« Ce rapport n’est qu’un rapport » - Le Moniteur des Pharmacies n° 3054 du 08/11/2014 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3054 du 08/11/2014
 
RÉFORME DE L’OFFICINE ET RAPPORT FERRAND

Actualités

Auteur(s) : Loan Tranthimy*, Laurent Lefort**

Missionné par Manuel Valls, le député socialiste Richard Ferrand a remis son rapport sur les professions réglementées le lundi 3 novembre au ministre de l’Economie, Emmanuel Macron. Sur cinq propositions de réforme concernant l’officine, deux font grincer les dents : l’ouverture du capital et la vente en ligne des médicaments.

Ce sont des mesures qui sont favorables au développement et au renforcement de la profession pharmaceutique. » Richard Ferrand, député PS du Finistère, défend bec et ongles son épais rapport (« Professions réglementées : pour une nouvelle jeunesse ») remis le 3 novembre à Emmanuel Macron. Outre les propositions visant à assouplir les règles de transfert et de regroupement des officines, à autoriser les cessions dans les cinq ans suivant un transfert ou encore à permettre aux pharmaciens de vacciner sur prescription médicale, deux font fortement réagir les syndicats des pharmaciens et l’Ordre. La première concerne l’ouverture du capital des sociétés d’exercice libéral (SEL). Alors que la profession a toujours réclamé une ouverture strictement réservée aux seuls pharmaciens, le rapport préconise d’ouvrir « au sein des professionnels de santé, sous réserve des règles d’incompatibilité ». « Le principe est de dire que rien n’est interdit sous réserve d’incompatibilité. C’est à chaque instance ordinale de définir ce qui relève de la déontologie », explique le député. Interrogé, Alain Delgutte, président du conseil central?A de l’Ordre, précise qu’il attend « de voir ce que le gouvernement entend par-là », notamment quant à la notion de « professionnels sans liens d’intérêt » évoquée par Emmanuel Macron à la mi-octobre.

« Pas de pure players, pas de répartiteurs »

Pour permettre à tout pharmacien de vendre plus facilement sur Internet, une directive d’Emmanuel Macron, le rapport recommande de « supprimer l’adossement obligatoire de la vente à distance d’une pharmacie physique ». Il propose aussi que l’activité puisse être élargie « aux établissements de distribution en gros, dont les groupements de pharmaciens comprenant une centrale d’achats pharmaceutique ». Une porte ouverte aux « pure players », à l’instar d’autres pays européens comme le Royaume-Uni, et aux grossistes-répartiteurs ? Une idée aussitôt balayée par l’Ordre des pharmaciens. « Les ventes doivent être adossées à une pharmacie physique et réelle : donc pas de pure players, pas de répartiteurs », assène Alain Delgutte.

L’USPO et l’UNPF sont sur la même longueur d’onde. « Derrière chaque vente en ligne, il faut un responsable pour assurer la sécurisation des médicaments. Il est dangereux de s’exonérer complètement d’une officine physique », estime Jean-Luc Fournival, président de l’UNPF.

Interrogé, le député socialiste précise que son objectif n’est pas d’ouvrir cette activité aux grossistes-répartiteurs mais « de permettre aux pharmaciens d’officine de se regrouper pour avoir une force de frappe commune ». « Au lieu d’être adossé à une pharmacie, ce sera adossé à un groupement de plusieurs pharmacies. Je leur donne des armes pour se protéger contre les pure players et la grande distribution ». Mais pour le président de la FSPF, Philippe Gaertner, cette proposition manque de clarté. « Ce rapport n’est qu’un rapport, il faut attendre le projet de loi », conclut, prudent, Philippe Gaertner.

Vente en ligne : les groupements sont favorables

La proposition sur l’élargissement de la vente en ligne de médicaments contenue dans le rapport Ferrand est aussi une demande des quatorze groupements et enseignes de pharmacies représentés par la toute nouvelle chambre syndicale Federgy. Et pour Christian Grenier, son président, « cela rejoint notre volonté de voir s’élargir le périmètre des centrales d’achats pharmaceutiques en leur donnant accès aux médicaments de prescription médicale facultative ». Certains groupements voudraient en effet proposer à leurs adhérents un site Internet mutualisé avec une offre élargie et la récupération de la commande au point de vente.

Matthieu Vandendriessche

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