ÇA CHAUFFE EN ÎLE-DE-FRANCE ! - Le Moniteur des Pharmacies n° 3020 du 22/02/2014 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3020 du 22/02/2014
 
RÉFORME DE LA RÉMUNÉRATION

L’événement

Auteur(s) : François Pouzaud

Alors que les présidents de la FSPF et de l’USPO, divisés sur le protocole d’accord, sillonnent la France pour présenter la réforme de la rémunération, les syndicats de pharmaciens d’Ile-de-France, réunis en intersyndicale, montrent également des divisions. Face à cette cacophonie, la base risque de ne plus savoir quoi penser.

Décidément, les tentatives d’intersyndicale sont vouées à l’échec et les débats sur la nouvelle rémunération divisent plus qu’ils ne rassemblent?! Après celui, au niveau national, de l’intersyndicale en septembre dernier, six mois plus tard, c’est au tour de l’intersyndicale entre les syndicats de pharmaciens d’Ile-de-France FSPF, USPO et UNPF de connaître le même échec.

Tout a commencé avec un communiqué de presse du 13 février de l’UNPF annonçant l’insatisfaction des représentants des trois syndicats de l’Ile-de-France quant à la réforme proposée par la CNAM. En effet, dans un courrier rédigé le 20 janvier 2014 et repris dans le communiqué, les élus interpellent les trois présidents nationaux en sollicitant des éclaircissements sur les zones d’ombre et points qui posent problème dans cette réforme (sort des remises génériques, plafonnement de la marge des médicaments les plus onéreux, insuffisance de garanties données par l’Etat…). Ce courrier revendique en particulier une modification de la rémunération par étapes avec des objectifs chiffrés et consolidés et des évaluations permettant de connaître l’incidence réelle sur l’économie des officines.

Une guerre de communication totale

Face à cette demande d’éclaircissements, seules l’USPO et l’UNPF ont répondu au courrier commun des syndicats franciliens. La FSPF, elle, s’est abstenue mais, face à la requête pressante d’explications de ses représentants régionaux, a convoqué à la hâte, le 28 janvier dernier, tous les bureaux et présidents FSPF d’Ile-de-France. « Nous étions contre la diffusion de cette lettre car nous avons eu toutes les réponses aux réflexions et questions que nous avions soulevées, et avons été rassurés par les analyses microéconomiques et macroéconomiques qui nous ont été présentées », réagit Andrée Ivaldi, présidente de la chambre syndicale des pharmaciens de Paris (rattachée à la FSPF), qui a également démenti tout ralliement de la FSPF Ile-de-France à la position de l’UNPF. « Il faut arrêter les buzz démagogiques sur les risques supposés du protocole d’accord. Les études faites par la FSPF permettent d’engager avec confiance les pharmaciens sur ce protocole, et de protéger les 4 000 pharmacies qui ne pourront pas faire face aux baisses de CA si rien ne bouge. L’UNPF représente essentiellement des grandes pharmacies dont la situation financière, plus favorable, leur permet d’attendre plus longtemps l’arrivée des honoraires », tranche-t-elle. Anne Montfajon, présidente du syndicat des pharmaciens du Val-d’Oise (branche FSPF) enfonce le clou? : « Nous ne partageons pas ce communiqué de presse usurpé de l’UNPF, qui a pris la liberté de publier un document de travail interne destiné aux présidents nationaux. »

Pourtant, tout est parti d’une bonne intention. « Le but de cette action commune était de donner aux trois présidents de syndicats l’occasion de lever les inquiétudes des pharmaciens qui veulent être rassurés sur l’évolution du métier et de donner des réponses concrètes sur la façon d’intégrer les honoraires dans le prix du médicament, sur le taux de TVA qui sera appliqué aux honoraires, etc. Mais nous n’avons eu aucun retour de la FSPF sur tous ces points problématiques », reproche de son côté Eric Myon, président de l’UNPF Ile-de-France. Patrick Zeitoun, président de l’Union des pharmaciens de la région parisienne (branche USPO), regrette, lui, la maladresse de l’UNPF et la volte-face de la FSPF : « La Fédération cherche une mauvaise querelle et fait échouer l’occasion d’apporter des réponses et une vision claire sur une réforme aussi importante. »

Peu importe ! N’ayant pas signé le protocole d’accord, l’UNPF mise désormais sur la vox populi. « La seule possibilité pour modifier ce protocole d’accord serait une mobilisation des pharmaciens », a reconnu fin janvier Michel Caillaud, conseiller chargé de l’économie à l’UNPF. Les deux syndicats minoritaires ne peuvent plus compter, maintenant, que sur le rejet massif des pharmaciens pour espérer encore peser sur les négociations. L’enquête en ligne de l’USPO montre que, sur près de 1 800 réponses, 90 % des pharmaciens sont opposés à des honoraires de 1 € à la boîte.

La cacophonie syndicale fait désordre

Au moment où les pharmaciens ont besoin de se faire leur propre opinion sur le protocole d’accord, la bataille de la communication, que se livrent à distance les présidents de la FSPF et de l’USPO, par tour de France interposé, avec des sons de cloche bien différents concernant la présentation de la nouvelle rémunération, fait désordre. Et risque de semer davantage le trouble sur une réforme qui devrait recueillir l’adhésion de la profession tout entière.

Le président de l’USPO, Gilles Bonnefond, dont la réponse est en ligne sur le site du syndicat, accuse la FSPF de mener avec l’Assurance maladie des négociations séparées et de vendre une réforme en trompe-l’œil. « Elle se rend complice d’une manœuvre pour éviter que les autres syndicats soient à la table des discussions et proposent de nouvelles approches. » De son côté, Philippe Gaertner, président de la FSPF, se défend de la communication tardive : « Nous n’étions pas en mesure d’informer nos confrères tant que nous n’étions pas fixés sur l’évolution de la rémunération, ce qui a été le cas entre la séance du 18 décembre, aboutissant à un constat d’échec, et la signature du protocole d’accord du 9 janvier. Lors du tour de France entrepris pour expliquer le protocole d’accord et l’impact de la nouvelle rémunération, les pharmaciens ont compris que cette réforme ne constitue qu’une étape intermédiaire qui permet d’envisager la suite », à savoir une évolution vers les honoraires à l’ordonnance qui permettra de déconnecter la rémunération des volumes.

L’ESSENTIEL

• 3 janvier : l’USPO lance une consultation inédite en ligne sur la réforme de la rémunération des pharmaciens.

• 9 janvier : la FSPF et l’USPO ont signé le protocole d’accord sans l’UNPF.

• 30 janvier : l’UNPF persiste et veut encore faire bouger les lignes.

• 3 février : l’USPO, très réservée sur le div, dévoile les premiers résultats de son sondage en ligne.

• 6 février : la FSPF démarre son tour de France dans 12 villes.

• 7 février : l’USPO prévoit 11 réunions dans toute la France.

Remises génériques : les consultations ont démarré

La FSPF est le premier des trois syndicats à avoir été reçu par le ministère de Santé dans le cadre de la concertation préalable à la fixation d’un nouveau plafond par arrêté interministériel. « Nous avons rappelé qu’il fallait garder un taux incitatif pour les pharmaciens et réitéré notre demande de transformation d’une partie des ressources issues des contrats de coopérations commerciales en honoraires conventionnels dès que cela sera possible », précise Philippe Gaertner, qui rejoint donc la proposition de l’UNPF.

Lors de cette réunion bilatérale, « l’USPO demandera le maximum, soit 50 % de remises, avant d’envisager de les transférer sur de nouvelles missions. Mais si la profession avance divisée, le résultat risque d’être éloigné des 50 % ! », prévient Gilles Bonnefond, président de l’USPO.

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