du chiffre d’affaires.

Déjà aujourd’hui et encore plus demain avec les honoraires de dispensation, l’activité des pharmacies mesurée par la seule évolution du chiffre d’affaires ne voudra plus dire grand-chose. « Avec le glissement progressif vers une rémunération aux multiples visages (marge et honoraires de dispensation, nouvelles missions, prime “à la performance” sur le générique, remises, coopérations commerciales…), c’est la marge commerciale qui porte maintenant la mesure de l’activité de la pharmacie et qui constitue la rémunération du pharmacien », remarque Joël Vellozzi, expert-comptable, responsable national du réseau professions de santé de KPMG.

GRANDS CONDITIONNEMENTS, PETITES PERTES

L’augmentation du taux de pénétration des grands conditionnements a également un effet amortisseur de la dégradation de la marge. La modification de la rémunération sur les conditionnements trimestriels conjuguée avec les objectifs conventionnels a fait passer la perte de marge potentielle liée aux grands formats sous la barre des 40 M€ en juillet 2013. Elle est cependant remontée à 45 M€ en juillet 2014. « La réduction de pertes de marge liée au changement de rémunération sur les grands conditionnements a atteint son maximum il y a un an, depuis les pertes s’accentuent car les volumes des boîtes trimestrielles augmentent », explique Philippe Besset, vice-président de la FSPF. Le niveau de pénétration des grands conditionnements est de 82 %.