Les pharmaciens au cœur de la coordination - Le Moniteur des Pharmacies n° 3021 du 01/03/2014 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3021 du 01/03/2014
 
PERSONNES ÂGÉES

Actualités

Auteur(s) : Caroline Coq-Chodorge

Lancé dans cinq territoires pilotes, le projet PAERPA prévoit d’expérimenter une coordination des soins entre les professionnels de santé autour de la personne âgée en risque de perte d’autonomie. Les pharmaciens vont défendre leur place dans ce dispositif destiné à être généralisé sur le territoire et répliqué pour d’autres pathologies.

On est au début d’un changement. Nous devons apprendre à travailler ensemble, dans le respect de nos prérogatives. C’est un enjeu pour tous les professionnels de santé. Il y a un modèle à inventer. » Sophie Gonneville, déléguée de l’URPS-pharmaciens en Mayenne, a bien mesuré l’enjeu du « parcours de soins des personnes âgées en risque de perte d’autonomie » PAERPA. Après plusieurs mois de préfiguration, ce projet est officiellement lancé. Issu de l’article 48 de la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) pour 2013, il vise à mettre en place une coordination entre les acteurs sanitaires, sociaux et médicosociaux autour des plus de 75 ans en risque de perte d’autonomie, soit « environ 20 % de cette classe d’âge », a précisé Dominique Libault, président du comité PAERPA, lors de la présentation de ce projet, vendredi 14 février.

Pour les cinq agences régionales de santé (ARS) retenues pour une première vague d’expérimentations (Ile-de-France, Nord-pas-de-Calais, Pays de la Loire, Centre, Midi-Pyrénées), le compte à rebours est lancé (voir encadré p. 15). Depuis fin février, les premiers groupes de travail se sont tenus pour identifier et arrêter les pistes d’action fin mars. En avril seront signées les conventions de partenariat avec les professionnels de santé.

Trois niveaux de coordination

Les pharmaciens vont devoir trouver leur place dans ce dispositif à trois niveaux. Le premier niveau d’action est la « coordination clinique de proximité », qui regroupe le médecin traitant, l’infirmier et, éventuellement, le pharmacien ou le kinésithérapeute. Lorsqu’une personne âgée en risque de perte d’autonomie est repérée, le praticien est chargé d’écrire un « plan personnalisé de santé ». L’objectif est bien de favoriser aussi longtemps que possible le maintien à domicile en travaillant sur quatre facteurs de risque : la dépression, la dénutrition, les chutes et l’iatrogénie médicamenteuse. Pour ce dernier risque, le pharmacien a une place évidente. Mais pour Elisabeth Lemaure, présidente de l’URPS-pharmaciens du Centre, le « périmètre professionnel » du pharmacien est plus large : « Nous allons de plus en plus souvent au domicile pour chercher une ordonnance ou apporter les médicaments. Nous y allons même avant l’infirmière. Nous sommes les premiers à repérer les risques de chute, les problèmes de mobilité, d’isolement. »

Le deuxième niveau d’action du PAERPA vise à faciliter l’information des usagers comme des professionnels de santé. Chaque territoire doit mettre sur pied une « coordination territoriale d’appui », plate-forme chargée d’informer et d’orienter les professionnels de santé et les familles. « On veut un numéro de téléphone unique », insiste Elisabeth Lemaure. Le troisième niveau de coordination est la gestion des transitions ville-hôpital-EHPAD, pour éviter les hospitalisations des personnes âgées et les réhospitalisations. Par exemple, la coordination clinique de proximité doit être la première informée de la sortie d’hôpital d’une personne âgée. Elisabeth Lemaure y voit pour les pharmaciens l’occasion de « reprendre leur place » auprès du patient, face aux sociétés qui peuvent leur contester le marché du matériel médical.

Une rémunération pas encore à la hdiv

La place des pharmaciens dans la coordination clinique de proximité paraît plus évidente dans un territoire rural, d’autant plus s’il dispose déjà de maisons et de pôles de santé, où il existe une maturité d’organisation des professionnels du premier recours, comme en Mayenne. « L’interprofessionnalité se vit tous les jours, explique Sophie Gonneville. Quand on a un problème d’iatrogénie, on en parle naturellement avec le médecin, l’infirmier. Il faut mettre noir sur blanc cette collaboration informelle afin qu’elle soit reconnue ».

En zone urbaine, les choses paraissent moins évidentes. C’est ce qui ressort de la première prise de contact entre l’ARS Ile-de-France et l’URPS-pharmaciens à l’occasion d’une réunion organisée lundi 17 février. « Pour coordonner les acteurs, on a du travail, constate Gilles Echardour, délégué territorial pour Paris de l’ARS. Il faut déjà partir de l’existant, identifier qui fait quoi auprès du patient. Comment peut-on échanger avec les pharmaciens locaux ? », a-t-il demandé à l’URPS, qui a désigné un de ses membres chargé de nouer ce contact. « A Paris, il existe une difficulté supplémentaire : il y a beaucoup d’acteurs, sur un territoire très dense. L’ARS a l’habitude de discuter avec des institutions hospitalières ou médicosociales. Il est plus difficile pour nous de mobiliser les libéraux, qui sont éparpillés, qui ont des organisations, des méthodes de travail différentes… », constate Alexandre Farnault, responsable du pôle innovation de l’agence.

Au cours de cette réunion, Renaud Nadjahi, président de l’URPS, a regretté la faiblesse de la rémunération de la coordination clinique de proximité – 100 euros par personne âgée incluse dans un PAERPA –, mais surtout sa répartition : dans le cas d’un trio médecin traitant-infirmière-pharmacien, le premier reçoit 40 euros, et les deux autres 30 euros. « Cela dit quelque chose… », regrette-t-il. L’URPS Ile-de-France n’en est pas moins volontaire et veut mettre en valeur ses bonnes pratiques sur Paris : des expérimentations de télémédecine, de portage de médicaments au domicile des personnes âgées… « Il y a un cadrage national, mais aussi de la place pour la créativité », assure Alexandre Farnault.

Il y a aussi une exigence : les projets pilotes PAERPA seront évalués par la DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) et doivent faire la preuve de leur efficacité, c’est-à-dire de leur capacité à limiter les hospitalisations inutiles des personnes âgées. Les pouvoirs publics sont bel et bien prêts à investir dans cette organisation du premier recours… à la condition qu’elle permette de maîtriser les dépenses de santé.

Cinq territoires bien délimités

Les cinq régions pilotes vont lancer dans les semaines à venir les concertations au niveau local. Chacune a choisi un territoire limité où déployer le projet : le département Mayenne (Pays de la Loire), trois arrondissements du nord-est de Paris (Ile-de-France), le sud de l’Indre-et-Loire (Centre), qui correspond à peu près à la circonscription de Marisol Touraine, le territoire du Valenciennois-Quercitain (Nord-pas-de-Calais) et les Hautes-Pyrénées (Midi-Pyrénées). Les agences régionales de santé disposent chacune d’un budget de 4 millions d’euros pour mener à bien ces expérimentations, d’une durée de trois ans.

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