LES PLUS GRANDES SOURCES D’ÉCONOMIES RESTENT À FAIRE - Le Moniteur des Pharmacies n° 3011 du 14/12/2013 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 3011 du 14/12/2013
 

Économie

Génériques

Auteur(s) : FRANÇOIS POUZAUD

Après la nette reprise de 2012, la croissance du générique se confirme en 2013. Toutefois, des marges de manœuvre économiques importantes restent encore à réaliser, dont un milliard d’euros si les médecins prescrivaient une fois sur deux dans le Répertoire.

Selon les données de la FSPF, les ventes de médicaments génériques ont atteint à fin août 2013, sur 12 mois, 792 millions d’unités représentant 31 % des volumes du marché pharmaceutique des spécialités remboursables, pour un CA TTC de 5,841 Md€ (22 % du marché en valeur). Selon les prévisions du Gemme (Générique, même médicament), le marché devrait finir l’exercice 2013 sur une progression en CA à peu près identique à 2012, autour de 15 %.

En prenant comme hypothèse un marché des génériques valorisé au prix des princeps correspondants et un taux de remboursement moyen de 75 %, les ventes de génériques permettent aux caisses d’assurance maladie de réaliser près de 1,8 Md€ d’économies annuelles contre 1,565 Md€ un an plus tôt.

Plus que l’accord « tiers payant contre génériques », « c’est l’engagement pris par les pharmaciens depuis la signature de la convention qui a accéléré le dispositif et permis d’obtenir ces résultats », explique Philippe Besset, vice-président de la FSPF. Sauf que la vie conventionnelle a été un peu plus compliquée en 2013. Une des raisons pour lesquelles la FSPF n’a pas signé les avenants « générique » tient aux nouveaux objectifs, considérant que la barre a été placée trop haut quant aux taux de substitution des nouvelles molécules. Les arrêtés d’approbation des avenants 7 (taux national de substitution) et 2 (périmètre retenu pour le calcul de la prime : liste des molécules…) ont paru au Journal Officiel le 15 novembre.

Les pharmaciens n’ont donc pas été dans les meilleures conditions pour atteindre l’objectif national de substitution de 85 %. Avec un score de 80,87 % à fin août 2013 contre 79,35 % en avril, la substitution plafonne sur les molécules de la liste de 2013.

Philippe Besset ne peut pas s’empêcher de stigmatiser les effets négatifs du blocage conventionnel sur l’évolution du taux de substitution de cette année. « Il est responsable d’une moindre mobilisation des confrères qui se traduit par un écart de 5 points par rapport à l’an dernier. Un avenant à un accord générique fait toujours l’effet d’un coup de fouet, mais, à l’inverse, s’il n’est pas renouvelé, le jeu devient perdant pour tout le monde. » Les pharmaciens savent qu’ils n’ont pas le choix. Le développement du générique est le seul moyen à très court terme de permettre la stabilité de l’économie de l’officine. Le versement de la toute première prime générique au début de l’été y a contribué de manière plus ou moins importante selon les officines.

La prime bénéficie à tous les pharmaciens, mais elle est plus importante pour ceux qui substituent bien. Les données de l’Assurance maladie sur cette première prime montrent que la fourchette est large, de 850 € jusqu’à 8 000 € pour les officines les plus performantes. La médiane se situe à 2 700 €, c’est-à-dire que 50 % des officines se répartissent de part et d’autre de cette valeur. « L’importance de la prime est liée à plusieurs paramètres, à la taille de l’officine, au niveau de départ et à la façon dont les efforts de substitution ont été réalisés, explique Philippe Besset. Par exemple, si le pharmacien a fait peu d’efforts ou si ceux-ci ont été tardifs, la récompense est moins importante. »

LE GEMME TRÈS INQUIET POUR LA CROISSANCE

Le condiv hostile dans lequel le générique progresse exaspère les pharmaciens et leurs partenaires génériqueurs. Malgré quatre rapports (IGAS, Mutualité française, ANSM et Académie de pharmacie) soulignant la nécessité de modifier les habitudes de prescription et de faire progresser l’adhésion des génériques auprès des médecins et des patients, la confiance dans le générique n’a pas été restaurée et les médecins ne prescrivent pas davantage dans le Répertoire des génériques. Le Gemme estime aujourd’hui à 36 % la prescription à l’intérieur du Répertoire. Si ce taux passait à 50 %, 1 Md€ d’économies supplémentaires serait généré. Le levier est donc considérable. Par ailleurs, la grande campagne de communication de l’Etat joue toujours les arlésiennes.

Enfin, la rentrée coïncide avec la préparation des mesures d’économies du PLFSS 2014 et un nouveau tour de vis sur le prix des génériques, avec en prime cette année la fin programmée du modèle actuel des conditions commerciales. La volonté « d’une plus grande transparence », selon les termes de Marisol Touraine, s’est retrouvée dans l’article 40 du PLFSS 2014 qui prévoit d’autoriser les remises sur les génériques… de 0 à 50 % du PFHT.

Malgré les bons résultats de 2013, la croissance du générique reste fragile. Toute pression complémentaire sur les prix industriels irait à l’encontre du développement de l’offre et donc du marché, met en garde le Gemme. L’association a prévenu l’Etat que le secteur n’est plus en mesure d’absorber de nouvelles baisses drastiques (610 M€ prévus) et qu’une action politique uniquement orientée vers les prix le contraindrait à agir sur ses coûts de production (délocalisation) ou de distribution (baisse des remises).

Ces deux leviers sont aussi dangereux l’un que l’autre pour l’économie de l’officine. Il est essentiel de conserver une offre générique de bonne qualité afin de garantir à long terme la bonne acceptation de ces médicaments par les patients et les médecins. Outre les enjeux industriels, si, demain, la fabrication du générique sort totalement de France, la défiance à l’égard du générique sera telle que les pharmaciens ne pourront plus limiter les dégâts grâce à la substitution.

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