UN ESPRIT DE FRONDE - Le Moniteur des Pharmacies n° 3045 du 06/09/2014 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3045 du 06/09/2014
 
DÉFENSE DU MONOPOLE

L’événement

Auteur(s) : Loan Tranthimy

Après la « Soirée verte » lancée par le collectif Ma pharmacie ne fermera pas le lundi 1er septembre, d’autres actions pourraient être envisagées par les pharmaciens dans les jours à venir pour dénoncer la déréglementation prévue de la pharmacie d’officine.

De retour de vacances, j’ai appris par hasard ce mot d’ordre via mon compte Facebook. Je n’ai pas hésité un instant à laisser la croix allumée toute la nuit. Tant pis si mes voisins râlent à cause de la luminosité, mais cela ne peut plus durer. Si le gouvernement continue à nous empêcher de faire notre travail, j’arrête. » Tout comme Marie Pham, titulaire d’une petite pharmacie à Vanves (Hauts-de-Seine), des pharmaciens ont suivi l’appel lancé le 1er septembre par le collectif Ma pharmacie ne fermera pas sur les réseaux sociaux.

D’Aix à Marseille en passant par Paris, Brest ou Lille, titulaires, adjoints, préparateurs et étudiants ont exprimé leur mécontentement contre la réforme de l’officine en laissant l’éclairage de leurs croix vertes toute la nuit ou en colorant l’eau des rivières, ruisseaux et fontaines avec de la fluorescéine. Il s’agit d’une première manifestation, initiée par Ma pharmacie ne fermera pas et relayée largement par les Pigeons pharmaciens, deux associations de pharmaciens très actives sur les réseaux sociaux. « Il n’y a pas une semaine sans que des mesures s’abattent sur les pharmacies. Et là, c’est la cerise sur le gâteau. Les pharmaciens sont opposés à la déréglementation prônée par le gouvernement qui menace des milliers de pharmacies, basée sur un rapport fallacieux de l’Inspection générale des finances », explique le collectif, qui a en effet imaginé une « manifestation facile à mettre en place pour les pharmaciens, sans trop gêner l’économie de l’entreprise officinale ». Pas d’objectifs chiffrés affichés de l’opération, car « l’importance est de montrer la détermination des pharmaciens », confie le collectif.

Une manifestation « bon enfant »

Soutenue par deux syndicats de pharmaciens (FSPF et USPO), la « Soirée verte » a été ponctuée à Paris par des actions spectaculaires : une véritable opération commando a vu une cinquantaine de personnes se rendre sur les ponts de Bercy, d’Austerlitz ou encore au Pont-Neuf. Au côté des titulaires, des jeunes étudiants et adjoints avertis au dernier moment par les réseaux sociaux animent les discussions (lire le reportage « Soirée verte : mission accomplie » sur www.lemoniteurdespharmacies.fr »). Dans les Yvelines, Hélène Alix-Requi, présidente de la FSPF, a aussi relayé l’appel auprès des confrères du secteur. « Que fera la population s’il n’y a pas de croix vertes allumées dans la nuit, s’il n’y a pas de garde ? Est ce que Leclerc assurera la garde de nuit ? Le gouvernement doit préserver la pharmacie de proximité qui offre conseil, accompagnement et sécurité à une population de plus en plus vieillissante », dit-elle.

Dans l’Hérault, l’opération a été minutieusement préparée. « Les 400 pharmaciens du département ont été informés par e-mail, par textos, raconte Frédéric Abecassis, président du syndicat des pharmaciens départemental. Nous avons aussi communiqué la liste des pharmacies de garde auprès de la presse locale, réalisé une affiche spéciale pour expliquer l’action unitaire de la profession. » Selon Frédéric Abecassis, le mouvement a été bien suivi : 70 à 90 % des pharmacies du département ont laissé leur croix verte allumée. « Nous avons été néanmoins déçus par la mobilisation des officines qui se trouvent dans le centre de Montpellier », regrette-il. Le ton est plus morose dans le Nord-Pas-de-Calais. Eric Bot, pharmacien à Loison-sous-Lens (Pas-de-Calais), témoigne. « J’étais de garde ce soir-là. Donc ma croix était allumée mais, dans le centre-ville de Lens, aucun pharmacien n’y a participé. Ce qui n’a pas été le cas dans le centre-ville d’Avion où les confrères ont bien bougé. Nous avons voulu marquer le coup et j’aurais aimé que les confrères soient plus mobilisés… » Même sentiment de Jean-Marc Lebecque, président de l’URPS-pharmaciens Nord-Pas-de-Calais : « Hier soir, je me suis promené à Calais et je n’ai pas vu beaucoup de croix allumées. Peut-être que l’appel n’a pas bien circulé et que les pharmaciens n’ont pas eu l’information à temps, mais on verra dans les prochains jours si les confrères seront plus sensibilisés. »

Les syndicats appellent leurs adhérents à la vigilance

Alors que le projet de loi portant réforme de l’officine est annoncé pour la mi-octobre, de nouvelles actions pourraient être proposées dans les jours à venir pour maintenir la pression, « tant que le danger n’est pas écarté ». Selon l’enquête réalisée sur le site du Moniteur, sur plus de 581 pharmaciens votants, 91 % se déclarent prêts à faire grève pour défendre le monopole officinal. Et là les idées ne manquent pas : grève du tiers payant pour les petites sommes ou fermeture de l’officine pendant quelques heures… Dans le Nord-Pas-de-Calais, par exemple, une grève des gardes est d’ores et déjà annoncée à l’agence régionale de santé (ARS) pour la semaine prochaine. « J’ai déjà prévenu le directeur de l’ARS. Si c’est une grève des gardes, elle sera dure. Il faudra aller chercher les pharmaciens un par un », martèle Jean-Marc Lebecque. Ces menaces feront-elles reculer Emmanuel Macron, nouveau ministre de l’Economie, visiblement déterminé à dépoussiérer le modèle officinal, à l’instar d’autres pays européens qui ont déjà libéralisé la pharmacie (lire l’article « Allemagne : le modèle à suivre ? » p. 16) ? Pas si sûr. Les pharmaciens se trompent-ils de combat ? Même s’ils ont raison de dénoncer les erreurs du rapport de l’Inspection générale des finances et la méthode Montebourg, l’adaptation à l’évolution du métier ne nécessite-t-elle pas une modification des règles qui régissent l’organisation de la pharmacie ? Reçue au ministère de la Santé le 2 septembre, la FSPF a rappelé « son attachement aux trois piliers de l’officine qui sont le monopole, l’installation et le capital ». « A partir du moment où l’on touche à l’un des trois piliers, on détricote d’une certaine façon les deux autres », prévient Philippe Gaertner, président de la FSPF, pour qui « tout est encore possible car les arbitrages ne sont pas encore rendus ». Il appelle les confrères à rester « vigilants » et « prêts à se mobiliser » en fonction des décisions gouvernementales.

L’USPO devait aussi être entendue le 4 septembre. Aucune rencontre n’a été fixée pour l’instant pour l’UNPF. Michel Caillaud, président du syndicat, estime que la vigilance doit être portée sur le futur mode de rémunération des pharmaciens, qui permettra ou non à la profession de se déconnecter du volume et de se concentrer sur ses missions de santé publique dont celle d’assurer la sécurité des patients.

26 août 2014

Emmanuel Macron remplace Arnaud Montebourg à la tête du ministère de l’Economie.

1er septembre 2014

« Soirée verte » sur toute la France.

2 septembre 2014

La FSPF est reçue au ministère de la Santé sur le projet de loi sur la croissance.

4 septembre 2014 L’USPO est reçue au ministère de la Santé.

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