LES TEMPS CHANGENT - Le Moniteur des Pharmacies n° 3011 du 14/12/2013 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3011 du 14/12/2013
 

Rétrospective 2013

Auteur(s) : ISABELLE GUARDIOLA*, LOAN TRANTHIMY**, YOLANDE GAUTHIER***

INTERNET, GÉNÉRIQUES, TRANSPARENCE, HOLDINGS, ENTRETIENS. Lepoint commun entre tous ces mots ? Ils résument les temps forts d’une année riche en événements.

JANVIER

→ Le décret précisant les modalités régissant la création d’un site Internet de vente de médicaments paraît le 1er janvier 2013 au Journal officiel. Le site de commerce électronique ne peut être créé ou exploité que par un pharmacien inscrit à la section A, D ou E (outre-mer) de l’Ordre des pharmaciens. Il doit mentionner les coordonnées de l’ANSM ainsi qu’un lien vers le site Internet de l’Ordre et du ministère de la Santé.

→ Yves Juillet est le nouveau président de l’Académie nationale de pharmacie pour 2013. Et c’est un médecin ! Spécialisé en cardiologie, médecine interne, pathologie vasculaire et en réanimation médicale, il a été également directeur général du Leem.

→ Le Gemme (Générique, même médicament) et l’ensemble des laboratoires de médicaments génériques lancent une grande campagne de communication sur le générique avec pour signature « Les génériques, ça devrait être systématique ! ». Durant trois semaines, spots et affiches sont diffusés dans les médias.

→ La FSPF, l’USPO et l’UNPF signent avec l’Assurance maladie l’avenant à la convention relatif au suivi des patients sous AVK le 10 janvier. Cet avenant ouvre la voie aux nouvelles missions des pharmaciens et à la mise en place des entretiens pharmaceutiques.

→ Marisol Touraine saisit l’Agence européenne des médicaments pour que les AMM des pilules de 3e et 4e générations soient modifiées. L’objectif est que ces pilules ne soient plus prescrites en première intention.

→ L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) met en place un numéro Vert d’information sur les pilules contraceptives. Le 30 janvier, elle annonce avoir engagé une procédure de suspension de l’AMM de Diane 35 et de ses génériques. La suspension prendra effet dans un délai de 3 mois.

FÉVRIER

→ Matignon annonce l’implantation d’une première salle de consommation de drogue à Paris. L’expérimentation sera mise en place par la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et toxicomanies (MILDT) avec le ministère de la Santé.

→ Le Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (SNIIL) écrit à Marisol Touraine pour dénoncer l’attitude des pharmaciens en matière de préparation des doses à administrer (PDA). Pour le SNIIL, il s’agit d’une tentative des pharmaciens « de récupérer une partie de l’exercice infirmier à leur seul profit ».

→ Le Conseil d’Etat suspend l’article du Code de la santé publique qui restreint la vente en ligne aux 455 médicaments libres d’accès le 14 février. La décision fait suite au recours déposé par Philippe Lailler qui réclamait de pouvoir vendre l’ensemble des médicaments non soumis à prescription sur les sites Internet.

MARS

→ 900 professionnels de santé et étudiants manifestent le 15 mars à La Garde, dans le Var, contre l’université portugaise Fernando-Pessoa. Installé depuis novembre 2012, l’établissement propose plusieurs cursus en sciences de la santé dont pharmacie, odontologie et orthophonie.

→ L’Académie nationale de pharmacie émet des recommandations destinées à lutter contre les ruptures de stocks et d’approvisionnement de matières actives et de médicaments.

→ Albin Dumas est élu président de l’Association de pharmacie rurale pour 3 ans le 23 mars. Il succède à Benoît Thiébaut.

→ Philippe Gaertner est réélu à l’unanimité à la présidence de la FSPF, pour un troisième mandat, le 26 mars.

AVRIL

→ Les syndicats de pharmaciens et de médecins et l’Assurance maladie décident de ne pas lancer le projet d’expérimentation de l’e-prescription entre médecins et pharmaciens. De nombreux points ne sont en effet pas tranchés : hébergeur, secret professionnel, contrôle des e-prescriptions.

→ Jacky Maillet, président de l’Association nationale de la pharmacie vétérinaire d’officine et Philippe Augier, secrétaire de l’Union nationale de la pharmacie vétérinaire d’officine sont placés en garde à vue le 9 avril, soupçonnés de sollicitation de clientèle, de délivrance sans ordonnance de médicament vétérinaire et de cession de substances vénéneuses. L’événement aussi violent que traumatisant se déroule dans l’ambiance nauséabonde du dossier « presciption/délivrance des antibiotiques ».

→ Les pouvoirs publics annoncent la suppression du prix sur les boîtes de médicaments lors d’une réunion avec les syndicats. Cette suppression fera suite à la disparition de la vignette programmée initialement le 1er janvier 2014 puis repoussée au 1er juillet. Le prix et le taux de remboursement figureront sur le ticket Vitale.

MAI

→ L’Autorité de la concurrence sanctionne Sanofi-Aventis pour abus de position dominante suite à la plainte de Teva dénonçant des pratiques de dénigrement concernant les génériques de Plavix.

→ L’Autorité de la concurrence rend « un avis défavorable » sur le guide de bonnes pratiques applicables à la vente de médicaments sur Internet élaboré par le ministère de la Santé. En cause, des restrictions jugées trop vastes et injustifiées.

→ La FSPF annonce qu’elle ne signera pas l’avenant « générique » pour 2013. Une décision motivée par des taux de substitution jugés « élevés » avec l’arrivée de nouvelles molécules et le non-versement des primes pour 2012 initialement prévu pour le premier trimestre 2013.

→ L’USPO et l’UNPF signent le 21 mai les avenants « générique » pour 2013. Les avenants s’appliquent à tous les pharmaciens, l’USPO et l’UNPF atteignant le seuil de 30 % de représentativité. Le taux national de substitution reste fixé à 85 %.

→ Le décret dit du « Sunshine Act à la française », créant une obligation de publication des liens entre les entreprises de produits de santé et de cosmétiques, et les professionnels de santé, dont les pharmaciens, est publié le 22 mai 2013 au Journal officiel en application de la loi du 29 décembre 2011 sur la sécurité sanitaire.

JUIN

→ Le décret autorisant la création des sociétés de participations financières de profession libérale de pharmaciens d’officine (SPF-PL) a enfin paru au Journal officiel le 6 juin. Il précise que le capital des SPF-PL n’est ouvert qu’aux pharmaciens d’officine, mais aussi aux anciens pharmaciens pendant dix ans ou leurs ayants droit pendant cinq ans après le décès. Il prévoit aussi que le nombre de SEL dans lesquelles un même pharmacien peut prendre des participations est limité à quatre (en plus de celle dans laquelle il exerce).

→ L’ANSM ouvre une enquête le 10 juin sur un site de production du génériqueur Teva à Sens (Yonne), suite à la découverte de comprimés de zopiclone 7,5 mg (générique d’Imovane) dans des boîtes de furosémide dosé à 40 mg (générique de Lasilix). Isabelle Adenot, présidente de l’Ordre des pharmaciens, recommande aux pharmaciens qui ont délivré Furosémide 40 mg Teva depuis début mai d’appeler tous leurs patients pour vérifier les lots en leur possession et leur demander de rapporter les lots concernés.

→ Philippe Gaertner, président de la FSPF, est élu président du Centre national des professions libérales de santé. Il succède à Michel Chassang, président de la Confédération des syndicats médicaux français.

→ L’arrêté paru au JO du 15 juin autorise les pharmaciens à réaliser 3 tests de dépistage : test capillaire d’évaluation de la glycémie ; test oropharyngé d’orientation diagnostique des angines à streptocoque du groupe A ; test nasopharyngé d’orientation diagnostique de la grippe.

→ L’Assurance maladie annonce, pour les pharmaciens, le montant d’une prime moyenne de 3 307 euros pour avoir rempli les objectifs de substitution en 2012.

→ L’arrêté sur les bonnes pratiques de dispensation des médicaments vendus sur Internet paraît au Journal officiel du 23 juin.

→ La vente en ligne des médicaments concerne les 4 000 médicaments sans ordonnance, dans l’attente de la décision du Conseil d’Etat sur cet élément.

JUILLET

→ L’USPO propose de constituer une intersyndicale avec la FSPF et l’UNPF pour les six prochains mois afin de mieux négocier avec les pouvoirs publics.

→ L’Autorité de la concurrence lance le 10 juillet la consultation publique sur son prérapport sur le secteur du médicament. Cette consultation publique est constituée de 50 questions insérées dans une première analyse. Elles concernent les laboratoires pharmaceutiques, les grossistes-répartiteurs et les officines. L’Autorité prévoit de présenter son rapport final à la fin de l’année.

→ « Faut-il ouvrir partiellement le monopole officinal pour les médicaments d’automédication ? » C’est l’Autorité de la concurrence qui, dans le cadre de la consultation publique sur la distribution du médicament en ville, pose la question. Ambiance.

→ L’UFC-Que Choisir appelle les parlementaires, dans un communiqué, à « consacrer enfin » le principe de libéralisation de l’automédication dans le projet de loi consommation.

→ Le Conseil d’Etat annule l’article L. 5125-34 du Code de la santé publique qui limitait la vente en ligne aux seuls médicaments en accès libre au comptoir de l’officine (soit 455 médicaments), dans une décision du 17 juillet.

AOÛT

→ Hervé Gisserot annonce qu’il quittera la présidence du Leem (Les Entreprises du médicament) le 31 août 2013. Il l’assurait depuis le début de l’année. Patrick Errard, membre du conseil d’administration du Leem, assurera l’intérim dans l’attente de l’élection d’un nouveau président fin 2013.

→ L’Ordre des pharmaciens porte plainte contre 11 sites illégaux de vente en ligne de médicaments.

→ L’Académie de pharmacie met en ligne des recommandations sur la préparation des doses à administrer (PDA) et « la nécessaire évolution des pratiques de dispensation du médicament ».

→ « DP-rupture », le logiciel pour alerter sur les ruptures de stocks de médicaments mis en place par l’Ordre, est expérimenté par 300 pharmaciens d’officine à partir du 26 août.

SEPTEMBRE

→ Le Comité national contre le tabagisme recommande la vente exclusive en pharmacie des cigarettes électroniques.

→ La Mutualité française annonce le lancement en février 2014 d’une expérimentation pour détecter la BPCO (bronchopneumopathie chronique obstructive) dans 200 pharmacies en Bretagne, Nord-Pas-de-Calais et Rhône-Alpes.

→ Marisol Touraine annonce la généralisation du tiers payant au cabinet des médecins d’ici à 2017. Il s’agit de l’une des mesures emblématiques de la Stratégie nationale de santé du gouvernement pour un meilleur accès aux soins.

→ Le gouvernement envisage la vente des tests de grossesse et d’ovulation en dehors du circuit officinal. Argument mis en avant : faire baisser les prix des tests de grossesse et d’ovulation.

→ La Cour des comptes recommande de confier aux agences régionales de santé « la responsabilité générale de l’organisation des gardes de tous les professionnels de santé ».

→ La CNAVPL invite les 800 000 libéraux à envoyer un mail au Premier ministre afin de protester contre le projet de loi retraite. Ce div prévoit que le directeur de la CNAVPL soit nommé par l’Etat. L’organisme estime que cette étatisation est un « prélude au pillage des réserves des caisses ».

→ Marisol Touraine annonce le 23 octobre les trois piliers de la Stratégie nationale de santé : la prévention, l’organisation des soins autour du patient, la démocratie sanitaire et les droits des patients.

→ Avec une progression de l’ONDAM de 2,4 %, les mesures d’économie prévues par le gouvernement dans son projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2014 représenteront un montant de 1,76 milliard d’euros dont 870 millions d’euros proviennent des médicaments (optimisation du prix des génériques, convergences de prix au sein du répertoire, baisses de prix de médicaments sous brevet).

→ Pour lutter contre la surconsommation de médicaments, le PLFSS 2014 suggère de développer la dispensation à l’unité. Ce div prévoit aussi d’accroître la transparence sur les remises accordées par les laboratoires génériqueurs aux pharmaciens (article 40) et l’ouverture du droit de substitution pour les médicaments biosimilaires.

OCTOBRE

→ Une base de données administratives et scientifiques publique sur les traitements et le bon usage des produits de santé est créée le 1er octobre. Elle est accessible sur le site du ministère de la Santé.

→ La commission « Evaluation initiale du rapport entre les bénéfices et les risques des produits de santé » de l’ANSM publie un avis favorable à l’octroi d’une recommandation temporaire d’utilisation (RTU) pour le baclofène dans le sevrage alcoolique. L’Agence rend également possible la prescription de la molécule par les médecins généralistes.

→ L’Europe ne reconnaît pas le statut de médicament à la cigarette électronique. Interdite aux mineurs, elle ne sera pas vendue exclusivement en pharmacie, mais aussi dans les bureaux de tabac et les boutiques spécialisées.

→ Le 10 octobre, la réunion entre les trois syndicats (FSPF, USPO et UNPF) et l’Assurance maladie sur la rémunération des pharmaciens échoue.

→ Le 11 octobre, l’USPO et l’UNPF lancent l’opération « Voici les clés… pour ouvrir les négociations ou fermer les pharmacies ».

→ Avec la publication le 22 Octobre du « Mémento du médicament 2013 », la Mutualité française plaide en faveur d’un élargissement du Répertoire au paracétamol, à l’aspirine et aux antiasthmatiques par voie inhalée, ce qui permettrait d’engranger 400 millions d’euros.

→ Les députés adoptent le 25 octobre l’expérimentation de la dispensation à l’unité de certains antibiotiques, la transparence sur les contrats de coopération commerciale des génériqueurs incluant, pour les génériques, la modification du plafond des remises dont le nouveau taux fixé par arrêté ministériel sera compris entre 0 % et 50 % du prix fabricant hors taxes ou du tarif forfaitaire de responsabilité (TFR), le droit de substitution des médicaments biosimilaires et l’ouverture de l’expérimentation de la télémédecine aux pharmaciens.

→ Lors du Congrès national des pharmaciens de France, organisé à Lyon les 26 et 27 octobre, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France « n’exclut pas de signer seule » l’avenant introduisant les honoraires de dispensation.

NOVEMBRE

→ Le Syndicat national des vétérinaires (SNVEL) programme une manifestation le 6 novembre pour protester contre le découplage entre prescription et délivrance des antibiotiques vétérinaires. Face à cette fronde, les deux ministères concernés (Santé et Agriculture) indiquent que « la mesure sur le découplage initialement envisagée sera utilement remplacée par plusieurs dispositions qui seront introduites dans le projet de loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt ».

→ Les sénateurs rejettent, à l’unanimité, le 6 novembre le projet de réforme des retraites. Lors de la discussion, ils ont supprimé l’article 32, tant décrié par les représentants des professionnels libéraux. L’article prévoit que le directeur de la CNAVPL (Caisse nationale d’assurance vieillesse des professions libérales) soit nommé par l’Etat, prélude selon l’instance à « un pillage » des réserves des caisses.

→ Lors d’une nouvelle séance de négociation sur la rémunération, le 13 novembre, les syndicats présentent leurs contre-propositions. Les partenaires conventionnels doivent se retrouver le 11 décembre.

→ En commission des Affaires sociales du Sénat, les sénateurs rejettent le déplafonnement des remises et rétablissent le plafond légal à 17 %. Le div est rejeté globalement par le Sénat le 14 novembre. Réunie le 19 novembre, la commission mixte paritaire échoue.

→ L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé propose, le 8 novembre, une nouvelle interface, « plus lisible et plus simple », accessible dès la page d’accueil sur son site Internet pour faciliter les signalements des effets indésirables.

→ L’USPO, l’UNPF et la Fédération nationale des dépositaires pharmaceutiques LOGSanté lancent une pétition le 27 novembre pour demander aux parlementaires de supprimer l’article 12 bis du PLFSS 2014, qui prévoit une taxe sur les ventes directes.

→ Les députés adoptent en seconde lecture le PLFSS 2014 en le modifiant sur plusieurs points : revaloriser de 50 euros l’aide à l’acquisition d’une complémentaire santé pour les plus de 60 ans, attribuer 30 millions d’euros supplémentaires au fonds d’aide pour l’aide à domicile, garantir l’anonymat pour la contraception des mineures bénéficiant du tiers payant, modifier la taxe sur les boissons énergisantes, préciser le cadre générique pour les expérimentations de nouveaux parcours de soins.

→ Le Sénat rejette le div en bloc le div du PLFSS. L’adoption définitive du div est fixée le 3 décembre.

→ Bruno Maquart, ancien inspecteur général des Affaires sociales, prend la direction du cabinet de Marisol Touraine le 27 novembre. Il remplace Denis Morin nommé directeur du budget.

→ Jean-Yves Robin quitte ses fonctions le 30 novembre de l’Agence des systèmes de santé (ASIP-santé). Un chef de projet sera nommé pour piloter le dossier médical personnel (DMP) de seconde génération.

→ L’UNPF présente sa proposition sur la rémunération officinale le 28 novembre. Le syndicat plaide pour la création d’honoraires à l’ordonnance et d’honoraires supplémentaires sur les produits dont le prix fabricant hors taxes est supérieur à 2 000 euros en échange d’informations, transmises aux industriels, sur l’observance et la tolérance des traitements.

Sondage

Sondage réalisé par téléphone du 9 au 3 septembre 2013 sur un échantillon représentatif de 100 titulaires en fontion de leur répartition géographique et du chiffre d’affaires de leur officine.

Les SPF-PL : bien, mais peut mieux faire

« Ce décret permet à plusieurs officines d’être en relation entre elles par des participations, tout en préservant la nécessaire indépendance des pharmaciens exerçants. Il permet également aux adjoints d’entrer dans le capital des SPF-PL tout en restant salariés. Deux points d’importance ! La profession attendait. En un mot, enfin ! », a déclaré Isabelle Adenot, présidente de l’Ordre, à la parution du div. Ce div a été pourtant très contesté, notamment par le Collectif des SEL de pharmaciens qui a déposé en juillet un recours devant le Conseil d’Etat pour demander l’annulation de deux dispositions du décret. La première concerne le nombre de participations autorisées pour un pharmacien, désormais limité à quatre. La seconde porte sur l’impossibilité, pour un pharmacien investisseur, d’être majoritaire dans le capital d’une officine. Un recours sur le fond a été déposé, invoquant une atteinte au droit de propriété et à la sécurité juridique pour ces sociétés qui, jusque-là, existaient en toute légalité. Le Conseil d’Etat a finalement rejeté en septembre le recours en référé des plaignants, estimant que « les conséquences de la mise en œuvre des dispositions du décret ne semblaient pas préjudicier de manière grave et immédiate aux requérants qui disposent d’un délai de deux ans pour se conformer au décret ». Il devra rendre sa décision sur le fond.

Ces rapports qui fâchent

Dans son rapport sur l’évaluation de la politique française des médicaments génériques en décembre 2012, l’IGAS épingle la « pratique persistante et peu transparente » des marges arrière versées sous forme de prestations commerciales, et suggère d’instaurer un système de déplafonnement des remises accordées aux pharmaciens et de partage des gains entre pharmacie et Assurance maladie. Des propositions qui ne sont pas tombées dans l’oreille d’un sourd. L’objectif est de faire émerger le véritable prix auquel les pharmaciens achètent les génériques et de permettre au Comité économique des produits de santé (CEPS) de faire évoluer les tarifs des médicaments génériques sur des bases plus proches des prix réellement pratiqués par les laboratoires. Le gouvernement l’a fait adopter dans le PLFSS 2014. L’autre rapport qui a fait couler beaucoup d’encre : la consultation publique de l’Autorité de la concurrence pour savoir comment dynamiser la concurrence dans le secteur de la distribution du médicament en ville. Sur les 50 questions posées aux principaux acteurs intéressés, 24 concernent directement l’officine. Outre la libéralisation de la distribution de détail des médicaments d’automédication au bénéfice de la grande distribution, l’Autorité aborde la vente des « produits frontière » réservée aux pharmacies (tests de grossesse…), les contraintes encadrant la vente en ligne, les écarts de prix entre officines des médicaments non vignetés. Elle pose aussi des questions sur les rétrocessions et l’intérêt de les rendre légales. Son avis définitif est attendu fin décembre.

Vente en ligne sous observation

Depuis l’ouverture de la vente en ligne des médicaments en début d’année, plus de 40 sites illégaux exerçant cette activité ont été identifiés en juillet. Face à ce danger, l’Ordre a porté plainte, obligeant le ministère de la Santé à rappeler, le 7 août, les consignes de sécurité concernant la vente de médicaments sur Internet. Le 24 septembre, Marisol Touraine a présenté le lancement d’une campagne web d’information grand public incitant fortement les internautes à consulter la liste des sites français de pharmacies autorisés par les ARS. De leur côté, les pharmaciens ont attendu la parution au JO de l’arrêté sur les bonnes pratiques de dispensation sur Internet avant de se lancer véritablement. Le div est sorti le 23 juin. Il comporte de nombreuses contraintes, mais a également intégré des remarques de l’Autorité de la concurrence. Ainsi, le prix des médicaments vendus sur Internet est libre (le projet d’arrêté prévoyait qu’il soit identique à celui du médicament vendu dans l’officine) et il n’y a pas d’obligation d’avoir les produits en stock. Quant aux frais de livraison, l’arrêté ne précise pas s’ils peuvent être offerts ou plafonnés avec une commande minimale. En revanche, il n’autorise pas les plates-formes et la sous-traitance. Mais certains groupements ou enseignes ont déjà développé des modèles mutualisant les moyens. D’après Cédric O’Neill, pharmacien et cofondateur de 1001pharmacies, 200 projets d’e-pharmacie seraient en attente de l’agrément en France.

Suivi des patients sous AVK : un très bon départ

Adopté dans un avenant conventionnel le 10 janvier 2013 par la FSPF, l’USPO, l’UNPF et l’Assurance maladie, l’accompagnement des patients chroniques sous anticoagulants oraux est devenu effectif depuis le 27 juin. Désormais, tous les pharmaciens inscrits à l’Ordre disposant d’un espace de confidentialité peuvent proposer des entretiens pharmaceutiques rémunérés à certains de leurs patients. Il s’agit pour le moment des patients suivant un traitement par antivitamines K (AVK). Sur proposition de l’Assurance maladie ou du pharmacien, les patients sont libres d’adhérer au programme, en remplissant un bulletin d’adhésion. Le pharmacien est éligible à la rémunération sur objectifs lorsqu’il réalise au moins deux entretiens au cours de l’année ou au moins un si l’adhésion intervient à compter du second semestre de l’année. Ce suivi est rémunéré 40 € par patient accompagné et par an. Un montant qui sera versé « au cours du premier trimestre de l’année n + 1 sur la base des entretiens réalisés au cours de l’année n et déclarés par le pharmacien ». Ce paiement apparaîtra sous le code ROP (rémunération objectif pharmacien), qui permet de ne pas régler de TVA sur la rémunération perçue. Au 8 octobre 2013, 51 628 bulletins d’adhésion (dont 55 % à l’initiative des patients sous AVK) sont enregistrés à la CNAM. 29 558 entretiens pharmaceutiques ont été réalisés. 9 080 officines sont enregistrées pour les mener.

Des thérapies de plus en plus ciblées

Dans la lancée de 2012, 2013 a salué l’arrivée de nombreux médicaments. Certains sont extrêmement ciblés.

Janvier : Jext est censé mettre fin aux ruptures de stock d’adrénaline auto-injectable en stylo.

Février : Asmanex Twisthaler (mométasone) s’ajoute aux corticoïdes inhalés dans le traitement continu de l’asthme persistant. Xeplion, à base de palipéridone (métabolite actif de la rispéridone), est un antipsychotique prescrit dans la schizophrénie. Xgeva (dénosumab) est le premier de sa classe thérapeutique. Il est réservé à la prévention des complications des métastases osseuses.

Mars : avec Zelboraf (vémurafénib), issu de la réserve hospitalière, les mélanomes porteurs de la mutation BRAF V600 bénéficient d’une chimiothérapie orale. Priligy (dapoxétine), premier traitement oral de l’éjaculation précoce, appartient à la classe des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine.

Avril : Pylera signe le retour du bismuth dans une trithérapie (en association à la clarithromycine et au métronidazole) destinée à l’éradication d’Helicobacter pylori, en association à l’oméprazole. Buccolam (midazolam) est indiqué comme Valium dans les crises convulsives de l’enfant, mais s’administre par voie buccale. Fampyra (fampridine) améliore la capacité de marche des adultes atteints de sclérose en plaques. Le fentanyl se présente sous la forme d’un film orodispersible dans Breakyl, contre les accès douloureux paroxystiques.

Mai : un nouvel antibiotique par voie inhalée peut être utilisé pour traiter les infections pulmonaires en cas de mucoviscidose : Cayston (aztréonam) rejoint ainsi Tobi, Tobi Podhaler et Colimycine. Alvesco est à base de ciclésonide, un nouveau corticoïde inhalé pour le traitement de fond de l’asthme. Visanne contient du diénogest, progestatif utilisé par ailleurs comme THS ou contraceptif. Il est ici indiqué en traitement de deuxième intention de l’endométriose.

Juillet : Signifor (pasiréotide) est le premier médicament à obtenir une AMM dans le traitement de la maladie de Cushing lorsque la chirurgie est impossible ou a échoué. De son côté, Jakavi (ruxolitinib) est le premier médicament oral de la myélofibrose, une maladie rare myéloproliférative.

Août : sorti de la réserve hospitalière, Caprelsa (vandétanib) traite spécifiquement les formes agressives et symptomatiques de cancer médullaire de la thyroïde chez des patients non opérables ou métastasés. Esmya renferme de l’ulipristal et est prescrit non pas comme contraceptif d’urgence, mais comme traitement préopératoire des fibromes utérins.

Septembre : Premier anticancéreux à viser la mutation ALK dans les cancers bronchiques non à petites cellules, Xalkori (crizotinib) est réservé au traitement de seconde intention.

Octobre : le dénosumab est à nouveau commercialisé dans Prolia, mais cette fois pour le traitement de certains cas d’ostéoporose et de perte osseuse.

Novembre : l’aflibercept (Eylea) est le 3e anti-VEGF indiqué dans le traitement de la forme humide de la dégénérescence maculaire liée à l’âge. Nimenrix, vaccin antiméningococcique A,C,W135 et Y, est le premier vaccin tétravalent disponible en officine pour l’immunisation des sujets de plus de 12 mois.

Décembre : Bexsero, premier vaccin contre la méningite B est mis à disposition.

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