LES PEAUX NOIRES ET MÉTISSÉES - Le Moniteur des Pharmacies n° 3057 du 29/11/2014 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3057 du 29/11/2014
 

Cahiers Formation du Moniteur

CONSEIL

LES SOINS QUOTIDIENS

« Une crème spéciale peau noire… »

Lisa, 30 ans :

– Comme tous les hivers, j’ai la peau qui « tire », elle devient grisâtre et elle a même tendance à peler !

– Je vois en effet que votre peau est déshydratée. Il faut donc compenser cette perte en eau en limitant son évaporation et en permettant à la peau de mieux retenir l’eau à sa surface.

– Avez-vous une gamme « spéciale peau noire » ?

– Les gammes « spéciales peaux noires » n’ont pas plus d’intérêt pour votre peau que les gammes traditionnelles. Quelle que soit la pigmentation, la déshydratation sera traitée par les mêmes actifs. Dans votre cas, je vous conseille simplement de choisir une émulsion hydratante non comédogène car votre peau est à tendance grasse.

La peau noire ou métissée, rendue plus sensible sous nos climats secs et froids, nécessite une attention particulière pour ses soins quotidiens.

LA PEAU NOIRE

Structure

• La structure des peaux noires ou métissées diffère peu de celle des peaux blanches ou claires. Le principal facteur de différenciation, et le plus évident, est l’intensité de la pigmentation mélanique. Cette intensité mélanique est génétiquement prédéterminée mais elle est régulée par l’exposition aux ultra-violets et par différents facteurs (hormones, âge..).

Mélanogenèse

• La mélanine est synthétisée et sécrétée par des cellules spécialisées intercalées entre les kératinocytes de la membrane basale : les mélanocytes, cellules d’origine neuronale à expansions cellulaires (dendrites mélanocytaires). La mélanine est produite dans de petites structures lysosomiales des mélanocytes : les mélanosomes. Elle est synthétisée à partir d’un acide aminé, la tyrosine, et en présence de tyrosinase. A maturité, les mélanosomes ont leur matrice complètement opacifiée par les grains de mélanine. Parallèlement à leur évolution, les mélanosomes sont transportés vers l’extrémité des dendrites pour être transférés dans les kératinocytes.

• Deux variétés de mélanine sont présentes chez l’homme : l’eumélanine, pigment brun noir, majoritaire, et la phæomélanine, pigment jaune rouge (majoritaire chez les sujets roux). L’intensité de la couleur de la peau est déterminée par la proportion de ces différentes mélanines.

• Le nombre de mélanocytes dans l’épiderme est identique quelle que soit la couleur de la peau, mais dans la peau noire, les mélanosomes matures sont plus nombreux, plus gros et plus denses, et se répartissent dans toutes les couches de l’épiderme jusqu’à la couche cornée.

• La production de mélanine est la réponse adaptative de la peau à l’exposition solaire prolongée pour protéger l’organisme des rayonnements UV.

Influence climatique

• Adaptée à un climat ensoleillé et humide, la peau noire subit en zone tempérée l’influence de variations climatiques : air plus froid, plus sec, plus venté. La peau prend souvent un aspect terne, « sec », parfois aggravé par des manœuvres d’hygiène inadaptées en climat tempéré (recours à des accessoires de toilette abrasifs notamment).

ENTRETIEN DE LA PEAU

• L’objectif est de rétablir l’équilibre hydrolipidique. Les produits dermocosmétiques utilisés sont les même que ceux pour les peaux claires.

Soins du visageLa toilette

• La peau noire déshydratée, particulièrement en hiver, est plus sensible. Les produits hypoallergéniques et apaisants sont donc recommandés.

• Les laits nettoyants et/ou démaquillants (Uriage lait démaquillant peaux normales à sèches ; Nuxe lait démaquillant confort…) sont appliqués du bout des doigts pour plus de douceur et doivent être suivis d’une application de lotion adoucissante afin d’éliminer tout résidu d’impureté (La Roche-Posay lotion apaisante physiologique, Nuxe lotion tonique douce). Une lotion astringente sur la zone médiane permet de resserrer les pores d’une peau qui a tendance à l’hyperséborrhée (Avène Cleanance lotion purifiante ; Vichy Normaderm lotion astringente et purifiante…).

• L’eau micellaire ou le lait micellaire (A-Derma Sensifluid lait micellaire ; Bioderma Créaline lait démaquillant sans rinçage) ne nécessitent pas de rinçage, évitant ainsi l’agression des eaux trop calcaires. Ils s’appliquent idéalement en deux à trois passages à l’aide de compresse ou de coton bien imbibés. L’eau micellaire peut être complétée par l’utilisation de lotion adoucissante pour le plaisir.

• Pour les inconditionnelles du rinçage à l’eau, le syndet peut être utilisé à la place d’un savon détergent (La Roche-Posay Lipikar syndet gel crème nettoyant ; Uriage Xémose syndet nettoyant doux).

L’hydratation

• Si le soin nettoyant n’est pas suivi de soins complémentaires (gommage, masque…), le soin hydratant doit être rapidement appliqué, pour que se reconstitue le film hydrolipidique, protecteur naturel de la peau.

• Le soin hydratant doit être adapté au type de peau (peau sèche, peau grasse, peau mixte…).

Le gommage

• Un gommage agressif ou trop fréquent ou avec des produits inadaptés, peut accentuer l’hyperséborrhée réactionnelle et stimuler l’apparition de taches pigmentaires.

• Le gommage (ou exfoliation) peut être effectué une à deux fois par semaine, en utilisant un soin gommant doux (Bioderma Hydrabio crème gommante, Topicrem soins glamour gommage douceur visage et corps…). Appliqué avec de légers mouvements circulaires sur peau humide, le soin est soigneusement rincé et séché avant, soit d’appliquer une crème hydratante et/ou séborégulatrice, soit de poser un masque hydratant.

Les masques

• A base d’actifs apaisants et humectants, ils complètent les soins d’hydratation (Bioderma Hydrabio masque hydratant, Uriage Aquaprécis masque express hydratation dynamique..).

• A base d’actifs séborégulateurs, ils s’appliquent principalement sur la zone médiane (front, nez, menton) pour absorber l’excès de sébum (Avène Cleanance masque désincrustant, Galénic Cauterets masque exfoliant clarté).

Soins corporelsLa toilette

• L’épiderme au niveau du corps a une tendance plus prononcée à la sécheresse cutanée. C’est souvent la conséquence de l’utilisation de produits inadaptés ou d’exfoliation excessive comme par exemple l’utilisation régulière de gant de crin. Les soins lavants conseillés sont choisis parmi les gels ou les pains surgras (A-Derma gel moussant apaisant ; Ducray Ictyane pain surgras…).

L’exfoliation

• En éliminant les cellules mortes qui épaississent la couche cornée, un soin exfoliant doux, une à deux fois la semaine, évite à la peau notamment sur les jambes, son aspect « peau de crocodile ». Différents types de produits sont disponibles : gels douche ou savons exfoliants (Avène gommage corporel doux ; Lierac Prescription pain exfoliant surgras…) ou crèmes gommantes (Bioderma Hydrabio crème gommante…). L’usage de gant de crin, qui s’utilise sur peau non mouillée, est à proscrire car trop agressif.

L’hydratation

• Il est nécessaire d’hydrater quotidiennement, par des crèmes ou laits émollients (Topicrem lait corporel ultrahydratant ; Uriage émolliente émulsion ultra-riche ; Bioderma Atoderm crème nourrissante…), ou parmi des « laits corporels sous la douche » permettant de conserver le soin sur la peau après rinçage (Eucerin lait corps sous la douche).

• Les produits à base d’urée, dans des concentrations de 3 à 10 %, ont un bon pouvoir d’hydratation de la couche cornée (SVR Xérial 10 lait corporel, Eucerin Complete Repair émollient réparateur à 5 % d’urée, Lierac Prescription lait relipidant corps).

• L’usage d’huile sèche corporelle permet de nourrir, tout en donnant à la peau un aspect satiné (Nuxe huile prodigieuse ; Topicrem huile satin…).

L’épilation

• Le principal problème lié à l’épilation (surtout par rasage ou épilation à la pince) est la formation de poils incarnés. En effet, le poil crépu a tendance à pousser en s’incurvant sous la peau. L’épilation à la pince arrache le poil en profondeur : le risque est une repousse avec amorce en spirale qui favorise la formation d’un poil incarné et une inflammation. Il y a ainsi apparition de petits boutons pouvant s’infecter, à l’origine de taches hyperpigmentées. La présence de ces taches est fréquente sous les aisselles.

• L’épilation à la cire est également à éviter. La cire a l’inconvénient de tirer sur le bulbe et, comme la pince, de favoriser mais à un moindre degré, l’incarnation du futur poil. De plus, le poil crépu ou frisé est plus difficile à accrocher par la cire qu’un poil raide caucasien.

• La meilleure technique d’épilation est une épilation définitive par laser ou électrolyse en cabinet de dermatologie. Une alternative chez soi : l’épilation régulière chimique, à la crème dépilatoire qui fait fondre le poil à la surface de la peau (pas de risque de poil incarné).

• Après l’épilation il est conseillé d’appliquer un soin assainissant et adoucissant (Dermofluid fluide de rasage et après-rasage Miss shave…). Il faut éviter sur les zones épilées le port de vêtements serrés pouvant augmenter la transpiration, irriter la peau et accentuer la présence de taches.

LA BEAUTÉ DU TEINT

« La cortisone pour mes taches, c’est bien ? »

Christine, enceinte de 7 mois :

– Une amie m’a dit que la cortisone, c’est bien pour éclaircir ces taches que j’ai sur les joues… Il me reste un tube prescrit pour de l’eczéma. Je peux l’utiliser ?

– Pas sans avoir consulté votre médecin. Les effets indésirables sont importants et nombreux : ils peuvent fragiliser votre peau en la rendant plus fine, faire apparaître ou aggraver une pathologie cutanée… On pourrait peut-être commencer par chercher la cause de vos taches ?

LES DEPIGMENTANTS

• Les peaux noires ou métissées sont très sensibles aux défauts de pigmentation qui peuvent amener à des pratiques d’éclaircissement dangereuses.

Variations pigmentaires

• Elles ont 2 origines :

– La pigmentation naturelle des peaux foncées n’est pas homogène. Certaines zones peuvent être hypopigmentées (paumes et plantes) ou hyperpigmentées (zones périorbitaires ou péribuccales) dès la naissance.

– Les anomalies pigmentaires ou dyschromies apparaissant à la suite de lésions inflammatoires (acné, eczéma, problèmes de rasage, grattage…), masque de grossesse ou contact avec des substances toxiques, sont la conséquence d’une stimulation de la synthèse de la mélanine.

Dépigmentation volontaire

• La recherche de produits destinés à éclaircir le teint ou faire disparaître des taches hyperpigmentées est un phénomène de masse et un véritable problème de santé publique en raison de l’utilisation importante et sans avis médical, de produits inappropriés et/ou dangereux.

Substances utilisées

• Ce sont très souvent des médicaments ou des préparations détournés de leur indication, des contrefaçons contenant pour la plupart des dermocorticoïdes à forte ou très forte activité (bêtaméthasone, clobétasol) associés à de l’hydroquinone ou à des dérivés de mercure.

Risques et complications

• Corticoïdes : aggravation d’infections, atrophie cutanée, aggravation d’acné, vergetures qui restent définitives, avec des risques accrus de diabète, d’hypertension artérielle. Enfin il y a des risques toxiques pour l’enfant et chez la femme enceinte ou allaitante.

• Hydroquinone : principalement des dermatoses dysachromiantes (troubles de la pigmentation), notamment l’ochronose, définitive.

• Dérivés mercuriels : dermatites de contact irritatives, complications rénales, neuropathies.

Quelles solutions ?

• Si les taches apparaissant à la suite de traumatisme inflammatoire ont tendance à s’estomper avec le temps à la suite des desquamations naturelles, les taches de naissance sont fixes et stables. Il est possible d’accélérer leur atténuation, voire de les rendre invisibles grâce à des crèmes ou préparations autorisées, ou par différentes techniques utilisées en cabinet de dermatologie, en intervenant sur :

– la mélanogenèse (par inhibition de la tyrosinase) ;

– la desquamation (en favorisant l’élimination de la mélanine accumulée dans les couches supérieures de l’épiderme) ;

– l’oxydation (en limitant l’action des radicaux libres) ;

– l’exposition solaire (dans un but de prévention).

En officine

• L’usage de corticoïdes, d’hydroquinone ou de dérivés mercuriels dans les produits cosmétiques de dépigmentation est actuellement interdit. Trois médicaments non listés à base de monométhyléther d’hydroquinone ou méquinol (Leucodinine B 10 %, Clairodermyl pommade à 5 ou 10 %, Any pommade à 8 %) sont commercialisés en France. Si elles sont utilisées localement pour traiter des taches, ces spécialités ne doivent en aucun cas être conseillées pour éclaircir une peau noire, en raison d’un risque de décoloration non uniforme et inesthétique.

• Des produits dermocosmétiques proposent d’atténuer les troubles de la pigmentation afin d’unifier le teint. Les actifs utilisés pour leurs propriétés dépigmentantes sont nombreux : acide kojique (ACM Depiwhite Advanced), vitamine C (Uriage Depiderm soin dépigmentant intensif), acide azélaïque (Sinclair Bio Tache), résorcinol (La Roche-Posay Pigmentclar sérum) alphahydroxyacides (SVR Clairial Peel)… Ces produits s’appliquent généralement sur la totalité du visage, sur peau sèche et en évitant le contour des yeux. En cas de réactivité importante de la peau (tiraillement, rougeur…), il est conseillé d’espacer les applications tous les 2 jours.

• Sur prescription, il est possible de délivrer des préparations à base d’hydroquinone et/ou de corticoïdes. Le « trio dépigmentant » de Kligman, à base d’hydroquinone, de bêtaméthasone et d’acide rétinoïque, est très instable (facilement oxydable et perdant ainsi de son efficacité : à conserver à l’abri de la lumière et de la chaleur, à renouveler chaque mois), et nécessite des précautions d’emploi (à appliquer sur de petites surfaces, limiter la durée d’utilisation, éviter l’exposition solaire…).

Chez le dermatologue

• En l’absence de résultat avec les traitements topiques, différentes techniques peuvent être utilisées en cabinet de dermatologie. Elles sont choisies selon la nature de la tache, en minimisant au maximum le risque d’hyperpigmentation réactionnelle.

• Ce sont principalement des peelings à partir d’acides de fruits à forte concentration (jusqu’à 70 %) ou des séances de laser dépigmentant.

Comment éviter l’apparition des taches ?

• Eviter de stimuler la pigmentation mélanique en manipulant les boutons d’acné ou les blessures en cours de cicatrisation, en effectuant des exfoliations ou des épilations agressives…

• Eviter l’utilisation de produits alcoolisés sur la peau : déodorant, lotion, parfum…

• Eviter l’utilisation de produits éclaircissants douteux : composition absente ou imprécise, présence de corticoïdes, d’hydroquinone ou de dérivés mercuriels….

• Se protéger du rayonnement solaire afin de ne pas accentuer les zones d’hyperpigmentation.

LE MAQUILLAGE

Pour lutter contre les dyschromies et autres taches d’hyperpigmentation sur le visage, il est possible d’unifier le teint grâce au maquillage.

La base de maquillage

• Quelle que soit la pigmentation, le maquillage est toujours posé sur une base choisie en fonction du type de peau (déshydratée, mixte ou grasse). Au minimum hydratante, cette base peut être séborégulatrice ou matifiante. Il existe à présent des BB cream pour peaux noires et métissées qui ont pour rôle d’unifier le teint et de camoufler les imperfections. Les crèmes teintées ne sont pas adaptées car pas assez couvrantes.

Le fond de teint

• Contrairement aux produits de soins, des produits de maquillage spécialement destinés aux peaux noires ou métisses doivent être utilisés (charge et type de pigments, colorimétrie adaptés). Les textures choisies sont de préférence hypoallergéniques, suffisamment fluides tout en restant couvrantes et non comédogènes (Avène Couvrance Cannelle, Sienne et Moka).

LES ATTEINTES CUTANÉES

« Est-ce une allergie au shampooing ? »

Maryam, 30 ans :

– J’ai l’impression de faire une allergie à mon shampooing ; vous voyez ces boutons enflammés tout autour de mon front ?

– En effet, et vous n’avez rien sur le cuir chevelu. Faites-vous un soin particulier à vos cheveux ?

– J’aime bien faire régulièrement un masque capillaire à base de vaseline pour assouplir et nourrir mes cheveux crépus.

– Votre masque gras est très occlusif et favorise l’apparition de boutons d’acné. Vous devriez le remplacer par un masque nutritif à appliquer uniquement sur la longueur du cheveu et qui se rince facilement. Mais avant tout, il faut traiter vos lésions.

Face à un climat froid et sec, la peau noire prend un aspect sec, terne, expliquant le recours à des produits « hydratants » pas toujours adaptés, notamment à base de corps gras qui peuvent être comédogènes.

L’ACNÉ

• L’acné est l’une des principales causes de consultation dermatologique des personnes à peau noire.

Physiopathologie

• Les facteurs favorisant sont : les cosmétiques comédogènes, les huiles ou cires de coiffage, le retour d’exposition aux UV (par exemple le retour en Europe après un séjour en Afrique). Les corticoïdes à visée dépigmentante peuvent induire de l’acné.

• Sur la peau noire, les lésions inflammatoires (papules, pustules) prédominent sur les lésions rétentionnelles (comédons, microkystes). Cette inflammation stimule la mélanogenèse et donc l’apparition de taches localisées qui seront d’autant plus foncées et plus durables que les lésions ont été manipulées par grattage ou pressage. Ces taches s’atténuent à mesure que l’inflammation des lésions disparaît. D’où la nécessité de traiter l’acné et donc l’inflammation en premier lieu.

Traitement

• C’est le traitement classique de l’acné, établi en fonction de l’atteinte cutanée.

• Les antiacnéiques topiques (rétinoïdes, peroxyde de benzoyle…) sont souvent irritants pour la peau, en particulier pour la peau noire très réactive. Ces traitements ont pour la plupart une action antitache. Leur application, à petites doses, doit être faite avec prudence et progressivement.

• En traitant l’infection et l’inflammation, les antibiotiques ont une action bénéfique sur l’apparition des taches. Parmi les cyclines, la minocycline est responsable de graves réactions d’hypersensibilité en particulier chez les personnes à peaux foncées. Elle est soumise à une prescription hospitalière.

• Le fort desséchement résultant du traitement per os par l’isotrétinoïne chez les sujets à peau noire, physiologiquement déshydratée, implique de réhydrater régulièrement et intensément.

Conseils d’hygiène

• Eviter de nettoyer la peau avec des produits décapants (savon de Marseille…) car ils entraînent une hyperséborrhée réactionnelle.

• Préférer les solutions micellaires (Vichy Normaderm solution micellaire ; La Roche-Posay Effaclar eau micellaire) ou des gels moussants à rincer (Ducray Keracnyl gel moussant ; Bioderma Sébium gel moussant).

• Ne pas manipuler les lésions sous peine d’accentuer taches et cicatrices.

• Eviter l’emploi de cosmétiques gras (soins capillaires à base de vaseline, d’huiles ou de cires) à l’origine de lésions rétentionnelles.

• Hydrater et protéger avec des soins spécifiques (Avène Cleanance Hydra crème apaisante).

• Opter pour un maquillage fluide, non comédogène.

L’ECZEMA

• L’eczéma est une dermatose inflammatoire d’étiologies et de formes cliniques diverses, quelle que soit la pigmentation de la peau. Il présente cependant quelques caractères spécifiques à la peau noire, en particulier une hyperpigmentation.

Eczéma constitutionnel

• Egalement appelé eczéma atopique, il apparaît généralement chez le nourrisson vers l’âge de 3 mois et régresse entre 2 et 7 ans. Il évolue sur un terrain atopique, souvent lié à des antécédents familiaux.

• L’eczéma atopique est l’une des principales causes de consultation des enfants à peau noire en Europe où le climat froid et sec fait partie des facteurs aggravants. L’explication semble être une exposition plus tardive, dans les climats tempérés, aux affections qui stimulent l’immunité.

• Les lésions, sous forme de plaques érythémateuses, microvésiculeuses, plus ou moins suintantes, apparaissent sur les joues et le front, puis les membres et les plis des coudes et des genoux. Elles sont accompagnées de prurit intense. Elles peuvent se surinfecter à la suite de grattage et former des croûtes purulentes.

• Sur la peau noire, l’érythème n’est pas visible, sauf sur la peau encore peu pigmentée des nourrissons ; les lésions sont le plus souvent hyperpigmentées, grisâtres, rugueuses (surtout chez l’enfant). Les taches s’estompent lentement et disparaissent après guérison.

Eczéma de contact

• Cette éruption cutanée associée à un prurit intense, est due à la sensibilisation à un allergène ayant été en contact avec la peau : objet en nickel (boucles de ceinture, boucles d’oreille…), textiles irritants, certaines lessives ou assouplissants, produits cosmétiques (shampooing, déodorant, parfum…) médicaments topiques (antiseptiques, anti-inflammatoires…) ou allergènes professionnels (ciment, farine, colorant…).

• Sur la peau noire, l’éruption est rarement érythématovésiculeuse. Ce sont plutôt des lésions prurigineuses, hyperchromiques bruns foncés ou grisâtres, qui s’épaississent sous le grattage (lichénification).

Traitement

• Avec si possible l’éviction du facteur déclenchant, le schéma thérapeutique est basé sur le traitement de la crise, généralement par des dermocorticoïdes (lutte contre l’inflammation) et éventuellement des antibiotiques (lutte contre l’infection), associé à un traitement visant à reconstituer la fonction barrière de la peau (soins émollients).

Conseils d’hygiène

• Utiliser des produits de toilette spécifiques pour peaux atopiques. Les gammes sont nombreuses avec un large choix de crèmes lavantes, d’eaux ou de laits micellaires, de pains surgras non détergents ou d’huiles de douche (Ducray A-Derma Exomega ; Bioderma Atoderm ; La Roche-Posay Lipikar ; Eucerin Atopicontrol huile de douche…).

• Reconstituer le film hydrolipidique de la peau par une application biquotidienne de soin émollient pour le visage et/ou pour le corps, idéalement hypoallergénique et sans parfum (Avène Trixera + baume émollient visage et corps ; Uriage Xemose lait émollient visage et corps…)

• Substituer au grattage un massage doux des lésions avec un lait ou une crème apaisante, afin de ne pas accentuer l’intensité des taches (Topicrem peaux intolérantes crème apaisante corps, Ducray Dermalibour irritations cutanées crème visage et corps Bepanthen Sensicalm…).

• Choisir des vêtements de coton, éviter les synthétiques allergisants, utiliser une lessive hypoallergénique et bien rincer.

LA CICATRISATION

La cicatrisation est le processus physiologique de réparation des tissus lésés. Elle fait intervenir les fibroblastes qui synthétisent les fibres de collagène.

Aspect

• La cicatrice normale est souple à la palpation et de couleur quasi identique à la peau.

• La cicatrice hypertrophique est boursouflée et surélevée ; elle régresse spontanément en moins de 18 mois.

• Une chéloïde est une cicatrice épaisse, durcie et colorée. Elle persiste indéfiniment.

Cette hyperactivité de la cicatrisation, qui peut aussi s’observer sur les peaux blanches, touche jusqu’à 15 % des populations à peau noire. Les chéloïdes sont foncées et prurigineuses, principalement situées sur la partie présternale du thorax, l’épaule, le lobe de l’oreille ou le cou. Elles peuvent se former à la suite de lésion minime comme une piqûre de moustique. Des excroissances par ramifications peuvent se développer, source d’atteinte psychologique.

Prise en charge

• Il n’y a pas de consensus thérapeutique ; de nombreuses solutions sont proposées : injections intralésionnelles de corticoïdes, interféron, cryothérapie, excision…

Comment les éviter

• S’abstenir de tout geste chirurgical non indispensable sur les zones à risques (vaccination sur l’épaule, percement d’oreille, piercing…).

• Désinfecter et traiter rapidement toute infection.

• Surveiller l’évolution des cicatrices, notamment s’il y a boursouflures, durcissement, douleurs ou démangeaisons, et consulter son médecin.

AUTRES ATTEINTES CUTANÉES

Les vergetures

• Ce sont des cicatrices de la partie profonde de la peau, dans le derme réticulaire. Elles sont liées à une extension rapide de la peau (grossesse, prise de poids, augmentation de la masse musculaire…). Elles résultent de la déstructuration et de la rupture des fibres de collagène, qui ne sont pas remplacées.

• En ce qui concerne les vergetures, il n’y a en réalité pas de différence entre les peaux noires et les peaux blanches, mais les vergetures induites par les corticoïdes (souvent dans le cadre d’une dépigmentation volontaire) sont généralement plus larges et plus visibles. Ces vergetures, responsables d’une atrophie cutanée, sont irréversibles et caractérisées par leur nombre, leur localisation inhabituelle (décolleté, cou, épaules, intérieur du bras, creux poplité…) et leur aspect (larges, atrophiques, érythémateuses, hypochromes ou hyperpigmentées).

• En médecine esthétique, certaines techniques de dermabrasion, de peeling, ou de laser sont utilisées pour estomper les vergetures, à l’appréciation du dermatologue.

• L’application de crèmes, solutés ou gel à base de vitamines A, E, d’extraits de plantes (Centella asiatica, Arnica montana) ou d’huiles végétales, permet au moins d’améliorer l’élasticité et la souplesse de la peau (Weleda Huile de massage vergetures, Lierac Phytolastil…). Ces produits sont également utilisés en prévention.

Les petites tumeurs bénignes de la peau

• Les peaux noires et les peaux métissées sont sujettes à de petites tumeurs bénignes qui peuvent être esthétiquement gênantes. Elles sont traitées pour la plupart par électrocoagulation.

• Dermatosis papulosa nigra : petites lésions papuleuses brun noir commençant à apparaître dès l’adolescence sur le cou et le visage.

• Molluscum pendulum : petites excroissances pédiculées affleurant à la peau, sur les zones de frottement (paupières, cou, aisselles).

• Syringomes : petites formations arrondies dues à l’épaississement de la paroi des canaux excréteurs sudoripares et siégeant principalement autour de l’orbite.

LA PEAU DE L’HOMME

« J’ai plein de boutons sur la nuque »

Franck se fait raser les cheveux depuis plusieurs années :

– Que me conseillez-vous en traitement antiacnéique ? Je sens comme des petits boutons d’acné sur la nuque, j’ai désinfecté mais rien n’y fait…

– En effet, mais cela ne ressemble pas à une véritable acné, on dirait des petites cicatrices. Cela arrive chez les adeptes du crâne rasé. Je vous conseille de cesser le rasage pendant quelque temps et de consulter un dermatologue.

• L’implantation dermique presque horizontale du poil crépu et sa courbure serrée, participent à la formation de poils incarnés après un rasage trop court. Ceci est à l’origine de deux pathologies fréquentes chez les hommes : la pseudo-folliculite de la barbe et l’acné chéloïde de la nuque.

PSEUDO-FOLLICULITE DE LA BARBE

• Le poil de barbe crépu, après un rasage court, émerge obliquement de la surface de la peau et a tendance à pousser en position recourbée. Son extrémité pénètre dans l’épiderme, transperçant même la paroi du follicule avant de repasser dans le derme. Il se produit une réaction inflammatoire du follicule pilosébacé, avec formation de papules pustuleuses, disséminées sur les joues et le cou ; une surinfection est possible mais l’évolution se fait le plus souvent vers une hyperpigmentation avec, en cas d’excoriation, formation de cicatrices.

Traitement

• Il repose sur l’arrêt momentané ou définitif du rasage et sur un traitement topique par antiseptiques ou antibiotiques. En cas de surinfection, un traitement oral antibiotique est instauré.

L’ACNÉ CHÉLOÏDE DE LA NUQUE

• Ce n’est en réalité ni une acné classique, ni une chéloïde mais la complication d’une incarnation pilaire, similaire à la pseudo-folliculite de la barbe. C’est la conséquence d’un rasage inadapté et agressif de la nuque, de bas en haut.

• Elle débute par un état inflammatoire avec des papules fibreuses, suivie d’une réaction granulomateuse et d’une surinfection (principalement par Staphylococcus aureus). Il n’y a pas de comédons.

Traitement

• Il implique l’arrêt définitif du rasage de la nuque. Il associe éventuellement une antibiothérapie orale (cyclines) et locale. Des corticoïdes peuvent être appliqués ponctuellement, voire injectés, sur les lésions de type chéloïdien. En cas d’échec, une solution chirurgicale peut être envisagée.

CHOISIR LA BONNE TECHNIQUE DE RASAGE

• Les rasoirs mécaniques à lames multiples sont déconseillés.

• Dans le cas de rasoir à une lame, changer régulièrement la lame selon son état, et raser dans le sens du poil, en un seul passage.

• Préférer les tondeuses à barbe qui coupe le poil à environ un ou deux millimètres de la peau.

• Le rasoir électrique à grille est bien toléré. Les passages se font en douceur, de haut en bas, sans appuyer et sans repasser sur la même zone.

• Les crèmes dépilatoires sont souvent efficaces mais parfois irritantes.

CONSEILS ASSOCIÉS

• Préparer le rasage : un gel nettoyant spécifique prépare la peau du visage en hydratant le poil et en apportant des actifs assainissants. Le moment idéal de rasage est après la douche. Préférer un léger gommage qui, en affinant le grain de peau, facilitera la sortie du poil.

• Préférer, pour les adeptes du rasage mécanique, un gel ou une mousse à propriétés assainissantes et apaisantes.

• Eviter les lotions après-rasage alcoolisées.

• Appliquer un baume apaisant assainissant après le rasage.

• Eviter d’arracher les poils incarnés à la pince à épiler qui favoriserait la formation de nouveaux poils incarnés et blesserait la peau.

LES SOINS DES CHEVEUX CRÉPUS

« Mes cheveux ne poussent plus… »

Halima effectue depuis plusieurs mois un défrisage de ses cheveux :

– J’aimerais un soin ou des vitamines pour stimuler la pousse. Mes cheveux semblent avoir la même longueur depuis quelques mois ! Il m’arrive de perdre des bouts de cheveux, comme s’ils se cassaient…

– Espacez vos séances de défrisage. Elles fragilisent votre cheveu. Il pousse normalement mais il est cassant au niveau de la zone de reprise du défrisage. En attendant, un soin gainant vous aidera à renforcer la tige pilaire.

LE CHEVEU CRÉPU

Le cheveu crépu est spécifique d’un environnement chaud, humide et ensoleillé.

CaractéristiquesImplantation

• Le cheveu crépu est conçu pour apporter au crâne une protection maximale contre les agressions du rayonnement UV. La densité de la chevelure est renforcée par sa frisure naturelle. Cette frisure naturelle est associée à une accumulation asymétrique de la kératine capillaire dans la partie concave de la courbure du cheveu. Le cheveu est plus épais, mais sa densité sur le cuir chevelu est plus faible, et sa croissance est plus lente en comparaison avec le cheveu dit raide : 0,9 cm au lieu de 1,2 cm par mois.

• L’implantation dermique de son follicule est moins profonde que le cheveu raide caucasien (2,5 mm au lieu de 4 mm). Cette implantation est presque horizontale et la tige pilaire qui en est issue a une section aplatie, différente de celle arrondie du cheveu lisse. Cette structure ne favorise pas l’écoulement du sébum le long de la tige et rend le cheveu plus sec et cassant.

Cuir chevelu

• Adapté à un climat à forte hygrométrie, le cuir chevelu est naturellement plus sec ; la sécrétion de sébum naturellement faible, s’évacue difficilement le long du cheveu.

Adaptation climatique

• Dans les conditions climatiques tempérées avec un taux d’humidité moins important et des températures plus fraîches, les pores sont resserrés : la sécrétion de sébum, encore plus faible et qui a tendance à s’accumuler à la racine en créant des dépôts sébacés, et la déshydratation accentuée rendent le cheveu plus sec et plus cassant.

• La déficience du film hydrolipidique sur le cuir chevelu peut entraîner un état squameux, aggravé par les différents traitements capillaires.

TRAITEMENTS CAPILLAIRES

Ajoutées aux problèmes d’adaptation climatique, certaines pratiques capillaires accentuent la fragilité du cheveu.

Le défrisagePrincipe

• Il consiste à modifier la structure de la kératine dans le but de réduire la frisure. La kératine est constituée de chaînes d’acides aminés soufrés, de configuration hélicoïdale, reliées entre elles par des liaisons hydrogène faibles ou par des liaisons fortes à ponts disulfure.

• Aujourd’hui le défrisage au fer à chaud est délaissé au profit du défrisage chimique à froid. L’agent chimique utilisé (hydroxyde de guanidine principalement) rend la réaction de défrisage irréversible pour le cheveu traité.

• Le défrisage ne doit pas être confondu avec le lissage (lissage dit brésilien), lequel ne fait que détendre le cheveu.

Complications

• Elles sont liées à la causticité du défrisant affectant le cuir chevelu par des irritations pouvant être sévères, mais également le cheveu en le rendant plus rêche, cassant et friable, notamment sur les zones de reprise du défrisage.

• Un temps de pause trop long ou une neutralisation imparfaite du produit peuvent être à l’origine de brûlures, ou de chute localisée de cheveu.

Conseils

• Choisir plutôt un produit dont le mode d’emploi et la composition sont clairement établis en langue française (Phyto Specific Phytorelaxer, Keraline kit de lissage brésilien). Eviter les produits d’importation.

• Eviter de faire un défrisage en hiver, quand le cheveu est plus sec et plus fragile.

• Au moins une semaine avant le défrisage, préparer le cheveu à l’action agressive du défrisage avec un soin protéiné (Phyto Specific Thermoperfect 8).

• Le défrisage est à réaliser sur un cuir chevelu en parfait état et des cheveux sains. Ne pas faire d’autres traitements capillaires à proximité (shampooing, décoloration, méchage, tressage…).

• Protéger la peau, le cuir chevelu et les zones précédemment défrisées (soin protecteur, beurre de karité, huile de ricin). Appliquer l’agent défrisant sur des cheveux déjà défrisés peut entraîner un risque de casse.

• Espacer au maximum les séances (3 à 4 défrisages par an).

• Ne pas hésiter à consulter un médecin en cas de brûlure.

Le surgraissagePrincipe

• Le surgraissage du cheveu crépu, naturellement très sec et déshydraté, est indispensable. Il permet d’hydrater, assouplir et discipliner le cheveu.

• Certaines femmes ont recours à des crèmes ou substances riches et grasses (lanoline, glycérine, vaseline…). La conséquence est une obstruction des pores, une asphyxie du cuir chevelu avec un ralentissement de la croissance du cheveu, voire une irritation du cuir chevelu.

Conseils

• Choisir plutôt un baume ou un masque à poser avant ou après le shampooing (Phyto Specific masque hydratation riche, Kéraline après-shampooing).

• L’utilisation d’une huile de coiffage est possible à condition de l’appliquer sur la longueur du cheveu, en évitant le cuir chevelu (Phyto Specific soin intégral hydratant).

• Les crèmes ou mousses de protection sans rinçage permettent de traiter les pointes de cheveu sec sans alourdir la chevelure (Furterer Karité concentré nutrition intense).

Le tressage ou le tissagePrincipes

• Les tresses sont un mode de coiffure traditionnel. Avec ou sans ajouts de cheveux, elles peuvent dans certains cas favoriser une alopécie de traction qui apparaît progressivement, sur les zones temporales principalement.

• Le tissage qui consiste à « coudre » des ajouts sur le cheveu naturel ou à les coller sur le cuir chevelu, peut avoir des effets délétères : réaction cutanée allergique à la colle, traction par le poids des ajouts avec apparition d’alopécie, soins quotidiens plus difficiles…

Conseils

• Eviter de tirer sur le cheveu au cours du tressage, surtout au niveau des tempes.

• Changer régulièrement la répartition des tresses pour éviter d’avoir les mêmes points de traction.

• Arrêter tressage ou tissage dès l’apparition d’irritations sur le cuir chevelu.

ENTRETIEN DU CHEVEU

• Il ne diffère pas d’un cheveu caucasien pour le choix des produits même s’il existe certaines gammes spécifiques.

• Laver régulièrement 1 à 2 fois par semaine avec un shampooing doux, éventuellement enrichi en substances nutritives (Klorane shampooing crème à l’huile d’Abyssinie, Phyto Specific shampooing hydratation riche). Le shampooing peut être utilisé sur un cheveu natté ou tressé, à condition de rincer abondamment. En revanche, pour les soins du cuir chevelu, il est nécessaire de défaire sa coiffure.

• Réparer les effets délétères des différents traitements capillaires par un soin nutritif avant shampooing ou un masque après-shampooing (Phytobaume hydratation, Klorane masque à l’huile d’Abyssinie). En gainant le cheveu, il resserre les écailles et rend le cheveu plus brillant. Il limite aussi la formation des nœuds. L’utilisation de soin sans rinçage sur les pointes améliore le coiffage et protège le cheveu (Phyto Specific spray SOS pointes sèches, Phyto 9 crème à l’huile de macadamia).

• Démêler le cheveu libre grâce à l’application de baume avant brossage. Certains produits destinés aux enfants peuvent convenir aux cheveux crépus fins et fragilisés (Bioderma Abcderm spray démêlant, Miss Phyto Specific spray démêlant magique).

• Les compléments alimentaires utilisés en cure de 6 à 8 semaines, 1 à 2 fois dans l’année apportent des actifs (vitamines du groupe B, oligoéléments, acides aminés soufrés…) pour renforcer le bulbe et limiter les chutes.

L’INTERVIEW
Dr Antoine Mahé, CHEF DU SERVICE DERMATOLOGIE DE L’HÔPITAL PASTEUR À COLMAR ET PRÉSIDENT DU GROUPE THÉMATIQUE « PEAUX NOIRES » DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE DERMATOLOGIE

« Il faut hydrater les peaux noires et métissées »

Le Moniteur : Que pensez-vous des gammes « spéciales peaux noires et métissées » ? Ont-elles un réel intérêt dermatologique ou sont-elles un coup marketing ?

Antoine Mahé : Il faut distinguer les gammes concernant la peau, pour lesquelles aucune étude n’a démontré un effet ou un intérêt particulier des gammes pour les peaux fortement pigmentées dites « noires » ou « métissées », et les produits capillaires, où l’intérêt de gammes spécifiques semble plus manifeste du fait de réelles difficultés de coiffage du cheveu crépu.

L’intérêt des soins capillaires à base de kératine est-il vraiment justifié ?

La kératine est surtout présente dans les lissages brésiliens. En soit la kératine n’est pas nocive, mais le lissage brésilien utilise des techniques ou produits potentiellement agressifs tel le formol qui est volontiers sensibilisant. Quant à savoir si la kératine protège le cheveu lors de l’application de produits agressifs, aucune étude ne documente son effet protecteur (ou non protecteur).

Quid de la cortisone détournée pour une dépigmentation volontaire ? Quels sont ses effets sur la santé ?

L’utilisation de corticoïdes (en topique) avec un objectif cosmétique de dépigmentation est une réalité pour de nombreuses femmes voire hommes originaires de certaines régions (Afrique subsaharienne mais aussi Moyen-Orient, région indienne, Sud-Est asiatique…). L’approvisionnement (principalement des produits à base de propionate de clobétasol) se fait souvent par des réseaux d’importation illégaux. Les complications de cette pratique (dermatologiques et extradermatologiques) sont fréquentes.

S’il n’y avait qu’un conseil à donner aux personnes à peau noire ou métissée ?

Du fait de l’intensité de la pigmentation épidermique, la couche cornée, si elle est insuffisamment hydratée, peut donner un aspect terne aux peaux foncées, notamment en Europe sous l’influence du climat. L’usage de produits hydratants sains et basiques est fortement recommandé.

INFOS CLÉS

• La différence histologique entre la peau noire et la peau blanche réside principalement dans l’intensité de la pigmentation mélanique.

• La peau noire prend souvent un aspect terne en climat tempéré, justifiant un recours large à des préparations hydratantes.

• Les produits de soin à utiliser par les peaux noires ou métissés sont les mêmes que ceux utilisés par les peaux blanches.

QU’AURIEZ-VOUS RÉPONDU ?

Lily voudrait un conseil : après épilation, la peau de ses jambes est rugueuse et il y a apparition de nombreux petits boutons.

– Faites-vous un gommage corporel régulièrement ?

– Non, car on m’a dit qu’avec ma peau de métisse, il valait mieux éviter à cause des taches.

– Il n’y a aucun problème si vous le faites une fois juste avant l’épilation, avec un bon gant de crin. Cela permet d’affiner le grain de peau en éliminant les cellules mortes, le poil repoussera sans s’incarner.

Le pharmacien a-t-il raison ?

Le pharmacien a raison de proposer un gommage corporel pour affiner le grain de peau, mais à éviter juste avant l’épilation et avec un gant de crin ! Ce qui aurait pour conséquence de fragiliser la peau avant l’épilation. Le gommage doit être effectué régulièrement, une à deux fois par semaine, à distance de l’épilation et avec un produit doux (crème ou savon gommants, gel douche exfoliant…).

OCHRONOSE

Affection rare qui se caractérise par la coloration, variant du gris au noir, des cartilages, des tendons et de certaines zones cutanées.

INFOS CLÉS

• Toute action inflammatoire sur la peau entraîne une activation de la mélanogenèse, avec risque d’apparition de taches pigmentaires.

• L’hydroquinone, les corticoïdes et les dérivés mercuriels sont interdits dans les formules de produits cosmétiques.

Une hypopigmentation : le vitiligo

• Cette affection dermatologique est d’autant plus marquée que la peau est pigmentée et sa visibilité peut avoir un fort impact psychologique.

• Le vitiligo se manifeste par des taches dépigmentées sur une peau normalement pigmentée. Il n’est pas spécifique des peaux foncées et son origine est encore mal connue. Les taches, qui résultent de la destruction des mélanocytes, sont de dimension et de localisation variables, mais souvent bilatérales et symétriques. Elles augmentent en surface et en nombre avec le temps. Le traitement, pas toujours efficace, fait appel à la photothérapie ou la corticothérapie ; la greffe mélanocytaire est parfois envisagée. Des solutions cosmétiques sont aussi à proposer : crèmes couvrantes, autobronzants…

PEELING

Technique d’exfoliation de la peau qui utilise des substances chimiques plus ou moins caustiques afin d’obtenir une destruction limitée et contrôlée des couches épidermiques et certaines couches superficielles du derme.

Testez-vous

Vrai ou faux : Les dermocorticoïdes sont interdits dans les traitements antitaches.

Réponses : faux. Ils sont interdits dans les formules cosmétiques, mais peuvent entrer dans la composition de préparations magistrales (trio dépigmentant de Kligman).

Les atouts des peaux noires

La peau noire ou métissée présente :

• Une meilleure résistance aux UV grâce à l’intensité de sa pigmentation mélanique. Les principaux cancers photo-induits (carcinomes baso- et spinocellulaires, mélanomes) sont plus rares. Néanmoins, une protection solaire reste indiquée dans certaines situations : sensibilité anormale à la lumière, dermatose « hyperchromiante ».

• Un vieillissement cutané retardé grâce à la densité des fibres de collagène et des fibroblastes qui rendent la peau plus souple et plus résistante. Grâce aussi à l’intensité de la pigmentation mélanique : la mélanine exerce un effet protecteur par rapport aux UV en les absorbant ; l’eumélanine absorbe 90 % des UVB retardant ainsi la formation de rides et la perte d’élasticité de la peau. Les soins de prévention du vieillissement cutané restent les mêmes que pour les peaux claires.

INFOS CLÉS

• L’acné des peaux noires se caractérise par la prédominance des lésions inflammatoires stimulant la mélanogenèse et donc la formation des taches.

• L’eczéma, plus fréquent sur les peaux noires déjà hypersensibles et déshydratées, se manifeste par des lésions hyperpigmentées et un prurit.

QU’AURIEZ-VOUS RÉPONDU ?

La maman de Tom, 3 ans, dont les joues sont couvertes de plaques grisâtres d’eczéma, présente une prescription de son généraliste :

– Pour l’ordonnance de Tom, je prends tout, sauf la crème à la cortisone.

– Il vous en reste peut-être assez pour traiter sa crise ?

– Je ne souhaite pas lui en mettre, la cortisone ça n’est pas bon pour les enfants et laisse des taches sur les peaux foncées !

– C’est pourtant le seul produit pour traiter sa crise, sous peine de voir ses lésions s’étendre. Vous pourrez continuer par la suite avec un émollient. Si vous suivez bien la prescription de votre médecin, il n’y a pas de problème.

Le pharmacien a-t-il raison ?

Oui, d’autant que les taches sont surtout causées par l’inflammation de l’eczéma.

La pseudo-folliculite n’est pas exclusive aux hommes : des cas ont été relevés chez les femmes se rasant les aisselles, le pubis ou le visage.

INFOS CLÉS

• Par son implantation oblique et sa croissance courbe, le poil crépu a une forte tendance à s’incarner dans le derme.

• La pseudo-folliculite de la barbe et l’acné chéloïde de la nuque sont fréquentes chez les hommes à peau noire ou métissée effectuant un rasage court.

• Le traitement repose sur l’arrêt temporaire ou définitif du rasage.

Testez-vous

Les produits pour lissage brésilien :

a) agissent sous l’effet de la chaleur

b) permettent de réparer le cheveu abîmé

c) ont un effet permanent

Réponses : a. Les produits de lissage brésilien ne font que détendre le cheveu, sans en modifier la structure. Leur effet, temporaire, n’est pas sans risque pour les cheveux (effet de la chaleur, composition du produit).

INFOS CLÉS

Le cheveu crépu :

• est fin et plutôt sec ;

• est fragile de par son implantation dermique presque horizontale ;

• peut faire l’objet de traitements particuliers potentiellement agressifs : défrisage, tressages, tissages.

L’essentiel à retenir

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