Les hormones posthypophysaires - Le Moniteur des Pharmacies n° 3026 du 05/04/2014 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3026 du 05/04/2014
 

Comptoir

FICHE PHARMACOLOGIE

Auteur(s) : Denis Richard

L’ocytocine ainsi que ses analogues et antagonistes sont indiqués en gynécologie. Quant aux analogues de la vasopressine, ils sont notamment employés dans le diabète insipide et l’énurésie de l’enfant.

Qu’est-ce que la posthypophyse ?

• L’hypophyse est une glande endocrine de la taille d’un pois située dans le cerveau et connectée à l’hypothalamus par la tige pituitaire. Elle est divisée en deux lobes : l’antéhypophyse et la posthypophyse.

• La posthypophyse, également appelée neurohypophyse, est constituée d’axones issus des noyaux supraoptiques et paraventriculaires de l’hypothalamus. Ces neurones libèrent dans les capillaires sanguins deux hormones peptidiques proches l’une de l’autre : l’ocytocine et la vasopressine.

• La sécrétion d’ocytocine (ou oxytocine) est augmentée par la stimulation du col utérin, du vagin, du sein et diminuée par la consommation d’alcool. Sa demi-vie est comprise entre 5 et 10 minutes. Dégradée par une ocytocinase, elle est éliminée par le rein.

• La sécrétion de la vasopressine (ou arginine-vasopressine), encore appelée hormone antidiurétique (HAD ou ADH), dépend de deux facteurs physiologiques : l’augmentation de l’osmolarité sanguine et la réduction du volume liquidien extracellulaire et de la pression artérielle (détectée par les barorécepteurs). Elle est favorisée par l’action de l’angiotensine. La demi-vie de la vasopressine est comprise entre 15 et 30 minutes. L’hormone, inactivée par des peptidases rénales et hépatiques, est éliminée par le rein.

Quelle est l’action de l’ocytocine ?

L’action de l’ocytocine résulte de la stimulation de récepteurs spécifiques conduisant à l’augmentation de la concentration de calcium intracellulaire.

Action sur l’utérus. L’ocytocine, massivement libérée pendant l’accouchement, augmente la force et la fréquence des contractions utérines et facilite le travail (le nombre de ses récepteurs utérins augmente au fur et à mesure de la grossesse).

Action sur la glande mammaire. En induisant la contraction des canaux galactophores, l’hormone favorise l’éjection du lait et facilite l’allaitement.

Action cardiovasculaire. A des taux plasmatiques élevés, l’ocytocine a une action vasodilatatrice.

Action sur le système nerveux central. L’ocytocine joue un rôle encore mal connu dans différents comportements : sexualité, reconnaissance intrasociale, empathie, anxiété, comportement maternel… Elle aurait de plus un effet de type amnésiant.

Quelles sont ses utilisations thérapeutiques ?

• L’ocytocine s’administre en perfusion intraveineuse (Oxytocine Panpharma, Syntocinon) pour induire et renforcer les contractions utérines avant l’accouchement ou en cas d’atonie utérine consécutive à une hémorragie de délivrance ainsi qu’en chirurgie obstétricale.

• La carbétocine (Pabal, usage hospitalier), un ocytocique analogue à l’ocytocine, est indiquée dans l’atonie utérine suivant une césarienne.

• Inversement, l’atosiban (Tractocile, usage hospitalier ou situation d’urgence), un antagoniste de l’ocytocine, exerce une action utérorelaxante en inhibant les contractions utérines provoquées par l’ocytocine : il permet de retarder un accouchement prématuré.

• Des études suggèrent que l’administration d’ocytocine par voie nasale améliorerait le comportement social de patients autistiques.

Quelle est l’action de la vasopressine ?

• La vasopressine agit également sur des récepteurs spécifiques de plusieurs types.

• Elle exerce une action antidiurétique par augmentation de la réabsorption de l’eau dans le tube collecteur en favorisant l’ouverture de canaux spécifiques. Un défaut de sécrétion hypophysaire de vasopressine induit un diabète insipide hypophysaire (distinct du diabète insipide néphrogénique, avec sécrétion normale de vasopressine mais absence de réponse rénale) que caractérisent une soif intense (polydipsie), l’excrétion d’un grand volume d’urine très diluée (8 à 10 litres/j), ne pouvant être réduit par une diminution de l’apport liquidien, et des signes de déshydratation.

• A dose plus élevée que celle induisant une rétention hydrique, la vasopressine a une action vasoconstrictrice et hypertensive.

• Enfin, un accroissement important de sa sécrétion (par exemple en cas de stress violent) entraîne celle de facteurs sanguins impliqués dans l’adhésion et l’agrégation plaquettaires, d’où une action procoagulante.

Quelles sont ses utilisations thérapeutiques ?

L’activité vasopressive étant peu souhaitable, la thérapeutique privilégie des analogues de la vasopressine dotés d’une forte activité antidiurétique mais d’une faible activité vasopressive.

• La desmopressine s’administre par voie endonasale (Minirin Spray, Octim, 10 µg/dose) ou injectable (Minirin 4 µg/ml), mais également par voie buccale (Minirinmelt, lyocs à 60, 120 et 240 µg : la dose est augmentée pour compenser la faible biodisponibilité orale). Elle est indiquée dans le traitement :

- du diabète insipide d’origine centrale ;

- de l’énurésie chez l’enfant (traitement limité à 6 mois) et de la nycturie de l’adulte ;

- des hémorragies par défaut du facteur VIII (hémophilie A) ou du facteur von Willebrand. Elle est utilisée en exploration fonctionnelle pour tester le pouvoir de concentration du rein.

• La terlipressine (Glypressine, usage hospitalier et situations d’urgence) est utilisée dans le traitement des hémorragies digestives par rupture de varices œsophagiennes (effet vasoconstricteur au niveau de la circulation portale) et dans le traitement du syndrome hépatorénal. Elle expose à des poussées hypertensives paroxystiques.

Sources : Collège des enseignants d’endocrinologie (2011), « Endocrinologie, diabète et maladies métaboliques », coll. « Abrégés », Ed. Masson.

Haslett C. et al. (2005), « Médecine interne : principes et pratique », Ed. Maloine.

Karaca P., Desailloud R. (2013), Hormonal dysnatremia, Ann. Endocrinol., 74 (suppl 1), pp. S42-S51.

IATROGÉNIE : SYNDROME DE SÉCRÉTION INAPPROPRIÉE D’HORMONE ANTIDIURÉTIQUE

• Certains médicaments peuvent induireun syndrome de sécrétion inapproprié d’hormone antidiurétique (SIADH) iatrogène, d’étiologie mal connue : morphiniques, carbamazépine, AINS, diurétiques thiazidiques, antidépresseurs tricycliques et IRS, phénothiazines, halopéridol, antimitotiques (vinca-alcaloïdes, cisplatine, cyclophosphamide), inhibiteurs de l’enzyme de conversion, sartans, etc.

• L’augmentation de l’activité vasopressive explique un risque de rétention hydrique et de trouble ionique (dominé par une hyponatrémie de dilution) se caractérisant par des signes cliniques souvent peu apparents (somnolence, céphalées, anorexie avec nausées, crampes musculaires, confusion mentale), mais aussi, parfois, par des convulsions avec coma voire décès.

• Le traitement d’un SIADH symptomatique repose sur une correction hydrique et ionique, sur l’administration d’urée, d’une association furosémide-amiloride, de déméclocycline (Alkonatrem, prescription initale hospitalière annuelle, une cycline connue pour bloquer l’effet de la vasopressine au niveau du tube rénal distal) ou encore de lithium (prescrithors AMM).

RECOMMANDATIONS SOUS DESMOPRESSINE

• La rétention hydrique induite par l’administration de desmopressine impose de débuter le traitement à la plus faible dose recommandée, de l’augmenter progressivement en respectant la restriction hydrique et en suivant étroitement la courbe de poids du patient.

• L’absence de restriction hydrique peut entraîner une « intoxication » par l’eau, avec hyponatrémie. La survenue d’éventuels signes d’alerte (céphalées, nausées, prise rapide de poids, confusion mentale, parfois convulsions), à laquelle le patient doit être sensibilisé, nécessite de réduire voire d’arrêter quelques heures le traitement et de réaliser un ionogramme sanguin.

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