LES STOMIES - Le Moniteur des Pharmacies n° 3015 du 18/01/2014 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3015 du 18/01/2014
 

Cahiers Formation du Moniteur

Conseil

COLOSTOMIE

« Ma stomie interdit-elle une grossesse ? »

COLOSTOMIE

Description

La colostomie est l’abouchement chirurgical du gros intestin à la paroi de l’abdomen. Cette dérivation du côlon permet d’évacuer, de manière non contrôlée, les selles et les gaz à travers une ouverture pratiquée sur la peau de la paroi abdominale. Elle peut être provisoire (stomie latérale) ou définitive (stomie terminalisée).

Indications

La colostomie est indiquée lors de pathologies inflammatoires ou infectieuses de l’intestin et du rectum (maladie de Crohn, occlusion, perforation, diverticulite), en protection d’une suture intestinale fragile (anastomose), dans les pathologies malignes (cancer du côlon), en cas de blessure ou à cause d’une malformation chez le nouveau-né (imperforation anale).

Localisation

• La localisation dépend de l’indication de la colostomie et prend en considération certains paramètres tels la morphologie, le relief de l’abdomen, la zone de l’ombilic, la présence de cicatrice ou de plis cutanés.

• La consistance des matières fécales et leur fréquence d’évacuation sont différentes selon la localisation de la colostomie et interviennent dans le choix de l’appareillage. Plus le contenu intestinal progresse vers le rectum, plus la réabsorption de l’eau et des électrolytes est importante. Les selles sont alors moins volumineuses et plus solides.

LE MATÉRIEL UTILISÉ

En fonction de la fréquence des changements de poche et de l’état de la peau autour de la stomie, du mode de vie et de la dextérité du sujet, le choix se porte sur un système en une ou deux pièces.

Système une pièce

• Le support protecteur adhésif est solidaire de la poche de recueil. Ce système monobloc s’applique ainsi directement autour de la stomie. Il a l’avantage d’être souple et discret sous les vêtements. La nécessité de retirer le système tous les jours ou plus souvent, à chaque fois que la poche est remplie, peut provoquer des irritations péristomiales.

• Les principaux systèmes une pièce sont les suivants : Flexima Active (B. Braun), Sensura Mio (Coloplast), Colodress Plus (Convatec), Moderma Flex (Hollister)…

Système deux pièces

• Support et poche sont indépendants. Le support adhésif est fixé autour de la stomie et reste en place 2 à 4 jours. La poche est changée facilement et autant de fois que nécessaire. Elle s’adapte sur le support par adhérence ou par emboîtement.

• Fixation par adhérence : Esteem Synergy (Convatec), Flexima Key (B. Braun), Sensura Flex (Coloplast). Le support possède une large surface d’adhérence sur laquelle vient se fixer la poche de recueil grâce à un anneau en mousse adhésive renforcée. L’avantage de ce système est sa souplesse et son confort.

• Fixation par emboîtement : Almarys Twin (B. Braun), ConSecura (Convatec), Conform 2 (Hollister). Le support possède une bague de fixation sur laquelle vient se clipper la poche de recueil. Un clic signale que la poche est correctement fixée, avec souvent un mécanisme de verrouillage pour une plus grande sécurité. C’est un système plus rigide et plus sécurisant.

Poche de recueil

• Fabriquée dans un voile plastique étanche, elle est généralement doublée d’un voile imperméable en non-tissé afin d’éviter une irritation cutanée.

• Elle est soit transparente (pratique pour suivre l’évolution de la stomie les premiers jours d’appareillage), soit opaque. Elle existe sous différentes contenances (340, 550, 700 ml…). Son choix dépend de la consistance des selles et de leur fréquence d’émission. Elle est fermée ou vidable, à la fois sur les systèmes une pièce et sur les systèmes deux pièces.

• La poche fermée est entièrement scellée. On l’utilise pour des selles solides et peu abondantes ou pour des selles pâteuses. Un filtre à charbon actif permet l’évacuation des gaz intestinaux vers l’extérieur en retenant les odeurs. La poche est changée, de façon simple et rapide, dès qu’elle est pleine à moitié et de préférence avant les repas. Ce type de poche est préconisé pour les colostomies gauches.

• La poche vidable est munie dans sa partie basse d’un système ouverture/fermeture par Velcro ou par clamp (pince) permettant de la vider sans avoir besoin de l’enlever, en s’asseyant sur la cuvette des toilettes. Ce type de poche est conseillé pour les selles liquides à semi-liquides des colostomies droites ou en cas de diarrhées. Elle est vidée toutes les 3 heures et changée toutes les 24 heures.

Le support

• Elément adhésif placé sur la peau, il permet de fixer la poche de recueil. Afin d’assurer une parfaite étanchéité, il s’adapte à la stomie selon sa forme et son diamètre grâce à une ouverture prédécoupée ou à découper selon un guide de découpe, avec une marge de 3 à 5 mm.

• Le support doit avoir une bonne adhésivité et une bonne tolérance cutanée. Généralement constitué de gommes synthétiques hydrocolloïdes, il peut être modelable, plan ou semi-convexe à convexe dans le cas de stomie plane, rétractée ou invaginée.

L’IRRIGATION COLIQUE

• L’irrigation colique est un lavement évacuateur du côlon par injection d’eau tiède permettant une absence d’évacuation de selles pendant 2 à 3 jours.

• Un manchon est fixé autour de la stomie avec son extrémité inférieure placée dans la cuvette des WC. L’eau, environ 700 ml, est administrée par la stomie grâce à un réservoir d’irrigation muni d’une tubulure. La totalité du contenu colique est évacuée dans la cuvette par l’intermédiaire du manchon. Une nouvelle irrigation est pratiquée tous les 2 à 3 jours.

Les conditions

• Avoir une colostomie gauche descendante ou sigmoïdienne.

• Avoir des selles solides.

• Ne pas souffrir de hernie ou d’un prolapsus (comme l’extériorisation d’une partie de l’intestin hors de la paroi abdominale) et ne pas subir de radiothérapie ou de chimiothérapie.

• Disposer d’une trousse d’irrigation adaptée : Iryflex (B. Braun), Coloplast irrigation, Visiflow (Convatec)…

Les principales contraintes

• Le processus complet dure 45 à 60 min. Il doit être effectué régulièrement et si possible à la même heure, l’intestin s’adaptant à un certain rythme d’évacuation.

• Il nécessite un minimum d’installation pour effectuer l’irrigation.

• Un retour à un appareillage classique est nécessaire en cas de diarrhée.

• L’avantage est une certaine forme de continence avec une évacuation contrôlée des selles et un meilleur confort par le port de minipoche ou de tampons obturateurs entre chaque irrigation. Il n’y a pas de problème de fuite ni d’accumulation de gaz.

CONSEILS PRATIQUES

Changement de poche

• Le changement de poche peut s’effectuer en principe partout et rapidement.

• Prévoir le matériel nécessaire : poche ou appareillage de rechange, compresses en non-tissé, mouchoirs jetables, ciseaux et sac étanche pour recueillir les poches utilisées.

• Après un lavage des mains, décoller doucement la poche ou le support en tirant de haut en bas d’une main, tout en maintenant la peau péristomiale de l’autre main, et les jeter dans un sac hermétique.

• Eliminer les résidus de selles puis laver délicatement, par mouvements circulaires, la stomie et la zone péristomiale à l’aide de compresse et d’eau tiède, avec éventuellement un savon neutre. Bien rincer et sécher en tamponnant.

• Avant de retirer le film protecteur du support, le poser une minute sur le corps afin d’activer l’adhésivité. Dans le cas d’un système une pièce, coller l’ensemble autour de la stomie en partant du bas vers le haut et en lissant bien la zone péristomiale du centre vers les bords. Pour un deux pièces, procéder de la même façon pour le support, puis fixer la poche en contrôlant sa bonne fixation.

Toilette

• La toilette de la stomie se fait comme n’importe quelle autre partie du corps, à condition de le faire en douceur, sans utiliser de produits susceptibles d’empêcher une bonne adhérence de l’appareillage sur la peau (gel ou savon surgras, crème grasse, lait de toilette…) ou de produits irritants (alcool, éther, éosine…).

• La stomie n’est pas une plaie, elle est insensible au toucher mais elle très vascularisée. Ceci explique les petits saignements en cas de frottements.

• On peut se doucher sans l’appareillage (il suffit dans ce cas de choisir un moment où la stomie a le moins de risque de fonctionner : à jeun, à distance des repas ou avec l’appareillage (à condition de placer sur le filtre une pastille couvre-filtre fournie avec la poche).

CONSEILS ALIMENTAIRES

Recommandations

• Eviter tout ce qui peut empêcher le bon fonctionnement de la stomie comme l’excès de poids (les replis abdominaux empêchent une bonne obturation de la stomie) ; choisir une alimentation équilibrée et bien tolérée par le sujet.

• Tout nouvel aliment est rajouté progressivement. Fractionner les repas et bien mâcher les aliments afin d’éviter une obstruction de la stomie, manger lentement pour ne pas avaler trop d’air qui accentuerait une flatulence.

• Boire 2 à 3 litres par jour (eau, thé ou tisane) et limiter certains aliments ou boissons susceptibles de trop acidifier les selles pouvant irriter la peau (agrumes et jus de fruits, vinaigre…).

Aliments à privilégier

Généralement les aliments riches en féculents (riz, pain, pâtes…), auxquels sont ajoutés progressivement la viande, le poisson ou les œufs, ainsi que les aliments riches en fibres tels que les fruits et légumes, à moduler selon la tolérance individuelle et la consistance des selles.

A consommer avec modération

• Les aliments trop fibreux qui augmentent le volume des selles (ananas, asperges).

• Les aliments riches en grains ou pépins qui peuvent provoquer une obstruction (mûres, figues, céréales complètes…).

• Certains aliments peuvent générer des odeurs (oignons, œufs, choux…) ou plus de gaz (choux, concombre, champignons, boissons gazeuses…).

Situations particulièresEn cas de selles dures

Augmenter la consommation de fruits frais, de pruneaux ou jus de pruneau, de raisin ou jus de raisin, d’épinards, boire davantage…

En cas de selles molles

Augmenter la consommation d’aliments qui peuvent les épaissir comme le riz, les pâtes et les bananes.

ILÉOSTOMIE

« Ma poche est souvent très gonflée »

ILÉOSTOMIE

Description

• L’iléostomie est l’abouchement chirurgical d’une anse de l’iléon à la paroi abdominale. Elle permet de recueillir les matières fécales et les gaz en évitant leur passage dans le côlon. Cette évacuation non contrôlée nécessite le port de poche de recueil.

• L’iléostomie peut être permanente ou temporaire (on parle d’iléostomie conservatoire ou de décharge). L’abouchement est de type terminal lorsque le segment intestinal est divisé en 2 sections distinctes et seule la partie proximale est abouchée à la peau. L’abouchement est de type latéral lorsqu’une anse intestinale tirée à l’extérieur de la paroi abdominale, est partiellement sectionnée, créant une stomie à deux orifices. Comme toutes les stomies, elle est normalement de coloration rouge et insensible.

• L’iléon est le lieu d’absorption des nutriments assimilables, issus de la transformation finale du bol alimentaire sous l’action d’enzymes. Le bol fécal ainsi formé est constitué de résidus non digestibles de consistance semi-liquide, riches en enzymes et sucs digestifs. C’est au cours de sa progression dans le côlon, où s’effectue la réabsorption de l’eau et des électrolytes, qu’il s’épaissit pour former des selles moulées.

Indications

L’iléostomie est pratiquée lorsque le passage des matières fécales est impossible dans le côlon. Les principales indications sont les maladies inflammatoires de l’intestin (maladie de Crohn, colite ulcéreuse, diverticule), les cancers colorectaux, les traumatismes ou les malformations congénitales chez les nouveau-nés et les enfants.

LE MATÉRIEL UTILISÉ

En raison de la présence d’enzymes digestives rendant les selles très irritantes, l’orifice de la stomie dépasse en relief 1 à 2 cm à l’extérieur de la paroi abdominale afin que les matières puissent s’écouler dans la poche de recueil sans contact avec la peau péristomiale.

Choix du type d’appareillage

L’appareillage, comme pour les colostomies, peut être un système monobloc d’une pièce ou un système à deux pièces constitué d’un support protecteur et d’une poche de recueil à fixer. Ce dernier type d’appareillage, dans lequel le support reste en place 2 à 4 jours, est particulièrement adapté aux iléostomies et aux peaux sensibles.

La poche de recueil

L’iléostomie génère une libération imprévisible de selles volumineuses, liquides à semi-liquides. Les poches les mieux adaptées, pour les systèmes à une ou deux pièces, sont des poches vidables, de préférence à clamp, ou à bouchon avec valve antireflux ; elles ont un filtre, éventuellement interchangeable, pour éliminer les gaz et retenir les odeurs (Sensura Flex, Combihésive, Flexima Keys, Biotrol Système 2 Ileo, Natura Haut Débit).

Les supports

• En raison du caractère agressif des selles, la peau péristomiale doit être bien isolée des effluents. C’est le rôle des supports protecteurs adhésifs pour lesquels le diamètre d’ouverture doit s’adapter aux dimensions et à la forme de la stomie, avec une marge de 2 à 3 mm. Ils sont découpables ou prédécoupés.

• Certains supports ne nécessitant aucune découpe peuvent être ajustés par étirement (Forma Flex, Hollister).

• Afin d’améliorer l’étanchéité de l’appareillage tout en préservant une bonne tolérance cutanée, les laboratoires proposent une série d’accessoires : supports modelables, plaques ou anneaux protecteurs, poudre ou pâtes de raccord (voir tableau ci-contre).

Spécificité chez l’enfant

• La stomie (colostomie, iléostomie ou urostomie) peut être pratiquée chez le nouveau-né, le nourrisson ou l’enfant atteint de malformations anorectales ou d’anomalies de fonctionnement congénitales, de maladies inflammatoires ou à la suite de traumatismes. Ces stomies sont dans la majorité des cas temporaires, jusqu’à rétablissement ou développement de la continence.

• Les laboratoires proposent une gamme spécifique d’appareillage ou d’accessoires pédiatriques : Biotrol Système 2 pédiatrique (B Braun), Pouchkins (Hollister). Ces systèmes tiennent compte de la taille ou du poids de l’enfant avec des poches et supports de petites dimensions.

• Les soins prennent en considération la plus grande perméabilité de la peau du nourrisson aux composants chimiques et une plus grande vulnérabilité au traumatisme lors du retrait du support adhésif.

• En raison des risques de déshydratation rapide chez le nourrisson, toute modification d’aspect ou de volume des selles dans la poche de recueil doit amener à consulter un médecin.

CONSEILS

Changement d’appareillage

• Le changement dépend du type d’appareillage. Dans le cas d’un système monobloc à poche vidable pour iléostomie, le changement s’effectue au moins une fois par jour et la poche est vidée plusieurs fois par jour selon les besoins. Le système à deux pièces permet de laisser en place le support protecteur pendant 3 à 4 jours, la poche est changée au moins une fois par jour et vidée à chaque fois qu’elle est pleine au tiers ou à moitié.

• Le moment choisi est celui durant lequel la stomie est la moins productive, par exemple le matin avant le petit déjeuner ou à distance des repas, ce qui facilite les soins.

• Le changement peut être dicté par certaines situations : une poche gonflée par une forte production de gaz ou parce que le filtre est moins efficace, une peau péristomiale irritée ou un support protecteur dégradé.

Irritations cutanées

• Elles se manifestent sur la peau péristomiale par des rougeurs, accompagnées ou non de démangeaisons, ou par une excoriation. Un changement de poche trop fréquent, une fuite de selles due à un mauvais ajustement du support protecteur, une intolérance au matériel utilisé…

• Après avoir identifié et éliminé la cause (en changeant de type d’appareillage, en réajustant les dimensions de l’ouverture du support protecteur ou en supprimant les produits allergisants), procéder à un nettoyage à l’eau de la stomie et de la zone péristomiale, sécher très délicatement et respecter un temps d’immobilité de 10 à 15 mn après le soin.

• D’autres causes d’irritation existent, qui nécessitent un avis médical (infection fongique, allergie, fistule…).

• D’une manière générale, il faut proscrire tout produit désinfectant (Dakin, solutions alcooliques), l’éther (très desséchant), l’éosine et toute solution colorée. Les huiles, baumes et crèmes diminuent l’adhérence de l’appareillage. Les crèmes dépilatoires sur les zones velues pouvant être très allergisantes, il est conseillé de tailler les poils avec des ciseaux courbes en laissant une hdiv de 5 mm pour une meilleure adhérence du support.

• L’utilisation d’un savon est possible à condition qu’il soit neutre et non parfumé. Il est préférable de ne pas utiliser d’éponge (risque de mycose) ou de papier hygiénique (il peut laisser des résidus sur la peau).

L’alimentationIncidence de l’iléostomie sur le transit

• La réabsorption de l’eau ne pouvant plus être assurée par le côlon, le débit hydrique dans la poche est d’environ 1 litre par 24 heures. Ce qui implique une fuite hydrosodée et une acidose hyperchlorémique avec risque de lithiase rénale.

• L’ablation de la dernière anse iléale peut induire une carence en vitamine B12, en sels biliaires (risque de lithiase vésiculaire) et une augmentation de la concentration en enzymes pancréatiques (irritations cutanées de contact).

Recommandations alimentaires

• Afin de compenser la perte hydrique et minérale, boire 1 à 1,5 l d’eau riche en minéraux et oligoéléments, de bouillon, de thé léger ou de tisanes.

• Limiter les boissons et aliments susceptibles d’augmenter la production de gaz (jus de fruit, sodas)

• Privilégier les aliments absorbants pour donner plus de consistance aux selles (riz, pain blanc, biscottes).

• Réduire les aliments susceptibles de provoquer des flatulences (choux, légumineuses, concombre) ou d’augmenter les odeurs des selles (asperges, œufs, ail, fromages fermentés…).

La diarrhée

Dans le cas d’iléostomie, la diarrhée est évoquée devant l’augmentation du volume de selles habituellement déjà semi-liquides. Il est conseillé d’augmenter la quantité des boissons pour éviter une déshydratation, de consommer du riz ou des pâtes, des carottes ou de la compote de pomme, de supprimer durant 48 h les produits laitiers. Si la diarrhée persiste, une consultation médicale est conseillée.

Le blocage alimentaire

Certains aliments peuvent provoquer un blocage (fruits et légumes à peau, ananas, fruits secs, fruits à grains et à pépins…). Ces aliments difficiles à digérer s’accumulent dans l’intestin grêle, empêchant l’évacuation des matières fécales. En cas d’absence de selles, de douleurs abdominales, de vomissements, il faut consulter le médecin.

Iléostomie et médicaments

• La réduction de la surface d’absorption par le côlon et d’une partie de l’iléon peut modifier le processus d’absorption des médicaments, avec un risque de sous-dosage. C’est le cas des molécules normalement absorbées dans la partie distale de l’iléon telles que les acides biliaires, les vitamines liposolubles (A, D, E, K) ou la vitamine B12. Une supplémentation en vitamine B12 ou en vitamine K injectable peut être prescrite.

• Les formulations à libération modifiée (forme retard, action prolongée, comprimé enrobé, comprimé gastrorésistant…) ont également une incidence : le médicament peut se retrouver incomplètement dissous dans la poche de recueil (cas des inhibiteurs de la pompe à protons gastrorésistants). Il faut alors privilégier les formes à dissolution rapide comme les solutés buvables, les comprimés à croquer ou effervescents, les poudres à diluer…

UROSTOMIE

« Ma peau est très irritée »

Environ 20 000 patients sont porteurs d’une stomie urinaire en France. Les urostomies sont, la plupart du temps, définitives. Elles sont à l’origine d’une perte de la fonction sphinctérienne, ce qui impose au patient de porter une poche en permanence.

UROSTOMIE

Description

L’urostomie, ou dérivation urinaire, consiste à aboucher le ou les uretères à la paroi de l’abdomen pour permettre l’évacuation directe des urines. Il en existe trois types :

– l’urétérostomie cutanée : uni- ou bilatérale, elle consiste en l’abouchement direct du ou des uretères à la peau. Elle se sténose souvent au niveau de l’orifice cutané, ce qui impose de placer une sonde urétérale. Elle ne dispense pas de l’utilisation d’une poche ;

– le Bricker (technique la plus fréquente) : il consiste en l’abouchement unique des deux uretères à la peau à travers un segment d’iléon. La stomie est appareillée d’une poche de recueil mais aucune sonde urinaire n’est nécessaire ;

– la dérivation continente (technique plus complexe, moins utilisée) : elle consiste en la confection d’un réservoir intestinal connecté à la peau par une valve continente. L’autosondage régulier est indispensable pour évacuer les urines du réservoir.

Indications

Une urostomie peut être envisagée dans différentes situations :

– en cas de lésions de la moelle épinière, par exemple lors d’un accident de la route, puisque, lorsque les nerfs qui contrôlent la fonction vésicale sont affectés, le réflexe de vidange de la vessie est paralysé ;

– en cas d’anomalie congénitale telle que le spina bifida, qui est responsable de la perte de la fonction vésicale ;

– en dernier recours chez des patients ayant perdu la maîtrise de leur miction (c’est le cas des patients atteints de troubles neurogènes comme la sclérose en plaques) ;

– enfin, et de manière indispensable, en cas d’ablation de la vessie, intervention fréquente lors d’un cancer de la vessie.

Les suites de l’intervention

• La stomie commence à évacuer les urines immédiatement après l’intervention mais des sondes de drainage restent en place sept à dix jours.

• Au début, l’urine peut être teintée de rouge ou contenir du mucus (en cas de Bricker), mais elle retrouve rapidement son aspect normal. Le patient porte d’ailleurs des poches transparentes à l’hôpital pour faciliter la surveillance des effluents. La stomie est au départ enflée mais sa taille va diminuer durant les six premiers mois suivant l’intervention.

LE MATÉRIEL UTILISÉ

Les appareillages pour urostomie sont constitués d’un support de protection adhésif et d’une poche vidangeable pour le recueil des urines (capacité de 300 à 550 ml), qui peut être opaque ou transparente. Les poches sont toutes équipées d’une valve antireflux.

Système 1 pièce

Dans les systèmes 1 pièce, le protecteur cutané et la poche sont soudés. Pour changer la poche, tout l’appareillage doit donc être enlevé et changé. De plus, le support peut être plat ou convexe selon la forme de la stomie, le but étant qu’il s’y adapte le mieux possible pour éviter le contact entre la peau et les urines. Il existe de nombreux systèmes sur le marché comme SenSurauro 1 pièce ou Alterna Plus Uro Fine 1 pièce (Coloplast), Moderma Flex Uro (Hollister), Flexima Uro Silk (B. Braun), Esteem (Convatec)…

Système 2 pièces

• Dans les systèmes 2 pièces, la poche est fixée au support par un système de couplage mécanique ou adhésif. Le support peut rester en place deux à trois jours, ce qui permet au patient de ne changer quotidiennement que la poche. A noter qu’il faut utiliser support et poche venant du même laboratoire.

• Lorsqu’il s’agit d’un couplage mécanique, un clic confirme le bon verrouillage du système. De nombreux systèmes sont disponibles : Sensura Click Uro (Coloplast), Combihésive IIS (Convatec), Conform (Hollister)…

• Quant au couplage adhésif, il est plus souple et permet donc une plus grande liberté de mouvements : Sensura Flex Uro (Coloplast), Esteem Synergy (Convatec), Flexima Key Uro (B Braun)…

Les accessoires

• Pour une adhésivité optimale, il faut s’assurer qu’il n’y a pas d’inégalités entre le protecteur cutané et la peau péristomiale. Si besoin, ces inégalités peuvent être comblées à l’aide d’un anneau (Adapt protecteur cutané de Hollister, Eakin Cohesive de B. Braun, Brava anneau modelable de Coloplast) ou de pâte en tube ou en barrettes : Adapt pâte (Hollister), Brava pâte (Coloplast), Stomahésive protecteur cutané (Convatec).

• La poche de stomie (capacité maximale de 550 ml) peut être reliée à une poche de nuit (capacité de 2 litres) grâce à un raccord de type Alterna Plus Raccord Uro (Coloplast) ou B. Braun Raccord Uro, selon les poches utilisées, pour éviter au patient de se lever la nuit. Cette astuce peut également être utilisée lors d’un long voyage, par exemple en voiture.

SOINS DE LA STOMIE

Quand changer la poche ?

• La poche d’urostomie doit être changée une fois par jour, de préférence le matin au réveil car la production d’effluents y est plus faible qu’au cours de la journée. On peut conseiller au patient de tousser plusieurs fois avant afin de faire sortir la plus grande partie des urines dans la poche avant de l’enlever.

• Lorsqu’il s’agit d’un système 2 pièces, le protecteur cutané peut rester en place deux à trois jours. La poche doit être vidée plusieurs fois par jour dans les toilettes. Toutes les poches d’urostomie sont vidangeables.

• En cas de fuite, il faut identifier son origine :

– découpe trop grande ou trop petite du protecteur cutané (dans ce cas, réajuster la mesure avec un Stomimètre) ;

– une pâte protectrice a été étalée en couche trop épaisse (il faut l’étaler avec un doigt humide et recouvrir le périmètre de la stomie de quelques millimètres seulement) ;

– la peau a été mal séchée avant d’appliquer le protecteur cutané.

– la stomie est proche d’un relief osseux ou d’un pli important. Appliquer de la pâte protectrice pour combler le pli ou utiliser un système convexe (Moderma Flex Uro Convexe, support Convex pour système deux pièces…).

Comment changer la poche ?

• Vider la poche et se laver les mains.

• Il est important de vérifier régulièrement la taille de la stomie. Celle-ci varie non seulement au cours des six premiers mois suivant l’intervention, mais aussi lors des fluctuations de poids.

• Avant d’enlever l’ancienne poche, découper le support de la nouvelle poche à la taille adéquate. Pour cela, utiliser une paire de ciseaux courts à bouts recourbés. L’orifice du support doit correspondre au diamètre de la stomie plus deux ou trois millimètres.

• Passer le doigt sur le bord découpé pour lui donner la forme d’un col de bouteille tourné vers l’extérieur, l’ouverture épousera ainsi mieux la forme de la stomie.

• Décoller ensuite le protecteur cutané du bord de la stomie en commençant par la partie supérieure et en maintenant la peau avec un doigt.

• Nettoyer la stomie et la peau péristomiale à l’eau claire, éventuellement avec un savon neutre (en évitant les savons surgras qui peuvent diminuer l’adhésivité du protecteur).

• Sécher la stomie en tamponnant avec une compresse et laisser quelques instants à l’air libre.

• Le nouveau support peut alors être collé en commençant par la partie inférieure et en centrant la découpe autour de la stomie.

• Les poils éventuellement présents sur la peau péristomiale doivent être coupés aux ciseaux (éviter le rasoir et l’épilation qui peuvent être irritants).

• Ne pas utiliser de savon antiseptique, d’alcool ou de parfum au cours des soins de la stomie car ils fragilisent la peau.

• Le patient doit apprendre à manipuler et changer sa poche dès sa sortie d’hospitalisation. Une infirmière stomathérapeute l’accompagne dans cet apprentissage pour le rendre rapidement autonome.

Les produits de soins

• Si le nettoyage de la stomie peut se faire simplement à l’eau claire avec éventuellement un savon neutre, certaines situations nécessitent des produits complémentaires.

• En cas d’irritations cutanées et de peau suintante, conseiller une poudre qui absorbe l’excès d’exsudat et maintient la peau sèche sur le pourtour de la stomie : Brava (Coloplast), Orahesive (Convatec)…

• Il existe des produits de prévention en crème, spray ou lingettes qui protègent la peau durablement en créant une barrière sans compromettre l’adhésivité du protecteur cutané : Brava crème/spray/lingettes (Coloplast), Cavilon crème/spray/lingettes film protecteur (3M).

VIVRE AVEC UNE STOMIE

« Je ne pourrai plus aller nager ! »

Près de 100 000 personnes sont porteuses d’une stomie en France. 80 % ont une stomie digestive et 20 % une stomie urinaire. De nombreuses solutions existent pour qu’ils puissent conserver une vie normale. Attention : la plupart des patients stomisés souhaitent être servis avec la plus grande discrétion (sacs opaques, espaces de confidentialité…) !

ALIMENTATION ET TROUBLES DIGESTIFS

• Les stomies ne nécessitent pas de régime particulier. Une alimentation variée et équilibrée est conseillée. Il est cependant important d’éviter une prise de poids car cela rend l’appareillage plus difficile à installer, et de boire 1,5 à 2 litres d’eau par jour, notamment chez les iléostomisés (les selles étant plus liquides, il existe un risque de déshydratation) et les urostomisés (afin de prévenir la survenue d’infections urinaires).

• Le patient découvre rapidement par lui-même quels aliments lui conviennent le mieux et quels sont ceux qu’il doit éviter.

• Certains aliments comme les asperges donnent une odeur très forte à l’urine. D’autres peuvent provoquer des gaz : choux, légumineux, boissons gazeuses, oignon, ail… Au contraire, les airelles (à éviter chez les patients sous AVK), les yaourts, les tisanes ou certaines épices comme le cumin ou le fenouil restreignent les gaz.

• En cas de constipation, il est recommandé de boire beaucoup et d’augmenter la ration de fruits et légumes. En cas de diarrhée, il est important de boire beaucoup pour éviter toute déshydratation, et de consommer riz, carottes, pommes de terre et bananes. De plus, les porteurs de poches fermées devront utiliser des poches vidables pendant cette période.

VIE PROFESSIONNELLE

• Le retour à la vie professionnelle est important pour le patient. Mais après l’intervention, une fatigue émotionnelle et physique est à prévoir. C’est pourquoi il est indispensable de parler de cette nouvelle situation à l’employeur pour planifier le retour au travail.

• Si le patient le souhaite, il pourra demander des horaires allégés puis augmenter progressivement sa charge de travail. Il est également important de mettre au moins un collègue au courant pour avoir quelqu’un à qui parler en cas de problème. Le patient devra repérer le nombre de fois où il faudra changer ou vider la poche, où il pourra le faire et à quel moment pour adapter ses conditions de travail. Enfin, il devra avoir sur place un petit sac avec du matériel de rechange.

LOISIRS

L’activité physique

• Une activité physique régulière est fortement recommandée, et cela s’applique à tous les patients, la stomie n’étant en aucun cas un obstacle à pratiquer un sport. La reprise doit se faire progressivement et après en avoir parlé avec le médecin. Pour ne pas blesser la stomie, seules les activités violentes telles que les sports de combat ou le rugby sont à éviter. Si le sport sollicite beaucoup les muscles abdominaux, le médecin peut prescrire une ceinture de contention abdominale (une découpe de la ceinture est possible pour laisser passer la stomie).

• Le patient doit penser à emporter du matériel de rechange en cas d’activités longues comme le golf, la marche ou le vélo sur de longues distances.

• La natation reste tout à fait adaptée aux personnes porteuses d’une stomie. Les poches sont en effet totalement étanches et on peut conseiller dans ce cas des poches de petite taille qui seront très discrètes sous le maillot de bain.

• Avant chaque activité, le patient pourra changer ou vider sa poche et utiliser de préférence des appareillages 1 pièce pour plus de confort et de souplesse.

Les voyages

• Une personne stomisée peut voyager à condition de bien préparer son départ, surtout pour un séjour à l’étranger.

• Le patient doit se renseigner sur les infirmières ou médecins à destination, emmener son ordonnance (si possible traduite) avec le nom de son médecin et son numéro de téléphone, et vérifier que son assurance prend en charge un éventuel rapatriement.

• Il doit également prévoir suffisamment de matériel pour couvrir toute la période du séjour ainsi que des imprévus (se fournir en poches ou supports est quasi impossible dans certains pays).

• En cas de voyage par avion, les supports doivent être découpés à l’avance (les ciseaux étant interdits en cabine) et le matériel réparti dans différents sacs, dont un que le patient gardera avec lui (risque de bagage égaré, de vol retardé…). Les poches résistent très bien aux changements de pression.

• Sur place, les appareillages ne doivent pas être stockés au soleil dans une voiture, au froid ou à l’humidité. Dans les pays chauds, la transpiration peut imposer un changement de poche plus fréquent et la crème solaire ne doit être appliquée qu’après avoir fixé la poche pour ne pas en diminuer l’adhésion.

• Enfin, comme tout voyageur, le patient doit se méfier de l’alimentation et de la qualité de l’eau.

VIE INTIME

Habillement

• Il n’y a qu’une contrainte en matière d’habillement : les vêtements et sous-vêtements ne doivent pas comprimer la poche. Pour la même raison, il faut éviter de serrer une ceinture qui repose sur la stomie. Pour les hommes, les bretelles sont donc plus adaptées.

• Lors de la reprise du travail, si le port d’un uniforme est indispensable, il peut être utile de vérifier que la taille est toujours adaptée.

Sexualité

• L’intervention peut parfois entraîner des troubles sexuels : difficultés d’érection chez les hommes, sécheresse vaginale chez la femme (un lubrifiant peut être conseillé en première intention). Une consultation médicale permettra de déterminer quelle solution est la plus adaptée pour le trouble sexuel.

• Le plus difficile pour le patient reste souvent la nouvelle vision de son corps ; le dialogue entre partenaires est donc indispensable. Enfin, la poche doit être vidée avant chaque rapport pour plus de confort.

• Pour plus de discrétion, on peut conseiller aux patients l’emploi de minipoches. De faible épaisseur et totalement souple, elle se remarque beaucoup moins mais ne doit pas être portée plus d’une heure en raison de sa faible contenance.

• Enfin, un obturateur est envisageable chez les patients ayant des selles moulées, après une irrigation colique. Ce dispositif dispense du port d’une poche. Il s’agit d’un tampon qui se dilate au contact de l’humidité du côlon et bloque le passage des matières en diminuant les bruits. Il comporte un protecteur cutané et un filtre absorbant pour évacuer les gaz.

Psychologie

La pose d’une stomie est souvent vécue comme une expérience traumatisante qui peut entraîner anxiété, troubles du sommeil voire dépression. Pour cela, le recours à une aide psychologique spécialisée doit être systématiquement proposé aux patients. De plus, la prise en charge les premiers temps par une infirmière stomathérapeute permet à la personne non seulement d’apprendre les bons gestes, mais aussi de poser les nombreuses questions qui l’inquiètent. Enfin, on peut conseiller l’adhésion à une association de patients.

L’INTERVIEW
Brigitte Brossaud, vice-présidente de l’association ilco Atlantique

« Une fois qu’on est habitué, la stomie fait partie du quotidien »

Le Moniteur : Vous êtes stomisée depuis 20 ans. Votre stomie est-elle un obstacle à vos activités quotidiennes ?

Brigitte Brossaud : Non, je ne m’interdis rien. Je pratique beaucoup d’activités : natation, randonnées… La première année est plus difficile car on craint les odeurs, les fuites, le fait que la poche se voie… Mais, une fois qu’on est habitué, la stomie fait partie du quotidien. Pour ma part, elle a même été une véritable libération après 15 ans de calvaire suite à une rectocolite hémorragique. J’ai été stomisée à 35 ans alors que j’étais jeune maman, et cela a été pour moi une renaissance.

Qu’attendez-vous de la part de votre pharmacien ?

J’aimerais qu’il me parle des nouveautés en matière d’appareillage. Le pharmacien connaît bien ses patients, il peut donc se permettre de proposer du matériel adapté à chaque situation. En revanche, il manque de temps pour aborder tous les sujets de la vie quotidienne. C’est pourquoi j’aimerais trouver dans son officine un présentoir pour relayer les informations des associations de patients. Cela permettrait de toucher beaucoup de gens car le pharmacien est un professionnel de proximité. Il devrait insister sur l’importance du tissu associatif.

Que peuvent apporter les associations aux patients ?

Elless permettent de s’ouvrir aux autres, de s’informer, de poser toutes les questions sur les changements qui vont avoir lieu dans sa vie car le médecin n’a pas toujours le temps d’entrer dans les détails, même s’il existe maintenant des programmes d’éducation thérapeutique. Les associations permettent également de faire comprendre à son entourage ce qu’il va se passer. C’est très important car ce n’est pas un sujet facile à aborder au début. 15 jours avant mon intervention, j’ai eu la chance de rencontrer un patient porteur d’une stomie et cela m’a permis non seulement de poser des questions, mais aussi de voir à quoi une stomie ressemblait réellement. C’est rassurant de savoir que d’autres sont dans le même cas que nous et que, malgré tout, la vie continue. C’est pourquoi je me suis beaucoup impliquée pour ILCO Atlantique. Pendant les quelques mois qui suivent l’intervention, nous sommes un peu la « perche » du patient, il va avancer plus vite parce que nous avons déjà fait le cheminement.

Madame H., 32 ans, colostomisée depuis 2 ans.

– Je me demande s’il est possible de vivre normalement une grossesse avec une stomie. J’espère que oui.

– Heureusement, la stomie n’empêche pas une grossesse.

– Existe-t-il un appareillage spécial pour les femmes enceintes ?

– Non, et vous n’avez pas besoin d’un appareillage spécifique. Certains changements seront à prendre en considération comme la modification de son diamètre ou de sa hdiv, en particulier au cours du dernier trimestre.

INFOS CLÉS

• Les appareillages à une pièce sont plus confortables que ceux à deux pièces mais doivent être changés plus souvent.

• Les soins d’hygiène autour de la stomie sont essentiels pour garder une bonne intégrité de la peau péristomiale et permettre une bonne adhérence de l’appareillage.

Situations nécessitant une consultation

• Maux de ventre et/ou absence de selles (risque d’occlusion).

• Diarrhées persistantes, malodorantes, présence de sang (en cas de régime inadapté, infection, hémorragie…).

• Inflammation de la zone péristomiale (en cas de mauvais calibrage de l’orifice du support protecteur, contact avec les effluents…).

• Démangeaisons, rougeurs et/ou brûlures autour de la stomie (en cas de mycose, d’allergie…).

• Modification de la stomie (en cas de perte ou prise de poids…).

• Apparition d’une hernie (en cas de manipulation d’objets lourds…).

QU’AURIEZ-VOUS RÉPONDU ?

M. L., récemment colostomisé :

– Je suis inquiet, ça fait plusieurs fois que ma stomie saigne un peu après la toilette.

– Ce n’est pas grave. Vous nettoyez probablement votre stomie de façon trop énergique. Soyez plus doux. En cas de saignement, nettoyer votre stomie avec une compresse imbibée d’eau froide puis séchez en tamponnant délicatement, avant de poser le support protecteur. Si malgré tout le saignement persiste, consulter votre stomathérapeute.

Le pharmacien a-t-il bien répondu ?

Oui, car, la stomie est dépourvue de terminaisons nerveuses et peu sensible à la douleur. Mais elle est très irriguée et saigne facilement. Il faut la manipuler en douceur.

Mme M. se plaint de mauvaises odeurs qui émanent de ses poches.

– N’hésitez pas à vider régulièrement votre poche dans la journée, n’attendez pas qu’elle soit pleine.

– J’ai vraiment beaucoup de gaz.

– Si le filtre est rapidement saturé, choisissez des poches sur lesquelles le filtre est interchangeable. Il faudra également revoir votre alimentation et réduire la consommation de certains produits générateurs de gaz intestinaux comme les choux, les sodas…

INFOS CLÉS

• Les selles issues de l’iléostomie sont semi-liquides et irritantes pour la peau péristomiale.

• De nombreux accessoires permettent de renforcer l’étanchéité des appareillages.

QU’AURIEZ-VOUS RÉPONDU ?

Mme L. vient chercher une crème apaisante pour l’irritation au niveau de sa stomie.

– J’ai une rougeur autour de ma stomie et parfois même une sensation de brûlure. Je pense qu’une crème apaisante après la toilette me ferait beaucoup de bien.

– Ne mettez surtout pas de corps gras sur la peau autour de la stomie, cela va diminuer l’adhérence de votre appareillage et augmenter les risques de fuites ! Vérifiez les dimensions de votre stomie pour réajuster éventuellement l’ouverture du support protecteur : l’irritation est souvent la conséquence d’une mauvaise étanchéité du système. Si le problème persiste, consultez votre stomathérapeute.

Le pharmacien a-t-il bien répondu ?

Oui, mais il pourrait également proposer à madame L. d’améliorer l’étanchéité par un dispositif de protection adapté (pâte, plaque ou anneau).

Monsieur D., 72 ans, a été opéré il y a 6 mois d’un cancer de la vessie. Il porte depuis une poche d’urostomie.

– Ma peau est très irritée autour de ma stomie, pourtant je la nettoie à chaque changement de poche.

– Avez-vous changé le diamètre de découpe de votre protecteur cutané ?

– Non, j’ai gardé le diamètre que l’infirmière m’avait indiqué après mon intervention.

– La stomie est enflée après l’intervention mais sa taille diminue dans les mois qui suivent. Il faut donc revoir le diamètre de découpe car, s’il est trop large, votre peau s’irrite au contact des urines.

INFOS CLÉS

• L’appareillage du patient doit être parfaitement adapté à sa morphologie pour éviter les fuites qui dégradent fortement sa qualité de vie.

• Prendre soin de la peau péristomiale est primordial.

Les complications des urostomies

Les urostomies peuvent être à l’origine de différentes complications :

• Les problèmes cutanés autour de la stomie sont courants. Il peut s’agir d’allergies, d’irritations, de mycoses… Il est important de les prendre en charge rapidement car ils compromettent la fixation de l’appareillage.

• Des infections urinaires peuvent survenir. Pour les prévenir, les poches d’urostomie sont équipées de valve antireflux. De plus, le patient doit boire beaucoup. A noter que la consommation régulière de jus de canneberge (ou sous forme de compléments alimentaires) est utile en matière de prévention.

• Des complications plus graves (sténose, éventration péristomiale ou prolapsus de la stomie par exemple) nécessitent un avis spécialisé voire une consultation chirurgicale.

Les poches de grande capacité

Les poches de grande capacité peuvent être maintenues autour de la jambe grâce à des attaches de jambe ou à un filet : Careline attaches de jambe (Convatec), Conveen attaches de jambe (Coloplast), Conveen filet (Coloplast), Hollister filet confort ou Urimed filet porte-poche (B. Braun).

QU’AURIEZ-VOUS RÉPONDU ?

Mme T., 53 ans, urostomisée depuis 5 ans, vient pour son renouvellement d’ordonnance :

– Depuis quelques jours, mes urines sont plus foncées que d’habitude et elles dégagent une odeur forte. Est-ce normal ?

– Avez-vous d’autres symptômes ?

– J’ai simplement un peu chaud.

– Je vous conseille de consulter rapidement votre médecin et de boire beaucoup en attendant. Il peut s’agir d’une infection urinaire.

Le pharmacien a-t-il bien répondu ?

Oui, la survenue d’infection urinaire est possible chez les porteurs d’urostomie. Un changement de teinte ou d’odeur des urines doit y faire penser. Une consultation médicale s’impose, d’autant plus en présence de fièvre. En attendant, la patiente doit boire davantage.

Monsieur V., 57 ans, va devoir subir une intervention imposant la mise en place d’une colostomie.

– Je vais régulièrement nager pour entretenir ma forme, en mer, l’été, et à la piscine, l’hiver. Je ne pourrai plus le faire avec mes poches.

– Rassurez-vous, les poches sont adaptées à la baignade. Vous devrez simplement couvrir le filtre avec l’autocollant fourni.

– Je dois changer ma poche après le bain ?

– Pas lorsque vous vous baignez en mer. En revanche, le chlore peut endommager l’adhésif du support. Après une baignade en piscine, il est plus prudent de changer votre poche.

INFOS CLÉS

• La pose d’une stomie n’impose pas de régime spécifique ; les aliments mal supportés varient d’un patient à l’autre.

• L’activité physique est fortement recommandée mais il faut éviter les sports violents.

« Nous, on est tous copains ! »

Jean-Pierre Le Blevec, 60 ans, est président d’ILCO Atlantique (affiliée à la Fédération des stomisés de France*) : « En janvier 2010, j’ai été emmené par le SAMU pour des douleurs abdominales très violentes. Je me suis réveillé à l’hôpital après 12 jours de coma, et c’est là qu’on m’a annoncé que j’étais iléostomisé ; je ne savais même pas ce que cela voulait dire ! Les premiers mois ont été très difficiles, mais une fois que l’on connaît bien son corps, les aliments à éviter – pour moi ce sont les asperges – et que l’on sait s’occuper seul de sa stomie, ce n’est plus un gros problème. Je regrette seulement qu’il n’y ait pas suffisamment d’infirmières stomathérapeutes et que les généralistes ne soient pas assez informés sur les stomies. Si j’avais un conseil à donner aux personnes stomisées, ce serait d’adhérer à une association ! Cela permet d’échanger des astuces, de faire de l’éducation thérapeutique et de réunir des gens qui se comprennent. Nous, on est tous copains ! »

Testez-vous

Les poches de stomie sont sensibles à la pression lors d’un voyage en avion :

a) Vrai

b) Faux

Réponse : b.

Pourrez-vous respecter la minute de silence en mémoire de votre consœur de Guyane le samedi 20 avril ?


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