Xtandi 40 mg - Le Moniteur des Pharmacies n° 3020 du 22/02/2014 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3020 du 22/02/2014
 

Nouveaux produits

Prescription

Auteur(s) : Yolande Gauthier

L’enzalutamide (Xtandi) représente une alternative à l’abiratérone (Zytiga) ou au cabazitaxel (Jevtana, réservé à l’hôpital) dans la prise en charge des hommes atteints de cancer de la prostate avec métastases en traitement de seconde intention.

Indication

Xtandi est réservé au traitement du cancer métastatique de la prostate résistant à la castration chez les hommes adultes dont la maladie a progressé pendant ou après une chimiothérapie à base de docétaxel (patients symptomatiques).

Mode d’action

A la différence de Jevtana qui est une chimiothérapie, Xtandi, tout comme Zytiga, est une hormonothérapie. L’enzalutamide est un triple inhibiteur puissant et direct des récepteurs aux androgènes : il inhibe à la fois la liaison des androgènes à leurs récepteurs, la translocation nucléaire des récepteurs activés ainsi que leur fixation à l’ADN. Ainsi, Xtandi ralentit la croissance des cellules cancéreuses prostatiques et induirait leur apoptose, d’où une régression de la tumeur.

Posologie

La posologie recommandée est de 160 mg d’enzalutamide par jour. Les 4 capsules de 40 mg sont à prendre en une seule fois. Elles doivent être avalées entières avec de l’eau mais peuvent être prises indifféremment au moment ou en dehors des repas.

Contre-indications

Xtandi est contre-indiqué en cas d’hypersensibilité au principe actif ou à l’un des excipients. En raison de la présence de sorbitol, Xtandi ne doit pas être administré aux personnes qui présentent une intolérance héréditaire au fructose.

Grossesse et allaitement

L’enzalutamide n’a pas vocation à être utilisé chez la femme. Lorsque l’homme est traité par Xtandi et en cas de rapport sexuel avec une femme enceinte, un préservatif doit être utilisé pendant la durée du traitement ainsi que pendant trois mois après son arrêt. Si le rapport sexuel a lieu avec une femme en âge de procréer, l’utilisation du préservatif doit être associée à une autre méthode de contraception efficace pendant le traitement et durant les trois mois qui suivent sa fin.

Effets indésirables

– Les effets indésirables les plus fréquemment observés au cours du traitement sont des bouffées de chaleur et des céphalées.

– Une neutropénie, des hallucinations visuelles, une anxiété, des troubles cognitifs ou de la mémoire, une hypertension artérielle, une sécheresse cutanée, des chutes et des fractures sont aussi fréquents.

– Des cas de convulsions ont été rapportés chez 0,8 % des patients traités par Xtandi. Le mécanisme de l’abaissement du seuil épileptogène par l’enzalutamide n’est pas connu, mais il pourrait être en lien avec une inhibition du récepteur GABA. La prudence est donc recommandée chez les patients qui ont des antécédents de convulsions ou qui présentent des facteurs de prédisposition : lésion cérébrale sous-jacente, accident vasculaire cérébral, alcoolisme…

Interactions médicamenteuses

– L’enzalutamide est un inducteur enzymatique puissant. Il peut diminuer l’efficacité de nombreux médicaments comme par exemple : analgésiques (fentanyl, tramadol…), antibiotiques (doxycycline, clarithromycine…), anticoagulants, antiépileptiques, bêtabloquants, inhibiteurs calciques, digoxine, corticoïdes, hypnotiques (diazépam, zolpidem…), statines métabolisées par le CYP3A4 (atorvastatine, simvastatine…), antirétroviraux, lévothyroxine… Le potentiel d’induction enzymatique maximal peut n’être atteint qu’après un mois de traitement et persister un mois ou plus après son arrêt. Une surveillance accrue de l’INR est préconisée lorsque Xtandi est prescrit à un patient prenant de la warfarine ou un anticoagulant coumarinique.

– Les inhibiteurs (gemfibrozil…) ou inducteurs (rifampicine…) puissants du CYP2C8 doivent être évités ou utilisés avec précaution en cas de traitement par Xtandi.

FICHE TECHNIQUE

Enzalutamide 40 mg pour une capsule molle oblongue blanche, boîte de 112 capsules, 3?374,48 €, AMM : 34009 274 324 8 4.

Remb. SS à 100 %.

Astellas Pharma 01 55 91 75 00

LE CANCER DE LA PROSTATE

Qu’est-ce que c’est ?

La prostate est un organe situé sous la vessie, en avant du rectum. Entourée d’une capsule, la prostate entoure l’urètre et est traversée par les canaux éjaculateurs qui la rejoignent. Elle est constituée par la zone périphérique, la zone centrale et la zone transitionnelle. La majorité des cancers de la prostate (3/4) touche la zone périphérique, qui est la partie postérieure de la glande. Sa proximité avec le rectum explique que la tumeur soit généralement palpable au toucher rectal. Outre le toucher rectal anormal, un cancer de la prostate peut également être suspecté après un dosage de PSA (prostate-specific antigen) anormalement élevé.

Le diagnostic peut alors être confirmé par une biopsie, réalisée sous anesthésie locale. La réalisation d’une biopsie, invasive, n’est indiquée que si le rapport bénéfice/risque attendu par l’instauration d’un traitement est positif.

Quels sont les symptômes ?

Les signes cliniques (dysurie, pollakiurie, rétention urinaire, hématurie…) n’apparaissent que tardivement : le cancer de la prostate peut rester asymptomatique des années, voire toute la vie. Le cancer de la prostate a le plus souvent une évolution lente mais certaines formes sont toutefois invasives, plus ou moins rapidement. Les signes liés au développement de métastases sont surtout des douleurs osseuses et des fractures. En effet, les métastases liées au cancer de la prostate touchent principalement les os.

Qui touche-t-il ?

Le cancer de la prostate est le plus fréquent des cancers masculins dans les pays occidentaux. Avec des taux de survie relative à 1 et 5 ans respectivement de 94 et de 80 %, il se situe au troisième rang des décès par cancer chez l’homme. Les principaux facteurs de risque sont l’âge (âge moyen du diagnostic : 71 ans), l’origine afro-antillaise et, pour environ 20 % des cancers, les antécédents familiaux.

Delphine Guilloux

DÉLIVRANCE

– Liste I.

– Prescription initiale hospitalière annuelle réservée aux spécialistes en oncologie ou aux médecins compétents en cancérologie.

– Renouvellement non restreint.

L’AVIS DE LA HAS

→ Service médical rendu important.

→ Amélioration du service médical rendu modérée (ASMR III).

→ Population cible estimée à 4 000 patients par an.

L’AVIS DU PHARMACOLOGUE Denis Richard, hôpital Laborit (Poitiers)

Enzalutamide : une réponse intéressante

• La Commission de la transparence a formulé son avis au vu des résultats de l’étude AFFIRM, une étude pivot de phase III randomisée en double aveugle versus placebo. Un total de 1 199 patients atteints d’un cancer de la prostate en progression, résistant à la castration et déjà traités par docétaxel, a été inclus : 800 dans le bras enzalutamide et 399 dans le bras placebo. L’âge médian à l’inclusion était de 69 ans, et quelque 91 % des patients présentaient un bon état général. Lors d’une analyse intermédiaire, la médiane de survie globale a été de 18,4 mois dans le groupe enzalutamide versus 13,6 mois dans le bras placebo, soit une différence de 4,8 mois en faveur du médicament actif. La médiane du temps sans progression du PSA a été de 8,3 mois dans le bras enzalutamide versus 3 mois dans le bras placebo (différence absolue de 5,3 mois) ; la médiane de survie sans progression radiographique a été de 8,3 mois dans le bras enzalutamide versus 2,9 mois dans le bras placebo (différence absolue de 5,4 mois) ; le temps de survenue du premier événement osseux a été de 16,7 mois dans le bras enzalutamide vs 13,3 mois dans le bras placebo (différence absolue de 3,4 mois). Compte tenu de la qualité des résultats intermédiaires, l’étude a été interrompue prématurément de façon à traiter les patients sous placebo par enzalutamide : l’analyse intermédiaire est devenue, de ce fait, une analyse principale.

• Notion importante en oncologie : des résultats non exhaustifs suggèrent une amélioration du score de qualité de vie chez environ 43 % des sujets traités par enzalutamide versus environ 18 % dans le bras comparateur. Le pourcentage de patients ayant présenté au moins un événement indésirable de grade ≥ 3 a été de 45,3 % dans le bras enzalutamide et de 53,1 % dans le bras placebo.

Dites-le au patient

– Toute dose oubliée doit être administrée aussi près que possible de l’heure de prise habituelle. Toutefois, en cas d’oubli pendant toute une journée, le traitement sera repris le lendemain seulement, à la posologie habituelle.

– En raison de la possibilité de convulsions, attention lors de la conduite de véhicules ou de l’utilisation de machines, notamment chez les personnes à risque !

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