LES CINQ CLÉS POUR SE LANCER

De l’initiation au stage de sixième année sanctionnant le cursus universitaire, différents stages jalonnent les études, avec, à chaque fois une même exigence : appliquer sur le terrain les enseignements reçus. Pour cela, les étudiants en pharmacie peuvent compter sur leurs aînés devenus maîtres de stage, accompagnateurs au contact desquels les jeunes s’initient à tous les rouages de la vie officinale. Reste que ne devient pas maître de stage qui veut.

1 Une condition d’ancienneté d’exercice

Dans la pharmacie, les vocations de maître de stage restent constantes. « Nous avons environ 6 000 à 7 000 maîtres de stage sur l’ensemble du territoire, ce qui couvre parfaitement les besoins en termes d’accueil des stagiaires », se félicite-t-on à l’Ordre. N’importe quel titulaire peut devenir maître de stage à condition de justifier de cinq années d’exercice, dont deux en tant que titulaire ou gérant. « Les demandes sont à déposer auprès du conseil régional de l’Ordre. C’est aussi l’Ordre qui veille à ce que le pharmacien maître de stage respecte ses engagements vis-à-vis des stagiaires », rappelle Xavier Desmas, président du Collège français des pharmaciens conseillers et maîtres de stage.

2 Obtenir un processus d’habilitation

Une fois la demande d’agrément effectuée, il faut encore en passer par un ­processus permettant ou non de se voir ­délivrer le titre. Chaque candidat doit d’abord renseigner un questionnaire reprenant les obligations du maître de stage. Ensuite, une enquête diligentée par des conseillers de stage porte sur la tenue de l’officine, mais aussi sur les diplômes du pharmacien, sa disponibilité, sa relation avec son équipe, sa motivation pour transmettre son savoir et l’actualisation de ses connaissances via le DPC. Enfin, la commission chargée de cette enquête s’assure également que les ­locaux de l’officine peuvent accueillir un stagiaire dans de bonnes conditions. Autant de points qui permettent au pharmacien de se voir délivrer le titre de maître de stage pour cinq ans. Les étudiants présents dans son officine sont alors ­placés sous sa responsabilité. Toutefois, depuis 2007, le pharmacien maître de stage agréé peut missionner son pharmacien adjoint pour la seule durée d’un stage et pour un étudiant donné. Le pharmacien adjoint devient alors maître de stage adjoint et peut encadrer le travail du stagiaire, signer le rapport final, donner son avis et participer à un jury d’évaluation.

3 Un engagement formalisé

Etre maître de stage est un véritable engagement, formalisé à travers une charte d’engagement que doivent signer les pharmaciens maîtres de stage agréés. Le titulaire s’engage ainsi à recevoir des stagiaires. Pour cela, il n’a aucune démarche à faire puisque ce sont les étudiants qui sélectionnent les pharmacies dans lesquelles ils ­souhaitent évoluer. « Nous tenons la liste des maîtres de stage à disposition de nos étudiants qui formulent eux-mêmes leur demande. En général, nous n’intervenons jamais dans ce processus. Comme nous avons suffisamment de maîtres de stage, les étudiants trouvent facilement une officine pour les accueillir. Nous leur fournissons également une convention de stage qu’ils signent avec le pharmacien qui les reçoit en stage et qui est validée par le conseil de l’Ordre et la faculté », explique le professeur Jean-Pierre Reynier, responsable des stages officinaux à la faculté de Marseille. Le maître de stage s’engage aussi bien à accueillir des stagiaires de sixième année que des étudiants en stage d’initiation et d’application.

4 Aimer transmettre et être dynamique

Au-delà des formalités lui permettant d’obtenir son titre, le maître de stage doit surtout inscrire sa démarche dans une volonté de transmission et d’échange avec ses stagiaires et bien évidemment s’adapter à chaque stagiaire. « Le stage de première année est une découverte. Nous nous devons d’insister sur les aspects positifs de notre métier, de leur montrer que nous sommes des scientifiques et que nous avons une véritable valeur ajoutée. Les stages d’application sont plus techniques et nécessitent une proximité avec la faculté, puisque le but est d’appliquer sur le terrain les enseignements qu’ils ont eu. Enfin, au cours du stage de sixième année, nous sommes là pour apporter tous les éléments pratiques à notre stagiaire, afin de le préparer à exercer son métier sous toutes ces facettes », explique Elisabeth Bertoux, maître et conseiller de stage, titulaire à Wasquehal (Nord).

Evidemment, le maître de stage doit accepter de donner du temps à ses stagiaires. « S’occuper d’un jeune en formation demande certes du temps, mais il faut voir cet engagement de façon différente. Un stagiaire apporte une dynamique, sa présence est ­positive pour l’ensemble de l’équipe, car de nombreux échanges se créent avec tous les collaborateurs. C’est aussi une occasion de se poser des questions sur le fonctionnement de son officine », témoigne Elisabeth Bertoux. Reste que pour parvenir à créer ce climat propice à l’apprentissage et aux échanges, encore faut-il que les étudiants s’inscrivent eux aussi dans une logique proactive en n’hésitant pas à questionner leur « instructeur ». Et, si jamais l’étudiant rencontre des difficultés, il peut faire appel à son conseiller de stage pour arbitrer un litige.

5 Optimiser la qualité

Grâce à cette organisation bien rodée, les stages des futurs officinaux sont en majorité des expériences très positives pour les jeunes. Une raison insuffisante pour ne pas faire mieux, aux yeux du Collège français des pharmaciens conseillers et maîtres de stage, qui mène depuis plus de vingt ans un travail sur le sujet, en étroite relation avec l’Ordre des pharmaciens et la Conférence des doyens des facultés de pharmacie. « Notre souhait est d’être une véritable ressource pour les maîtres de stage. Nous éditons des guides pour les aider dans leur mission, mais nous devons leur apporter encore plus. C’est pourquoi nous sommes en train de mettre en place plusieurs outils dont des formations, afin de professionnaliser plus encore nos maîtres de stage », trace le président du Collège français des pharmaciens conseillers et maîtres de stage.

Autant d’initiatives ne visant qu’un seul objectif, optimiser la qualité des stages officinaux. De l’engagement des pharmaciens maîtres de stage et des conseillers au rôle de vigie de l’Ordre, en passant par les liens de plus en plus étroits noués entre le terrain et les facultés, les futurs officinaux devraient encore longtemps pouvoir se targuer de bénéficier d’une organisation parmi les plus efficientes de leurs études pratiques.