L’allergie au lait de vache - Le Moniteur des Pharmacies n° 3016 du 25/01/2014 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3016 du 25/01/2014
 

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Formation

Auteur(s) : Eva Biniguer

Qu’est ce que c’est ?

• L’allergie au lait de vache est une réaction d’hypersensibilité vis-à-vis des protéines contenues dans le lait. Elle touche 2 % des nourrissons. Deux mécanismes immunoallergiques peuvent intervenir : une réaction immédiate IgE-dépendante ou une réaction retardée non IgE-dépendante impliquant des lymphocytes T et des cytokines.

Quels sont les symptômes ?

• Majoritairement des troubles digestifs : vomissements, diarrhées explosives dans les minutes ou l’heure suivant l’ingestion, ou à retardement, reflux sévère, coliques, diarrhées chroniques.

• Une urticaire aiguë ou un eczéma persistant y sont souvent associés.

• D’autres manifestations allergiques plus tardives peuvent confirmer le terrain atopique : asthme, rhinoconjonctivite.

• L’œdème généralisé ou le choc anaphylactique, survenant quelques minutes après l’ingestion, sont rarissimes mais font la gravité de la maladie.

Comment la diagnostiquer ?

• Le tableau clinique et la chronologie par rapport à l’absorption de lait poussent à évoquer une allergie aux protéines de lait de vache (APLV). Une enquête alimentaire est alors effectuée et les antécédents familiaux d’atopie sont recherchés.

• Des tests cutanés sont ensuite réalisés : les prick-tests pour détecter l’hypersensibilité immédiate et les patch-tests pour détecter l’hypersensibilité retardée. Les prick-tests consistent à piquer la peau à travers une goutte d’un panel d’allergènes. La lecture du test est réalisée après 15 minutes. Les patch-tests (Diallertest) consistent à appliquer des allergènes via une cupule dans le dos. A J2, la cupule est retirée et la lecture est faite à J3.

• Le dosage sanguin des IgE est réalisé uniquement si les tests cutanés sont anormalement négatifs ou pour le suivi des formes sévères.

Quelle est l’évolution ?

• L’APLV disparaît dans 80 % des cas durant l’enfance. Une tolérance vis-à-vis des protéines de lait de vache est généralement acquise entre 12 et 18 mois.

A cet âge, une épreuve de réintroduction est réalisée en milieu hospitalier. Si la tolérance est acquise, un régime alimentaire normal peut reprendre avec un protocole d’augmentation de la charge allergénique. Sinon, l’exclusion est poursuivie pendant six mois, et une nouvelle épreuve de réintroduction sera effectuée.

Quelle est la conduite à tenir ?

• Exclusion absolue de tous les produits contenant du lait de vache (laitages, fromage, crème, beurre) jusqu’à l’âge de 1 an, voire 2 ans.

• Eviction du lait d’autres mammifères (chèvre, brebis) et des préparations à base de soja pour prévenir une allergie croisée.

• Chez le nourrisson, privilégier l’allaitement maternel exclusif. En cas d’allaitement artificiel, les laits HA (protéines partiellement hydrolysées) et les laits appauvris en lactose ne peuvent pas être utilisés. Seuls les hydrolysats poussés des protéines sont autorisés : hydrolysats de caséine (Nutramigen LGG, Pregestimil, Allernova), hydrolysats de protéines solubles du lait de vache (Pepti-Junior, Galliagène) ou de riz (Modilac Expert Riz). En cas de persistance des symptômes sous hydrolysat, un substitut à base d’acides aminés libres sera prescrit : Neocate, Nutramigen AA.

• Chez l’enfant diversifié, exclure les produits laitiers et les préparations industrielles contenant des dérivés lactés. Faire preuve d’une grande vigilance face aux allergènes cachés.

Connaître les termes témoignant de la présence de protéines de lait de vache : produits contenant caséine, lactalbumine, lactoglobuline et sérumalbumine.

Sources : Antoine Bourrillon, Grégoire Benoist, Pédiatrie, collection « Abrégés connaissances et pratique », Elsevier Masson, 5e édition, 2011 ; Vidal 2013 ; sites Internet : http://bit.ly/KrSJFI, mars 2012 ; http://bit.ly/1hGauwL

EN PRATIQUE

• Orienter vers une consultation si suspicion. Les laits HA ne sont pas adaptés.

• Les hydrolysats sont remboursés :

– Nutramigen LGG 1, Pregestimil, Allernova AR : LPPR 13,80 euros ;

– Nutramigen LGG 2 : LPPR 11,96 euros ;

– Galliagène : LPPR 15,64 euros ; – Neocate : LPPR 42,70 euros ;

– Nutramigen AA: LPPR 46,47 euros. –

• Supplémenter en calcium l’enfant diversifié.

• Constituer une trousse d’urgence (antihistaminique, corticoïdes voire Anapen) pour l’enfant.

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