La chondroïtine - Le Moniteur des Pharmacies n° 2999 du 21/09/2013 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2999 du 21/09/2013
 

Comptoir

FICHE INGRÉDIENT

Auteur(s) : Michèle Sauvage

Qu’est-ce que c’est ?

La chondroïtine est un glycosaminoglycane, enchaînement linéaire d’unités disaccharidiques formées d’acide D-glucuronique et de N-acétyl-D-galactosamine. Il existe plusieurs types de chondroïtines, se différenciant par la position et le nombre de groupements sulfate sur l’unité disaccharidique (position 4 ou 6 du résidu N-acétylgalactosamine).

Où en trouve-t-on à l’état naturel ?

La chondroïtine est naturellement produite par l’organisme. Elle est présente dans différents tissus conjonctifs (cartilage, os, cornée, paroi des vaisseaux) sous forme de chondroïtine-4-sulfate ou de chondroïtine-6-sulfate.

Quelles sont ses propriétés ?

• Les chaînes de chondroïtine sulfate, en se fixant de manière covalente sur une protéine axiale, forment des protéoglycanes. Ces derniers, associés à une molécule d’acide hyaluronique, constituent des agrégats qui composent, avec le collagène et l’eau, la matrice extracellulaire du cartilage hyalin.

• Les charges anioniques apportées par les groupements carboxyle et sulfate sont à l’origine du caractère très hydrophile des protéoglycanes.

• Ceci confère à la matrice extracellulaire une consistance viscoélastique assurant la diminution des forces de frottements, ainsi que la transmission et l’amortissement des charges au niveau de l’articulation.

Quel rôle lui attribue-t-on ?

• Des études in vitro ont montré les effets stimulants de la chondroïtine sulfate sur la synthèse de protéoglycanes et de certains facteurs de croissance (comme le TGF-bêta) par les chondrocytes.

• Elle exercerait une action inhibitrice sur certaines enzymes comme les métalloprotéinases de la matrice, responsables de la destruction cartilagineuse.

• Elle montre également, in vitro, des effets inhibiteurs sur la production de certaines cytokines pro-inflammatoires.

Quelle est son utilisation ?

• La chondroïtine sulfate, issue de cartilage de requin, de cartilage d’origine aviaire ou de cartilage trachéal de bovin, est retrouvée dans la formulation de compléments alimentaires à visée articulaire.

• Elle est conseillée pour un effet d’assouplissement et de confort des articulations, en complément ou comme une alternative aux traitements médicamenteux par les AINS dans les cas d’arthrose légère à modérée.

• Cependant, l’Autorité européenne de sécurité des aliments a refusé, en 2012, toute allégation de santé pour les compléments alimentaires à base de chondroïtine, en raison d’un manque de preuves scientifiques étayées.

• Les médicaments à base de chondroïtine ont une AMM pour le traitement symptomatique à effet différé dans l’arthrose de la hanche et du genou, mais leur SMR a été réévalué à « insuffisant » par la HAS en juillet 2013.

Comment est-elle utilisée ?

• Les compléments alimentaires à base de chondroïtine sulfate, sous forme de gélules, comprimés ou sachets dosés de 125 à 400 mg, sont conseillés à la dose quotidienne de 1 200 mg. Cette dose peut être administrée en une seule fois ou fractionnée en plusieurs prises.

• L’effet thérapeutique de la molécule nécessitant plusieurs semaines avant de se manifester, il faut recommander une utilisation sur au moins deux mois.

• L’effet rémanent de la cure, jusqu’à six à huit semaines après arrêt des prises, permet une utilisation discontinue.

Quels sont les risques ?

• La chondroïtine est bien tolérée, les seuls effets indésirables constatés étant de légers troubles gastro-intestinaux. Rarement, des réactions allergiques cutanées sont observées ainsi que d’exceptionnelles atteintes hépatiques (cytolyse).

• Son utilisation est déconseillée chez les femmes enceintes ou allaitantes, ainsi que chez les personnes suivant un traitement anticoagulant (le danaparoïde, mélange des glycosaminoglycanes sulfatés héparane, dermatane et chondroïtine, est utilisé pour son activité anti-Xa).

L’ESSENTIEL À RETENIR

• La chondroïtine est utilisée en complément alimentaire dans un but d’assouplissement et de confort des articulations à la dose quotidienne maximale de 1 200 mg.

• Ses effets se manifestent après au moins deux mois d’utilisation avec une rémanence de 4 à 6 semaines.

• Elle est bien tolérée, mais elle est déconseillée chez les femmes enceintes ou allaitantes ainsi que chez les personnes sous traitement anticoagulant.

Sources : Journal du CNRS, « La chondroïtine, molécule naturelle aux propriétés biologiques multiples », octobre 2007, http://bit.ly/17YnC8q ; O. Baillet. « Quelle place pour le complément alimentaire dans l’arthrose à l’officine », thèse d’exercice, université d’Angers, 2012, http://bit.ly/1b3Q5kl ; Elise Lheureux, « L’arsenal pharmacologique dans le traitement de l’arthrose, focus sur la chondroïtine », Mémoire pour le DES de pharmacien, université de Lille, 2010 ; Hicham Bouhlal, « La matrice extracellulaire », cours de biologie cellulaire, université d’Amiens, 2011, http://bit.ly/1eg1YWG ; B. Mazières, « AASAL, quel intérêt », centre de rhumatologie, CHU Purpan ; La Revue du praticien n° 872, décembre 2011.

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