« La réforme adoptée ressemble à une demi-mesure » - Le Moniteur des Pharmacies n° 3036 du 14/06/2014 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3036 du 14/06/2014
 
3 QUESTIONS À CLAUDE LE PEN, ÉCONOMISTE DE LA SANTÉ, PROFESSEUR À L’UNIVERSITÉ DE PARIS-DAUPHINE

L’événement

Auteur(s) : L.T.

La réforme de la rémunération des pharmaciens est-elle cohérente par rapport aux objectifs fixés par la loi HPST de 2009 ?

Pas complètement. Elle veut promouvoir un mode d’exercice mais elle ne va pas jusqu’au bout. D’un côté, c’est la reconnaissance du nouveau rôle du pharmacien dans l’esprit de la loi HPST mais, de l’autre, la pharmacie reste très fragilisée sur le plan économique. Les gagnants sont plutôt, selon les simulations, les grandes pharmacies des centres commerciaux, où la clientèle est volatile, offrant le moins de services alors que les perdants sont les pharmacies de proximité des centres-villes. Pourquoi favoriser ce modèle alors que l’objectif est de confier aux pharmaciens le rôle d’acteur de premier recours, dans l’éducation thérapeutique des patients ou encore de correspondant avec les médecins. La France veut-elle une officine avec des professionnels de santé ou une officine de distribution à l’anglaise qui délivre des médicaments le plus largement avec moins de marge ?

La réforme change-t-elle le statut économique de l’officine ?

A moitié. La réforme permet de forfaitiser presque la moitié de la marge d’ici 2016. C’est donc une innovation, même si aucun des éléments techniques n’est nouveau. Ce div protège mieux des baisses de prix mais pas des baisses de volume ni des grands conditionnements envisagés par le gouvernement.

L’évolution vers les honoraires à l’ordonnance est-elle possible ?

Possible, oui. D’autres pays l’ont fait, comme la Hollande. La réforme adoptée aujourd’hui ressemble à une demi-mesure. En 2015, 50 % de la marge sera forfaitisée et dans trois ans ce chiffre passera-t-il à 60 % puis à 70 % ? Va-t-on ensuite vers les honoraires à l’ordonnance ? Là aussi, ce n’est pas clair. Sans doute, l’effet de l’incertitude sur le type de modèle que l’on souhaite promouvoir. Ce qui aurait été révolutionnaire, cela aurait été d’envisager immédiatement un forfait par ordonnance. Un montant qui aurait pu être modulé en fonction de la complexité de la dispensation…

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