La carnitine - Le Moniteur des Pharmacies n° 3057 du 29/11/2014 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3057 du 29/11/2014
 

Comptoir

FICHE INGRÉDIENT

Auteur(s) : Michèle Sauvage

Qu’est-ce que c’est ?

• La carnitine, aussi appelée lévocarnitine ou L-carnitine, est une amine quaternaire particulièrement présente dans les cellules des muscles striés, du cœur ou du tissu adipeux.

Quelles sont les sources ?

• La L-carnitine endogène est synthétisée par le foie, les reins et le cerveau à partir de deux acides aminés essentiels, la méthionine et la lysine, et en présence de cofacteurs indispensables comme le fer, la vitamine C, la vitamine B3 et la vitamine B6.

• L’apport exogène, environ 75 % de la quantité totale de L-carnitine disponible dans l’organisme, est d’origine alimentaire, essentiellement par les viandes rouges et en partie par les produits laitiers. Le lait est la principale source de carnitine du nourrisson non sevré, chez lequel la biosynthèse est limitée. –

• Un apport de 10 mg par jour pour un adulte est suffisant pour couvrir les besoins quotidiens. L’apport alimentaire d’un régime omnivore est considéré comme suffisant.

Quel est son rôle physiologique ?

• La L-carnitine est le transporteur spécifique des acides gras à longue chaîne à travers la membrane mitochondriale. Activés dans le cytosol en acyl-CoA (coenzyme A), ils se lient par estérification à la L-carnitine et, par un échange de groupement acyl, pénètrent dans la matrice mitochondriale où a lieu la bêtaoxydation (formation de l’acétyl-CoA).

• La L-carnitine, grâce à son rôle de transporteur de l’acyl-CoA et de l’acétyl-CoA à l’intérieur et à l’extérieur de la mitochondrie, intervient dans la modulation des rapports acyl-CoA/CoA ou acétyl-CoA/CoA nécessaires au bon fonctionnement des réactions intramitochondriales.

• Elle a un rôle dans la détoxification de métabolites potentiellement toxiques résultant d’anomalies de la bêtaoxydation, ou provenant du métabolisme de certains médicaments (acide valproïque). Elle aurait également une action protectrice des membranes biologiques phospholipidiques.

Quelles sont les causes de carence ?

• Un déficit en carnitine est rarement d’origine alimentaire mais le plus souvent endogène. Il peut être lié à des troubles métaboliques (grossesse, prématurité, insuffisance rénale ou hépatique) ou à des situations acquises ou iatrogènes (hémodialyse, nutrition parentérale, traitement médicamenteux tel que le valproate ou la zidovudine).

• La carence se manifeste par une faiblesse musculaire, des myalgies en cours d’efforts ou une cardiomyopathie.

• Une déficience enzymatique dans de rares pathologies génétiques peut être aussi à l’origine d’une carence.

Quelles sont ses utilisations ?

• Les compléments alimentaires à base de L-carnitine (ou son dérivé : l’acétylcarnitine) sont proposés dans le but de maintenir un bon niveau de cholestérolémie, d’accélérer le métabolisme lipidique, d’augmenter les performances physiques et la résistance à l’effort, de contribuer à la récupération musculaire après l’exercice, de favoriser la perte de poids au cours d’un régime ou d’améliorer la qualité du sperme.

• Après examen des données scientifiques, les autorités de santé européennes ont rejeté en 2012 chacune de ces allégations de santé.

Comment est-elle utilisée ?

• La L-carnitine utilisée en complément alimentaire est présentée sous forme de poudre, de gélule ou de soluté buvable, à des doses moyennes de 1 à 3 g par jour.

• On la retrouve également dans la composition de laits infantiles, en particulier pour les prématurés et dans les préparations à base de protéines de soja.

• Les déficiences endogènes avérées sont les seules indications à une supplémentation en L-carnitine thérapeutique, sous prescription hospitalière.

Quelles sont les précautions ?

• Il n’y a pas de toxicité connue associée à la L-carnitine chez le sujet sain. Bien tolérée, elle peut éventuellement provoquer de légers troubles gastro-intestinaux.

• La supplémentation en carnitine doit être évitée sans avis médical pour les personnes en traitement chronique par anticonvulsivants ou certains antiviraux, celles traitées par insuline ou hypoglycémiants oraux, la femme enceinte ou allaitante.

Sources : www.efsa.europa.eu ; www.eurekasante.fr ; www.passeportsante.net ; www.nutralica.eu ; www.pharmacorama.com ; L. Van Noolen, « Détermination du profil des acylcarnitines plasmatiques par spectrométrie de masse en tandem », thèse, faculté de pharmacie de Grenoble, 2011 ; « Normes pour les préparations destinées aux nourrissons », Codex alimentarius ; « Les microconstituants synthétisés par l’organisme », http://bit.ly/1vUQ5Zw ; « Apport en protéines : consommation, qualité, besoins et recommandations », rapport de l’Afssa, 2007.

CE QU’IL FAUT RETENIR

• La L-carnitine existe à l’état naturel dans de nombreux tissus, en particulier des muscles et du cœur.

• Les viandes rouges et les produits laitiers constituent la principale source exogène de L-carnitine.

• Elle est un élément essentiel du métabolisme énergétique lipidique.

• Les carences en carnitine sont essentiellement d’origine endogène (troubles métaboliques).

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