Quelle est la place de l’acupuncture dans le traitement des douleurs neuropathiques dues à la chimiothérapie ?

Cela fait maintenant dix ans que les patients ont recours à l’acupuncture pour traiter ou prévenir les effets indésirables de la chimiothérapie. A part les antiépileptiques tels Lyrica ou Neurontin, il n’existe aucun médicament approprié pour les neuropathies. C’est pourquoi certains patients se tournent vers l’acupuncture. Dans le cancer du sein par exemple, ils ont recours à une séance avant chaque prise de taxol ou de taxotère, et une séance après. Les métabolites des molécules anticancéreuses irritent la gaine des nerfs et provoquent une inflammation et des douleurs (syndrome « pied-main »). L’acupuncture ne traite pas ces neuropathies mais les soulage. Des essais cliniques sont régulièrement menés. Une étude(1) réalisée en 2012 sur six patients sous chimiothérapie révèle que cinq d’entre eux ont vu une diminution de leurs douleurs grâce à l’acupuncture. Une autre(2), menée en 2011 chez 76 patients atteints d’un cancer gastro-intestinal, conclut que les douleurs neuropathiques sont mieux soulagées par l’acupuncture que par Neurontin par voie intraveineuse. A mon sens, il est délicat de conclure à une réelle efficacité de l’acupuncture sur les neuropathies. Les études ne sont pas randomisées et sont menées sur un petit nombre de patients. Mais, d’un point de vue clinique, il est vrai que les patients se sentent plus détendus et supportent mieux la chimiothérapie après une séance d’acupuncture. C’est une méthode complémentaire, qui ne peut qu’aider à la lutte contre le cancer.

Pauline Michel