QUELLE ÉVOLUTION POUR LA PHARMACIE ? - Le Moniteur des Pharmacies n° 3035 du 07/06/2014 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3035 du 07/06/2014
 

L’événement

Auteur(s) : François Pouzaud*, Loan Tranthimy**

Restructuration lente du réseau, mutation de l’exercice officinal, émergence des pôles de compétence… Voici les tendances lourdes dévoilées par une enquête des Echos Etudes. Un document de 255 pages qui pose le diagnostic de la situation actuelle et détaille les perspectives de la profession pour demain. Synthèse.

Le premier enseignement de cette étude est rassurant : l’organisation actuelle de la pharmacie d’officine ne devrait pas évoluer fondamentalement et les piliers de l’exercice officinal (monopole, propriété de l’officine…) demeurent suffisamment solides pour résister aux tentatives de dérégulation. « Il y a un large consensus de la profession et au niveau politique pour préserver le modèle français, rapporte Hélène Charrondière, directrice du pôle pharmacie-santé des Echos Etudes. En revanche, on peut craindre une sortie du monopole officinal de certaines catégories de produits frontières, comme le préconise l’Autorité de la concurrence, ainsi qu’un élargissement du libre accès à l’ensemble des médicaments de prescription médicale facultative, résultant de la simple mise en cohérence avec le périmètre de la vente en ligne de médicaments. »

L’étude revient aussi sur la restructuration du réseau : la diminution du nombre des officines devrait se poursuivre au même rythme, c’est-à-dire lentement, à raison de 100 à 150 fermetures par an. Si l’économie de l’officine devait se dégrader plus vite que prévu, la concentration pourrait être plus rapide (- 2 à - 3 % par an). Mais qu’il s’agisse des syndicats comme des autorités de santé, « il n’y a pas de volonté de part et d’autre de restructurer le réseau à marche forcée, ni celui d’accentuer les vides sanitaires », observe Hélène Charrondière.

« Les pharmacies de proximité sont importantes pour les soins de premier recours et le lien social, il y a une volonté partagée des syndicats et des pouvoirs publics de les conserver, confirme Philippe Besset, vice-président de la FSPF. Dans les conventions à venir avec l’Assurance maladie, mais aussi avec les collectivités locales et les ARS, il faudra réfléchir aux moyens à mettre en œuvre pour qu’elles puissent remplir de nouvelles missions et envisager des rémunérations spécifiques pour services de proximité rendus. » Parmi les nouveaux outils à disposition, les SPF-PL (sociétés de participation financière de professions libérales) vont avoir peu d’impact sur la restructuration du réseau. En revanche, Hélène Charrondière estime que la profession a enterré un peu trop vite le projet de succursales de pharmacies défendu par le Collectif national des groupements de pharmaciens d’officine (CNGPO) qui permet de relever le défi de la consolidation des pharmacies, de l’entrée des jeunes dans le capital et de la proximité avec les patients, en limitant les risques de fermetures de points de vente. « Le collectif remet ce projet en ordre de marche qui figurera dans notre prochain livre blanc », annonce Pascal Louis, président du CNGPO.

La lente mutation des services

La loi HPST et le nouveau mode de rémunération font entrer les pharmaciens de plain-pied dans l’ère des services et entérinent la nécessaire diversification des sources de revenus de l’officine. Mais, là aussi, la mutation sera lente et progressive. Ces activités de services ne modifieront pas substantiellement le modèle économique de l’officine qui restera à l’horizon 2017 dépendant de la dispensation du médicament remboursable. « Les rémunérations additives afférentes aux nouvelles missions resteront faibles », ajoute Hélène Charrondière. « L’objectif des négociations est de maintenir la marge du réseau et d’aller chercher de la croissance sur les nouveaux services », rappelle Gilles Bonnefond, président de l’USPO.

Sur ce plan, l’extension des entretiens pharmaceutiques à d’autres pathologies chroniques ouvre des perspectives intéressantes (15 millions de patients). Cette évolution sera séquencée et rythmée par la vie conventionnelle, et nécessitera des études d’évaluation et d’impact économique avant de changer le périmètre de ces entretiens et de l’élargir à d’autres pathologies. « Il est normal que les professionnels de santé rendent des comptes, l’Etat ne peut plus se permettre de mal investir l’argent public », commente Gilles Bonnefond.

Deux modèles de pharmacies

La diversification de l’activité et des services des officines (solvabilisés par des financements publics) sera une tendance lourde selon Les Echos Etudes, qui voit l’émergence de quatre pôles de compétences (voir schéma ci-dessous) et de deux grands modèles d’officine. Le premier modèle est une pharmacie « business » ou « drugstore » qui, par sa taille et les volumes de vente, sera positionnée sur une offre compétitive en produits d’automédication et « hors monopole ». Ce type d’officine est davantage axé sur une offre de vente en ligne que sur les nouveaux services. Le second modèle est une officine spécialisée de proximité, centrée sur le suivi des patients chroniques et les nouveaux services d’accompagnement des patients. L’ensemble de ces nouveaux services, qui pourraient représenter jusqu’à 10 % du CA de l’officine, ne pourront être mis en place que par des officines exploitées en association et tenues par deux ou trois cotitulaires se répartissant ces nouvelles missions. « L’effet de taille sera déterminant pour entrer dans cette logique de spécialisation et de services », prévient Hélène Charrondière. Un plaidoyer pour les regroupements volontaires, non contraints par l’économie, et l’intégration des jeunes au capital des officines. « Les services sont des éléments très chronophages et renvoient à des problèmes de temps, d’espace et de taille, il est impératif de faire évoluer les structures vers des entités plus importantes et d’y faire participer un maximum de jeunes diplômés », milite Michel Caillaud, président de l’UNPF. Mais la profession ne devra pas attendre d’être au pied du mur pour bouger, car il sera alors peut-être trop tard.

Un modèle économique solide

Malgré l’érosion tendancielle des marges et de la profitabilité des officines, les principaux ratios financiers restent à des niveaux élevés au regard d’autres TPE, grâce à la substitution générique. Telle est l’analyse d’Hélène Charrondière, directrice du pôle pharmacie-santé des Echos Etudes.Les taux de rentabilité sont 1,5 à 2,5 points supérieurs à ceux dégagés par l’ensemble du commerce de détail en magasins spécialisés. Selon elle, c’est la solidité du modèle officinal qui explique le rythme lent des restructurations en cours. Les premières propositions pour faire évoluer l’officine vers une activité de services datent du milieu des années 2000, et, entre 2006 et 2012, le nombre de pharmacies n’a diminué en moyenne que de 0,5 % par an (et ce, malgré un condiv macro- et microéconomique déprimé). L’évolution des pharmacies sous réseau ou enseigne vers un modèle de commerce associé reste encore largement inachevée.

Selon les projections des Echos Etudes, il y aura, en 2017, 30 à 35 % des officines sous enseigne (contre un quart actuellement) et 50 à 55 % d’officines adhérentes à un groupement sans enseigne.

2005

L’Académie de pharmacie propose de reconnaître le pharmacien comme « prescripteur complémentaire ».

2006

L’Ordre des pharmaciens propose de reconnaître et valoriser l’avis pharmaceutique.

2009

loi HPST reconnaît aux pharmaciens la possibilité d’exercerde nouvelles missions.

2012-2017

La convention pharmaceutique prévoit la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP), les entretiens pharmaceutiques rémunérés, la réforme de la rémunération.

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