« Une mesure idéologique » - Le Moniteur des Pharmacies n° 3018 du 08/02/2014 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3018 du 08/02/2014
 
CHRISTIAN LAJOUX, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE SANOFI FRANCE

L’événement

Auteur(s) : Chloé Devis

LE MONITEUR DES PHARMACIES : Quelles remarques avez-vous transmises à l’ANSM dans le cadre du projet de création d’un groupe générique du paracétamol ?

CHRISTIAN LAJOUX : Nous avons répondu, comme il nous l’est demandé, sur le terrain de la santé publique et de la cohérence pharmaceutique, mais en faisant valoir également une dimension politique. Tout d’abord, il existe aujourd’hui une gamme très large de paracétamols avec des caractéristiques techniques, des dosages et des notices bien distincts. La priorité est donc à nos yeux d’harmoniser les produits et les usages sur le plan de la pharmacovigilance, un point sur lequel nous avons alerté l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé [ANSM] depuis plusieurs mois. Ensuite, sur le terrain de la sécurité sanitaire, le fait d’avoir deux acteurs du paracétamol français avec un outil de production pharmaceutique de qualité pour répondre en toute sécurité aux besoins des patients sur le territoire est un atout précieux pour le pays en cas d’épidémie. Rappelons-nous qu’à l’époque du virus H1N1 le gouvernement nous avait demandé de doubler voire tripler notre production. C’est aussi la garantie d’une indépendance stratégique qui serait fragilisée si le projet de l’ANSM est acté.

En quoi le projet d’inscription du paracétamol au Répertoire des génériques menace-t-il directement votre activité ?

Nous craignons cette disposition pour deux raisons : l’incompressibilité du prix fabricant, sachant que la moitié du prix public passe dans le circuit de distribution, conjuguée au fait que la substitution va vider nos usines de leurs volumes. On nous dit qu’il s’agit de mettre fin à un privilège, mais pour nous il s’agit avant tout d’une mesure idéologique qui ne repose pas sur des fondements cohérents. Nous sommes engagés depuis 2003 dans une politique conventionnelle avec le Comité économique des produits de santé [CEPS] qui a permis de faire baisser de 30 % le prix de Doliprane tout en préservant notre chaîne industrielle. De surcroît, nous avons appris la nouvelle alors même que nous étions en train de négocier une nouvelle baisse. Le projet de l’ANSM s’apprête à casser ces équilibres sans que ni le patient ni la Sécurité sociale n’en sortent gagnants. Rappelons que notre forte consommation de paracétamol est une chance : il s’agit tout à la fois d’un des médicaments les moins chers, avec un SMR important, une action efficace et rapide pour soulager et très peu d’effets secondaires si l’on respecte les précautions d’emploi. C’est donc un produit qui évite le recours à des antalgiques de palier 2, deux fois plus chers et avec davantage d’effets secondaires.

Quels seraient les enjeux d’un déremboursement de Doliprane tel que vous l’avez évoqué ?

Notre premier souhait est de s’en tenir au statu quo. Mais nous sommes prêts à réfléchir à la perspective d’une automédication raisonnée, comme le demandent une partie des officines et des consommateurs. Cette démarche se ferait en concertation avec les autorités sanitaires et le CEPS afin d’en assurer la sécurisation, sans exclure de garder des formes remboursables du médicament pour les pathologies lourdes. L’incidence serait faible pour les pharmacies, sachant qu’à partir de 2015 elles toucheront le forfait de 1 €. Il faut savoir que dans les autres pays, le paracétamol n’est déjà plus remboursé, et son prix comparable à ceux pratiqués chez nous.

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