Votrient - Le Moniteur des Pharmacies n° 3014 du 11/01/2014 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3014 du 11/01/2014
 

Nouveaux produits

Prescription

Auteur(s) : Yolande Gauthier

Le pazopanib (Votrient) est un nouvel antinéoplasique dont le mécanisme d’action repose sur l’inhibition de la tyrosine kinase. Il est prescrit en première intention dans les cancers du rein avancés.

Indications

– Votrient est indiqué comme traitement de première ligne des cancers du rein avancés, et en seconde ligne chez des patients ayant déjà été traités par des cytokines.

– Votrient peut également être prescrit dans le traitement de certains sous-types histologiques de sarcome des tissus mous avancé, chez des patients préalablement traités par chimiothérapie ou par traitement néoadjuvant.

Mode d’action

Le pazopanib est un puissant inhibiteur de protéine tyrosine-kinase. Il agit sur plusieurs cibles : récepteurs du facteur de croissance endothélial vasculaire (VEGFR 1, 2 et 3), récepteurs du facteur de croissance plaquettaire (PDGFR alpha et bêta), et récepteur du facteur de cellule-souche c-KIT.

Posologie

La dose recommandée est de 800 mg de pazopanib en une prise par jour. Elle est ajustée par paliers de 200 mg en fonction de la tolérance du patient. Elle ne doit pas dépasser 800 mg.

Contre-indications

Aucune contre-indication n’est mentionnée, hormis une hypersensibilité à la molécule ou aux excipients. Votrient ne doit pas être utilisé chez les enfants âgés de moins de 2 ans.

Grossesse et allaitement

– Les femmes en âge de procréer doivent utiliser une méthode de contraception efficace.

– Le pazopanib ne sera pas prescrit pendant la grossesse sauf si l’état clinique de la femme le justifie. La patiente sera avertie des risques potentiels pour le fœtus.

– Le traitement par Votrient impose l’interruption de l’allaitement.

Effets indésirables

Les effets indésirables les plus fréquemment rapportés ont été une diarrhée, une modification de la couleur des cheveux, une hypopigmentation cutanée, un rash exfoliatif, un syndrome main-pieds, une hypertension artérielle, une altération du goût ou encore une stomatite. Nausées, vomissements, céphalées, fatigue, anorexie, perte de poids et douleur sont également souvent observés.

Interactions médicamenteuses

– Les inhibiteurs du CYP3A4 (kétoconazole, clarithromycine, ritonavir, jus de pamplemousse…) peuvent augmenter les concentrations plasmatiques du pazopanib. Leur association avec Votrient doit être évitée. A défaut, la dose de pazopanib devra être réduite à 400 mg une fois par jour tant que durera la prise concomitante. A l’inverse, l’association de Votrient à un inducteur du CYP3A4 peut diminuer la concentration du pazopanib.

– L’administration concomitante de pazopanib et de simvastatine nécessite la prudence (risque d’élévation des ALAT). Cette interaction ne peut être exclue avec d’autres statines.

– Si un traitement par inhibiteur de la pompe à protons (IPP) est indispensable, la dose de pazopanib sera prise une fois par jour le soir, en même temps que l’IPP.

Surveillance particulière

Les paramètres hépatiques sériques doivent être contrôlés avant l’instauration du traitement puis 3, 5, 7 et 9 semaines après. La surveillance sera répétée aux 3e et 4e mois de traitement, et poursuivie de manière régulière par la suite. La pression artérielle doit être surveillée et rapidement prise en charge si besoin.

La réalisation d’un électrocardiogramme avant le traitement puis de manière régulière est recommandée.

FICHE TECHNIQUE

→ Pazopanib 200 mg pour un comprimé pelliculé rose, boîte de 30 comprimés, 752,42 €, AMM : 34009 491 313 4 1.

→ Pazopanib 400 mg pour un comprimé pelliculé blanc, boîte de 30 comprimés, 1 463,70 €, AMM : 34009 491 315 7 0 ; boîte de 60 comprimés, 2 886,28 €, AMM : 34009 491 316 3 1.

→ Remb. SS à 100 % dans le traitement de première ligne des cancers du rein avancés et dans le traitement des sarcomes des tissus mous.

GlaxoSmithKline : 01 39 17 80 00

LE CANCER DU REIN

Qu’est-ce que c’est ?

Les reins sont des organes constitués par la capsule, l’enveloppe externe, le parenchyme rénal, renfermant les néphrons, et le site de collecte de l’urine, c’est-à-dire les calices et le bassinet. Ce sont les néphrons qui filtrent le sang et éliminent les déchets circulants via l’urine qu’ils produisent. Dans 80 % des cas, le cancer du rein se développe au niveau du parenchyme rénal. On parle alors d’adénocarcinome à cellules claires qui est un cancer localisé. Les cellules cancéreuses peuvent ensuite s’étendre au-delà des reins, voire former des métastases.

Qui touche-t-il ?

En 2011, le nombre de nouveaux cas de cancers du rein était estimé à 11 000, constituant ainsi environ 3 % de l’ensemble des cancers. En 2005, il représentait la 12e cause de décès par cancer. Le cancer du rein touche préférentiellement les hommes, 2 fois plus que les femmes, et est généralement diagnostiqué entre 60 et 65 ans. Les principaux facteurs de risque sont le tabagisme, l’obésité, l’hypertension artérielle et le traitement par dialyse depuis plus de 3 ans. L’exposition professionnelle à certains produits chimiques pourrait également être incriminée. Le cancer du rein n’est que rarement lié à une prédisposition génétique (environ 2 à 3 % des cas).

Comment est-il diagnostiqué ?

Le cancer du rein restant longtemps asymptomatique, il est généralement diagnostiqué « par hasard » lors de la réalisation d’une échographie ou d’un scanner de l’abdomen. Un cancer du rein peut toutefois être suspecté en cas d’hématurie, de douleur lombaire, d’une fièvre isolée, d’une perte de poids et/ou d’une altération de l’état général. C’est parfois la découverte de métastases qui permet la recherche et le diagnostic de cancer du rein. Les examens réalisés (échographie abdominale, scanner abdominal et pelvien, IRM…) permettent alors de déterminer le stade d’extension du cancer.

Delphine Guilloux

DÉLIVRANCE

→ Liste I.

→ Prescription réservée aux spécialistes en oncologie ou en hématologie ou aux médecins compétents en cancérologie.

L’AVIS DU PHARMACOLOGUE Denis Richard, hôpital Laborit (Poitiers)

Pazopanib : un intérêt variable

L’intérêt de Votrient varie selon l’indication : cancer du rein ou sarcome des tissus mous.

– Cancer du rein métastatique. Malgré l’absence de données le comparant alors à un médicament actif, le pazopanib (Votrient) a obtenu une AMM en 2010. Son dossier a été complété et un avis de Transparence rendu le 26 juin 2013 a actualisé l’avis du 2 février 2011.

• En première ligne de traitement. Une étude ouverte randomisée destinée à établir la non-infériorité du pazopanib vs sunitinib (Sutent) chez des patients non prétraités atteints d’un cancer du rein localement avancé ou métastatique a inclus par randomisation 1 110 sujets. La médiane de la survie sans progression a été de 8,4 mois pour le pazopanib vs 9,5 mois pour le sunitinib. La survie globale et le pourcentage de réponse globale n’ont pas différé entre les deux bras de cette étude.

Les arrêts de traitement pour événements indésirables ont été de 24 % (pazopanib) vs 19 % (sunitinib) sans différence en termes de qualité de vie.

La Commission de Transparence souligne que ce résultat de non-infériorité est l’objet d’« un doute sérieux » pour des raisons méthodologiques.

• En seconde ligne de traitement. Chez des patients préalablement traités par cytokines, aucune nouvelle donnée n’a été fournie par rapport à l’étude versus placebo produite lors du premier examen en Transparence: les conclusions de l’avis de février 2011 restent donc d’actualité. Le niveau de preuve est insuffisant pour évaluer la quantité d’effet de Votrient.

– Sarcome des tissus mous avancé. Une étude randomisée en double insu vs placebo (faute de comparateur actif) a permis d’obtenir une médiane de survie de 4,6 mois vs 1,6 mois en faveur de Votrient, sans effet toutefois sur la survie globale, sans amélioration de la qualité de vie et au prix d’arrêts de traitement pour événements indésirables plus nombreux.

L’AVIS DE LA HAS

→ Service médical rendu faible dans le traitement de première ligne du cancer du rein avancé, important dans le traitement de certains sarcomes des tissus mous avancés.

→ Pas d’amélioration du service médical rendu (ASMR V) dans la prise en charge du cancer du rein avancé en première ligne, amélioration du service médical rendu mineure (ASMR IV) dans la prise en charge des sarcomes des tissus mous avancés.

→ Population cible estimée à 4 000 à 5 500 patients par an pour le cancer du rein avancé, 600 patients par an pour les sarcomes des tissus mous avancés.

Dites-le au patient

Les comprimés sont à avaler entiers avec de l’eau, au moins 1 heure avant ou 2 heures après un repas car les matières grasses modifient la pharmacocinétique du médicament.

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