CEUX QUI ONT OUVERT LA ROUTE TÉMOIGNENT - Le Moniteur des Pharmacies n° 3016 du 25/01/2014 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3016 du 25/01/2014
 
DRIVE

Entreprise

Auteur(s) : Marie Luginsland

S’inspirant de la grande distribution et de la restauration rapide qu’elles côtoient souvent, les officines sont de plus en plus nombreuses à ouvrir un drive. S’il ne faut pas en attendre un retour sur investissement immédiat, cette installation conduit à un mode d’exploitation inédit. Et véhicule une nouvelle image de l’officine, moderne et dynamique.

Le drive s’est définitivement imposé au paysage commercial français. On estime à 2 500 le nombre d’hypermarchés qui s’y sont convertis et à 25% le taux de consommateurs qui s’y approvisionnent régulièrement. Les pharmaciens sont de plus en plus nombreux à l’avoir adopté. Autrefois réticents à « désacraliser » ainsi l’institution qu’est la pharmacie en lui appliquant les méthodes du fast-food ou des grandes et moyennes surfaces, certains titulaires trouvent désormais une bonne raison d’ouvrir un drive au gré d’un transfert, d’une création ou tout simplement de travaux.

Un service apprécié par les jeunes mamans

Le premier motif invoqué est celui de l’accessibilité des personnes à mobilité réduite. S’il est indéniable que le drive rend un service incommensurable aux patients handicapés, les personnes âgées semblent moins sensibles à cette installation. Un constat partagé par tous les titulaires, à l’instar de Sylvain Mette, pharmacien à Graulhet (Tarn) « Les personnes âgées ont besoin de lien social et l’officine représente un lieu de rencontres et d’échanges auquel elles ne veulent pas renoncer », observe le titulaire de la Pharmacie de Crins qui a ouvert un drive cet été, s’inspirant de l’exemple de la boulangerie toute proche (voir Le Moniteur n° 3006).

Cette évolution du commerce de proximité est en revanche très prisée des jeunes mamans qui échappent ainsi aux fastidieuses manipulations des bébés – surtout lorsqu’ils sont malades – en siège auto. Le drive permet ainsi à ces titulaires d’étendre leur zone de chalandise et, en milieu rural, d’exercer un pouvoir d’attraction sur les communes environnantes. Cette extension du domaine de l’officine peut alors venir compenser l’absence d’achats impulsifs induite de facto par le drive. Philippe Desort, qui a intégré le drive à son officine en zone franche urbaine à Douchy-les-mines (Nord) il y a quatre ans, relativise cependant cette perte des ventes associées. « Si votre officine réalise, comme la mienne, 93 % de son chiffre avec les ordonnances, le drive n’apportera aucune vente associée », affirme-t-il. Le pharmacien se félicite, au contraire, de capter une nouvelle clientèle.

Un système de commandes à distance

Le drive constitue également une solution à la pénurie de parkings en centre-ville. La Pharmacie des Oiseaux, à Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire), a ainsi trouvé la parade en installant un drive il y a sept ans. « Il existait déjà dans l’officine que nous avons reprise il y a deux ans et nous essayons désormais de le développer. Jusqu’à présent ce sont surtout les jeunes mamans qui l’utilisent », tient à préciser Laure Lagneau, la titulaire. Sur le site Internet de cette officine, on expose d’ailleurs clairement les conditions générales de l’achat par drive et un formulaire spécial « service drive » pour l’envoi des commandes.

Car pour éviter les embouteillages, les titulaires ont mis en place un service de commandes à distance par fax, mail, téléphone ou encore par smartphone. C’est l’option choisie par Philippe Desort via l’application « Ma Pharmacie mobile ». En effet, un point essentiel distingue le drive de la pharmacie de celui de McDo ou d’un autre commerce. Ceux-ci prévoient l’opération en deux étapes : une commande à la borne interphone et une livraison au guichet. Or, le pharmacien ne peut servir qu’en visualisant l’ordonnance, les prescriptions restant majoritaires dans les passages aux drives. Les guichets de ces drives sont donc aménagés pour faciliter l’échange, avec une fenêtre et/ou un tiroir. Bien souvent ce dispositif sert également pour les gardes. « Nous avons ainsi moins de scrupules à faire attendre les gens dehors en hiver ! », fait ainsi remarquer une titulaire.

Un investissement moyen de 15 000 euros

Autre signe distinctif des drives d’officine, ils doivent pouvoir permettre le conseil et garantir la confidentialité. Pas question donc d’installer un micro à l’instar des chaînes de restauration ! « Après avoir pensé tout d’abord à un détecteur, j’ai finalement installé une sonnette en veillant à ce qu’elle soit accessible aux personnes en monospace ! », explique Philippe Desort. La confidentialité du guichet est d’ailleurs telle que certains patients ont recours au drive pour se faire délivrer du Viagra ou de la méthadone ! Mais, en dépit du service qu’il véhicule, le drive reste en officine une activité marginale ne nécessitant ni la mise à disposition d’un poste de travail, ni un dispositif lourd. Souvent installé aux côtés du préparatoire ou de la réserve, le service au drive est assuré par le personnel en back-office.

A Graulhet, par exemple, il est attenant au local d’orthopédie et sa construction a nécessité uniquement la modification d’une vitrine. « J’ai seulement fait des travaux de terrassement et ajusté l’interphone », précise Sylvain Mette, le titulaire de Graulhet, qui a investi 15 000 euros dans son drive. Un chiffre moyen d’investissement confirmé par l’architecte lillois Daniel Schietse. Sylvain Mette insiste sur la nécessité de ne pas engager de travaux trop lourds pour un investissement dont on ne peut estimer les retombées. Car rares sont les officines qui comptent davantage de cinq clients par jour au guichet de leur drive. « Il faut le voir avant tout comme un service », assure-t-on dans deux officines du Centre. Leurs titulaires préfèrent conserver l’anonymat pour ne pas éveiller les jalousies. Car si sa fréquentation reste faible, le drive n’en est pas moins suspecté par les concurrents de capter une clientèle jeune et mobile.

Exemptés par la loi Duflot, les drives en officine demeurent une opération simple

Les drives d’officine ne tombent pas sous le coup de la loi Duflot adoptée fin octobre par le Sénat. Celle-ci encadre désormais strictement la construction des drives en les soumettant à une demande d’autorisation de surface commerciale. Or, les drives d’officine étant pleinement intégrés à un magasin existant ils n’entraînent pas la création d’une surface commerciale supérieure à 200 m2. Ils peuvent donc continuer à se contenter d’une simple demande de déclaration de travaux liée à la modification d’une façade. Le motif ? Certains titulaires prédivnt un meilleur dispositif de gardes, d’autres bénéficient même du soutien de l’ARS dans le cadre d’une amélioration de l’accessibilité. Mais la principale contrainte liée à la construction d’un drive reste l’accès en véhicule de l’une des façades de l’officine. « Parfois il s’agit juste de remanier le fléchage de la voirie ou de modifier une fenêtre. La solution idéale est un accès par le back-office, et donc au stock », conseille Damien Schietse, architecte à Lille, qui compte l’aménagement de quelques drives à son actif.

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