COMMENT LIMITER LA CASSE - Le Moniteur des Pharmacies n° 3050 du 11/10/2014 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3050 du 11/10/2014
 
BAISSES DE PRIX, DÉRÉGLEMENTATION

L’événement

Auteur(s) : Loan Tranthimy*, François Pouzaud**

Après le projet de loi « croissance » qui envisage de déréglementer l’officine, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2015, qui prévoit des économies drastiques sur le médicament, fragilise encore plus l’officine. En fermant massivement le 30 septembre leurs officines, les pharmaciens ont voulu exprimer au gouvernement leur ras-le-bol. Les syndicats de pharmaciens font des propositions pour éviter à la profession de plonger.

Présenté en Conseil des ministres le 8 octobre, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2015 (PLFSS) est loin d’être une surprise. Pour trouver 3,2 milliards d’économies l’an prochain, le médicament sera largement mis à contribution avec un peu plus de un milliard d’euros dont 550 millions de baisses de prix. Ce budget va de nouveau peser lourdement sur une économie de l’officine jugée catastrophique pour 2014. « A fin août, la baisse de la marge réglementée est de l’ordre de 124 M€ pour le réseau, soit une baisse par pharmacie de l’ordre de 5 600 € », alerte Philippe Besset, vice-président de la FSPF. La convention pharmaceutique de 2012 n’ayant plus d’effet compensateur des baisses des prix en 2014, la perte de marge en année pleine devrait se monter à 185 M€, contre les 132 M€ initialement prévus dans le plan d’économies de l’Assurance maladie. « L’aggravation de la situation est liée au blocage des négociations conventionnelles et à la signature tardive de la nouvelle rémunération », explique Philippe Besset. De plus, avec l’absence de pathologies grippales cette année, la profession en est pour sa poche de 50 M€ supplémentaires auxquels il va falloir rajouter maintenant les nouvelles ponctions du PLFSS sur le poste des produits de santé. « Dans le cadrage économique de l’Assurance maladie, les baisses de prix sur la marge devaient faire perdre 170 M€ en 2015, or l’effort que nous demande le nouveau PLFSS est plus important que celui présenté par l’Assurance maladie », constate-t-il.

Pour l’heure, tant que le Comité économique des produits de santé (CEPS) n’a pas tranché sur les baisses de prix à opérer, il est impossible de chiffrer la perte de marge pour le réseau, tant sous l’ère de la marge actuelle (elle pourrait toutefois être supérieure à 220 M€) que dans le cadre des honoraires de dispensation. A priori, les baisses de prix sur les génériques devraient être connues d’ici une quinzaine de jours. En revanche, le CEPS ne devrait pas annoncer la couleur sur les princeps avant le mois de novembre.

Négocier au plus vite la ROSP

Pour éviter à la profession de plonger davantage, les syndicats devront négocier la nouvelle rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP) au moins pour l’année 2015, avant le départ du directeur général de l’UNCAM, Frédéric van Roekeghem, mi-novembre. Réunis en comité de suivi du générique la semaine dernière, ils ont déjà obtenu qu’une partie des efforts sur les prix des génériques soit transférée sur une augmentation des volumes. « De ce fait, les 435 M€ de baisses de prix seront ramenés à 285 M€ et 150 M€ proviendront de la promotion du Répertoire », indique Philippe Besset.

Par ailleurs, les baisses de prix des génériques sous TFR, effectives depuis le 1er octobre 2014 pour plus de 120 groupes génériques, représentent une nouvelle baisse de marge de 14,485 M€ pour l’officine. Elles seront prises en compte dans les 285 M€ de baisse de prix sur le générique.

Mettre les honoraires à l’ordonnance sur la table

« En attendant, les industriels sont déjà à la manœuvre pour que les baisses de prix portent davantage sur les médicaments où la marge du pharmacien est à 26,10 % plutôt que sur ceux où elle est à 6 %. C’est donc une double peine pour l’officine qui va devoir supporter les baisses de prix industriels et une baisse de marge avec la mise en place de la nouvelle rémunération sur les traitements chroniques », annonce Gilles Bonnefond, président de l’USPO. On paie aujourd’hui l’imprudence de la FSPF de n’a pas avoir passé un contrat avec l’Etat. La déception des confrères qui ont cru dans le nouveau mode de rémunération va être très dure car on est en train de toucher la réalité de promesses qui ne seront pas tenues. » Aussi demande-t-il à la FSPF de dénoncer sa signature.

Sur ce point, Philippe Besset a été très clair : pas question de revenir en arrière car les conséquences du PLFSS pour 2015 seraient encore plus dramatiques pour l’officine. « Les honoraires ont un effet protecteur de l’ordre de 20 % par rapport aux effets des baisses de prix sur la marge. Si on avait appliqué la nouvelle rémunération en 2014, on aurait une perte de marge du réseau ramenée de 180 à 140 M€. » Selon lui, les honoraires ne compenseront qu’en partie la perte de marge liée aux baisses de prix de 2015. « Il faut entrer au plus vite dans la deuxième phase de négociation des honoraires à l’ordonnance », annonce Philippe Besset. Michel Caillaud, conseiller au président de l’UNPF, rappelle que « le PLFSS fait porter plus de 50 % des efforts à la pharmacie. Comment dans ces conditions construire des améliorations du métier si certains éléments dont la rémunération ne sont pas stabilisés ? Seule la mise en place des honoraires à l’ordonnance permettra de faire face à l’ensemble des mesures d’économies », avant toute autre réforme concernant l’exercice officinal.

Sauver le monopole tant qu’il est encore temps

Pour l’heure, la profession doit aussi contrer la tentation de l’Etat d’ouvrir le monopole des médicaments non remboursables. Contrairement aux conclusions du rapport de l’Inspection générale des finances (IGF), cette mesure est loin d’être marginale. Enlever une part représentant 15 % du CA aux pharmacies baissera en moyenne de 2 % leur résultat économique et provoquera la fermeture de 4 000 d’entre elles, prévient la profession. Les syndicats ont soumis des propositions pour réaliser des économies sans augmenter la consommation des médicaments comme l’extension du Répertoire aux produits non remboursables, ramener le taux de TVA de 10 à 2,1 % sur la médication familiale ou encore renforcer les capacités de négociation d’achat en officine. Après la protestation massive des pharmaciens le 30 septembre, le gouvernement cherche un compromis. Mais, en attendant la présentation du div interministériel sur le projet de loi « croissance », les syndicats appellent à la vigilance.

10 juillet

Arnaud Montebourg annonce la réforme des professions réglementées.

10 septembre

Marisol Touraine se déclare défavorable à la levée du monopole.

30 septembre

Environ 90 % des pharmacies ont fermé dans toute la France.

8 octobre

Plus d’un milliard d’euros d’économies sur le médicament prévu dans le PLFSS 2015.

Vous sentez-vous régulièrement en insécurité dans vos officines ?


Décryptage

NOS FORMATIONS

1Healthformation propose un catalogue de formations en e-learning sur une quinzaine de thématiques liées à la pratique officinale. Certains modules permettent de valider l'obligation de DPC.

Les médicaments à délivrance particulière

Pour délivrer en toute sécurité

Le Pack

Moniteur Expert

Vous avez des questions ?
Des experts vous répondent !